Fall of Summer : Jour 2 (05.09.2015)

Fall of Summer : jour 2
 

Seconde journée du festival, qui commence dès le matin, avec des groupes qui ne sont encore jamais venus en France comme Razor et Abbath . Les amateurs de metal extrême sont servis par des prestations bien exécutées. Une journée de concerts fort appréciable qui permet au festivaliers d'affronter la rentrée avec le sourire

SKELETHAL

Blackwaters – 10h30

Cette seconde journée du Fall of Summer commence sous le signe du death metal avec les Lillois de Skelethal, prêts à faire se lever les festivaliers matinaux du bon pied. Pour cela, les quatre nordistes usent et abusent d'un death metal old school des plus jouissifs. Pas de fioritures, on a du riff par palette de douze, des growls d'outre tombe assurés principalement par Gui Haunting, qui se fait un peu aider par Jon Whiplash et une ambiance macabre à souhait.

Skelethal

Ce savant mélange fonctionne à merveille et le public se montre réceptif malgré l'heure. S'il n'est pas encore temps de pogoter dans le sable de la base de loisirs de Torcy, les crinières bougent de plus en plus à mesure que le set avance et les sourires se dessinent sur les visages des festivaliers, contents de voir un groupe français qui s'en sort à merveilles avec des compos accrocheuses bien interprétées.

Skelethal a su ouvrir cette journée du samedi avec brio en proposant un death old school sans concession, parfaitement dans l'esprit du Fall of Summer. Le public n'a pas manqué de manifester son contentement, ce qui a valu les remerciements du frontman Gui.

Skelethal


Vyuuse

TEMPLE OF BAAL

Sanctuary – 11h15

Les musiciens arrivent sur scène gonflés à bloc tout de noir vêtus, ils ont envie d’en découdre mais intelligemment vont nous prendre par la main afin que l’on puisse émerger tranquillement en ce samedi matin en commençant par des mid-tempos parfaits pour les lendemains difficiles.

Temple of Baal

Un nouveau titre « Hosanna » va surgir et donner un aperçu de l’album à venir : rythme soutenu sur un break très spartiate. Très bon morceau qui vous donne la chair de poule et ce dès la première écoute ? Du grand art maléfique à la Temple of Baal pour un morceau assez long.
« We have a Priest in the name of Satan » lance Amduscias avant de lancer « Slaves to the Beast » toujours aussi bien accueilli.

Il harangue le public qui commence à retrouver de l’énergie et commence à reprendre possession de ses moyens. Amduscias parait toujours aussi possédé, le sourire maléfique et les yeux révulsés tout en s’approchant au plus près du rebord de la scène.

Temple of Baal

On a aussi le droit à un autre extrait de l'album Mysterium (sorti le 2 Octobre 2015) avec « Divine Scythe » : parfait pour nous donner la pêche pour la suite des évènements. Et pour terminer dans les meilleurs conditions, Temple of Baal nous délivre un « Walls of Fire » majestueux.

Lionel / Born 666

HAMFERD

Blackwaters – 12H00

Hamferd, rappelez-vous ! Ce sont les féroéens qui avaient profité de l’éclipse (totale chez eux) du 20 mars 2015 pour enregistrer un clip avec « Deyðir Varðar ».

Hamferd

Jón Aldará possède une voix remarquable, exceptionnelle modulable à l’infini. On attend l’éclipse mais avec les nuages on risque à nouveau de ne rien voir. Les mecs on de l’allure dans leur costume, la classe. Doom jusqu’au nœud de cravate. Le chanteur prend son temps, s’accroche à son pied de micro dans des circonvolutions au ralenti tandis qu’Esmar Joensen dodeline lentement de la tête complètement possédé par les notes de claviers qu’il égrène par-ci, par-là. Le public arrive lentement, curieux au départ pour ensuite être conquis par ce doom élégant très lyrique. Mélange de Tristitia et de Reverend Bizarre.

Hamferd

Les rayons du soleil commencent à déchirer les nuages. Les mecs sont toujours pris par leur musique, chacun concentré sur son instrument les yeux fermés.
On applaudit comme à l’opéra dans un grand respect surpris par le spectacle auquel on vient d’assister.

Lionel / Born 666

HAEMORRHAGE

Haemorrhage entre en scène, et on sait d'emblée, à leur dégaine, que ce concert va être un grand moment de n'importe quoi. Lugubrious est torse nu,  maculé de sang. Ses trois acolytes, eux, ont revêtu leurs accoutrements de médecins, tachés de sang. Ça promet.

Haemorrhage

La guitariste remplace ce jour-là le bassiste qui, pour une raison indéterminée, manque à l'appel. Ce petit changement n'a l'air de bouleverser personne et musicalement, tout reste en place. Si les trois musiciens ne semblent au premier abord pas très investis, le leader quant à lui campe déjà bien son personnage. Ce dernier ne cesse d'enchaîner les mises en scène, toutes aussi loufoques les unes que les autres. C'est ainsi qu'il se retrouve d'ailleurs à manger une jambe en plastique ensanglantée, fixant son audience d'un regard de détraqué.

Haemorrhage

Les premiers slammeurs ne se font pas attendre, car le concert livré par Haemorrhage est clairement festif bien que complètement décalé. Tout le monde n'est pas réceptif à la douce ambiance goregrind envoyée par la formation, mais les espagnols y vont à fond et ne font pas dans la dentelle. Haemorrhage termine son set avec un « I am a pathologist » de circonstance, permettant à Lugubrious de se déchaîner pour de bon.

Ganush

METALUCIFER

Blackwaters – 13h30

Sabbat finissait la journée du vendredi, mais les japonais n'allaient pas s'en aller de sitôt. Il fallait qu'ils exposent leur passion sans limite pour le heavy metal, en proposant un heavy metal concert devant un heavy metal public bien heureux en ce heavy metal début d'après-midi.

Metalucifer

Tout n'est que kitsch et surenchère pendant ces 45 minutes de show. Les riffs sont typiques du genre (le heavy metal, pour ceux qui ne l'ont pas deviné), les refrains accrochent les festivaliers qui scandent à tue-tête les "Heavy Metal Chainsaw" ou encore les "Heavy Metal Samurai" sans se lasser. Kitsch sont aussi les tenues tout en cuir des musiciens, avec un soupçon de fantaisie dans le string rose du frontman Gezolucifer.

Si l'interprétation n'est pas toujours au beau-fixe, l'ensemble des musiciens fait le boulot et arrive à retranscrire comme il faut les mélodies accrocheuses ("Heavy Metal Drill") ou les riffs plus vindicatifs ("Heavy Metal Is my Way"). Tout ça en bougeant joyeusement sur scène et en tenant le public en haleine.

Metalucifer

Metalucifer a fait ce qu'on lui a demandé : de la surenchère, du kitsch, mais aussi des compos qui accrochent le spectateur tout en lui donnant un heavy metal sourire.

Setlist :

Heavy Metal Is My Way
Heavy Metal Drill
Heavy Metal Chainsaw
Heavy Metal Bulldozer
Heavy Metal Highway Rider
Heavy Metal Samurai
Heavy Metal Hunter

Vyuuse

SUPURATION

Voilà un groupe qui méritait on ne peut plus son passage au Fall of Summer, de par ses albums de qualité ou ses concerts savamment orchestrés, les derniers en date pour la rédaction étant les deux excellents passages de Supuration/SUP au Hellfest cette année et en 2014.

Supuration

Avec leurs compositions qui rappellent autant Morbid Angel que Depeche Mode, Supuration continue de surprendre avec sa musique ambivalente, tantôt brutale puis teintée de mélodie. Les frères Loez sont toujours aussi précis à la guitare, avec des parties complémentaires qui se répondent, un peu comme les dialogues de l'histoire qu'ils racontent dans the cube. Ludo a un growl toujours aussi rageur, et c'est plaisant à entendre.

Du côté de la section rythmique, il n'y a pas grand chose à dire. Fred à la basse est toujours aussi actif sur scène et son jeu groovy ajouté aux rythmes de Thierry à la batterie font de Supuration une sacrée machine de guerre sur scène. Et cette impression est renforcée lorsqu'ils nous interprètent un morceau de Reverie, leur album de démos réenregistrées datant d'avant The Cube. Plus abrasive que ce que Supuration feront dans la suite de leur carrière, cette composition révèle malgré tout beaucoup de similitudes avec l’approche musicale adoptée sur la trilogie The Cube.

Supuration

Le seul vrai reproche qu'on pourrait faire sur ce concert serait au niveau du son. Le volume aurait franchement pu être plus élevé... Mais la performance énergique des français compense ce manque de volume. Le récit touche à sa fin, Supuration conclut son set avec la bien nommée « Suppurated » et le monumental « The Cube » qui nous confirme à quel point ce groupe est encore complètement dans l’air du temps, avec des compositions puissantes et originales.

Tfaaon

SUFFOCATION

Ils sont bien là, les légendes du brutal death tellement groovy qu'il en devient dansant. Et avant de se faire remarquer pour leur performance sans concession, les Américains gagnent la palme d’or de la provocation du festival, avec une intro façon rap autotuné de Stitches intitulée "Kilos in My Bag". Une bonne tranche de rigolade !

Suffocation

La première chose qu'on remarque, c'est l'absence du chanteur d'origine Frank Mullen derrière le micro. Il était présent sur la dernière tournée mais pas cette fois visiblement. S'il est arrivé que John Gallagher de Dying Fetus le remplace, mais là nous sommes face à Ricky Myers de Disgorge. Et franchement, il s'en sort plutôt bien avec un growl puissant et une présence scénique adaptée au style. Et Ricky a le mérite de ne pas être autant bavard que Mullen, ce dernier étant adepte des discours de deux minutes plus ou moins dépourvus de sens entre les morceaux ! Ces qualités permettent donc de compenser le fait que Ricky reste un peu moins bon que Frank Mullen vocalement parlant. Eh oui, il ne faut pas oublier que Frank est dans le groupe depuis sa formation en 1988, étant pour ainsi dire rodé !

Mais entre nous, ce qui a fait la réputation de Suffocation n'est certainement pas le chant, mais plutôt ses riffs énormes avec un groove difficilement descriptible. Dotés d’un son massif, les riffs deviennent des lames de fond qui viennent s'écraser sur le public en transe. On pourrait tout de même reprocher au mixage de ne pas mettre assez en valeur les solos, mais qu'importe la rythmique se suffit à elle-même. Soyons clairs, tout dans le musique de Suffocation est fait pour se casser les cervicales en règle, que ce soit à vitesse rapide ou mid tempo.

Suffocation

On ne le dit sans doute jamais assez, mais la section rythmique de Suffocation est essentielle à l'obtention de cette puissance déconcertante. Il faut donc saluer bien bas le tandem Boyer à la basse et le fraîchement recruté Kevin Talley à la batterie, qui nous fournit sa dose de bonnes vibrations. Dans Suffocation, l'essentiel est fait par les instrumentistes, faisant que le groupe pourrait tout à fait se voir en instrumental. Et quand on pense que "Katatonia" est le premier morceau jamais écrit par la formation, cela remet en perspective leur talent de composition qui s'est affirmé dès le début de leur carrière.

Avec le recul, il n'y a que peu de choses à reprocher à ce concert. On se surprend même à souhaiter qu'il finisse plus rapidement tant la performance est intense et éprouvante. Si tous les concerts étaient comme ça, il n'y aurait plus de guerre... Ou en tout cas, plus de querelle entre metalleux. Et le circle pit dans le sable, que ce soit maintenant pendant "Infecting The Crypts" ou à un autre concert de la journée, reste une des plus belles images du festival, livrée sur un plateau par le Fall of Summer.

Tfaaon


SATAN

Si on n'attendait plus grand chose de Satan depuis sa reformation, force est de constater qu'après un très bon album, le groupe a su conserver en live toute son habileté et sa passion.

Satan

C'est ce coté « à l'ancienne » qui donne a Satan tout son cachet. Brian Ross a également gardé toute sa pêche, ainsi qu'une maîtrise vocale indéniable. Aussi, il communique assez facilement avec un public plus qu'enthousiaste. Graeme English, le bassiste, est quant à lui très mobile sur scène, et n'hésite à encourager le public en tapant dans ses mains.

Chaque musicien fait preuve d'une grande présence, ces derniers envoient leurs classiques en parfaite symbiose et avec fougue. Les deux guitariste sont plein de hargne et exécutent leurs riffs à la perfection. L'annonce de « Break Free » fait son petit effet et emporte définitivement le public. Il est à noter que les morceaux plus récents comme « Testimony » ou « Siege Mentality » de l'album Life Sentence s'intègrent parfaitement parmi les anciens morceaux. Si le groupe s'est accordé une très longue pause, leur musique elle, est restée la même.

Satan

Si « Alone in the dock » est normalement le dernier morceau joué en concert par le groupe, ce dernier décide de changer ses habitudes pour le Fall of Summer et enchaîne avec « Kiss of Death », l'occasion de faire brailler le public une dernière fois.

Setlist :

Trial by Fire
Blades of Steel
Siege Mentality
Twenty Twenty five
Break Free
Incantations
Testimony
Alone in the dock
Kiss of death

Ganush

NILE

Ah quelle bonne idée de faire venir la tournée Nile + Suffocation au Fall of Summer. Des deux légendes du brutal death, c'est Nile qui ouvra le bal. Il était fort à propos de les faire jouer sur la Blackwater stage. Entre l'eau et sable, les Américains étaient pour ainsi dire dans leur élément.

Nile

La danse ouvre sur "Sacrifice Unto Sebek". Déjà, il serait difficile de ne pas être soufflé par le son. Aussi puissant que précis, il rend parfaitement hommage à la musique très dense de Nile, pleine de petits détails qu'une mise en son brouillonne efface. A la guitare, la paire d'artilleurs Dallas Toler-Wade / Karl Sanders fait toujours autant de ravage, sa célèbre réputation est bien méritée et toujours d'actualité.

Tout comme une crue du Nil, le groupe emporte tout sur son passage. Cela est grandement du à George Kollias, probablement un des meilleurs batteurs de metal extrême de l'histoire. Avec un jeu fluide, versatile et véloce, il fortifie avec classe les riffs des deux guitaristes dans tous les registres. Clairement, Nile ne serait pas le même groupe sans lui.  

Nile

Le set fait la part belle au nouvel album du groupe What Should Not Be Unearthed, qui passe plutôt bien le cap du passage sur scène, sans doute mieux que son prédécesseur. A côté de cela, nous avons droit à une sélection des meilleurs titres des vieux albums comme "Sarcophagus", sans oublier les deux premiers titres monumentaux de Those Whom The Gods Detest. De fait, "Kafir!" est aujourd'hui un classique de Nile et ne pas l'avoir en concert serait presque étrange.  Et c’est sur « Black Seeds of Vengeance » que  Nile a inonde une dernière fois le Fall of Summer avec toute la maîtrise qu'on lui connaît. Ils en profitent d’ailleurs pour inviter des membres de Suffocation sur scène, un petit moment de spontanéité rock n’ roll beaucoup trop rare dans le genre !

Tfaaon

RAZOR

Sanctuary – 17h45

Place maintenant à l'un des événements thrash dans ton froc du Fall of Summer 2015. Plus de 30 ans après sa formation, Razor donne enfin son premier concert en France. Mais l'heure n'est pas à pleurer son émotion, car les Canadiens sont bien décidés à faire ressortir toute l'agressivité des festivaliers.

Razor

Et le pari est réussi. Les thrashers pogottent joyeusement, enchaînent circle pits sur circle pits et slamment à tout va, sans jamais perdre de vue le groupe culte. La joie est présente des deux côtés de la barrière et les refrains comme "Violent Restitution" et "Evil Invaders" sont scandés par un seul homme par Bob Reid et les festivaliers.

Sur scène, le groupe est à fond. Bob et le guitariste Dave Carlo s'alternent les répliques, si bien que le contact avec le public est constant. Mais cela ne les empêche pas d'envoyer la purée comme il faut, avec les riffs toujours aussi assassins et précis de tueries comme "Cut Throat" ou "Electric Torture", soutenus par une rythmique sans faille assurée par Mike Campagnolo à la basse et Rider Johnson à la batterie.

Razor

Pour son premier concert en France, Razor a mis les petits plats dans les grands et a présenté une grosse prestation typiquement thrash, à la fois agressive et fun. Le cahier des charges et rempli et le public en redemande.

Setlist :

Instant Death
Cut Throat
Violent Restitution
Iron Hammer
Stabbed in the Back
Sucker for Punishment
Cross Me Fool
Behind Bars
Take This Torch
Electric Torture
Evil Invaders

Vyuuse

CORONER

Après l'événement thrash bourrin, place au thrash plus racé et progressif de Coroner. De passage relativement régulièrement en France depuis leur venue au Hellfest 2011, peu après leur reformation, le groupe reste tout de même rarissime en région parisienne, si bien que ce concert faisait aussi figure d'événement.

Coroner 1

Pourtant, le retard (probablement dû au changement express de créneau horaire avec Triptykon)  et les quelques problèmes de son auraient pu ternir la prestation de ce groupe pourtant connu pour le talent de ses musiciens. Mais très vite, la qualité reprend le dessus et les Suisses se démènent comme des chefs pour présenter leur thrash si particulier.

Pour cela, chaque album est représenté, par des classiques comme "Die by my Hand" ou "Masked Jackal" ou des titres plus torturés et moins joués comme "Read My Scars". Les paroles sont déclamées de manière toujours aussi acide par Ron Royce, pendant que Tommy T Baron fait des merveilles à la guitare. A la batterie, le petit nouveau Diego Rapacchietti s'en sort avec les honneurs et arrive à succéder sans problème à Marquis Marky. Daniel Stoessel accompagne le groupe pour jouer du clavier en arrière-plan.

Coroner

Devant une telle performance, le public reste admiratif. Quelques légers moshpits ont lieu, mais restent sages, même si certains festivaliers s'amusent comme des fous dans le sable, faisant un genre de chenille. Cependant, la prestation est fort appréciée et les applaudissements et autres acclamations fusent et ne décolèrent pas à mesure que le concert avance.

En concert, c'est toujours le bonheur de voir Coroner s'éclater avec son thrash si personnel et original. Une prestation au poil pour un groupe qui ne vient jamais assez dans nos vertes contrées.

Setlist :

Divine Step (Conspectu Mortis)
Internal Conflicts
Semtex Revolution
Read My Scars
Metamorphosis
Masked Jackal
Grin (Nails Hurt)

Rappel :

Reborn Through Hate
Die by My Hand

Vyuuse


TSJUDER

Sanctuary – 19H40

Que dire, si ce n’est qu’on en prend plein la tronche. C’est aussi parce qu’on le veut bien. On les attend et on peut dire qu’on est bien servi. Le son est bon et on est ravi de voir le trio norvégien de retour chez nous après leur prestation en 2014 au Hellfest.

Tsjuder

Les backdrops latéraux de chaque côté de la scène coupant le drapeau de la Norvège en deux ont fières allures. Et derrière, juste au dessus du batteur AntiChristian le logo de Tsjuder toujours aussi difficile à déchiffrer pour les derniers retardataires qui arrivent fatigués devant la scène après deux jours de festival.

Nag (chant et à la basse) droit comme un piquet nous assomme avec des titres tirés de Legion Helvete sans oublier de nous envoyer « Demonic Supremacy » d’ Antiliv, le dernier album qui vient de sortir. Gloire au Malin, Tsjuder n’oublie pas de nous donner comme une des plus belles offrandes « The Daemon Throne » magistralement bien interprété.

Tsjuder

A la guitare, Drauglin est tellement clouté qu’il en rendrait jaloux le Christ et headbangue tout en ne relâchant jamais la cadence infernale de la machine Tsjuder incrémentés de ses riffs haineux aidés par le jeu de batterie toujours aussi percutant d’Anti Christian qui utilise toutes les nuances que ses fûts lui procurent.

Lionel / Born 666

TRIPTYKON

A cause d'un retard d'avion, Triptykon avait échangé son créneau avec celui de leurs amis de longue date Coroner. Sur le papier, rien de choquant à signaler, mis à par le fait que Coroner perdait cinq minutes de set au profit de Triptykon. Mais il n'y avait pas que cela : la bande à Tom G Warrior allait donc se produire de nuit. Et franchement, on ne pouvait que s'en satisfaire, leur doom empreint de noirceur était bien plus raccord avec les ténèbres que le thrash de Coroner !

Triptykon

N'y allons pas par quatre chemins, la réussite musicale de Triptykon est presque miraculeuse tant elle est éclatante, compte tenu du passif de Tom G Warrior. Avec leurs deux albums, les musiciens se posent comme un des groupes les plus lourds de la scène metal, et, par chance, ils arrivent à restituer cette lourdeur sur scène pour peu que le son soit à la hauteur, et c'est le cas ce soir, Satan merci.  

Certains crieront au sacrilège de voir des morceaux de Celtic Frost et Hellhammer passés à la moulinette Triptykon, lestés et ralentis donc, mais force est de constater que ça sonne. Et Tom est en bonne forme vocale ce soir. Ses exclamations "Ugh !!" sont une incitation au headbang, presque un ordre impérieux en fait.

Triptykon

Rendons à Cesar ce qui appartient à Cesar : Tom est assisté par des musiciens tellement affûtés que ça en devient presque effrayant. On pourrait croire que Vanja Slajh martèle sa basse sans discernement, mais si on écoute avec attention, son jeu est mortellement précis et surtout très puissant à cause de la force de ses attaques. A la batterie, Norman Lonhard est un vrai métronome, et V. Santura se révèle être un auxiliaire central au son de Triptykon, car il se charge de toutes les textures sonores plus difficiles à reproduire que ce soit à l'e-bow ou en guitare solo, en plus d'avoir un growl écorché qui convient parfaitement à la musique jouée.

Non rien à dire, Triptykon a, comme de nombreux groupes, trouvé un bel écrin pour son discours au Fall of Summer. Le seul vrai regret qu'on pourrait manifester serait au niveau de la setlist... Identique à celle du Hellfest, on pourrait légitimement espérer un peu plus de renouvellement de la part des Suisses, d'autant qu'il y a de belles gemmes dans le répertoire de Triptykon. A quoi bon sortir des vieilleries (bien interprétées au demeurant) de Celtic Frost et surtout Hellhammer ? On sait que Vanja est mal à l'aise à la simple idée de chanter en studio, donc on l'imagine mal le faire en concert... Mais est-ce qu'un "Aurorae" ou "Shatter" aurait été hors de propos ce soir ? Certainement pas. Un concert monumental au demeurant.

Tfaaon


IHSAHN

Mettre Ihsahn en tête d'affiche du Fall of Summer, ça se justifiait à bien des égards, du fait de son passé avec Emperor tout autant que sa carrière solo très réussie. Néanmoins, il fallait avoir les tripes pour le faire, et cela n'avait jamais été fait en France. Grâce à l'audacieuse initiative du Fall of Summer, nous avions devant nous le norvégien avec son nouveau groupe, jouant pour la première fois de nuit pendant une heure. Le moment était unique, mais la performance serait-elle à la hauteur de la légende ?

Déjà, on peut remarquer que le son est excellent, bien qu'un peu trop fort pour le coup. Mais Ihsahn a suffisamment rarement un son aussi bon pour qu'on boude notre plaisir. Sans surprise, le groupe ouvre sur "Hiber" une des chansons les plus directes de son dernier album Das Seelenbrechen. Très vite, le public est embarqué dans son metal progressif touffu et dopé au black.

Ihsahn

Pas de doute, cette nouvelle formation est parfaite pour retranscrire la musique d'Ihsahn en concert, on ne regrette plus l’absence des membres de Leprous sur scène. On peut citer bien sûr Tobias Ørnes Andersen, qui, s'il continue sur cette voie, marchera sur les traces des plus grands batteurs de l'histoire du metal. Mais il faut souligner ici le travail du claviériste, qui à l'aide de moult arrangements ingénieux, donne une nouvelle vie aux compositions. Il y a de quoi parier que certains doivent être perturbés par l'absence de bassiste sur scène. Les apparences sont trompeuses, car c'est justement le clavieriste qui joue les basses sur un Moog. Oui oui, comme Ray Manzarek des Doors ! Ihsahn, Jim Morrison du black metal ? Et pourquoi pas !

Après avoir joué sa sublime "Pulse" à mi-chemin entre Massive Attack et Ulver, Ihsahn montre l'immense chemin qu'il a parcouru depuis Wrath of The Tyrant d'Emperor avec Tacit II. Là, le climat devient vraiment particulier, avec le ton très jazzy de la chanson. On voit plus d'un membre de l'audience regarder la scène avec une moue de surprise, quand ils ne sont pas tout simplement en train de partir du concert... De toute évidence, ses nouvelles compositions ne sont pas pour tout le monde !

Ihsahn

"A Grave Inversed" remet le set sur les rails du black metal de la meilleure des manières, mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises ! En effet, un Ihsahn visiblement ravi d'être là nous déclare "Avant, je jouais dans un autre groupe, ça vous plairait qu'on en joue un peu ?" La réponse se fait entendre en vociférations. Ni une ni deux, ils nous balancent "An Elegy of Icaros" en pleine poire, mais réarrangé facon Ihsahn en 2015... Avant d'enchaîner sur "Thus Spake The Nightspirit", qui déchaîne les fans d'Emperor. Voir le public entonner " Nightspirit, embrace my soul " aura été un des moments forts du Fall of Summer, sans l’ombre d’un doute ! Et après un "The Paranoid" de premier aloi, Ihsahn nous quitte avec "The Grave", dont l'ambiance chaotique est une fois de plus bien restituée par la nouvelle formation... On peut tout de même regretter l'absence du sax' de Jorgen Munkeby pour ajouter un peu plus  de folie à tout cela, mais ne soyons pas trop gourmands. Ihsahn a donné un concert d'une heure virtouse et maîtrisé. Le Norvégien aura prouvé qu'il est encore en pleine forme sur scène comme sur album, presque 25 ans après ses débuts dans la scène metal.

Tfaaon


ABBATH

Blackwaters – 22h40

Il est temps désormais de se réunir devant la Blackwaters Stage pour savourer le bouquet final de cette deuxième édition du Fall of Summer. Et c'est Abbath qui revient fermer le festival, après avoir fait de même avec Bömbers en 2014. Pour sa première date en France, le Norvégien n'allait pas se rater.

Abbath

C'est un pari réussi qui se manifeste dès que les premières notes de "Warriors" retentissent. Outre la joie pour les connaisseurs d'entendre du I pour la première fois en France, le groupe est carré, Abbath et Valla rentrent leurs riffs parfaitement sur la rythmique assurée par King ov Hell et Creature. La prestation musicale permet donc de se rentrer parfaitement dans l'ambiance des morceaux, qu'ils soient directs et rock n'roll comme "Storm I Ride" ou plus ambiants comme le classique "Tyrants".

Abbath

Le leader Abbath reste égal à lui-même. En plus de faire part de ses grognements typiques qui restent inchangés, le frontmant continue les clowneries avec des grimaces dont il a le secret et une corégraphie toujours aussi clichée. Le numéro de cracheur de feu est aussi de la fête, pour satisfaire les fans de son sens du spectacle.

Côté setlist, outre la joie de voir Abbath jouer du I sur scène et le plaisir de découvrir son nouveau titre "Fenrir Hunts", on pourra regretter un choix un peu frileux concernant les titres d'Immortal. Hormis "Nebular Ravens Winter", les morceaux choisis sont un peu convenus et restent centrés sur Sons of Northern Darkness. Un peu plus de variété aurait été bienvenu.

Abbath

Mais ce n'est pas le moment de bouder son plaisir, tant la prestation est jouissive et la joie de célébrer la fin de l'été est présente. Si bien que le retour à la réalité peut paraître difficile après la fin du concert, qui signifie aussi la fin du festival.

Setlist :

Warriors [I]
Battalions [I]
Fenrir Hunts
The Storm I Ride [I]
One By One [Immortal]
Tyrants [Immortal]
Nebular Ravens Winter [Immortal]
In My Kingdom Cold [Immortal]
All Shall Fall [Immortal]

Rappel :

Withstand The Fall Of Time [Immortal]

Vyuuse

Photos :
© 2015 Thomas Orlanth
© 2015 Lionel / Born 666

© 2015 Nidhal Marzouk
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.

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