Heol Telwen au Motocultor 2011

Motocultor 2011
Interwiew avec Heol Telwen

Musiciens interviewés : 

Gwadsech'hedik Kraban (chant, guitare, instruments folkloriques)
Yskithyrwynn (chant, batterie, chœurs)
Ossian (guitar, chœurs)
Hades (chant, chœurs, instruments folkloriques)
Mylgaon Vibuc'h (basse, chœurs)

Par Thomas Orlanth

Bravant la chaleur caniculaire de cette après-midi bretonne, j’ai eu le plaisir de discuter longuement avec les sympathiques membres d’Heol Telwen, qui venaient de faire un très bon concert. C’est ce qu’on appelle prendre des impressions à chaud et au chaud !

                              

     
Thomas : Bonjour, donc encore une interview pour la Grosse Radio, puisque Lionel vous a déjà interviewé à l’Espace B, il n’y a pas très longtemps en mars dernier. On vous harcèle un peu, peut-être parce qu’on vous aime bien. Je vais donc orienter cette interview davantage vers le live, les tournées et concerts. Vous venez de jouer devant le public du Motocultor. Qu’est-ce que vous avez ressenti, à part les petits problèmes techniques du début.

Gwadsech’hedik Kraban : C’est classique chez nous !

Ossian : Une très bonne ambiance.

Gwadsech’hedik Kraban : Une très bonne ambiance. C’est fabuleux de jouer en Bretagne, la première fois, c’était à Carhaix (NDLR : en 2010, au Festival du Menhir Chevelu) pour une soirée assez merdique où on jouait très très tard et le public était assez mou surtout, donc on n’a pas eu de retour…

Yskithyrwynn : Surtout qu’on n’a joué que dix minutes !... On a joué deux morceaux…

Kraban : …Donc c’était un peu décevant parce que, faisant une musique quand même vachement inspirée de la Bretagne, quand on joue en Bretagne, il doit y avoir une communion entre le public et nous qui doit se faire naturellement, et ici au Motocultor, je trouve qu’elle s’est vraiment faite, notamment sur « Kan ar Ker ». Je vu le public aux premiers rangs qui bougeait vachement. Il y a eu un bon échange.

Ossian : Les gens qui connaissent les paroles, ce genre de trucs là, c’était assez sympa.

Yskithyrwynn : J’avoue qu’à la batterie, je ne vois rien.Hahahaha !

Kraban : J’ai vraiment eu l’impression de jouer en Bretagne avec un public qui ressentait ce qu’on essaie de faire ressortir avec notre musique du côté de la Bretagne.

Ossian : Bref, les gens étaient contents de nous voir ! Ca faisait plaisir.
 

Thomas : Ca c’est vu d’ailleurs, parce que ça avait quand même bien bougé, et avec des jolies filles en plus, c’est pas rien !

Ossian : Ca c’est le « plus ». Et un beau circle pit aussi.

Thomas : Et tout ça malgré l’heure et la température caniculaire de cette après-midi ! En général, j’ai l’impression que vous ne tournez pas beaucoup. J’ai peut-être tort d’ailleurs ?

Kraban : Non, t’as pas tort, on ne tourne pas.
 

Thomas : Alors, est-ce que c’est finalement parce que vous n’aimez pas trop ça, dans la mesure où c’est une autre approche par rapport à la compo ou est-ce que c’est en raison d’un manque de dates intéressantes, c'est-à-dire des concerts qui vous branchent tout simplement ?

Ossian : C’est vrai qu’on n’a pas de super plan. Dès qu’on a un bon plan comme ici, on vient à chaque fois.

Yskithyrwynn : Le problème, c’est qu’on n’est pas de bons V.R.P., c’est ça surtout.

Ossian : On n’a pas de manager, on n’a rien…

Kraban : Après, par rapport à ça aussi, on a nos vies professionnelles qui ne permettent pas tout non plus. A un moment, quand tu fais de la musique, t’es obligé de faire un choix. Soit tu te dis, j’ai un job que je peux mettre de côté de temps en temps pour faire de la tournée et m’y consacrer, soit tu te dis j’ai un job et j’essaie d’y faire carrière. Donc, voilà pour les concerts, à un moment il y a un choix et il faut le faire. Je pense qu’on y était contraint il y a quelques années, après le premier album, on nous avait proposé une petite tournée avec Eluveitie et malheureusement, ça se goupillait pas trop. Je pense que ça se joue là.

Thomas : C’est un manque de disponibilité finalement ?

Kraban : Oui.

Ossian : On pourrait faire plus de concerts dans l’absolu, mais c’est vrai qu’on n’a pas quelqu’un qui va aller récupérer des concerts, qui va démarcher, etc. Quand on nous propose, en général, la majorité du temps, on accepte. Mais c’est vrai que vu que nous on ne va pas réellement vers les organisateurs, c’est plus par relations, de gens qu’on connait.

Yskithyrwynn : Oui, un autre facteur important, c’est que notre dernier album date de 2005. On n’a pas d’actualité, ça fait six ans,  même si on compose le prochain album là en ce moment. On est plutôt sur la fin d’ailleurs. Le problème, c’est qu’on n’a pas d’actualité. Du coup, les organisateurs, forcément… Ils nous connaissent parce qu’on commence à avoir une petite notoriété dans le milieu, mais ils préfèrent faire jouer des groupes qui viennent de sortir un album ou une démo, ou un nouveau groupe, mais pas forcément un groupe qui a sorti un album il y a six ans.

Thomas : D’accord, oui, c’est logique. Alors justement, à propos d’album, en mars, lors de votre concert à l’Espace B, vous disiez « on est dessus ».

Ossian : On est toujours dessus !

Thomas : Alors ? Où en êtes vous ?… Ah c’est la question qui tue.

Mylgaon Vibuc’h : Ca avance.

Ossian : Il est bientôt terminé au niveau de la composition.

Kraban : Il nous reste un morceau à écrire, procéder aux arrangements… C’est un concept album, c’est assez compliqué à mettre en place. Trouver un financement pour l’enregistrement. Ca c’est pareil, on a plus de label, depuis… depuis une ère indéterminée car le label ne nous a jamais contacté pour nous dire qu’il avait fait faillite. Du coup, on a appris ça un peu par hasard, en essayant de repousser l’album. Donc on a repris nos droits pour pouvoir le faire, et du coup, on n’a plus de label. Donc il va falloir trouver un financement pour le faire, parce qu’un album, ça coûte beaucoup d’argent pour l’enregistrer, le presser, le distribuer.

Yskithyrwynn : En plus, il sera plus ambitieux que le premier.

Kraban : Ca va nécessiter pas mal de temps, et d’argent pour le studio. Il faut trouver un financement, il faut trouver un label qui soit capable de le distribuer à peu près correctement. On a eu une proposition de distro en novembre, très sympa. Ils nous ont proposé leur aide, mais hélas, ça ne pouvait être que de la distribution sur un petit réseau, et pas vraiment de financement de l’album. Ca aurait été zéro quoi. Finalement, c’est pas ce qu’on recherche. On ne cherche pas non plus à signer sur un gros label, mais au moins avec un partenaire qui soit capable de nous aider financièrement à payer le studio.

Ossian : on préfère prendre notre temps pour trouver quelque chose de bien. On préfère mettre un an de plus pour sortir l’album, mais dans de bonnes conditions, avec le son tel qu’on aimerait l’avoir et au final, un produit tel qu’on aimerait l’avoir nous, et avec une bonne distribution et une bonne promotion derrière, plutôt que de se lancer rapidement, et de sortir sur quelque chose qui ne nous conviendrait pas forcément.

Kraban : Oui, on a eu des propositions, et c’était très gentil de la part des labels qui l’ont fait, mais plus par amitié que par professionnalisme. Mais c’est clair, cela ne nous correspondait pas du tout. Donc on dû décliner, et puis de toute façon, comme on est toujours sur la composition, on se presse pas trop, même si on travaille.

Thomas : Oui, donc autant faire les choses bien, vous n’êtes plus à une année près en gros.

Ossian : Exactement.

Yskithyrwynn : On préfère faire les choses bien, quitte à prendre du temps. On a toujours pris notre temps de toute façon…

Kraban : avec toutes ces sorties, on a envie de se différencier un petit peu.
 

Thomas : Alors justement, à propos de différenciation, je vais passer à une question un peu provoc. Si maintenant, on vous disait que vous allez avoir dix fois plus de public, mais qu’il faudrait rajouter une chanteuse lyrique ?

Tous : non !

Thomas (m’adressant à Mylgaon Vibuc’h) : T’as rien dit ?

Mylgaon Vibuc’h : Ou un synthé ? Hahaha !

Kraban : Pourquoi pas !

Ossian : Un synthé, on a essayé. Un membre à plein temps dans le groupe, pour venir jouer avec nous, ou avec d’autres instruments. Mais finalement, on se rend compte, qu’on tourne à cinq et que c’est comme ça qu’on s’entend bien.

Thomas : Mais au niveau musical ? C’est juste la peur de casser une cohésion ?

Kraban : En fait, on a déjà essayé d’engager un musicien supplémentaire, mais ça ne marche pas. On n’arrive pas à le contacter, il y a pas de communication qui se fait, etc.

Ossian : On fonctionne en vase clos. Ca fait douze ans qu’on joue ensemble. Eux, ça fait dix ans. Il y a quand-même une espèce de bloc qui est formé autour du groupe. On a des gens qui viennent enregistrer avec nous… Dans l’absolu, le groupe c’est nous cinq. Et tout les gens qu’on a essayé d’inclure à 100% dans le groupe, c’est pas que ça s’est pas bien passé humainement, mais on a vraiment cette habitude de fonctionner à cinq.

Yskithyrwynn : on n’arrive pas à communiquer avec eux, on fonctionne très bien à cinq.

Kraban : Quand je compose des trucs, c’est fait pour nous cinq. Intégrer un sixième, c’est de l’arrangement en fait. C'est-à-dire qu’on ne pourra pas le reproduire sur scène. On n’a pas envie de faire un truc avec plein d’instruments, qui ne rendront rien sur scène et où il faudra qu’on se batte avec des samples et des trucs comme ça. Là, on est cinq, c’est efficace. Ca a la pêche.

Thomas : Ah oui, ça a la pêche. Je confirme !

Kraban : Il n’y a pas besoin de plus. Après, ça serait trop, je pense.

Ossian : Faut dire qu’on est assez insupportable. Les gens ne nous supportent pas trop.
Hahaha !

Thomas : Quel est votre meilleur souvenir de concert ?

Yskithyrwynn : Ah l’Allemagne (en 2004, à Giessen). On a joué avec Cruachan.

Thomas : Vous êtes tous d’accord ? Oui, visiblement !

Kraban : L’Italie aussi (en 2010, à Lecco, pour l’Officina della musica), c’est normal je suis italien !

Hades : Annecy…(le 5/6/2010 au Brise Glace)

Ossian : Ah oui, Annecy. On n’a jamais vu une ambiance pareille. On a cramé deux amplis pendant le concert. Et les gens continuaient à chanter et à danser.

Kraban : J’étais malade après, j’avais plus de voix pendant deux jours.

Ossian : C’était plein, ils ont refusé près de 40 personnes à l’entrée. Les gens étaient venus nous voir, c’était la première fois que c’était à ce point là. On était vraiment hyper contents ! Surtout que la veille, on jouait à Lyon, et à là, il n’y avait pas un rat.

Yskithyrwynn : En fait, ce sont des raisons différentes. Avec Cruachan, c’était plutôt un concert merdique pour nous, mais on a rencontré Cruachan et on a fait bœuf sur bœuf dans les coulisses et c’était une ambiance incroyable !

Kraban : On est content que ça c’était super bien passé avec eux, car c’est quand même un groupe, l’un des fondateurs de la vague pagan metal. C’est une grosse influence. Et ce sont des gens qui sont vraiment super sympas, pas prises de tête comparés à d’autres groupes de pagan, dont je ne citerai pas le nom.
Hahahaha !

Thomas : Bon, on va revenir un peu plus sur la culture.  Votre musique, et notamment vos paroles, sont très inspirées par la mythologie. Entre Vercingétorix et des héros comme Brann ou Cuchlain, qu’est-ce qui vous parle le plus ?

Yskithyrwynn : On n’est pas très histoire, on est plutôt légendes.

Kraban : Voilà, c’est le côté fantastique, le côté même assez organique, le paysage de la Bretagne, la langue, la mer, c’est plus une terre d’histoire, de légendes plutôt. Terre plus inspirée par les paysages que les par l’histoire en soi. La mythologie bretonne, et celtique, c’est ce qui a nourrit la fantasy par la suite. Moi personnellement, j’aime beaucoup la fantasy. Il n’y a aucune connotation pagan dans le sens religion.

Yskithyrwynn : Ou mythologie même.

Kraban : Oui, c’est plus l’esprit imagination, projection…

Yskithyrwynn : Voyages…. Les premiers titres qu’on a composé et écrits avec Heol, c’était autour de la légende d’Ys, et on est toujours resté autour de ça. D’ailleurs, notre prochain album sera basé sur la création et la destruction de la ville d’Ys.

Thomas : Album très attendu !

Tous : On espère ! Hahaha !
 

Thomas : Pour terminer, une question sans doute bête, que l’on vous a certainement déjà posé : pourquoi « Heol » et pourquoi « Telwen » (ce qui signifie Soleil Sombre). C’est le côté sombre qui veut ça ? Faut-il forcément qu’un groupe de pagan ait un petit côté dark ? Pourquoi pas « Soleil Joyeux » ?

Yskithyrwynn : Parce qu’en fait, à la base, nous ne nous réclamons pas « festifs ». On essaie de brasser plusieurs ambiances. A la base, c’est moi qui ait trouvé le nom d’Heol Telwen, quand j’étais en Bretagne. Je passais mes vacances, quand j’étais plus jeune, à Carhaix et il y avait une voisine qui parlait breton, et je lui avais demandé une traduction. Effectivement, on voulait faire passer autre chose que la Bretagne festive. Le « gros » problème que l’on a actuellement, c’est qu’on est assimilé, avec des instruments folks, à quelque chose de festif. Ce qui n’est pas forcément le cas, la musique bretonne a un panel beaucoup plus large que ça.

Kraban : On vient du black metal et du death. Quand on a commencé tous les trois, on faisait du black/death. Dissection, c’était des trucs comme ça. Beaucoup moins bien joué. Hahaha ! On est parti de là. S’il y a un aspect festif dans Heol Telwen, il vient peut-être des instruments folks, parce qu’ils ont des sonorités qui veulent ça, parce que l’influence bretonne veut ça, avec le côté fest noz. Mais il n’y a rien de joyeux dans Heol Telwen. On ne chante pas la fête de la bière, même s’il y a de l’ambiance dans les concerts, il n’y a rien de joyeux dans les paroles.

Thomas : Est-ce qu’il y a quelqu’un parmi vous qui est d’origine bretonne ?

Kraban : à moitié.

Thomas : Donc tu parles breton ?

Kraban : Non.

Thomas : Donc vous vous embêtez à traduire ?

Kraban : Exactement ! En plus, c’est compliqué, parce qu’entre les Bretons de chaque région, c’est pas tout à fait pareil.

Yskithyrwynn : On s’excuse un petit peu, parce qu’on a fait des fautes d’orthographes.
Hahaha !
 

Thomas : Vous avez dit tout à l’heure que votre vie privée vous prenait beaucoup de temps. Alors, si ce n’est pas indiscret, vous faites quoi qui vous prenne tant de temps ? Vous avez des loisirs qui vous bouffent ou c’est vraiment que le boulot ?

Ossian : Non, on a tous d’autres groupes.

Yskithyrwynn : Ah non, pas tous. Moi c’est fini.

Ossian : Certains ont des enfants, certains ont effectivement d’autres occupations, donc c’est pas évident de se consacrer à 100% au groupe. On compose, on est quand même régulièrement en contact les uns avec les autres. Quand on a des propositions, on essaie d’aller à un maximum de concerts.

Thomas : En tout cas,  je vous souhaite de trouver le temps pour terminer cet album, que j’attends personnellement avec une grande impatience ! En espérant vous revoir d’ici là, sur une affiche quelque part.

Kraban : On sera au Ragnarök Festival normalement (NDLR : le 13/04/2012, en Allemagne à Lichtenfels).

Thomas : Merci à vous et à bientôt !

Thomas « Orlanth »

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