Agalloch (+ Crown) au Petit Bain (17.08.2015)

Le grain du black metal
 


Oh la belle affiche ! Agalloch, enfin de retour dans nos contrées pour une tournée avec Crown en première partie ? Voilà une soirée qui s'annonçait vraiment bien en plus d'être éclectique. Une bonne occasion pour voir si les dernières offrandes passaient le cap du concert !

 

Crown

C'est donc à Crown d'ouvrir le bal, avec une musique qui n'a strictement rien à voir avec celle d'Agalloch, et c'est d'ailleurs en partie pour cela que c'était intéressant à voir, plutôt que d'avoir une soirée 100% black metal. Ces français sont du côté sludge de la force, avec des riffs titanesques et des voix rocailleuses qui rappellent Scott Kelly de Neurosis. Crown mélange cette tonalité sludge avec une base indus évoquant les premiers Godflesh, dans les rythmes mêmes comme dans les structures monotones des morceaux qui sont forgées par la boîte à rythme. Car oui, il n'y a pas de batteur dans Crown, "juste" trois guitaristes avec des 7-cordes. Cette formation, bien qu'atypique dans le metal, a le mérite d'être parfaitement adaptée à la musique jouée, qui a avant tout besoin qu'on insiste sur les riffs.
 

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Quand les musiciens se s'acharnent pas sur la distorsion, les ambiances tissées à la guitare claire et les rythmes posés de la batterie programmée les font presque lorgner vers le trip hop, sans que l'on soit gêné par ce grand écart musical. A la voix, le growl est alterné entre deux des guitaristes, et si on a du mal à distinguer une réelle différence entre les deux voix, elles ont le mérite de bien convenir au registre, quand ce n'est pas du chant clair mélancolique.
 

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Si la répétitivité des riffs lents donne un côté hypnotique aux compositions, c'est nettement moins convaincant quand la vitesse augmente. L'instrumental perd alors de sa puissance, devenant moins marquant. Heureusement, ces accélérations sont rares et vite remplacées par les coups de semonce massifs et lents qui ont l'air d'être la colonne vertébrale de Crown. Bref, le groupe aura eu le mérite de convaincre un public exigeant : les fans d'Agalloch. Avec deux très bons albums dont le dernier est sorti cette année, il y a fort à parier qu'on va encore longtemps entendre parler de Crown.

 


Agalloch

La performance d'Agalloch au Motocultor 2015 était fantastique. Son, lumière, interprétation, tous les éléments étaient réunis pour que ce concert entre dans la légende. La question était de savoir si les américains parviendrait à entretenir cette magie pendant presque deux heures de set, avec notamment plus de chansons du dernier album The Serpent and The Sphere, loin d'avoir fait l'unanimité...
 

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Le bois parfumé qui brûle dans le plateau de métal placé sur scène diffuse une odeur très particulière, propice à vous faire voyager... Et la musique d'Agalloch aussi. On remarque que le son est, étonnement, moins bon que la veille au Motocultor, mais malgré tout acceptable pour un groupe d'une telle stature. Fort logiquement, la setlist est axée sur le dernier album, et il faut reconnaître que ça sonne sacrément bien sur scène. Eh oui, nous sommes face à des musiciens aguerris, et cela à chaque instruments.
 

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Au niveau du jeu de scène comme de la communication avec le public, il faut reconnaître que le groupe fait le minimum syndical, mis à part Don Anderson qui est complètement habité par sa musique, comme si sa vie dépendait de chacune note qu'il joue. On a tout de même droit à une petite blague du chanteur John Haugm : "Il me semble qu'il doit y avoir quatre d'entre vous qui ont aimé le nouvel album dans la salle. La prochaine chanson est pour eux." ! Evidemment, le concert part très haut dans les limbes quand Agalloch nous sort ses perles de Ashes Against The Grain ou The Mantle. L'interprétation est fabuleuse, et la volonté des musiciens de restituer les émotions véhiculées par leurs compositions l'est tout autant !
 

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On note toujours quelque imperfections au niveau du son, notamment pour la grosse caisse sous mixée, mais c'est compensé par la basse qui est elle bien mise en avant ! Tout cela fait qu'on arrive déjà à la deuxième heure de set d'Agalloch sans vraiment s'en rendre compte. Et pour achever son public comme il se doit, les américains dégainent le véritable chef d'oeuvre de The Serpent and The Sphere : "Plateau of The Ages". Etalé sur une douzaine de minutes, cette pièce est un condensé de tout ce qu'Agalloch sait faire de mieux, avec beaucoup de dynamique, des riffs dantesques et surtout, une vraie histoire racontée par ces entrelacs de notes... Agalloch aura donc remis les pendules à l'heure après son semi-raté au Glazart, se maintenant comme un des groupes de black les plus atypiques et importants de la scène aujourd'hui. On a déjà hâte de les revoir par chez nous !

Set :

(serpens caput)
The Astral Dialogue
Vales Beyond Dimension
Limbs
Ghosts of the Midwinter Fires
Dark Matter Gods
The Melancholy Spirit
Hallways of Enchanted Ebony
...and the Great Cold Death of the Earth
Into the Painted Grey

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Falling Snow
Plateau of the Ages

Compte rendu par Tfaaon

Photos : Arnaud Dionisio / © 2015 Ananta
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe
 

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