Anvil – Juggernaut of Justice

Voici un groupe qui nous fête cette année ses 30 ans, l'âge d'or et de la maturité... et ce n'est pas moi qui vous dirai le contraire ! Hmm, bref, Anvil a donc vu le jour en 1981, se lançant dans un heavy metal des familles comme bon nombre de formations de l'époque. Sans trop faire de bruit mais en se forgeant une bien solide réputation, le combo canadien a su s'affranchir de plus d'une dizaine d'albums avant de nous offrir cette année le 14ème opus d'une longue carrière. Qu'en est-il donc de ce Juggernaut of Justice sorti en mai dernier chez The End Records.

Allez, c'est direct et péchu comme on aime, pas besoin d'aller plus loin que les trois premières pistes pour savoir qu'on aura affaire à un disque heavy de qualité. Certains vont vouloir que je m'acharne sur les diverses influences, mais il n'y a aucune anomalie à relever ici : Anvil a toujours suivi les traces d'un Judas Priest bien renforcé, mais avec le temps le combo a su prendre ses responsabilités et gagner en personnalité. Si par exemple l'on s'amuse à comparer cette dernière offrande avec leur opus culte (parmi d'autres certainement) Forged by Fire sorti en 1983, on se rendra compte du changement. Alors oui, Steve "Lips" Kudlow a pris de l'âge et son chant s'en ressent parfois, sauf que le chanteur-guitariste-leader historique s'en accomode fort bien et distille une voix éraillée plus que plaisante donnant un poids à des compos de plus en plus lourdes.

Car la production, au top, se fait la précieuse alliée d'un heavy racé au son caractéristique d'une formation à l'énergie débordante. Aucune concession ne sera faite du début à la fin, aucune ballade ne viendra rompre le rythme, les dix premières pistes s'enchaînant comme un étreignoir en acier trempé. Vos tripes sont ainsi broyées et vous ne pouvez qu'headbanguer mécaniquement jusqu'à ce que folie vous empare. Certes, rien de potentiellement révolutionnaire, ni de grands hymnes inoubliables sortant du lot, mais une constante envie d'envoyer le bois qui fait plaisir et donne le sourire. Retenons dans le lot l'introduction éponyme, véritable petit single à peine masqué, le très rebelle "Fuken Eh!" suivi d'un excellent "Turn It Up" aux accents Motörhead point trop dissimulés. Puis ce "The Ride", chanté par le bassiste Glenn Five (et sa touche entre thrash et Rob Halford sur quelques passages), qui nous ramène plus aux vieilles heures du groupe.

Maintenant, pourquoi mentionner les dix premières pistes alors que le CD en comporte douze ? Ce n'est point par hasard, vous l'aurez compris, ce Juggernaut of Justice offrant une véritable couleur personnelle sur son final qui sauve ainsi l'album d'une potentielle banalité au fil des écoutes, les dix premières pièces sonnant en quelque sorte comme un véritable prélude au véritable chef d'oeuvre du brûlot. "Paranormal", ou cette excursion doom profonde et parfaitement maîtrisée, devrait en surprendre plus d'un... alors là aussi, certes, rien d'original, cela sent les origines du metal à plein nez (Black Sabbath, vous me suivez ?), mais placé ainsi en totale rupture avec le reste : c'est ce qu'on appelle un coup de maître. Tout réside ici dans l'art du riff et du placement de cette chanson en fin de tracklist, d'autant plus que la bête est suivie d'une conclusion qui accentue l'effet de surprise. L'instrumentale "Swing Thing" apporte, comme son nom l'indique, un groove très (nord) américain et nous ramène encore plus loin dans les racines du blues rock voire même du jazz (ajouts de trompettes à l'appui). Imparable.

Anvil 2011

Anvil n'oublie pas ses bases et surfe ainsi sur sa longue histoire pour nous offrir le meilleur. On pourra donc simplement regretter que cette galette ne soit pas encore plus colorée, il y avait peut-être moyen de faire encore mieux à la vue de ce redoutable final. D'ailleurs, pour ceux qui l'ignorent (et pourtant cela a fait le buzz), un documentaire a été consacré au groupe en 2009 : Anvil: The Story of Anvil. Un DVD acclamé, prenant et touchant, qui montre la face humaine d'un groupe créé par l'amitié de deux personnes et qui vit pour le plaisir de la musique.

Conclusion faite, quand arrive Anvil, les passants ne changent pas forcément de trottoir. Car nos amis ontariens ont certes l'air viril mais ne font pas peur à voir, et nul doute que leur musique saura faire comme un éclair dans le brouillard de nombreuses sorties heavy tournant souvent en rond. C'est ça l'expérience après tout, continuer à produire de tels albums après trois décénnies d'une carrière mouvementée cela force le respect. Mais quand l'amour du son est là, tout est possible...

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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