Textures – Dualism

L'attente est longue pour le nouvel album des néerlandais de Textures ! Depuis la sortie en 2008 de son prédécesseur, Silhouettes, le groupe a dû se séparer de deux de ses membres, et pas des moindres ! Il s'agit en effet du chanteur, Eric Kalsbeek, devenu marque de fabrique du groupe, et du claviériste Richard Rietdijk (ne me demandez pas de le prononcer, j'ai déjà eu assez de mal à l'écrire...). Et ce n'est pas la première fois que le groupe doit faire face au départ d'un chanteur, puisque Pieter Verpaalen, ayant posé sa voix sur le premier album du groupe en 2003, a quitté le navire l'année suivante. Beaucoup d'appréhension donc quant au remplacement d'un chanteur tel que Eric.

Pour ceux qui ne connaissent pas (encore !) Textures, ceux-ci officient dans un style très particulier, puisqu'ils font un savant mélange de metal technique/math, progressif, ambiant, entre polyrythmie, riffs rentre-dedans et passages carrément atmosphériques. Cette nuance entre calme et agressivité se ressent notamment au niveau du chant, puisqu'il alterne entre le hurlé, parfois growlé, et le chant clair. Evitons toute fois de rentrer dans le débat du « djent », style, ou plutôt identité musicale en vogue sur internet en ce moment, et massacrée par un afflux incroyable de jeunes groupes plus ou moins intéressants. ... Plutôt moins.

Le groupe est né en 2001 et a sorti 3 galettes. Il est repéré dès son premier album, Polars, salué par la critique. Le second album, Drawing Circles (2006), est une franche réussite, et permet au groupe de tourner en Europe avec Arch Enemy, Gojira et The Ocean entre autres. En évolution constante, le groupe nous propose en 2008 son troisième album, Silhouettes, et fait preuve une fois de plus de génie en poussant le concept calme/brutalité encore plus loin. On compare souvent Textures à un mélange entre Meshuggah et Devin Townsend. De quoi faire saliver donc !

Textures photo
 

Passons à Dualism, leur quatrième effort ! Tout commence très fort avec une pochette magnifique, signée... Eric Kalsbeek ! Il s'était déjà occupé des deux artworks précédents, comme quoi c'est pas parce qu'il est parti du groupe qu'il n'y fourre plus son nez !

On a déjà pu voir un premier extrait : le clip de "Reaching Home", titre phare de l'album. On découvre par la même occasion le nouveau chanteur du groupe, Daniel De Jongh. Ex-Cilice (qui ça ?), jeune groupe néerlandais né en 2006, oeuvrant dans le Metal Progressif. Une découverte pour moi. Et je ne vous cache pas mon inquiétude... Le titre posé, très « simpliste » dans sa construction (en comparaison avec ce qu'on déjà pu faire les néerlandais), peu de polyrythmie, uniquement du chant clair, ça sonne presque « mainstream »... J'ai même pensé à Amorphis ! (Tous mes respects à ce groupe que j'aime beaucoup. Si c'est vrai !). Bref, un autre extrait de l'album, "Singularity", viens me rassurer un tantinet, puisqu'il commence sur de la polyrythmie et du chant hurlé. Ouf ! On est sauvés. Enfin, presque...

Allez, on lance la galette une fois pour toute. Daniel sera-t-il à la hauteur ? Argh ! Allez, plus de suspense. L'entrée est magistrale avec "Arms of the Sea". La couleur est dores et déjà annoncée : l'ambiance Textures est là, le rythme est lent, les guitares sont lourdes, un coup de polyrythmie et bim, Daniel De Jongh entre en scène ! ...Quoi, ils ont vraiment changé de chanteur ? La ressemblance à première écoute est frappante. Daniel enchaine un chant hurlé puissant et prenant, un chant clair aux mélodies accrocheuses, et même un growl venant du fin fond des tripes. Etonnant ! Daniel est étonnant. Musicalement, le groupe n'a pas changé : ils nous servent la même recette que l'album précédent, terriblement efficace ! On passe de couplets aux guitares lourdes, où Daniel sors toutes ses tripes, au refrain plus ambiant avec chant clair. On a même droit à un passage plus calme, typique du groupe, où la voir de Daniel s'envole, pour repartir de plus belle. On fini sur une sorte de folie musicale. Le batteur Stef Broks est toujours aussi technique.

"Black Horses Stampede" adopte la même recette que le titre précédent, une rythmique lourde, un duo batterie/basse qui marche parfaitement, le tout un peu plus groovy et moins éprouvant. Ca envoit du pâté ! Il faut dire que la production très appliquée et axée sur la rythmique y est pour beaucoup aussi.

On arrive à "Reaching Home", titre déjà connu. Cette fois, le titre passe beaucoup mieux, puisqu'il permet un petit temps de répit après ces deux bulldozers. Le titre, tout de même moins intéressant techniquement, reste très agréable à l'écoute. Les lignes de chant ne veulent plus sortir de ma tête !

Jusqu'ici, Daniel nous a déjà montré une grande panoplie de voix. On commence à cerner les différences entre sa voix et celle de son prédécesseur Eric, notamment au niveau du chant clair.

Textures recordings

 

Les chansons s'enchainent, la construction des titres est complexe mais très fluide. Et c'est là le côté de Textures que j'admire. On passe de grosses claques rythmiques (et polyrythmiques !) à des passages très ambiant particulièrement prenants, notamment sur "Consonant Hemispheres".

Textures nous sert un titre instrumental, "Burning The Midnight Oil". Dommage, je trouve le titre un peu long, et manquant un peu de punch, surtout après un "Consonant Hemispheres" calme et splendide. Le problème est que les autres titres sont déjà très intéressants et recherchés musicalement, "Burning The Midnight Oil" n'apporte pas grand chose de plus.

"Singularity" est à l'image de "Arms Of The Sea" : polyrythmie, riffs ravageurs, technicité et folie musicale. Mention spéciale pour l'outro qui est simplement démente.

"Minor Earth, Major Skies" est peut être la moins accrocheuse de l'album, mais est vite rattrapée par l'excellente "Stoic Resignation" et ses mélodies entêtantes, entrainante de bout en bout. Une perle !

"Foreclosure", servant d'introduction au morceau suivant, marque un petit temps de repos très sympathique avant l'explosion finale, "Sketches From A Motionless Statue". C'est une montée en puissance qui fini Dualism en apothéose.

Textures n'a rien perdu de son génie, et tous les doutes concernant leur changement de line-up sont ici dissipés. Cet album est un coup de maître ! Daniel De Jongh est (incroyablement) aussi bon que son prédécesseur. La recette Textures ne change pas, et les titres ne se ressemblent pas. Ceux qui ont aimé Silhouettes ne seront pas déroutés. L'album mérite tout de même plusieurs écoutes pour y cerner toutes les subtilités. Mais la sauce prend dès la première écoute, et la musique des néerlandais nous emporte loin, très loin... Le pire, c'est encore de se dire qu'il va falloir attendre deux à trois ans pour une nouvelle galette !

Hop, moi je m'en vais m'acheter un de leurs t-shirts pour jouer mon fan-boy ! On se retrouve le 3 décembre à la Scène Bastille de Paris pour leur concert accompagnés de The Ocean, au premier rang bien sûr !


9/10
Unna

Tracklist :

1 - Arms of the Sea
2 - Black Horses Stampede
3 - Reaching Home
4 - Sanguine Draws the Oath
5 - Consonant Hemispheres
6 - Burning The Midnight Oil
7 - Singularity
8 - Minor Earth, Major Skies
9 - Stoic Resignation
10 - Foreclosure
11 - Sketches from a Motionless Statue

 

Textures Live à  Paris

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NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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