"Notre groupe est une réflexion sur ce qui a été fait avant au niveau des styles musicaux et ce que nous pouvons apporter à ces styles."
Petite découverte de cette année 2015, Sound of Memories fait partie de ces groupes qui attirent l'attention grâce à une musique connue mais diablement efficace. Curieuse d'en savoir plus sur cette formation dynamique, motivé et avec les pieds sur terre, La Grosse Radio est allée leur poser quelques questions à propos d'un premier album prometteur.
Parlons un peu de vos débuts. Le projet est né en 2010, mis quel est l'élément déclencheur qui a fait qu'en 2012 vous vous êtes réellement investis dans ce projet?
Fabien (basse) : L'élément déclencheur est l'arrivée du batteur et du chanteur. Et puis tout s'est fait très vite car nous avions déjà quelques compos dans notre besace.
Alain (guitare) : Dans un premier temps, nous avons essayé d'avancer avec ce que nous avions déjà et nous avons donc composé de nouvelles chansons assez rapidement .
Luis (guitare): Dès septembre 2013, nous avons enregistré notre EP Living Circles après quelques répétitions. Et dans cette très bonne dynamique tout s'est très bien enchainé.
Des choses comme quelques concerts parisiens sur des scènes sympathiques comme la Boule noire. Qu'est-ce que cela vous a apporté ?
Fabien : Déjà le fait de pouvoir jouer tous ensembles en dehors d'un studio de répét. Même à nos débuts et avec un autre line-up, nous n'étions jamais montés sur scène. Cela nous a également permis de « tester » le public et voir si les gens pouvaient nous suivre ; voir les réactions par rapport à l'EP. Nous retenons également un passage mémorable à La Cigale. Cet EP et ce qui a suivit, c'était une bonne façon de se confronter au réel, à la scène. Le contact avec le public et les retours ont été supers.
Alain : C'est clair. Nous avons une « base » de public essentiellement composée d'amis qui ont pu nous voir et continuent à nous voir évoluer. C'est intéressant, car nous pouvons avoir des retours rapides ce qui nous permet d'avoir plus de confiance, de mieux travailler notre mise en place et d'être meilleurs sur scène.
Luis : Je confirme ! Le public et nos amis nous ont permis de réellement évoluer. Au début, nous avions un jeu de scène qui n'était pas forcément très en place. Au fil des concerts, nous avons commencé à bouger, à nous éclater tout en restant carrés.
Fabien Benetti
Vous composez sur une base de death mélodique avec beaucoup de death plus classique ou encore de thrash. Pourquoi avoir choisi cette base musicale pour exprimer ce thème qui vous est cher : la folie ?
Fabien : A la base, notre démarche est de rester sur un fondement un peu humaniste, tout ce qui se rapporte à la sensibilité de l'être humain. L'autre point de vue, c'est le côté « historique » que nous essayons d'intégrer le plus souvent dans nos chansons. Nous essayons toujours de nous rappeler d'où nous venons et digérer ces influences qu'elles soient historiques ou sociales. Du moins, c'est comme ça que nous avons vu les choses à la base, être plus engagés socialement dans les textes. Peut-être un moins sur To Delivrance, mais au niveau de la musique, notre groupe c'est une réflexion sur ce qui a été fait avant au niveau des styles musicaux et qu'est ce que nous pouvons apporter avec ces styles qui nous aidé. Avancer sans avoir une idée sclérosée du metal avec des riffs « comme-ci, comme ça ».
Luis : Pour ma part, j'ai toujours écouté du metal et ses grands classiques. Mais j'ai appris la gratte avec le rock psyché des années 60-70 et je suis un grand fan de prog avec Opeth et tout ce courant là. C'est pour ça que nous nous définissons comme du death mélodique, je pense, car c'est un mouvement qui mélange plein de genres. Il n'y a qu'à écouter les premiers Children Of Bodom pour sentir des influences speed ou encore heavy. Tu sens les grandes influences...
Luis Tobar
Alain : Nous avons quand même mis pas mal de temps à définir notre style et même maintenant je ne pense pas qu'il soit définitif. Nous avions des lignes mélodiques que nous voulions mettre à plat sans savoir où cela allait nous emmener. C'est là où l'expérience de la scène nous a fait évoluer et nous a aidé à trouver notre ligne directrice.
Fabien : Disons que nous avons l'obligation de remplir un cahier des charges avec des effets de signature. Il y a des passages un peu égyptiens, des breaks plus prog et nous intégrerons toujours ces parties dans nos prochains albums. Nous garderons ce concept de un album = une atmosphère. Le prochain sera peut-être plus égyptien ou plus jazzy.
Parlons du présent avant de parler du futur. Nous y sommes, To Delivrance est votre premier album, dix morceaux retenus sur 20... Pouvez-vous nous le présenter et quelles sont vos attentes ?
Fabien : C'est surtout de proposer un premier effort cohérent, ce qui n'est pas forcément évident avec ce réseau d'influence que l'on peut avoir, nous avons essayé de travailler sur la folie, ce genres de contres-temps que l'on a mis en place avec des parties alambiquées mais en gardant une énergie plutôt classique dans la structure des compos avec quelques moments de folie. Il n'est pas très sombre, c'est un album assez mélodique et nous essayons de garer cette cohérence et de former un tout en aillant des individualités entre chaque chanson.
Alain : Par cet album nous avons voulu créer quelque chose de fort, de confirmer la phase que nous avions avec l'EP et rendre cette musique plus travaillée, plus complexe, plus étoffée...
Luis : Il y a eu un gros effort au niveau des arrangements, c'est à dire qu'il y a eu peu de chanson spontanée, genre « plug and play, c'est dans la boite », il y a eu beaucoup de travail sur les transitions entre chaque morceau, comme un fil conducteur et chaque chanson s'imbriquent dans l'autre. Nous avons beaucoup réfléchit à ça, nous avons essayé de faire quelque chose de construit, structuré et solide. J'ajoute qu'il n'y a pas de connotation religieuse dans ce thème de la folie. C'est une sorte de délivrance du personnage de l'album.
Alain Delseux
Pouvez-vous nous parler de la prod ?
Fabien : C'est un album qui s'est vraiment fait dans la douleur, les premières compos datent de fin 2013 et nous nous sommes mis dedans début 2014 pour une une rentrée en studio en février 2015, donc il a vraiment fallut élaborer le son de l'album, seconde par seconde, nous avons vraiment bien travaillé la batterie, trouver des petites choses... Cela a été assez compliqué à mettre en place, l'enregistrement a duré pratiquement un, nous avons eu des contre-temps, en tout la prod a pris quatre mois... C'est pour ça que l'on en arrive à la folie (rires). Au bout d'un moment il fallait dire stop et être content du résultat.
Vous pensez déjà à l'avenir ?
Fabien : Oui, nous avons des petites choses en chantier, nous voulons éviter de travailler à nouveau dans l'urgence et ne pas nous mettre de deadline. Nous sommes partis pour deux ans de promotions. Nous avons quelques dates pour la fin de l'année, mais nous cherchons pas mal pour courant 2016. Comme tu sais, c'est difficile de trouver des concerts. Nous aimerions vraiment rencontrer d'autres groupes à Paris ou en France à l'occasion de concerts.
Alain : Je trouve que le milieu Francilien est assez « fermé », on retrouve souvent le même groupe. Le public et les groupes sont assez récurant d'un concert à un autre. C'est très bien, mais j'aimerais bien trouver d'autres choses.
Puisque vous parler de la scène française, que pensez-vous de celle-ci alors que vous êtes en train de la rejoindre ?
Fabien : Il faut savoir que nous ne sommes pas vraiment dans un milieu metalleux, nous écoutons beaucoup de choses différentes et nous aimons beaucoup les vieilles gloires, Maiden, Metallica, Slayer... Après bien sûr, nous suivons des groupes français comme T.A.N.K qui sont bien dans le paysage, mais nous ne suivons pas vraiment la scène française. Je peux t'en parler de façon rétrospective avec celle des années 2000 où nous ne nous sommes pas retrouvé dans le mouvement neo metal.
Luis : Je souligne quand même Gojira qui n'est pas une influence directe mais a une démarche artistique très poussée et a su renouveler certains codes du death. C'est un groupe que nous aimons beaucoup.
Alain : C'est vrai que l'on se retrouve beaucoup dans Gojira. Mais pour en revenir au milieu « amateur », ce que je trouve dommage c'est de voir de très bons groupes qui envoient sur scène et ont des productions studios vraiment convaincantes et que l'on ne connaîtra peut-être jamais. Nous fréquentons beaucoup de groupes qui ont, je pense, du potentiel et on ne parle pas assez d'eux.
Fabien : Gros coup de cœur pour Dead Cowboy's Sluts qui sont vraiment excellent et qui sonnent à l'ancienne mais avec un côté moderne vraiment excellent.
On vous laisse le mot de la fin...
Alain : un grand merci général à tous et à la Grosse Radio. Merci aux gens qui écoutent notre musique et qui écoute la scène metal française.
Fabien : Merci à Eli, notre manager, pour son aide dans toutes nos démarches, c’est une aide inestimable.
Luis : Merci à nos amis et à notre petite fan base.