Mastodon, un groupe différent
Cela fait déjà plus de 10 ans que Mastodon poursuit son bonhomme de chemin dans le monde du Metal. Avec une forte personnalité et des influences très diverses, le groupe a pu changer d’orientation de manière toujours réussie au fil des albums. Le petit dernier, The Hunter, ne fait pas exception et fait état d’un groupe sans cesse en mouvement qui sait s’exprimer avec justesse et talent.
Mastodon, un des espoirs du Metal d’aujourd’hui. A une époque où beaucoup de groupes se réfugient dans leur gloire passée, tentent de reproduire leurs œuvres phares, et où d’autres tentent d’imiter leurs idoles, Mastodon se démarque. Mastodon avance. Mastodon essaye. Et, par-dessus tout, Mastodon réussit.
Après avoir obtenu la visibilité avec Blood Mountain l’agressif, puis le succès avec le Crack The Skye le progressif, on pouvait s’attendre à ce que le groupe suive la voie progressive de son petit dernier, nous ponde une poignée de titres longs, progressifs et posés, et puis nous délivre une bonne galette de plus. Un petit dernier digne de Crack The Skye, avec le salut des critiques.
Mais Mastodon n’est pas docile, et a décidé de surprendre, de montrer une autre facette de sa musique. De fait, la forme change. Les morceaux sont dans un premier temps plus courts. Ils ne passent jamais la barre des 6 minutes. L’ensemble se veut également plus immédiat et accrocheur. Si un certain nombre d’écoutes est toujours nécessaire apprécier l’album dans sa globalité, les mélodies principales et les refrains sont immédiatement identifiables.
Plus concis et plus direct sur The Hunter, Mastodon n’abandonne pas pour autantla finesse et le travail. Nos américains ont su tirer profit de cette nouvelle direction musicale en offrant un album plus varié, avec 13 morceaux qui ne se ressemblent pas. On expérimente de nouvelles rythmiques sur le Rock n’Roll "Curl Of The Burl", on se détruit les cervicales sur "Spectrelight", ou on plane loin, très loin sur "Creature Lives".
Les influences du groupe, aussi nombreuses que variées, sont digérées à merveille, et l’identité du groupe transpire, malgré les nombreux changements auxquels la musique fait face. Mastodon a réussi à faire cohabiter le Rock progressif planant des années 70 avec le Metal moderne le plus virulent dans jamais trébucher sur l’incohérence ou tomber dans le cliché.
Tout cela est rendu possible grâce à une certaine folie du groupe, qui se ressent dans les paroles, aux thèmes farfelus, comme les bucherons toxicomanes dans "Curl Of The Burl", ou l’amour dans l’espace avec "Stargasm". La folie cohabite également avec la spontanéité avec laquelle le groupe s’exprime, si on en croit les déclarations de Brann Dailor, batteur du groupe.
C’est probablement ça, la recette du succès de Mastodon. La spontanéité, le fait de jeter ses idées, et de les retravailler avec soin, mais pas trop pour qu’elles gardent une forme raisonnable. Avec un groupe uni et intègre dans sa démarche, la sauce prend, et cela donne un album varié, intelligent, mais à l’esprit définitivement Rock n’Roll. L’intérêt est sans cesse relancé, chaque morceau a son identité, et le groupe n’en est que plus imprévisible.
La signature sonore est un élément qui se perd de plus en plus aujourd’hui, à une époque où beaucoup utilisent le même matériel et le même type de production. Le son de guitare de Mastodon est immédiatement reconnaissable, et ce mariage de voix uniques entre Brent Hinds et Troy Sanders permet de donner aux titres toute la dimension qu’ils méritent.
Une fois de plus, Mastodon, de par sa personnalité, sa créativité et sa spontanéité, a réussi à éblouir le Metal avec The Hunter. Varié et soigné sont les maître-mots de cet album qui promet de faire son effet. Plus que jamais, le groupe cherche le bonheur, avec zèle…
