Staind – Staind

Cinquième album pour les Américains de Staind. Un album éponyme, sorti chez Roadrunner le 13 septembre dernier. Un groupe de nu metal, on pourrait s’en méfier, sans compter qu’ils n’ont jamais réellement percé en France.

Et pourtant.

Staind (l’album, pas le groupe), c’est un concentré d’énergie, une gifle. Staind (le groupe, pas l’album) n’avait jamais fait montre d’autant de talent. Tour du propriétaire.

Staind, c’est une agression de l’auditeur. C’est l’explosif "Eyes Wide Open" en ouverture, qui donne le ton d’entrée. L’ultra-agressif "Paper Wings", avec sont texte un peu cliché et sa débauche d’énergie. C’est l’excellent "Wannabe", avec ses couplets aux bons airs de Rage Against The Machine, un morceau tout en tension, brillamment articulé par des breaks de guitare oppressant. Un Jon Wisocki carré, violent et efficace derrière les fûts, un Mike Mushok au top de sa forme à la guitare, alternant soli virtuoses (sans jamais en faire trop, ce qui n’est pas si fréquent) notamment sur "Now" et "Wannabe" et riffs lourds comme l’humour de Patrick Bosso (ce qui n’est pas peu dire). Et surtout, surtout, des grawls expulsés avec la dernière énergie par Aaron Lewis.

Mais Staind, c’est aussi de la nostalgie. La mélodie déchirante du refrain de "Failing", l’alternance parfaite entre cris rageurs et chant triste de Lewis sur "Take A Breath". Le désespoir résigné d’un "Throw It All Away", qui réussit la rare prouesse de mêler lourdeur du son et lenteur rythmique, sans devenir ennuyeux, ou encore le rendez-vous peu engageant qui nous est donné dans "The Bottom" ("See you at the Bottom..."). Les capacités vocales du leader du quatuor sont particulièrement impressionnantes sur cet album. Capable de passer du grawl au chant dans la même phrase, et talentueux dans ces deux domaines, il réussit à produire seul ce que de nombreux groupes font avec deux chanteurs. Quant à sa voix mélodique, nasillarde mais parfaitement juste, proche de Placebo, et qui a sans doute largement contribué au succès du groupe, elle n’a pas pris une ride.
 

Staind 2011


Staind, enfin, ce sont des surprises. La première, le morceau "Now", dont le principal motif guitaristique sonne parfaitement punk rock californien. Et pourtant, quelle énergie ! Un morceau boosté à l’adrénaline, entièrement chanté en voix claire, ilot d’ondes positives et motivantes au milieu d’un album à la tonalité plutôt sombre. La seconde, la balade "Something To Remind You". Un petit chef d’œuvre, morceau simpliste intervenant juste après "Paper Wings", morceau le plus violent de l’opus : Aaron Lewis n’est accompagné que d’une guitare en son clair et fait tout le travail à la voix, avec un talent indéniable. Une mélodie qui prend aux tripes, parfaitement en accord avec un texte remuant. Le chant, vibrant et intense, est idéalement mis en valeur par cette instrumentalisation épurée, et vient conclure l’album un adieu. On se sentirait presque, en écoutant cela, comme la femme éplorée du marin qui, seule sur le port, regarde le bateau emporter son amant.

Achever un album de metal par une ballade, c’est toujours un coup de poker. Et celui-ci fait mouche, à l’image de tout ce brûlot. Il y a encore du bon sur la scène nu metal. Il y a quelque chose après Linkin Park. Il y a Staind. C’est une perle, cet album.

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NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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