Om (+ The Black Heart Rebellion) au Divan du Monde (22.11.2015)

Om sweet Om


Le destin est joueur, parfois. En effet, à quelques jours d’intervalle jouaient à Paris, dans la même salle, les deux têtes pensantes de Sleep. D’un côté le guitariste Matt Pike avec High on Fire, de l’autre Al Cisneros, avec Om. En attendant de revoir Sleep à la capitale, ce qui n’est sans doute pas près d’arriver, il y a avait de quoi donc de quoi se consoler. Le Divan du Monde était complet depuis plusieurs semaines, attestant de l’engouement certain pour Om. Le trio californien serait-il à la hauteur des attentes ?

 

The Black Heart Rebellion
 


Groupe de rock expérimental belge, The Black Heart Rebellion est probablement le groupe le moins agressif de la Church of Ra (NDLR : le collectif d’artistes fondé par Amenra), mais leurs compositions atypiques ont de quoi attirer l’attention. Il en va de même des instruments qu’ils utilisent, formant sur scène un ensemble hétéroclite rappelant la pochette arrière d’Ummagumma de Pink Floyd. Ici, on entend bien que The Black Heart Rebellion n’essaye pas d’être accrocheur ou accessible en adoptant un schéma d’écriture inhabituel. Les musiciens, polyvalents, changent d’instrument en fonction des besoins des morceaux. On a donc parfois droit à une touche drone amenée par un des guitaristes avec son e-bow, ou ambiant lorsque le chanteur se met à jouer de son étrange clavier fonctionnant comme un accordéon.

Les compositions alambiquées du groupe pourraient autant rappeler Swans que Einstürzende Neubauten, particulièrement au niveau des arrangements audacieux. Mais les belges ont du mal à injecter les mêmes dynamiques dans leur musique. En bref, c’est bien fait, mais l’ennui pointe vite le bout de son nez, d’autant plus que le chant n’est pas vraiment convaincant car ne se fond pas de la meilleure manière avec l’instrumental. De fait, The Black Heart Rebellion est typiquement le genre d’artiste qui divise, avec une personnalité tellement marquée qu’elle suscite l’adhésion immédiate ou le rejet. On pourra dans tous les cas admirer leur prise de risque musical. Peut être qu’en adoptant un style plus direct, ces Belges pourront toucher un plus large public.

Om

 

Le concert du trio commence avec un son mettant bien en valeur la basse et la batterie, mais nettement moins les claviers de Robert Aiki Aubrey Lowe. C’est un peu dommage étant donné que la setlist est axée sur les derniers albums de Om, comprenant des mélodies orientales jouées aux claviers par Robert. Sa voix n’est pas non plus vraiment mise en valeur dans le mix, mais passons. Pour en finir avec la setlist, c’est God is Good qui est le plus joué ce soir, un choix qui n’aura pas forcément plu à tout le monde, étant donné que la plupart des fans s’accordent à dire que c’est leur moins bon album… Mais soyons honnêtes, la musique d’Om est reste hypnotisante sur scène. La basse d’Al Cisneros est parfaitement soutenue par la batterie d’Emil Amos, et les deux savent parfaitement quand  être subtil, en plus maîtriser avec une aisance flagrante la dynamique dans leur musique. Il est difficile de ne pas rester les yeux rivés sur les mains de Cisneros, qui révèle un jeu aux doigts parmi les plus versatiles de la scène scène stoner/doom, et même bien au-delà. D’ailleurs, cela se manifeste également au niveau de la tessiture même de son son, qui est à la fois clair, chaud et puissant.

Pendant les rares moments où la distorsion est enclenchée, on pense tout de suite à Sleep, tant on retrouve la patte du trio américain à la fois dans les riffs et la puissance dégagée par Om sur ces quelques climax musicaux. Mais c’est plus dans les passages planants et envoutés que Om séduit le plus, évoquant un voyage spirituel dans le désert du Sinaï, une délicate odeur d’encens vous caressant les narines. De l’encens, voilà un petit plus qui pourrait apporter beaucoup à un concert de Om ! Le temps semble se contracter, et cette grosse heure avec les américains arrive déjà à sa fin. Un bon concert, mais peu être un peu trop sur la retenue à la fois venant du public comme du groupe. Fatigue de tournée ? Tension post 13 novembre ? Difficile à dire. En tout cas, vu la qualité d’Advaitic Songs, on peut attendre le prochain album d’Om avec impatience.

 

close

Ne perdez pas un instant

Soyez le premier à être au courant des actus de La Grosse Radio

Nous ne spammons pas ! Consultez notre politique de confidentialité pour plus d’informations.



Partagez cet article sur vos réseaux sociaux :

Ces articles en relation peuvent aussi vous intéresser...