Mat Sinner, bassiste et compositeur de Primal Fear

"Soyez libres, ne vous fiez ni à la religion ni à la politique !"

Un mois avant la sortie du nouvel album de Primal Fear, Rulebreaker, chez Frontiers Records, nous avons pu nous entretenir avec un Mat Sinner en grande forme, fort sympathique et en pleine séance de composition pour un autre projet. Le temps de revenir avec lui sur les tenants et aboutissants d'un dixième opus studio qui devrait ravir les fans de heavy power metal des familles.

Bonjour Mat ! Question simple pour commencer : comment se sent le groupe maintenant que l'album est prêt à être livré aux fans ? Une immense satisfaction ?

Sans aucun doute, très satisfait ! L'écriture et l'enregistrement se sont très bien passés, nous restons sur un bon succès commercial avec le précédent album Delivering the Black donc nous avons entamé ce nouvel opus avec beaucoup d'envie et le but de faire au moins aussi bien si ce n'est encore mieux.

Globalement, comment s'est passé le processus de composition ? Est-ce que chaque membre a proposé différents morceaux ou les avez-vous faits naître ensemble ?

Un peu comme lors des trois précédents albums, les morceaux ont majoritairement été composés par Magnus Karlsson (guitare) et moi. Ensuite, Ralf Scheepers est venu apporter ses paroles et quelques unes de ses mélodies vocales. A noter que Tom Naumann, de retour dans le groupe en tant que troisième guitariste, a co-écrit le dernier morceau de l'album "Raving Mad" avec moi, c'est d'ailleurs pour cette raison qu'il a ce côté Primal Fear old school au niveau des riffs. Il faut savoir que Tom est un des co-fondateurs du groupe, on voulait donc avoir ce feeling sur au moins un titre. Je pense que nous en ferons d'autres à l'avenir, nous sommes très contents d'avoir Tom à nouveau parmi nous.

Mat Sinner live

"We Walk Without Fear" est à ce jour, avec ses plus de 10 minutes, le morceau le plus long dans l'histoire de Primal Fear. Est-ce celui qui a également demandé le plus de travail sur cet opus ?

Enormément de travail oui. Magnus et moi avons travaillé pratiquement six mois dessus jusqu'aux derniers arrangements. On n'a pas volontairement fait de ce morceau le plus long de notre histoire, à vrai dire à chacun de nos albums nous avons un titre qui dépasse le format habituel, mais il y a quelque chose de spécial dans ce morceau car nous avons pu utiliser nos trois guitaristes à fond que ce soit au niveau des harmonies, du rythme ou du travail technique sur le solo. En gros cette chanson nous a pris trois fois plus de temps qu'une chanson normale mais on en est très fiers. C'était un vrai défi de la rendre intéressante du début à la fin et je pense que nous y sommes parvenus.

La pochette est assez simple et directe avec cet aigle qui se veut très menaçant... est-elle volontairement en adéquation avec un album qui se veut sans compromis ?

Oui, mais cette pochette a une histoire qui va au-delà de son visuel car elle a été réalisée par celui qui a fait la pochette de notre premier album. On s'est revus plusieurs années après à un concert de Toto, nous aimons tous les deux beaucoup ce groupe, on s'est redonné de nos nouvelles et de fil en aiguille on a décidé de retravailler ensemble. Il a été très vite enthousiaste et est revenu vers nous avec ce design très simple que nous avons beaucoup aimé, qui pourrait d'ailleurs faire un très beau logo sur un t-shirt. J'adore ce genre d'histoires ou quand la vie vous remet sur le même chemin après plusieurs années sans nouvelles !

Parlons justement du titre de l'album, Rulebreaker. Est-ce qu'un message particulier se cache derrière celui-ci ?

Il est très lié à notre aigle, ce nom et cet animal représentent la liberté et notre vie de rockeur. Notre message est clair : soyez libres et ne vous fiez ni à la religion ni à la politique ! Les paroles reviennent souvent dans ce thème très actuel et qui ont d'ailleurs toutes été écrites avant les tragédies du 13 novembre dernier à Paris. Tout ça pour dire qu'il faut continuer à vivre notre vie sans être influencés ou effrayés par tous ces connards qui essayent de nous en empêcher !

Est-ce que d'autres paroles sont également inspirées de livres ou romans de science fiction ?

Oui et non, indirectement plus ou moins si certaines fictions portent ce même message de liberté. Mais disons que nous sommes plus axés sur la vie de tous les jours et des gens que l'on fréquente, comme pas mal d'amis qui sont dans des clubs de moto par exemple et qui arpentent les routes pour se sentir libres. Le morceau éponyme leur est d'ailleurs dédié.

Il s'agit du premier album avec Francesco Jovino à la batterie. Comment s'est-il intégré au groupe et qu'a-t-il apporté aux nouvelles compos avec son jeu ?

Francesco est un batteur très différent de Randy Black qui a travaillé avec nous pendant dix ans avec une grande ferveur. Ca n'a pas été facile pour lui de succéder à un musicien aussi professionnel mais Francesco avait tout le talent nécessaire et de plus c'était aussi quelqu'un que nous connaissions bien lorsqu'il était batteur dans U.D.O. ! Lorsque nous cherchions un remplaçant, nous avons appris qu'il avait quitté son groupe, c'était donc naturel pour nous de l'appeler. C'est un batteur qui a beaucoup de groove et qui a énormément apporté déjà sur cet album notamment sur nos chansons plus mid-tempo.

Ralf Scheepers est toujours au top derrière le micro, par exemple sur une chanson comme "Constant Heart". Comment fait-il selon toi pour rester toujours à son meilleur niveau ?

On le menace et lui botte le cul (rires) ! Non, sérieusement il a beaucoup d'expérience et ne se refuse aucun défi. Ce n'est pas le genre de chanteur à chercher le confort ou chanter moins aigu s'il sent qu'il doit se donner à fond, il va au bout des choses et atteint la note recherchée même s'il doit cracher ses poumons (rires) ! C'est ce qu'on appelle un gars offensif qui va toujours chercher la difficulté.

Que réponds-tu à ceux qui diraient que Primal Fear a du mal à se renouveler ? Tu sais, les mêmes qui critiquent le heavy power metal...

Evidemment que les similarités dans ce genre sont logiques, après tout nous n'avons pas une infinité d'accords à notre disposition ! Mais bon c'est un peu commun à tous les styles de musique, il y a toujours des frileux qui voudront comparer n'importe quel groupe de rock ou metal émergeant à Led Zeppelin par exemple même si ça n'a rien à voir (rires) ! C'est le genre de débat qui ne nous intéresse plus, on fait la musique qui nous plait et on suit nos inspirations. Nous sommes là pour faire plaisir à nos fans avant tout, sans eux nous ne serions rien.

Selon toi quels morceaux du nouvel albums deviendront des incontournables en live ?

Beaucoup, et c'est ça le problème (rires) ! Je suis en train de me prendre la tête avec ça en ce moment, je n'arrête pas de remanier plusieurs setlists en incorporant tel ou tel morceaux mais en gardant en tête que pas mal de nos classiques ne peuvent pas être occultés. Bref j'ai pas fini de me torturer ! (rires)

Ce fut la même torture au moment de chosir les singles ?

Oui, exactement. Disons qu'on a tous décidé démocratiquement en votant, c'était plus simple ! Par exemple, la prochaine vidéo sera consacrée au morceau "Angels of Mercy", pourtant cela n'aurait pas été mon choix.

Primal Fear se fait plutôt rare en France, mais deux dates sont prévues le 9 février à Colmar et le 10 février prochain au Divan du Monde. Quelles sont tes attentes pour ces shows et la tournée dans son ensemble ?

On est très excités à l'idée de rejouer en France, surtout après ce qui s'est passé en novembre. Il est très important que chaque groupe continue de venir en France sans la moindre peur et avec l'envie de donner le meilleur ! C'est le meilleur message, le meilleur soutien que l'on puisse faire passer aux gens qui ont souffert mais aussi aux simples fans de rock et metal. Nous avons besoin de continuer à nous unir, toutes les cultures et toutes les nations, autour de cette grande célébration que peut être un concert.

2015 a été une année très chargée pour toi avec des sorties dans trois autres de tes projets : Kiske / Somerville, Level 10 et Voodoo Circle. Que retiens-tu de ces aventures ?

Que des honneurs ! Rravailler avec un chanteur comme Michael Kiske a été une nouvelle fois un plaisir, l'album a d'ailleurs eu pas mal de succès en Allemagne avec une apparition dans le top 50. Même chose pour Level 10 avec ce superbe chanteur qu'est Russell Allen... Pareil avec Voodoo Circle et l'excellent David Readman ! J'ai vraiment travaillé avec de superbes vocalistes cette année. Je me sens chanceux d'avoir eu le temps et la possibilité de travailler avec d'aussi bons artistes. J'ai également pas mal été occupé avec ma tournée Rock Meets Classic grâce à laquelle j'ai pu collaborer avec d'autres grands noms du rock tels que Ian Gillian et Eric Martin. On retourne d'ailleurs sur les routes en avril ! Ma vie est très remplie mais je n'ai pas à me plaindre, je peux me lever chaque matin en exerçant pleinement ma passion. Que demander de plus ?

Tu avais participé aussi au projet solo de Ralf Scheepers, pense-t-il à une suite ?

J'avais beaucoup aimé le premier album mais Ralf et moi sommes pleinement occupés avec Primal Fear et ce pour une grande partie de 2016 avec des tournées un peu partout dans le monde. Je ne pense donc pas qu'on se remette à écrire ou enregistrer pour ce projet l'année qui vient. On verra plus tard !

Primal Fear 2016

En tant que fan de musique, que retiens-tu cette année au niveau des sorties d'albums ?

Bonne question (rires) ! Je pense que ma réponse va te choquer car je n'écoute quasiment pas de metal en dehors de mes groupes. Mon album de l'année est Chaos and the Calm de James Bay, c'est plus pop rock mais c'est le genre de musique dont j'ai besoin pour trvailler... ou même pour faire l'amour, ça marche très bien ! (rires)

Il est vrai que beaucoup d'artistes metal ont ce besoin d'écouter d'autres styles...

Tout à fait, je fais partie de ceux-là ! Et je fais partie de ceux qui respectent beaucoup ces artistes, quelque soit le genre de musique, qui se donne à fond sur scène souvent seuls.

Merci beaucoup Mat pour le temps que tu nous as accordé. Un dernier mot pour les fans en France ?

J'espère que vous allez adorer Rulebreaker car je pense vraiment, et ce sans langue de bois, qu'il s'agit du meilleur album de Primal Fear à ce jour. Je sais qu'on dit toujours ça mais là j'en ai l'intime conviction. Merci à tous pour le soutien et on espère vous retrouver en février !
 

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