Venom – Black Metal (1982)

Venom – Black Metal
… ou la genèse d’un style musical.

Ouch quelle année ! Je suis en 1983 et je vais à la librairie acheter mon premier magazine dédié au Hard Rock. Oui, on n’est plus obligé d’acheter Rock ‘n Folk ou Best pour trouver par ci par là des articles dédiés à notre musique préférée… Merci tout de même à Hervé Picard qui officiait dans Best et qui nous a pondu des articles magnifiques et respectueux sur la musique qu’on aimait. Il ne faut pas oublier qu’il a écrit la Bible Metal pour l’époque, notre Table de la Loi forgée dans l’acier qui était Hard Rock I & II où il nous expliquait avec les photos de Jean-Yves Legras  les secrets et les mythes des groupes de Hard Rock.

Bref je déboule dans ma librairie préférée et j’achète le premier Enfer Magazine qui sortait en ce joli mois d’Avril 1983. Ah quel bonheur de posséder entre ses mains ce joyaux, cet élixir seulement pour Nous, fans de cette musique de dingues, détestée par les médias et haïe par tant de personnes.
 

Venom


Je tourne les pages et là je tombe sur une interview de Cronos, membre fondateur de Venom, qui nous parle de son dernier album en date  qui s’appelle Black Metal (sorti en novembre 1982) et je lis… bla bla bla il y a un groupe « maléfique » qui « répond au nom sournois de…Venom. » Et que Motörhead semble dépassé dans le degré de barbarie.

Alors que fais-je ? Je plonge, je lis chaque ligne pour m’imprégner de l’encre de cet illustre magazine. On me dit que c’est un véritable sosie de la bande à Lemmy, power trio de Newcastle avec des surnoms à coucher dehors. Le groupe est composé d’un bassiste chanteur Cronos (Rabid Captor of Bestial Malevolance), d’un guitariste Mantas (Grand Master of Hades & Mayhem) et d’un batteur Abadon (Barbaric Guardian to the 7 Gates of Hell). Mais c’est quoi ces prénoms sortis d’un film d’horreur? Ensuite on m’explique que dans la mythologie grecque, Cronos avait dévoré 2 enfants nés de ses rapports incestueux avec sa sœur… décidemment cela devenait intéressant… Rock ‘n Roll !!
 

Venom


Dans Kerrang !, en Angleterre, Cronos disait que « Le Heavy Metal doit vous éclater la tête, Foreigner c’est de la musique de chiotte ! En fait nous avons décidé de ne plus nous appeler Heavy metal si des gens pensent que des trucs comme Foreigner sont Heavy, alors nous ne voulons pas être associés à ça. Notre musique c’est le Power Metal, le Venom Metal, le Black Metal, pas le Heavy Metal, car c’est pour les mômes !!! »

La Messe était dite, il y avait quelque chose de nouveau qui allait sensiblement changer la donne.... » Décidément il se passait quelque chose avec cet album…

Juste après Welcome to Hell, on recevait en pleine tête un Black Metal venu dont on ne sait où interprété par des soi-disant mauvais musiciens.

Trop violent, on avait du mal à absorber une telle furie. On nous parlait de barbarie, de musiciens ne sachant pas placer 3 accords de suite sans faire de fausses notes et pourtant cela paraissait complètement surréaliste d’écouter une telle déflagration.
 

Venom


La pochette d’abord avec la tête de bouc ornée d’un pentagramme : le début d’un mythe, et au verso les photos des membres toutes plus kitchs les unes que les autres. La palme revenant bien sur à Mantas qui pose sur sa moto devant un mur d’enceintes. Et cette phrase au milieu au dessus du pentagramme ornée du 666  représentant les Legions de Venom…

« We drink the vomit of the Priests,
Make love with the dying Whore,
We suck the blood of the Beast
And hold the Key to Feaths Door…
(to be continued).

Le décor était planté, on allait en prendre plein la tête !

On commence par la face « Black » (ils n’utilisaient ni le « A » ni le « B »), la pierre angulaire qui marquera le genre et son titre éponyme « Black Metal » avec la voix écorchée de Cronos.
« To Hell and Back » joue dans le mid-tempo, et dire que cela paraissait violent pour l’époque… avec ce solo rempli de réverbération.

Sur « Teacher’s Pet », Cronos raconte l’histoire d’un professeur initiant son élève aux plaisirs solitaires. La musique attaque et pourtant on retrouve des breaks qui nous permettent de respirer.
Le comble c’est sur « Buried Alive », sa voix transformée en intro et son « …Ashes to Ashes », les bruits de pelle, la guitare planante et fluide. Cronos raconte dans une ambiance macabre l’histoire d’un mec qui est en train de se faire enterrer vivant. Le comble du cauchemar pour l’époque.

La face « Metal » débute par du bon speed avec « Leave in Hell » et « Sacrifice ». Ensuite « Heavens on Fire » vous crucifie sur le temple de la violence.
 

Venom


Pour mois l’apothéose en ces temps reculés allait suivre avec « Countess Bathory » qui raconte l’histoire de cette comtesse (Elisabeth Bathory)  qui prenait des bains dans le sang de jeunes vierges afin qu’elle puisse conserver sa jeunesse. (Cradle of Filth reprendra cette histoire une quinzaine d’années plus tard et feront même une reprise du titre « Black Metal »).

Ce qui est incroyable aussi c’est que la dernière piste du disque « At war With Satan » (qui ne porte pas de numéro) : un morceau écourté genre « teasing », « bande-annonce » qui donne un avant goût de ce que sera le troisième album du groupe et qui n’allait sortir que 2 ans plus tard : At War With Satan.
 

Venom


Que démontrait cet album à l’époque ? Qu’on pouvait aller plus loin  dans la démesure, dans la violence, dans la musique, dans les textes, bref que tout était encore possible…

L’image outrancière de Venom était difficilement crédible. Les paroles étaient antichrétiennes sans vraiment de subtilité. On faisait du blasphématoire afin de provoquer l’establishment. Même si la musique de l’album n’est pas vraiment du Black Metal, l’expression même « Black Metal » est née avec cet album, et cela on ne peut pas leur enlever.

Cronos dira plus tard en 1985 dans une interview accordée à Kerrang ! « Écoutez, je ne prêche pas le satanisme, l’occultisme, la sorcellerie ou quoi que ce soit. Le Rock ‘n Roll n’est qu’un spectacle ». Les Sex Pistols ne disaient-ils pas « The Great Rock ‘n Roll Swindle » ?

Au fait ! Que voulait dire ce qui était écrit en japonais en haut du verso de l'album ?

 

Lionel / Born 666

 

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NOTE DE L'AUTEUR : 10 / 10



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