Niobeth – Silvery Moonbeams

C'est dans l'anonymat le plus total que le premier jet des espagnols de Niobeth, The Shining Harmony of Universe, nous était présenté. Malgré un potentiel pourtant présent, le groupe manquait pourtant beaucoup de maturité, d'inventivité et de charisme, ce pourquoi il était passé rapidement à la trappe. 3 ans plus tard, la formation décide de ne pas jeter l'éponge et c'est sur le label Aural Music (comme un combo chroniqué récemment ici, Crysalys) que ce quatuor nous livre Silvery Moonbeams à la pochette rêveuse et bourrée de charme. Espérons maintenant qu'il en sera de même pour la musique, que cette dernière puisse enfin être magnifiée.

Pour charmer, nos amis d'Espagne n'hésitent pas à tout mettre en œuvre tout au long de ce brûlot qui vous accompagnera durant une bonne heure. Pour cela, rien de mieux qu'utiliser un véritable choeur et de vrais instruments (violons, flûtes, etc) afin de donner un peu plus d'âme et de cœur à la musique délivrée. Et il faut bien avouer que sur ce point, le charme fonctionne, car si les éléments peuvent parfois se faire un peu discret, ils ont au moins le mérite de ne pas donner l'impression de quelque chose de « faux ». En agrémentant la musique de ces petites touches agréables, celle-ci gagne en sympathie auprès de l'auditeur qui ne dira pas non aux belles notes de piano et à ce violon mélancolique sur « The Banished Princess », excellente ouverture. L'utilisation d'un réel chœur apporte une dimension plutôt magistrale aux titres qui défilent, qu'ils soient mis en avant ou, au contraire, qu'ils forment un fond discret mais élégant. On ne peut que féliciter Niobeth pour cette initiative, d'autant plus que les différentes pistes ont le luxe de ne pas reléguer la guitare au second plan, comme cela pouvait être le cas sur l'opus précédent. Saluons d'emblée l'excellente production dont bénéficie Silvery Moonbeams, ce qui permet ainsi de profiter de chaque touche apportée à la musique. Si l'album sorti avant sonnait effroyablement compressé et manquait cruellement d'aération dans le son, on ne pourra plus leur reprocher … Du moins, pas sur la production en tout cas.

Là où, en revanche, le combo d'Albacete manque encore de maturité, c'est en collant du chant partout, mais vraiment partout, même là où on aimerait pouvoir profiter de la technique et du talent des musiciens. Ce qui ne signifie nullement que la jolie Itea Benedicto ne soit pas talentueuse, au contraire. Cette dernière nous livre une performance en chant lyrique de haute-volée, avec un chant modulé et agréable, mais plutôt exaspérant lorsqu'il nous est collé à toutes les sauces. Conséquence, sa voix est capable de lasser autant qu'elle peut réjouir. Il faudra que Niobeth se modère un peu au niveau vocal et sur les lignes de chant de la demoiselle à la voix pourtant très charmante, qui pourrait bien, dans quelques années, rivaliser avec les plus grandes. Ainsi, on appréciera l'arrivée d'un chant masculin qui, s'il n'a rien d'exceptionnel, bien moins maîtrisé que celui de la chanteuse, apportera une touche de diversité non-négligeable sur la ballade « I Need You to Need Me » qui, de ce fait, devient plutôt intéressante. Oui, le collage de chant à tout va permet de se ressourcer sur une ballade, au fond cela nous fait devenir plus indulgent envers le quatuor d'Espagne.

Le metal symphonique est un milieu dont il est difficile de s'extirper, et malheureusement pour Niobeth, ils ne font pas preuve d'une originalité débordante. Au fur et à mesure de l'écoute, on pourra trouver quelques influences nommées Nightwish ou Epica. Ce qui ne veut en aucun cas dire que tout cela est mauvais, mais il va falloir trouver quelque chose de particulier pour se démarquer, même si les moments épiques sont agréables. En fait, le groupe réussit quand même à nous faire passer un plutôt bon moment, notamment par ce côté épique très prononcé qui est un filon à exploiter pour l'avenir de la formation. Les titres sont de qualité et les mélodies bien pensées, même si quelques refrains comme « Withered Lullabies » tombent accidentellement à l'eau, immédiatement rattrapés par des moments énergiques à la « I Know That I Know Nothing » ou plus dansants, charmants, comme « Sons of the Earth », un titre extrêmement sympathique qui démontre toutes les qualités dont savent faire preuve Niobeth. Les moments inintéressants sont peu nombreux, à notre grand bonheur (et à la surprise des plus sceptiques), tant l'énergique déployée, très prononcée, fait plaisir à entendre.

De ce fait, au sein des divers morceaux, on pourra ressentir une certaine uniformité, non pas dans les ambiances elles diversifiées, mais dans les titres eux-mêmes. Non pas structurellement car, lorsqu'ils le veulent, les espagnols brisent joyeusement le classique couplet/refrain, mais en plaçant globalement beaucoup de puissance et de vélocité dans la musique (pour un combo de metal symphonique hein, on est pas chez Marduk), avec des guitares qui ressortent bien du lot, utilisées à bon escient. Et qualitativement plutôt uniforme aussi, une très grande majorité des morceaux sont de belles pièces, même les ballades, oui oui. « I Need You to Need Me » est agréable avec son duo masculin/féminin, mais « Campeón » est bourrée de charme. Pourtant assez classique, avec des instruments plus que traditionnels et une boîte à musique, Itea démontre cependant qu'elle sait être touchante. Problème ? Dû à ces points plutôt similaires dans la musique de Niobeth, il sera ardu de trouver une piste qui se démarque. Sans tomber dans le mauvais, il manque ce moment où tout se transforme en un tourbillon d'extase et où l'auditeur est emporté dans la beauté d'une composition en or massif. Mais on trouve quand même de belles choses, comme « Sons of the Earth », « My Dead Angel » plutôt jolie avec un super refrain, « I Know that I Know Nothing » qui ferait un bon single et, surtout, une pièce de plus de 15 minutes : « Sadako's Wings of Hope ». Une pièce ambitieuse qui remporte haut la main le contrôle de qualité, ne souffrant que de peu de longueurs et, sans tenir en haleine, la piste reste plaisante, c'est certain ! Et là, c'est dans ces moments que l'on préfère Niobeth, quand le combo fait preuve d'audace et de cran, prenant des risques bien calculés, que l'on aimerait voir plus souvent !

Une fois l'écoute terminée, on ne sait pas trop quoi penser de Silvery Moonbeams. A la fois très classique et manquant encore de personnalité, il sait pourtant faire preuve d'une vraie maturité et montre aussi que Niobeth est une formation au potentiel plutôt impressionnant, livrant un travail assidu autant sur le fond que sur la forme. Alors, même s'il ne se démarquera pas encore avec ce second jet, le groupe espagnol donne quand même de sacrés espoirs pour la suite ! La voix de la chanteuse étant magnifique dans les plus intenses moments et les quelques coups de poker que l'on décèle de temps en temps semblant parfaitement amorcés, il est dommage de voir que le groupe d'Espagne ne se jette pas plus à l'eau, ne sorte pas assez des sentiers battus, même si pour cela, ils doivent dérouter ! C'est dans cette voie que l'on souhaite encourager la formation, pour qu'elle puisse enfin percer. Et ils ont toutes les cartes en main, alors il ne reste plus qu'à abattre la bonne. En attendant, malgré les imperfections, Silvery Moonbeams reste un opus à écouter, qui comblera les amateurs du genre.

Note finale : 7,5/10

Site officiel de Niobeth

close

Ne perdez pas un instant

Soyez le premier à être au courant des actus de La Grosse Radio

Nous ne spammons pas ! Consultez notre politique de confidentialité pour plus d’informations.

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



Partagez cet article sur vos réseaux sociaux :

Ces articles en relation peuvent aussi vous intéresser...

Ces artistes en relation peuvent aussi vous intéresser...