ShadowIcon – Empire in Ruins

On ne sait pas trop pourquoi, mais en ce moment, la Slovénie semble être décidée à nous envoyer de beaux talents sur le devant de la scène. Et entre Aperion, Avven ou Brezno, et les déjà plus connus Laibach ou Naio Ssaion, ce petit pays n'a vraiment pas à rougir de ce qu'il nous propose, ces temps-ci. Et c'est encore une nouvelle formation, auto-produite, qui arrive avec un premier brûlot. Shadowicon nous offre Empire in Ruins et compte bien montrer, encore une fois, que la Slovénie est un nouveau pays prometteur dans le monde du metal.

Musicalement, Shadowicon est un groupe évoluant sur plusieurs milieux différents, incorporant des éléments provenant de chacun. Si les rythmiques sont globalement heavy, soutenues par des guitares assez incisives et sur le devant de la scène, le clavier apporte souvent une touche symphonique dans les ambiances, ce qui peut faire penser, parfois, à Nightwish. Pas toujours, fort heureusement, nos slovènes ne tombent nullement dans un quelconque plagiat des finlandais, mais parfois, quelques inspirations peuvent survenir de temps à autre. Par contre, quelques solos pourront, eux, faire penser à l'univers du power metal (« On the Ides of March », « Deceptive Dreams »), et la guitare, pièce maîtresse dans la composition du combo, est souvent présente, ses apparitions judicieuses et apportant feeling et puissance, tandis qu'à contrario, le clavier tend à adoucir le tout, mais toujours à bon escient. Usant d'une formule qu'ils jugent bonne, notre petit groupe va s'en servir à de multiples reprises. Un élément qui peut s'avérer piégeur, mais pas dans le cas présent, car, par petites touches, subtiles ou non, Shadowicon diversifie un peu son propos et ses sonorités. Martiales de temps à autre, orientales selon le gré de leurs désirs, tout cela vient s'accorder aux thèmes accordés dans chaque piste, élément clé de la musique de la formation.

En effet, il faut savoir que l'album est basé sur un réel concept. Au travers de chaque morceau, le récit d'un personnage historique nous est conté. En somme, c'est un peu encyclopédique, mais avec le livret sous les yeux, le concept parvient davantage à nous emporter. C'est un peu le problème des groupes avec une telle idée derrière la tête, car sans explications préalables, il est possible de se retrouver un peu égaré là-dedans, et manquer un petit détail. Cela dit, cet élément mis à part, on pourra commencer à dresser quelques reproches aux slovènes. Le premier, c'est celui d'un certain manque d'originalité, tant le rendu semble très ancré dans son genre, sans vraiment en sortir malgré les touches pouvant être apportées. Ce défaut n'est pas très préjudiciable, du fait que, d'une, il est ardu de trouver un combo qui se démarque par son avant-gardisme, et que secondement, le soin apporté à Empire in Ruins démontre un professionnalisme plus que flagrant. Visiblement, nous n'avons pas à faire à des amateurs, et cette sensation nous donne bon espoir quant à la suite et aux futurs progrès que peuvent apportés nos compères de Slovénie. En revanche, le second point qui fâche sera plus préjudiciable car le manque de profondeur des refrains peut pénaliser. Si les mélodies sont joliment ciselées, les lignes de chant délicates et fines, au moment du refrain, il est rare de voir le propos se transformer pour transcender la piste. En aucun cas ces derniers ne sont mauvais, mais il manque le goût épicé, puissant, celui qui permettrait d'en faire la partie majeure d'un morceau. De ce côté, Shadowicon va devoir retravailler.

Surtout qu'il ne s'agit par là du seul point pouvant déstabiliser. En effet, sur de telles guitares et cette production de bonne qualité, le combo décide d'y aller au jeu des opposés. Plutôt qu'une voix grave et rauque, ou un chant lyrique à la Tarja, nous sommes surpris de retrouver une chanteuse au registre carrément pop. Et là, ça passe ou ça casse. Bien sûr, ce type de voix, ici, ne sera pas forcément apprécié, mais force est de constater que Ana Prijatelj est, quoiqu'on en dise, une bonne chanteuse. Même si elle n'est pas la plus puissante et pourra être noyée de temps à autre, même si son timbre pourra en irriter quelques uns, il faut bien reconnaître à la jolie demoiselle qu'elle est, techniquement parlant, impeccablement bien en place, capable de chanter les lignes proposées, d'accomplir des montées toujours très en justesse, sans que tout cela ne tire une balle dans le pied des slovènes. Elle est même assez touchante, sa voix. Bien dosée dans les émotions, elle apporte son petit quelque chose sans avoir besoin d'en faire des caisses, et c'est tant mieux.

Autre point positif, c'est la qualité globale des titres, et, même dans les pistes longues à relents épiques, Shadowicon s'en sort très bien. On en retrouve une, « Battle of Actium », de plus de 10 minutes, très travaillée et diversifiée, qui passe très vite. Les ambiances orientalisées, le chant qui se module, tout semble se fondre dans le décor avec habileté. On ne peut que féliciter les slovènes de nous proposer une piste aussi agréable que celle-ci, pierre angulaire du brûlot. Vraiment, elle reflète bien à elle-même la fraîcheur qui se dégage de l'ensemble, l'un des détails qui fait du bien à entendre, qui donne un petit attachement de la part de l'auditeur au groupe. On ne sait pas trop pourquoi, mais toujours est-il que malgré une certaine simplicité (même si, en réalité, elle n'est qu'apparente) et un côté classique prononcé, le charme opère. Les effluves d'un exquis parfum émanent des pistes, attractives.

Pourtant, certaines sont en dessous. « A New Chapter » ou « Deceptive Dreams » peinent un peu, malgré la douceur de la première, et l'apport des grunts de la seconde. Il n'y a pas ces touches d'ambiances que l'on aime tant entendre, comme sur les excellentes « The Haunting », « King of Kings » ou « Battle of Actium » qui résument à elles seules les bons points contenus à l'intérieur de la galette. Pas vraiment d'uniformité, ni de dent de scie, la sensation laissée est plutôt étrange, entre de rares déceptions, des titres satisfaisants mais également des pistes, elles, que l'on délecterait encore et encore. La différence se situe souvent dans l'inspiration, les plus primées sont souvent les plus inspirées, celles aux solos et refrains creusés, recherchés. De l'ajout d'un piano, d'un ton martial ou d'une carrure exotique, tout est proposé. « The Haunting » est une superbe réunion de douceur, où la voix cristalline d'Ana est magnifique, d'une section rythmique en place qui délivre un super solo, et de différentes atmosphères, marquées et bien amenées. C'est dans des moments comme ceux-ci que nos slovènes remportent tous les honneurs.

Ce premier opus n'est pas exempt de tous reproches, mais il nous apporte cependant une belle surprise. Il semblerait que la Slovénie soit une nouvelle terre pleine d'espoir du metal, les talents qui nous arrivent aux oreilles donnent envie de se pencher dessus. Et Shadowicon, dans son style, est un fier représentant, portant l'étendard avec honneur. Si la suite est aussi convaincante, alors il est possible de prédire au combo un bien brillant avenir, du moins, c'est tout ce que l'on souhaite, car le potentiel énorme ne demande qu'à être fructifié.

Note finale : 7,5/10

Site officiel de ShadowIcon

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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