Staif, Rachel, Damien et RUL d’Eths


A l'aube de la sortie d'Ankaa, quatrième album du combo, nous nous sommes entretenus avec Staif, Rachel, Damien et RUL d'Eths juste avant leur concert au Petit Bain au début du moins dernier. Au programme, une interview très longue qui nous en apprend beaucoup plus sur la genèse de ce nouvel opus avec deux nouveaux visages, sur le grand retour au Hellfest en 2015 et sur les goûts de chacun des membres bien sûr.

Bonjour à tous et bienvenue sur La Grosse Radio Metal, comment vous sentez-vous avant ce premier concert parisien en presque 3 ans ?

Staif : Plutôt bien ma foi ! Content de retrouver la scène après notre dernière date au Divan du Monde.

Ankaa, votre  nouvel album sort dans peu de temps maintenant. Vous devez être excités qu’il sorte je suppose ? Depuis combien de temps est terminé l’enregistrement d’ailleurs ?

Staif : L’enregistrement a duré très longtemps. Par exemple, les guitares ont été enregistrées en premier pendant la composition et cela faisait un an qu’elles étaient enregistrées quand j’ai commencé le mix puis ensuite les parties de batteries, les parties vocales, etc. En gros, l’album est terminé depuis l’été, peu après notre passage au Hellfest.


Comment vous en êtes-vous arrivé à travailler avec  Dirk Verbeuren (Soilwork) pour la batterie ? Est-ce que tu avais une idée précise de ce que tu voulais ou alors tu lui as laissé beaucoup de liberté ? Avez-vous été en contact avec d’autre batteur d’ailleurs ?

Staif : Quand Guillaume (Dupré, ex-batteur) est partit du groupe, j’ai tout d’abord contacté des batteurs que je connais comme Franky de Dagoba pour savoir si cela pouvait l’intéresser et après lui avoir envoyé les pistes il m’a dit ne pas penser être la bonne personne et puis le temps lui manquait donc c’est lui qui m’a dirigé vers Dick Verbeuren. En toute franchise je n’aurai pas osé le contacter ! Je lui ai envoyé les trois premiers titres, il m’a demandé les suivants, et voilà comment on en est arrivé à l’avoir sur l’album. Tout ce qu’il m’a envoyé était incroyable par rapport à la programmation que j’avais enregistré de mon côté, il a apporté sa sauce et tout son bagage technique pour en faire quelque chose qui s’insère parfaitement dans les compositions.

Pour la première fois de l’histoire d’Eths, c’est toi qui produis l’album Staif. Peux-tu nous en dire plus ?

Staif : J’avais envie d’enfin entendre tout ce que j’avais comme idée qui pouvait germer dans ma tête. C’est aussi pour cela que ce fut un long processus parce que ce n’est pas mon métier de base et puis je ne voulais pas me manquer pour plusieurs raisons : premier album d’Eths avec son nouveau visage et ma première vraie production.

Comment s’est passé l’écriture de l’album, notamment aux niveaux des paroles ?

Staif : Au final c’est moi qui a quasiment écrit tous les textes avec l’aide de Faustine de La Nébuleuse d’Hima. Je l’ai appelé un peu à la rescousse parce que Rachel ne se sentait pas à l’aise avec l’écriture et puis au final, j’avais beaucoup de choses à dire, beaucoup de sujets sur lesquels je voulais écrire. J’avais déjà écrit des paroles mais c’était très sporadique avec notamment "AnimadVersion" sur Sôma et "Anima Exhlara" sur III qui sont des morceaux personnels. Je me suis éclaté aussi à écrire en anglais parce que ça m’a semblé beaucoup plus facile. En français, il faut assembler la musicalité, la profondeur de texte et aussi la profondeur de lexique. On ne pouvait pas arriver avec des textes qui singeaient l’écriture de Candice parce que la sienne était mystérieuse alors que la mienne se veut plus « poétique ».

Quel a été l’apport de Faustine et la part des morceaux en anglais ?

Staif : Faustine a co-écrit trois titres sur l’album : "Amaterasu", "Kumari Kandam" et "Nixi Dii". Pour Ankaa – et contrairement à l’habitude avec Eths – les compositions m’ont inspirées des titres de morceaux. Donc j’avais le titre avant d’avoir les paroles et c’est sur ces trois titres qu’elle a apporté son savoir-faire et ses idées. Pour ce qui est de l’anglais, Il y a deux morceaux en anglais, Nihil Sine Causa et HAR1. Pour cette dernière, j’ai repris des moments forts de cet incroyable poème qu’est Invictus de William Ernest Henley.

Sur III, nous avions déjà réenregistrés des titres en anglais et au final ce fut une très mauvaise expérience pour moi comme pour Candice. C’est vraiment le fait d’enregistrer deux fois le titre notamment pour Candice qui donne tout à chaque fois pour la version française puis celle en anglais. Et au final les fans étrangers préféraient les titres en français ce qui m’a conforté dans l’idée de faire soit en français, soit en anglais mais pas les deux versions. Il y a aussi le fait que sur les deux titres en anglais, il y a deux artistes étrangers qui viennent poser leurs voix donc c’est beaucoup plus cohérent.

Chacun de vos albums est différent du précédent mais avec Ankaa, c’est vraiment flagrant. Qu’est-ce qui t’influences en matière d’écriture ?

Staif : Plus je vieillis et moins c’est le metal puisque je n’en écoute plus vraiment donc vraiment la littérature et la science, bien sûr des éléments personnels puisque la période suite au départ de Candice a été un peu compliquée. Sur le plan musical, j’écoute beaucoup d’électro comme on peut l’entendre sur Nihil Sine Causa donc je n’ai pas voulu me mettre de limite. Et puis il faut aussi être réaliste, cet album peut très bien être le dernier d’Eths s’il ne marche pas.

Sur Nihil Sine Causa, on voit l’apparition de Sarah Layssac d’Arkan et de Jon Howard de Threat Signal. Comment s’est passé cette collaboration ? Sur HAR1, il y a aussi d’autres personnes qui chantent, peux-tu nous dire de qui il s’agit ?

Staif : Pour Jon Howard, c’est Rachel qui était en contact avec lui via les réseaux sociaux.
Rachel : C’est un chanteur que j’adore, très clairement un de mes modèles.
Staif : Je ne connaissais pas Threat Signal avant que tu me fasses écouter et j’ai tout de suite compris d’où venait ton inspiration au chant parfois. Pour HAR1, il s’agit de Bjorn Striden de Soilwork et au départ on n’était pas du tout dans cette optique là puisqu’on regardait plutôt du côté d’une chanteuse. Celles que l’on a contactées nous demandaient vraiment très cher donc on n’avait pas trop envie de mettre beaucoup d’argent. Du coup c’est aussi Rachel qui est entrée en contact avec Bjorn sur Facebook pour un résultat final vraiment satisfaisant. Et enfin pour Sarah c’est une amie, et dès le début de la composition de Nihil Sine Causa j’avais envie d’un passage oriental sans penser forcément à elle. J’en ai discuté avec Gunnar (de Season Of Mist) qui m’a tout de suite orientée vers elle et voilà comment ça s’est fait. Elle a passée deux jours au studio et au final elle se retrouve sur d’autres titres comme Kumari Kandam sur les refrais, sur Alnilam, etc.


Sehket Ahru est un morceau instrumental qui fait voyager l’auditeur dans un monde désertique. A quel moment de la création d’un morceau, tu te dis qu’il ferait un bon instrumental ?

Staif : Ankaa s’est composé différemment des autres albums. Sur les précédents albums,  tout commençait par des riffs alors que sur ce nouvel opus, j’ai commencé par les arrangements. Il y a beaucoup de titres qui n’ont pas vu le jour mais c’est vrai que sur chaque album d’Eths il y a un morceau qui ne ressemble à aucun autre et sur Ankaa, c’est Sehket Ahru.

Ankaa est très heavy avec un son ultra soigné comme d’habitude et à l’écoute de Nefas, par exemple, on ressent des structures très proches du monde du hardcore. Est-ce que c’est quelque chose de voulu ?

Staif : C’est arrivé comme ça et je dirai même plus que c’est par esthétisme, il y a parfois eu quelques passages proches du Death ou du Black alors que ce n’est pas la musique qu’on écoute vraiment. J’avais envie que chaque morceau possède sa propre identité.

Si d’ailleurs, vous devriez mettre une étiquette sur la musique d’Eths ?

Staif : Alors là, je laisse répondre les autres parce que pour moi, c’est de la musique.
Damien : Le metal ne serait même pas une étiquette qui colle à 100% à la musique d’Eths.
RUL : Eths fait partie de ces groupes quasiment inclassable et pour lequel tu peux dire : « c’est du Eths ». C’est comme Meshuggah, c’est du Meshuggah !


Vous avez fait un retour remarqué au Hellfest l’an dernier, comment en êtes-vous arrivé à jouer pour le plus grand festival français ?

Staif : Comme très souvent dans ce genre d’histoire, c’est notre tourneur qui a dû nous proposé ou alors le Hellfest qui avait envie d’un groupe dans le catalogue de notre tourneur qui nous a aussi proposé en plus. Avec Rachel, nous étions venu en 2014 pour une séance de dédicace qui fut une grosse surprise parce qu’on n’avait pas d’activité à l’époque et pourtant on s’est retrouvé à signer et prendre des photos pendant une bonne heure. On était scotché en tout cas du monde présent à cette heure-là et de l’accueil du public.

C’était votre première prestation au Hellfest ?

Staif : Non ! Nous avions joué au Furyfest en 2006 puis au Hellfest en 2008. Ironie du sort, on avait remplacé Soilwork cette année-là. Enfin pour moi non, mais pour Rachel, Damien et RUL, oui.
Rachel : Impressionnant ! Beaucoup de stress en amont et cette impression d’être minuscule face à tous ces gens.
RUL : Pour moi qui est l’habitude de jouer dans des petites salles, me retrouver catapulter sur la Mainstage du Hellfest devant une marée humaine, c’est cool mais aussi un gros coup de pression.

On peut retrouver le concert du Hellfest dans l’édition Digipack de l’album, c’est bien ça ?

Staif : On s’est dit que ça changeait par rapport aux covers qu’on a pu faire précédemment. On a eu la possibilité de récupérer les images donc ça nous fait un beau souvenir pour nous aussi.

Quels sont les plans d’Eths après la sortie de l’album ? Une grande tournée en tête d’affiche ? Une tournée en première partie d’un grand groupe étranger ?

Staif : Dès Septembre prochaine, une grosse tournée en France et en Europe va se profiler et puis surtout on espère retourner en Amérique du Sud. Un autre objectif pour nous est d’enfin mettre un pied aux USA et au Canada  que l’on n’a encore jamais foulé.


Parlons de vous maintenant ! Si Eths pouvait faire la première partie d’un groupe, ce serait qui ?

Staif : Difficile de n’en choisir qu’un seul alors je vais te dire Metallica et Nine Inch Nails.
Rachel : On en parle depuis le début de l’interview mais pour moi ce serait Soilwork parce que c’est un groupe que j’adore vraiment.
Damien : Ça serait des groupes de mon adolescence donc un KoRn ou un Faith No More.
RUL : Le groupe de rêve pour qui j’aimerai ouvrir ce serait Decapitated parce que je suis un fan absolu. Bon et puis Meshuggah quand même.

Si Eths pouvait emmener un groupe en première partie, ce serait qui ?

Staif : On a déjà joué avec Checkmate et c’était vraiment génial. J’adorerai partir avec Arkan le groupe de Sarah ou le groupe de Faustine, La Nébuleuse d’Hima.
Damien : J’aimerai bien refaire des dates avec Tess personnellement.
RUL : Par exemple emmener Lutece qui joue avec nous ce soir parce que les mecs jouent bien et sont hyper sympa.

Si Eths faisait la BO d’un film, ce serait quel film ou quel type de film ?

Staif : Tu mets le doigt sur quelque chose parce que c’est quelque chose qui me taraude depuis longtemps, je rêve de me mettre à la musique de film. J’aime beaucoup ce que fait Christopher Nolan ou ce que faisait le grand Stanley Kubrick donc ça serait pour des films dans la veine de ce qu’ils ont pu réaliser.

Si Eths sortait un concept-album sur un livre/film/série, ce serait quoi ?

Staif : Pour moi ce serait Isis Dévoilée d’une auteure russe qui s’appelle Helena Blavatsky, c’est un bouquin qui fait le lien entre la science et la théologie.
RUL : Je suis fan de Lovecraft et cette idée de retranscrire la peur dans la musique est assez compliquée donc je trouverai cela vraiment intéressant.

Quel est le dernier album que vous ayez acheté chacun ?

Staif : Johnson Brothers – Winners, un très vieil album de funk.
Rachel : C’est un vinyle de Madball pour ma part.
Damien : Et moi je suis scandaleux, ça doit faire quinze ans que je n’ai pas acheté un album. Depuis que la musique s’est dématérialisée, j’écoute tout en ligne vu que je ne suis pas un fanatique de l’objet en lui-même. Par contre, j’ai hâte d’écouter le nouveau titre d’Architects (A Match Made In Heaven, sortit le 6 Mars, le lendemain de l’interview, ndlr) !
RUL : Gorod – A Maze of Recycled Creeds

Quel est le dernier groupe que vous aviez vu en concert ?

Staif : Pour changer, ce n’était pas du metal puisque je suis allé voir Funkadelic !
Rachel : Black Bomb A !
Damien : Everytime I Die pour ma part !
RUL : Je suis allé voir Aborted, Septicflesh et Kataklysm !

Et la finale, quels sont vos 5 groupes/artistes favoris de tous les temps ?

Staif : Metallica – Nine Inch Nails – Sepultura – John Coltrane – Sepultura.
Rachel : Walls Of Jericho – The Ghost Inside – August Burns Red - Sybreed – Hatebreed.
Damien : Nirvana – Deftones – Sepultura – Rage Against The Machine – Refused.
RUL : Decapitated – Gorod – Pantera - Camille Saint-Saëns (surtout La Danse Macabre) - Mats/Morgan Band.

Merci à Gunnar de Season Of Mist et aux membres d'Eths pour cette interview passionnante d'un groupe d'une gentillesse infinie.

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