Lillian Axe – XI: The Days Before Tomorrow

Avez-vous déjà entendu parler de Lillian Axe ? Existant depuis déjà pas mal d'années (1983 tout de même!), la formation n'a jamais réussit à s'exporter entièrement. La faute à un manque d'exposition médiatique, une musique trop peu efficace et attrayante ? Plusieurs facteurs sont possibles, à vous de choisir. En attendant, voici un nouveau chanteur dans la formation nommé Brian Jones, et un neuvième opus signé sur le label AFM Records. Avec XI : The Days Before Tomorrow, le combo va devoir prouver sa valeur.

Musicalement, Lillian Axe peut sembler tout ce qu'il y a de plus classique. Les mauvaises langues s'en donneront à cœur joie et tableront sur ce facteur quant au non-succès des américains, qui, avouons-le, malgré un nom dont on a peut-être entendu parler, n'ont jamais vraiment percé. Et ils n'auront pas tout à fait faux quant au côté « standard » de la musique délivrée, c'est à dire un heavy metal aux quelques tendances rock assumées et aux mélodies parfois flirtant avec un progressif de circonstance, qui ne se veut ni caricatural, ni trop flagrant. C'est d'ailleurs sur ce jeu que notre combo d'outre-atlantique va miser en grande partie, cet aspect presque épuré, dans le sens où ils décident de nous pondre un hard rock/heavy metal sans éléments superflus ni même de réelle tentative de vouloir transpercer, se démarquer du lot par l'originalité qui est, il faut le dire, presque inexistante dans la recette. Aux formules mathématiques, Lillian Axe décide d'emprunter une route plus risquée, mais aussi, si maîtrisée, plus gratifiante et plus honorable : celle de l'émotion et de la sincérité au profit d'une personnalité à tout prix. Et de l'identité, malgré son manque de tentatives de sortir des sentiers battus, le groupe en a, c'est certain. De là, en revanche, à nous montrer que la route empruntée est la bonne, il reste encore une étape …

… Franchie avec succès, car la formation a vraiment un dosage équilibré qui fonctionne absolument, merveilleusement bien. Si vous recherchez coûte que coûte quelque chose de non-conforme, ce n'est pas ici que vous trouverez votre bonheur, et pourtant, du bonheur, qu'est-ce qu'on peut en ressentir à l'écoute de ce XI : The Days Before Tomorrow. Les compositions sont réellement l'atout majeur du groupe, ce qui fait que Lillian Axe se démarque de tous les autres avec simplicité mais talent. Car, il faut le dire, elles sont intelligentes. Pas dans le sens barbant du terme, mais au contraire dans ses aspects les plus positifs, c'est à dire un mélange encourageant et savoureux de nostalgie, de riffs bien posés mais qui n'en font pas des tonnes et, surtout, un réel aspect blues, avec un groove qui se ressent du début à la fin. On se surprend littéralement à fredonner les airs, sans s'en rendre compte, à avoir chaque refrain en tête (oui, tous, c'est vraiment bon), à ressentir de l'émotion sur les ballades (la sublime « Bow Your Head » qui ne vous quittera plus), et  pourtant avec la plus grande naïveté, générosité, et surtout, sincérité. Lillian Axe se fait plaisir au travers des pistes, et, grâce à cela, fait également plaisir à un auditeur comblé du début à la fin, renvoyé tout droit dans des sonorités révolues mais au goût intact, effet Madeleine de Proust. Rien à redire non plus quant à la variété des titres, des lignes de chant ou des ambiances. Si on ressent quand même une certaine uniformité, la linéarité est exclue de la fête. Le quintet a pensé à tout, mais sans se montrer répétitif, ni prévisible. Il garde la spontanéité malgré le fin cisèlement des morceaux. Difficile évidemment d'en trouver un qui sera en dessous.

A cela, il faut ajouter une production qui, elle, ne provient pas typiquement des sonorités metal, puisque la productrice n'est pas si connue dans le milieu. Elle convient véritablement aux ambiances, adoucissant les guitares sans les rendre molles, pour offrir plus d'ampleur et d'espace à un chanteur qui fait un travail efficace. Une grande partie de la force émotionnelle de Lillian Axe repose sur les épaules du nouveau venu Brian Jones, qui possède toutes les qualités requises pour faire un excellent frontman. Charisme, coffre, voix modulée à souhait, il n'est rebuté par aucun obstacle et sa relative facilité à se frayer un chemin au sein des diverses pistes est tout bonnement impressionnante. Sans une voix comme celle-ci, il aurait été bien plus ardu d'accrocher à l'univers des américains. Or, le chanteur à la voix d'or réussit haut la main le défi de s'imposer tel un vocaliste accompli, à la tessiture chaude, devenant une des clés dans les mains des membres. Les lignes de chant, pensées intelligemment, aident beaucoup à lui faire trouver une place de choix et naviguer au sein de son talent pour nous démontrer l'étendue de ses incroyables capacités vocales. Il, tout comme le groupe, se démarque du lot des voix du hard rock/heavy metal, s'imposant comme quelqu'un d'extraordinaire mais encore trop méconnu, tout comme l'est Lillian Axe.

A tout cela, on aurait presque pu chercher la petite bête et s'embêter à trouver quelques défauts pour pénaliser les américains. Sauf que tout est si bien pensé que cela devient difficile. On aurait pu reprocher des morceaux qui pouvaient être moins agréables, en dessous du lot et que nous zapperont bien vite pour se concentrer sur le meilleur, mais ce serait une erreur car il ne subsiste aucune piste qui ne fait honte à une autre. Toutes se complètent dans une harmonie quasi-totale et le manque d'intérêt ne frappe pas une seule seconde le groupe. Alors des influences trop présentes ? C'est peut-être là que XI : The Days Before Tomorrow est un peu plus sensible, car nul doute que les compatriotes de Savatage ont influencés Lillian Axe pour la réalisation de cette nouvelle galette. Sauf que tout cela ne reste qu'une ombre, une petite touche par-ci par-là, rien de bien flagrant et en dépit de ces accusations, Lillian Axe possède pourtant une vraie identité par l'ajout de sonorités typiques de la Nouvelle-Orléans, très marquée par son histoire et sa musique. En y faisant ressentir ses racines, le combo nous fait voyager en même temps. Une mélancolie, une tristesse et un son très inspiré par la Louisiane, que l'on pourrait identifier sur des pistes comme « Soul Disease » ou « The Great Divide », à titre d'exemple.

Et s'il fallait ne retenir que 3 morceaux, ce serait le parcours du combattant que de les choisir. L'efficacité serait représentée par un « Take the Bullet » où le chant rend le titre accessible et puissant, grâce à sa profondeur et aux émotions qu'il dégage, notamment sur un refrain taillé pour cartonner sur scène. Vraiment, un titre hyper efficace qui marque dès la première écoute, et à la durée de vie très longue, comme l'opus en général. « Lava on My Tongue » représente exactement les apports des influences progressives. Si le refrain n'est pas le point d'orgue, c'est toute la structure du morceau et la complexité du chant, sous son apparente facilité, qui sera le point décisif. Puissant, mais mesuré, tout en variant le tempo de manière régulière sans faire de cassures inutiles, ce morceau met les capacités du chanteur à l'épreuve, sur divers registres, et prouve qu'il sait y faire en toutes situations. Le solo démontrera les qualités techniques du guitariste extrêmement inspiré, aussi inspiré que les compositions du leader Steve Blaze. Enfin, « The Great Divide » est intense, les émotions sont très fortes et pas besoin de ralentir pour toucher. Sur son rythme hard rock de grande qualité, le frontman excelle. Et que ce soit en terme de construction ou de chant, les 6:30 minutes passent à une vitesse folle, tout en nous faisant vivre un très agréable moment. Ce trio est celui qui marque avec un sceau la qualité, bien que « Babylon », « Death Comes Tomorrow » ou encore « Caged In » méritent une mention spéciale.

En clair, voilà une excellente surprise, que l'on attendait pas forcément et qui, pourtant, prend l'allure d'un incontournable du genre. Avec sa nostalgique, sa puissance et ses rythmes aboutis, son groove et son feeling qui lui octroient tout son intérêt, XI : The Days Before Tomorrow des américains de Lillian Axe ne doit pas passer inaperçu. Inspiré, il nous fait passer un excellent moment, qui risque de durer longtemps du fait de sa forte durée de vie, mais également des surprises qu'il révèle à chaque fois. Vous voyez, encore une fois, on peut faire simple mais réussir à atteindre l'excellence. C'est ce qui démarque les « bons » groupes des leaders, et, avec ce brûlot, Lillian Axe mériterait amplement une belle place dans la seconde catégorie.

Note finale : 8,5/10
 

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NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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