Ensiferum (+ Fleshgod Apocalypse & Heidra) à  la Kulturfabrik d’Esch-sur-Alzette (05.04.2016)

Alors que la tournée de printemps d’Ensiferum évite soigneusement la France, La Grosse Radio s’est rendue à quelques kilomètres de la frontière, dans le cadre agréable de la Kulturfabrik d’Esch-sur-Alzette afin de constater ce qu’allait donner concrètement cette affiche déjà bien alléchante sur le papier. Retour sur une soirée de la plus haute qualité.

Heidra
 

Premier groupe de la soirée, Heidra commence son set à 20h tapantes soit seulement vingt minutes après l’ouverture des portes. Fatalement, c’est donc face à une foule relativement réduite que les Danois vont tenter de convaincre avec leur viking metal singulier, parfaitement à sa place en ouverture d’Ensiferum.

Dès les premières notes, on sent un groupe soucieux de bien faire d’autant que c’est « la première fois qu’ils mettent les pieds au Luxembourg ». Musicalement, on navigue agréablement entre le sérieux d’un Enslaved et les mélodies plus enjouées de Skálmöld ou Týr. Le chant du colosse Morten Bryld n’y est pas pour rien puisque le frontman doté d’une voix puissante est parfait, aussi bien en scream qu’en chant clair.

heidra, kulturfabrik, luxembourg, 2016

Véritable pile électrique, le Mexicain Carlos Robles assure parfaitement ses parties de guitares en plus d’haranguer le public dès que possible. C’est un peu moins le cas pour Martin Jensen qui nous laissera entendre quelques pains sans que cela perturbe trop la qualité du live des Danois. Le son est plutôt bien équilibré mais exclut complètement le pauvre claviériste Danny Svendsen, inaudible en plus d’être invisible, placé en retrait tout à gauche de la scène.

Heidra bénéficie d’un temps de jeu plutôt généreux (45 minutes) et en profite pour parfois nuancer son propos grâce à la guitare acoustique de Morten. Des touches folks du plus bel effet qui offrent une respiration avant que la section rythmique en béton ne remette en route la machine. Avec des rythmiques aussi efficaces, il est d’ailleurs assez étrange de voir le public ne remuer la tête que très légèrement, dans une sorte de headbang poli.

heidra, luxembourg, kulturfabrik, 2016

Les ventilateurs de Fleshgod Apocalypse sont déjà en marche et cela semble beaucoup amuser le frontman qui fait prendre l’air à sa barbe, à défaut d’être pourvu de cheveux. La salle s’est assez bien remplie lorsque le combo de Copenhague termine son set mais l’enthousiasme pour la performance reste limité. Dommage car on a passé un très bon moment avec Heidra qui s’annonce déjà comme la relève dans son style. Des titres très bien composés et une personnalité affirmée, c’est de plus en plus rare dans la scène viking metal et cela permet d’autant plus au groupe de sortir du lot.

Fleshgod Apocalypse
 

Au vu du nombre de t-shirts Fleshgod Apocalypse croisés dans la foule, les Italiens semblaient attendus par une fanbase plutôt conséquente. Et en effet, si la Kulturfabrik n’est pas encore remplie, la foule qui attend de pied ferme le groupe avant son entrée en scène ne trompe pas. Sur une intro très théâtrale, c’est Veronica Bordacchini masquée qui s’avance seule sur scène en battant la mesure, avant que le reste du groupe ne lui emboite le pas pour une heure de death metal symphonique de grande qualité.

fleshgod apocalypse, kulturfabrik, luxembourg, 2016

A force de tournées, le jeu de scène des six musiciens est parfaitement rodé et le set proposé est impressionnant de professionnalisme, probablement pensé dans les moindres détails. Visuellement, on en prend plein les yeux avec notamment l’imposant piano de Francesco Ferrini, qui fait le choix de jouer dos au public afin que son jeu soit davantage visible. Les costumes de scène très Renaissance, les instruments aux allures de violons, tout est cohérent sans aller trop loin dans le kitsch et on rentre ainsi beaucoup plus facilement dans l’univers du groupe.

Seul gros bémol à noter, le son plutôt mauvais qui nous arrive dans les oreilles. La batterie et le jeu de double pédale de haut niveau de Francesco Paoli étouffent presque totalement le chant de la soprano Veronica et le fameux piano/clavier. On notera du même coup la belle performance du bassiste Paolo Rossi qui en plus d’assurer à la quatre cordes parvient à produire un chant clair puissant au contraste très réussi avec le chant principal.

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Les solos de guitares partagés entre la paire de guitaristes Cristiano Trionfera et Tommaso Riccardi sont très bien joués et exécutés avec finesse. Totalement possédé par son rôle, le frontman annonce les titres de manière très solennelle, en utilisant les objets autour de lui comme un livre ou un verre de vin. Pour la relation avec le public, c’est un peu plus compliqué et le wall of death réclamé par Tommaso prendra une tournure assez ridicule. Il faut dire que jusqu’alors, la foule est restée plutôt calme, écoutant religieusement la leçon de death metal symphonique donnée par Fleshgod Apocalypse.

Venu pour défendre son nouvel album King, on retrouve ce dernier logiquement dominant dans la setlist avec des titres taillés pour la scène comme « The Fool » et son intro au clavecin ou encore « Cold as Perfection ». Difficile cependant de ne pas voir la comparaison avec Septicflesh lorsque des titres à connotation mythologique comme « Minotaur » sont joués (rappelez-vous de « Mad Architect »). L’influence des Grecs est bien là et Fleshgod Apocalypse ne parvient pas entièrement à s’en débarrasser bien que les éléments en provenance du classique soit bien plus présents dans leur musique que dans celle de la bande à Spiros Antoniou.

Toujours au top de sa forme sur scène Fleshgod Apocalypse est une nouvelle fois parvenu à offrir un concert sans défaut au public luxembourgeois, pour sa première venue dans le grand-duché. De quoi ravir les fans et convaincre les néophytes, puisque la musique des Italiens est quand même assez éloignée des stars de la soirée. Des stars qui vont avoir fort à faire au vu des prestations des premières parties mais qui se préparent à rentrer en scène…

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Setlist:
Marche Royale
In aeternum
Minotaur (The Wrath of Poseidon)
Pathfinder
Cold as Perfection
The Violation
Prologue
Epilogue
The Fool
The Egoism
The Forsaking

Ensiferum
 

C’est avec une petite inquiétude que l’on se prépare au set d’Ensiferum. Le groupe n’étant pas vraiment réputé pour sa mise en son optimale, allait-on cette fois réussir à entendre autre chose que la batterie de Janne Parviainen ? L’inquiétude se transforme en vrai doute alors que les Finlandais jouent « Axe of Judgement » et « Heathen Horde » avec un mix plutôt suspect. Fort heureusement, les ingés sons font leur boulot de fort belle manière et parviendront à rendre justice à la musique d’Ensiferum pour le reste du concert.

Cette parenthèse fermée, le concert peut vraiment démarrer et les cinq musiciens régalent d’entrée avec « Guardians Of Fate », rareté issue du premier album éponyme sorti il y a déjà 15 ans. Le public remplit à présent presque toute la salle et lance le premier moshpit de la soirée, bien que les slams se fassent rares laissant la sécurité au chômage technique. Changement notable dans la configuration du groupe, le clavier anciennement tenu par Emmi Silvennoinen a disparu, remplacé par l’accordéon de Netta Skog (ex-Turisas). On est loin d’y perdre au change puisque la nouvelle venue semble déjà bien intégrée et fait preuve d’enthousiasme et de mobilité, allant régulièrement au contact du public avec un large sourire.

ensiferum, sami hinkka, luxembourg, 2016

Le groupe nous avait promis une setlist remaniée mais on constate rapidement que les prises de risque sont relativement absentes. Les classiques indémodables que sont « Lai Lai Hei » ou « From Afar » côtoient les nouveaux titres pour le meilleur (« Two of spades » et son improbable break disco) et pour le pire (un « Warrior Without a War » plutôt dispensable). Dommage de passer à côté de « Victory Song » ou « Deathbringer From The Sky » lorsqu’on dispose d’une heure et demie de concert. Les titres les plus acclamés sont en tout cas indéniablement ceux de From Afar, mention spéciale à « Twilight Tavern » qui a su s’imposer avec le temps comme un incontournable de la discographie du combo.

petri lindroos, ensiferum, 2016, luxembourg

Comme à son habitude, Sami Hinkka fait le show et se permet même une petite improvisation bluesy en plus d’assurer ses parties de basse avec une facilité déconcertante. La petite nouveauté vient du fait qu’il ne monopolise plus toute l’attention : Petri Lindroos et Markus Toivonen sont bien plus avenants que par le passé, en particulier pour ce dernier, d’habitude beaucoup plus réservé dans son jeu de scène. De quoi améliorer encore sensiblement la relation avec le public qui mange dans la main des Finlandais. Peu de blabla entre les titres introduits de façon très sobre par le frontman mais ce n’est pas gênant puisque la communication est très active sur scène. Le groupe s’assure du minimum de théâtralité avec des machines à fumée qui emplissent la scène de brouillard lors des passages les plus épiques.

netta skog, luxembourg, ensiferum, 2016

Au niveau du chant, Petri est égal à lui-même et la surprise vient plutôt de Sami qui nous fait entendre son talent insoupçonné sur des titres demandant beaucoup de chant clair comme « Wanderer ». Mais y a-t-il seulement quelque chose que ce garçon ne sache pas faire ? Pendant ce temps sur le côté de la scène, on a le droit à la vision assez surréaliste d’un mini-atelier où un roadie prépare les instruments aidé d’une petite lumière, à la manière d’un cordonnier. Les membres viennent à tour de rôle chercher leurs nouvelles armes dans cette ambiance feutrée avant de retourner dans la lumière de la scène.

marcus toivonen, ensiferum, 2016, luxembourg

Après avoir achevé son public avec « Lai Lai Hei », Ensiferum ne se fait pas prier bien longtemps pour revenir sur scène avec un « Tale Of Revenge » curieusement assez poussif. Pas de quoi s’inquiéter néanmoins, « In My Sword I Trust » et « Iron » vont se charger de terminer la soirée de fort belle manière, avec un petit wall of death sur la première. Comme à son habitude, le groupe se fend d’une reprise différente sur chaque tournée et c’est cette fois-ci le refrain de « Hail And Kill » de Manowar qui vient conclure le concert de façon assez improbable, scandé par un bon nombre de connaisseurs.

Alors que le set d’Ensiferum peinait un peu à séduire en festival cet été, les Finlandais ont revu leur copie pour cette tournée et le tout est indéniablement très solide, surtout grâce à l’interaction renforcée avec le public. La setlist reste bien sûr perfectible mais ce serait pinailler tant le groupe a su prouver ce soir que sa place tout en haut du panier folk/viking metal était loin d’être usurpée.

sami hinkka, luxembourg, 2016, ensiferum

Setlist:
March of War
Axe of Judgement
Heathen Horde
Guardians of Fate
One More Magic Potion
Treacherous Gods
Warrior Without a War
From Afar
Wanderer
Two of Spades
My Ancestors’ Blood
Twilight Tavern
Lai Lai Hei

Tale of Revenge
In My Sword I Trust
Iron

Photos : Clémentine Desloges

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