Thibaud et Bertrand, chanteur et flûtiste de Drakwald

 


Entretien réalisé le 14 mai dernier, après les concerts
de la Nox Inferna à Bourg-en-Bresse


Il est minuit, le monastère de Brou se vide peu à peu du public venu pour la 1ère Nox Inferna, et deux membres de Drakwald nous font la gentillesse de nous accorder une interview dans le cloître.

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Thomas Orlanth: Bonjour et merci de nous accorder cette interview. Pouvez-vous déjà vous présenter, afin qu’on sache à qui on a affaire chez Drakwald ?

Thibaud : Alors moi je m’appelle Thibaud, je suis le chanteur/bassiste du groupe, depuis... Toujours.

Thomas : Et toujours, c’est ?

Thibaud : Alors en fait, le projet est relativement vieux. En fait, avec Markus, le guitariste, on compose ensemble depuis une dizaine d’années. En fait, Drakwald c’est la finalité de plein de projets qu’on a eu tous les deux et du coup, le projet Drakwald c’est 2009/2010 avec les premiers concerts en 2011. C’est donc ça à peu près « toujours ». (rires).

Thomas : Et ?...

Bertrand : Bertrand, flûtiste et sonneur du groupe depuis 2010, recruté par Thibaud, Marc et David, l’ancien guitariste du groupe.
 


Thomas : Vous êtes originaires de Tours, alors qu’est-ce qui pousse des tourangeois à faire du pagan/folk ?

Thibaud : En fait, c’est surtout une question de goûts. C’est la musique qu’on apprécie. En fait, Drakwald, c’est un peu le groupe qu’on aurait aimé écouté quand on était jeunes.
On est des gros fans de death mélo scandinave, et ce qu’il se fait sur la scène américaine. Des groupes comme Soilwork, Dark Tranquility, In Flames, toute cette vague là ou plus récent, comme The Black Dahlia Murder, etc. Drakwald, c’est un peu mélanger les influences qu’on a dans le death mélo, thrash, etc, avec des instruments folkloriques, c’est comme ça qu’on en est arrivé à faire un groupe qu’on aurait aimé écouter quand on était jeune.

Thomas : D’accord. Bertrand, tu partages cet avis ?

Bertrand : Oui, à la base quand on a commencé en 2010, on était sur un horizon très pagan/folk. Peut-être dans un style trop généraliste, certains chroniqueurs, certains médias ont commencé un peu à reprocher le style, et finalement, on a eu un peu de chemin, pas mal de dates, pas mal d’opportunités, de festivals comme le Motocultor, etc. On s’est orienté rapidement, d’un désir commun aussi, vers un death mélo/folk, vers quelque chose de plus recherché, d’un peu plus poussé, en dégageant quelque chose de plus metal. On a essayé de dégager en tout cas, une matière un peu plus extrême que ce qui se fait par certains groupes de folk metal.

Thomas : Oui, le chant est clairement bien growlé, bien death metal qui montre bien cette tendance.
Sinon, j’aurais une question personnelle, par rapport au nom du groupe, parce qu’il me fait penser à des choses en rapport avec les jeux…

Thibaud : Alors, il y a plusieurs histoires. A la base, on cherchait un nom qui sonne bien, ce qui est un peu la base d’un nom de groupe, qui accroche l’oreille ! Alors déjà, Drakwald c’est de l’allemand. Avec Drachen, qui veut dire Dragon, et Wald qui est la forêt. Ensuite, on s’est rendu compte que c’était aussi une forêt dans l’univers de Warhammer.

Thomas : C’était à ça que je pensais, en fait.

Thibaud : C’était un peu comme ça que c’est né. Un nom qui sonnait un peu, qui représentait et qui avait une consonance en bouche intéressante.

Bertrand : On n’a pas choisi le nom du groupe par rapport à l’univers de Warhammer, on a d’abord choisi un nom qui nous plaisait, et on a découvert après que c’était relié à ça.

Thomas : Et pourquoi pas, ça reste un peu dans l’esprit...

Bertrand : Oui, voilà. Il y a une symétrie par rapport à l’allemand et à l’anglais, il y a pas mal de façons de le prononcer, il est facile à retenir, c’est quelque chose de fort, qui nous imprègne et c’est pour ça qu’on garde ce nom, et qu’on le gardera… Jusqu’à ce que… Mort s’en suive ! (rires).


Thomas : Vous avez une thématique qui est extrêmement tournée, vers ce que j’appellerai « l’écologie apocalyptique ».

Bertrand : Oui, c’est ça (rires).

Thomas : Alors, c’est un manque d’optimisme ou la réalité qui nous fait face ?

Thibaud : En fait, quand on réfléchit un peu sur cet album, c’est venu un peu tout seul. Je suis un grand fan de tout ce qui est univers dystopique, donc à la fois les classiques du genre comme "Le Meilleur des Mondes" ou des trucs un peu plus modernes et du coup, c’est vraiment qu’on voit le monde actuel, l’être humain sait qu’il est entrain de pourrir son monde, mais il n’en a rien à foutre. On sait qu’on va crever si on ne fait rien, mais l’attrait de la thune est plus important que la protection de l’espèce humaine. Je trouve que c’est intéressant, car l’esprit même du paganisme est tourné vers la nature, c’est une philosophie centrée autour de la nature.

Bertrand : Une communion avec notre environnement.

Thibaud : Oui, c’est exactement ça. On a complètement perdu notre esprit tourné vers la nature, alors qu'on est en train de détruire notre environnement et de provoquer notre propre perte. Je trouve intéressant de se dire que nos descendants, dans une centaine d’années, auront un regard sur ce qu’on vit actuellement. Comment nous jugeront-ils ? C’est un peu parti de ça, et de comment eux se diraient, mais putain, vous avez fait de la merde !

Bertrand : C’est finalement un concept assez noir, assez dark, mais finalement avec un petit message, un message assez fort, qui invite aussi le lecteur à réfléchir. C’est un message fort, c’est pas simplement quelque chose que Thibaud a développé, puisque c’est lui qui a écrit les paroles, c’est pas quelque chose juste pour marquer le coup, pour faire un album avec un concept fort.

Thibaud : Là l’intérêt, c’est d’essayer de donner à réfléchir à  la personne qui va lire les paroles.

Thomas : D’accord, il y a quand même un message quelque part, c’est pas juste parce que c’est dépressif. (rires)
Au niveau pagan, est-ce que vous avez une implication quelconque, quand je dis quelconque, ça peut être par exemple quelqu’un qui s’intéresse à la reconstitution, ou c’est juste parce que ça vous amuse ?

Thibaud : Il y a quelques années, j’avais fait un peu d’escrime médiévale vraiment portée sur l’escrime viking. C’est une culture qui m’intéresse beaucoup. Il y a un an, j’ai eu l’occasion d’aller en Islande, et c’est vraiment que cet environnement, c’est quelque chose qui est assez fort et que l’on ressent très facilement dans ce genre de pays. Il y a aussi tout ce qui passe par la lecture.

Bertrand : Les sagas aussi.

Thibaud : Oui, l’Edda.

Bertrand : Moi de mon côté, c’est plus tous les contes qui vont se rapporter à l’univers carolingien, qui mélangent à la fois ce développement du christianisme avec le mode païen. C’est un peu un choc des cultures aussi. C’est quelque chose qui nous a toujours intéressé.

Thibaud : Mais c’est plus la facette culturelle que religieuse, sans s’impliquer dans un groupe néo-païen. Plus imprégnés d’une culture littéraire je pense.

Bertrand : Et philosophique, plutôt que religieuse.


Thomas : Ici vous êtes sur un site assez sympa, on peut dire ça comme ça…

Thibaud : Oui, c’est clair !

Thomas : Vous avez des projets particuliers, des festivals ou quelque chose de ce genre ?

Bertrand : On va certainement s’appuyer sur une tournée en fin d’année, pour proposer un maximum de dates en France. On aime la découverte, aller à la rencontre du public, on aime aussi voir les gens qui nous suivent depuis le début. On espère réaliser une quinzaine de date entre septembre et décembre en France, un peu partout. Et la saison 2017, avec des festivals en France. Mais c’est court et on ne peut pas en dire plus.

Thibaud : On a une date justement dans deux semaines à Rouen, avec des copains de la scène française Drenaï (NDLR: le 29 mai dernier).

Bertrand : Donc là c’est la tournée en France, et après en 2017, des festivals, en Europe aussi. C’est important, pour un groupe français d’exporter sa musique à l’étranger, pour prouver qu’on est capable de se défoncer sur des grosses scènes étrangères. En tout cas, c’est notre souhait et je pense qu’on y arrivera.

Thomas : J’ai quelques bons souvenirs de votre passage au Motocultor, et j’ai l’impression que ça avait bien plu (rires). J’avais l’impression que la sécurité était débordée et qu’il y avait des vagues de slammeurs !

Thibaud : C’était vraiment chouette, je me souviens. Mais c’est vrai que la Bretagne, c’est une terre qui nous a toujours ouvert les portes. Que ce soit les salles intimistes, voire intermédiaires, ou sur les festivals, le public est au taquet, il chante avec nous. C’est quelque chose de très fort, quand un public est capable de chanter la musique d’un groupe, pour moi, c’est qu’on a tout gagné. Il est avec nous et il vit notre musique.

Thomas : C’est quand même une musique qui donne envie de participer !
Pour revenir sur les projets, là l’album vient de sortir...

Bertrand : Il y a une semaine.

Thomas : Le 7 mai.

Bertrand : C’est ça, il y a une semaine.

Thomas : C’est tout frais, mais vous avez forcément déjà une idée pour la suite. Quels sont vos souhaits. Si un producteur vient et vous dit « tenez, voilà un million, démerdez-vous », qu’est-ce que vous faites ?

Thibaud : Ouh la ! Je pense que ce qu’on ferait, c’est vraiment d’essayer de faire une tournée en Europe, pour vraiment aller voir les pays voisins.

Bertrand : Quarante dates, cinquante dates. On adore le live, c’est quelque chose de particulier. Donc je pense qu’on tournerait à mort, et on se lancerait sur l’écriture d’un nouvel album. De toute façon, on a déjà des idées pour le troisième album.

Thibaud : On commence déjà à avoir des idées.

Bertrand : Donc le live, et après, pour l’écriture d’un nouvel album, on part en Suède et on fait un gros studio.

Thomas : En tout cas, si j’en juge de la différence de qualité de son entre vos deux albums, ce qui est normal, mais ce qui est quand même bien fait pour Riven Earth du coup.

Bertrand : C’était vraiment un souhait de proposer quelque chose d’une qualité honorable. Sur le premier album, on était jeune, on n’avait pas trop de possibilités, mais là on a essayé de faire les choses bien, de prendre le temps, de soigner l’écriture, le concept, les compositions et après vraiment d’aller dans un studio qui puisse nous permettre d’avoir le son que l’on aurait souhaité avant.


Thomas : C’est une question que je pose à tous les groupes que j’interview, c’est personnel par rapport à vous : là, actuellement, en 2016, ici à la Nox Inferna, quel est le mot qui résume Drakwald pour vous, sachant que ce n’est pas forcément la même réponse pour chacun de vous ?

Bertrand : Un mot ? (rires) … Intense.

Thibaud : Passionné.

Thomas : Oui, ça va assez bien, vous vous entendez bien ! (rires)

Thibaud : Sans se concerter, c’est plutôt beau.

Thomas : C’est plutôt pas mal, il y en a qui galèrent beaucoup plus ! Merci à vous !

 

Thomas Orlanth


Un grand merci à Benjamin Fx pour les photos prises pendant l'interview (et aussi pour l'excellent hypocras blanc !).

Photos : © 2016 Thomas Orlanth  - galeries complètes sur le site internet: www.thomasorlanth.com / facebook
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.

 

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