Frederic Leclercq (guitare) et Joey Jordison (batterie) de Sinsaenum


Madeleine de Proust…


C’est dans les salons d’un hôtel parisien caché au fond d’une cours que l’on retrouve le posé Frederic Leclercq (Dragonforce, ex-Heavenly) et l’exubérant Joey Jordison (Vimic, ex.batteur de Slipknot, ex-guitariste de Murderdolls) pour nous parler de leur nouveau projet Sinsaenum composé d’une brochette de sacrés musiciens. Note positive : Les deux compères ont l’air de bien s’entendre et sont emballés par le virage donné à leurs carrières…

Lionel / Born 666 : Depuis combien de temps travaillez-vous sur ce projet?
Fréderic Leclercq : Depuis que Joey (Jordison, ex-Slipknot) m’a rejoint, et c’était il y a 4 ans…

Lionel : 4 ans ?
Fréderic : Mais bon cela dépend de ce que tu veux dire…

Lionel : Je veux dire dans ton esprit ?
Fréderic : Ah ok, dans ma tête alors ça trotte depuis 1998 car c’est la musique que j’ai toujours voulu faire, mais bon il fallait juste que je rencontre les bonnes personnes pour que mon rêve se transforme en réalité et un jour je savais que cela allait arriver. Bien sûr que les gens me connaisse pour d’autres choses, mais d’autres savaient déjà que je pouvais faire ce genre de musique. Je nous considère (avec Joey) comme des acteurs, ou plutôt des peintres comme Picasso et sa phase cubistes ou surréalistes ou encore Edward Norton qui avait joué le rôle d’un nazi dans un film mais qui ne l’est pas dans la vraie vie. Ce que je veux dire derrière cela c’est que je ne suis pas seulement un « power metal » car j’ai toujours été attiré par le metal extrême mais bon Joey y est depuis longtemps, lui.

Lionel : Comme j’aime le death et le black metal, c’est peut-être pour cela que j’aime votre album… (Rire). Bon et depuis combien de temps vous vous connaissez avec Joey?
Fréderic : La première fois qu'on s’est rencontré c’était en 2007 et on s’est parlé en 2008 mais bon je ne m’en souviens pas trop car j’étais un peu saoul. On peut dire qu’en 2008 on a accroché ensemble.

Lionel : Et Stéphane (Buriez - Loudblast, Le Bal Des Enragés)?
Fréderic : Oh là c’est plutôt 1995…

Lionel : Donc dans Sinsaenum en tant que musicien vous vous connaissez depuis de nombreuses années ?
Fréderic : Ça dépend qui. On peut considérer cela comme un arbre avec des branches connectées. Je connais Stéphane depuis longtemps ainsi que Joey et Sean (Zatorsky ex-Dååth, ex-Chimaira) depuis 2009.

Lionel : Et Heimoth (Seth)?
Fréderic : Depuis très longtemps aussi…
 

Sinsaenum

Lionel : Bon peut-être que vous vous connaissez mais comment les as-tu choisi ?
Joey Jordison : on tourne tous depuis longtemps et on connait beaucoup de monde et tu sais parfois entre nous, tu rencontres des mecs sympas, tu parles de l’avenir, tu te lances dans des projets et souvent tout ça tombe à l’eau. Bon mais nous on ne voyait pas ça comme un side-project  car sans des mecs comme Sean, Stéphane et les autres jamais ce groupe n’aurait existé. Et tu sais je peux te dire que c’est un sacré put*** de groupe auquel je n’ai jamais participé dans ma vie. Rarement j’ai vu autant de complicité dans un groupe. Après tous ce qu’on a vécu je peux te dire que ce qu’on est en train de faire c’est un bon melting-pot de mecs qui veulent en découdre.
Fréderic : C’est vrai ce qu’il dit on le fait pour nous même mais on le fait aussi pour les autres, mais comme le dit Joey « ok nouveau groupe comme d’habitude… » mais non ici c’est vrai, nous sommes une vraie entité.
Joey : Avant que tu ne me poses une autre question je veux te dire que tu peux avoir l’idée de créer de nombreux side-project qui tombent à l’eau mais ici c’est quelque chose de complètement différent ; tu sais, si Attila Csihar (Mayhem, Sunn O)))) vient chanter sur tes parties de batterie et sur les riffs que tu viens de créer c’est qu’il n’a pas envie de perdre son temps avec moi, il croit en moi pour ce que je peux faire derrière ma batterie. Et Sean c’est un leader, tu crois qu’il a envie de perdre du temps, et bien « non ! » car on est un putain de groupe (je vous épargnerai de nombre de fu** que va prononcer Joey tout au long de cette interview, estimation d’après LGR : 200, d’après la police : 100;)

Lionel : Donc si vous êtes un « vrai » groupe on peut s’attendre à vous voir bientôt sur scène ?
Fréderic : on va le faire… pour le moment nous n’avons pas de pression de la maison de disques. Parce que généralement la maison de disques fonctionne ainsi « ok les gars vous avez signé, le disque va sortir donc vous allez tourner… ». Pour le moment on a répété et réalisé ensemble notre vidéo (« Army of Chaos ») à Budapest, c’était tellement génial…et c’est là qu’on voit qu’on est vraiment connecté entre nous musicalement et mentalement. Une tournée arrivera quoi qu’il arrive…
Joey : …si on part en tourné je suis là les gars t ce sera une pu*** de tournée…
Fréderic : Bon ce n’est pas évident de l’organiser car on a chacun nos groupes respectifs. Mais je peux te dire que ça arrivera.

Lionel : Au fait, est ce que tous les musiciens jouent sur chaque titre de l’album et surtout est-ce qu’on retrouve toujours les deux vocalistes sur les morceaux?
Fréderic : Sean est le chanteur principal, mais bon c’est un peu difficile d’expliquer… Attila est plutôt considéré comme un invité. Sean est très rythmique avec une belle prononciation, et pour dire Attila est l’opposition totale parfaite, pas en rythme, difficilement compréhensible, complètement venu des profondeurs de l’Enfer et c’est exactement ce qu’on désirait. Il sait parfaitement créer un parfait chaos. Sean prononce tout parfaitement bien et Attila fait des (growls) borborygmes. Heimoth n’est pas sur l’album car il a été enregistré avant mais il fait parti de l’équipe, c’est le meilleur bassiste. Mais bon pour l’album j’avais déjà enregistré les parties de basses.

Lionel : Quand j’ai lu le titre de l’album ainsi que l’agencement des titres j’ai pensé que c’était un album concept ?
Fréderic : Oui et non… c’est un voyage musical. Je veux que les gens écoutent l’album de A à Z. 21 titres. Chaque titre est une part de l’horreur.
 

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Lionel : Mais est-ce que chaque interlude musical nous montre ce qu’on peu avoir juste après ?
Joey : j’avais l’idée de les mettre parce que chaque titre est si puissant (ainsi que les paroles) et je peux te dire que travaillant sur ce projet depuis tant d’année qu’il fallait lier ces titres entre eux qui parlent du mal, de cerveau complètement disjonctés et qu’il fallait les traiter les uns après les autres mais qu’il fallait des interludes afin de reprendre son souffle. Donc dès que tu as un titre qui te prend aux tripes, tu as l’interlude juste après pour reprendre ton souffle. Et c’est vrai que tu as envie de reprendre ton souffle entre chaque titre. Mais il faut considérer chaque interlude comme étant « après le titre » et non « avant le titre » afin de respirer et de reprendre des forces. C’est un moment de respiration. C’est une plage musicale du voyage qui te mène vers un cauchemar…
Fréderic : Ca se sent bien avec « Lullaby » qui arrive à connecter l’ensemble. Un peu comme dans un film vous avez de la tension, du suspense, quelque chose qui va se passer… c’est pour cela qu’on a mis des interludes. Ca arrive et « vlan » dans la tronche !
Ce que les gens doivent comprendre c’est que cet album n’est pas dû au hasard mais à des années de travail, de réflexion avant qu’il n’aboutisse ; chaque interlude, chaque titre ce sont des années et des années de réflexion liés entre eux comme une musique de film. L’album se doit d’être écouté en entier sans zapper les titres.

Lionel : L’album a-il-été enregistré en Suède ?
Joey : Non, seulement mixé. La batterie dans ma ville.
Fréderic : Les guitares ont été enregistrées en France. Sean a enregistré ses parties vocales à Atlanta. Attila à Paris et mixé ensuite en Suède.

Lionel : Sur un projet pareil quels ont été les moments les plus intenses ?
Fréderic : Tu sais c’est toujours inquiétant quand tu réalises un album. En revanche je peux te parler des pires moments. (Rire général). Mais bon le meilleur moment c’est quand on répète ensemble. Quand on a joué ensemble à Budapest j’ai tout de suite compris que cela a avait un sens. C’était génial. Ca été pour moi le meilleur moment que j’ai vécu jusqu’à présent. Et pour toi Joey?
Joey : L’enregistrement de l’album a été pour moi très excitant. Les titres écrits par Fred, les paroles de Sean et puis se rendre compte que ce n’est pas qu’un nouveau « side-project » et que c’était un vrai boulot. Et quand j’ai posé mes parties de batterie je me suis dis « oh mon Dieu, je suis en train de poser les fondations sur quelque chose de terrible… ». Et sans parler quand on a commencé à réaliser cette vidéo… et tu peux me croire « regardes mes bras » j’en ai encore la chair de poule rien qu’à y penser. Un sentiment comme rarement j’ai eu dans ma vie. Et ce n’est pas des conneries que je te raconte c’est la vérité.

Lionel : Vu les images vous l’avez enregistré dans une usine désaffectée ?
Fréderic : Oui réalisé par Independent Film (www.independent.film.hu); ils ont fait un boulot ahurissant. Ils sont très connus en Hongrie, on aurait pu dépenser 100 € et faire cette vidéo sur des fonds bleus mais on a préféré dépenser pas mal d’argent avec des caméras hors de prix. Je ne me souviens pas exactement combien cela coutait par jour mais les mecs sont de sacrés professionnels possédant un matériel énorme (camera, objectifs). Et pour info on a fait une autre vidéo mais je ne sais pas quand elle va sortir. C’est clair que l’on ne voulait pas faire quelque chose de « cheap » !

Lionel : Je comprends de plus en plus votre musique car toi Joey tu as joué avec Satyricon en live aux USA (en remplacement de Frost), avec Metallica une fois et toi tu as joué avec Machine Head en live ce qui fait que votre album est un très bon mariage de ce qu’on peut trouver dans la musique extrême.
Fréderic : Merci, merci beaucoup ! Tu n’as plus de question ? Tu es perdu ? (rire)

Lionel : Bon ok si un jour vous faites une suite vous n’allez tout de même pas faire comme Tobias Sammet d’Avantasia avec un renouvellement des chanteurs ?
Fréderic : Oh Non, non non ! Nous sommes un groupe ! Un vrai groupe. On a envie de tourner et même si cela est difficile pour le moment. Mais nous sommes des êtres humains et nous ne savons pas si nous allons nous battre (rire). Tu sais c’est comme au cinéma quand on parle de superproduction, mais ici quand on parle de supergroupe ça craint. (Rire général)
Joey : Tu sais et indépendamment ce que l’on est, nous sommes un super groupe. Ensemble nous sommes très fort et l’on en a rien a bran** de ce que les gens pensent de ce que nous sommes. On le fait parce que nous sommes des musiciens passionnés. On n’a pas besoin de faire ce que l’on fait. On le fait parce qu’on y croit et qu’on aime le death et le black metal. On a besoin de se respecter entre nous pour savoir ce qu’on veut vraiment. Sinon je préférais m’occuper de mes fumiers de chats (rire) à ne rien faire… (Rire générale). Je le fais parce que j’y crois.

Lionel : Et comment Jens (Bogren, producteur) vous a aidé ?
Fréderic : … (silence)… il m’apportait le café le matin…

Lionel : Avec un nuage de lait ? (rire)
Fréderic : Non en Suède ils aiment le café sans lait. Tu sais le matériel qu’on a apporté était tellement fort et prêt que ce n’était pas difficile de comprendre ce qu’on voulait en mix et en mastering. Mais bon, bonne personne, bon feeling, etce n’était pas trop difficile pour lui. Il a compris la musique et ce n’est pas un job trop compliqué. Toux ceux qui ont été impliqué dans le groupe comprennent de quoi je parle.
Joey : Non on n’a pas besoin que l’on nous explique si les guitares sont trop comme ça ou la batterie trop triggée, non…on est honnête. On n’a pas besoins d’entendre de mots sur ce que l’on fait. Tu sais Attila aurait pu rester dans son groupe mais il est là, j’aurais pu moi aussi rester dans mon groupe mais je suis là, Frédéricaurait pu rester dans Dragonforce mais il est là bien sûr ! Nous n’avons pas besoin de perdre notre temps dans des conneries car nous aimons le black et le death metal point barre ! (avec des dizaines de « fuck » dans la phrase ! hell yeahhh) c’est mon avis et cela n’engage que moi…

Lionel : Vous voulez donc deux dernières questions ? (je sors deux bouts de papier froissés de mon jean)...
Joey : Mais c’est quoi ça, (rire général), tu les as écrites sur un vieux bout de papier…

Lionel : Non je me suis dis ce matin « hé j’ai une idée » mais bon… quels sont les groupes qui vous ont influencés quand vous étiez jeunes ?
Fréderic : Le premier groupe, on parle bien de metal ? Pour moi c’était Manowar avec l’album Kings of Metal. Et ensuite j’ai découvert Mötley Crüe, Metallica…et par la suite le death metal avec Loudblast en premier, puis Morbid Angel et une compilation qu’on avait en France qui s’appelait Master of Brutality (compilation française) datant de 1991 et il y avait tous le monde dessus avec Morbid Angel, Death, Dismenber, Morgoth, Loudblast, Massacre, Atheist, Pestlence… tous le monde était là sur un album et je m’étais dit « putain mais c’est pas vrai »… bon ok et c’est quoi ta dernière question (rire général) ?
Joey : Tu veux quoi death ou black ?

Lionel : Heu metal simplement…
Joey : Bon pour être honnête mon premier disque était un Rolling Stones et c’était Tattoo You. Et il m’a fait rentrer dans la musique. Et tu sais quand tu as 5 ans tu trouves cela énorme.

Lionel : Avec un sacré métronome en tant que batteur en la personne de Charlie Watts.
Joey : …ensuite mes coups de cœur on été Led Zeppelin et The Who

Lionel : Alors là je te rejoins car moi quand j’étais jeune c’était The Who…
Joey : Led Zeppelin a complètement changé ma vie…

Lionel : Et Keith Moon (batteur de The Who)…
Joey : C’est mon Dieu… comme John Bonham (batteur de Led Zeppelin)… mais bon pour en revenir à ceux qui m’ont influencé je pense bien sûr à Slayer et Reign in Blood que j’avais reçu dans mon panier de Pacques en 1986 que j’avais bien sûr demandé. Et je peux te dire que cet album a put** changé ma vie. Et c’est surement à cause de cela que je suis dans Sinsaerum aujourd’hui.

Lionel : Bon la dernière. Vous la voulez ?
Fréderic : Ok la dernière !

Lionel : Qu’auriez vous fait dans votre vie si ces satanés machines comme les guitares électriques, les batteries ainsi que le metal n’avaient jamais existé ?
Fréderic : C’est dur à dire…tu sais pour moi la musique a toujours existé dans ma famille. Tu sais aussi loin que je peux me souvenir avec mes parents quand on était en voiture on écoutait Cliff Richard. Et ces chansons sont encrées dans ma tête !

Lionel : Pareil quand j’étais très jeune je me vois avec mes parents en vacances en train d’écouter sur les routes corses les Who, les Sparks et les Rolling Stones…
Fréderic : Tu sais je peux remonter à quand j’avais 2 ans…

Lionel : Une Madeleine de Proust…
Fréderic : Absolument, je me souviens de Seventh Son of a Seventh Son (Iron Maiden) et de « The Evil that Men Do » quand j’étais amoureux d’une nana qui ne m’aimait pas et que j’écoutais l’album en boucle, je devais avoir 12 ans et j'étais dépressif (rire) par-dessus le marché…
Joey : Tu sais qu’en t’écoutant je me dis que j’ai les même put*** d’histoire de merde aussi (rire général) avec « The Evil that Men Do »… C’est vrai que Seventh Son of a Seventh Son a aussi changé ma vie et je pourrai aussi parler de nanas (rire général).
Fréderic : Bon revenons a ta question, si il n’y avait pas de guitares électriques, ma mère jouait du piano quand j’étais jeune, donc je jouerais de la musique classique ou alors comme le dit ma petite amie je serais un fermier et je m’occuperais d’animaux dans une ferme mais pas dans un zoo car ça craint. Et je suis anti-corrida…

Lionel : Et toi Joey ?
Joey : Je viens de répondre…

Lionel : Pas du tout (rire)
Joey : Je dois répondre (rire) et bien je réinventerai la musique pour jouer de la musique (rire général)…

Photos : © 2016 Lionel / Born 666
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.

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