Jon Bakker (bassiste) et Ole Hartvigsen (guitare) de Kampfar au Hellfest 2016

"Nous avons toujours ce désir de jouer et de créer qui brûle en nous"

Après leur excellente prestation Jon Bakker (bassiste) et Ole Hartvigsen (guitare) de Kampfar arrivent à peine démaquillés, les yeux dégoulinant encore d’un mascara noir, pour nous délivrer leurs premières impressions sur leur show et sur la vie dans le groupe…

Lionel / Born 666 : Alors, content de votre concert au Hellfest ?

Jon Bakker : Oui très content. C’est vraiment génial de rejouer ici. On a déjà joué deux fois au Hellfest auparavant. Un super concert, un super endroit, un super public.

Lionel : Et de super morceaux aussi !

Jon Bakker : Non, mais ça c’est normal ! (rire)

Lionel : En tout cas c’est ce que pense le public.

Jon Bakker : Je suis content de l’entendre. C’est vraiment cool de pouvoir jouer en France, parce qu’on n’a pas pu le faire pendant notre dernière tournée.

Lionel : Vous avez également de nouveaux jeux de lumières, de super effets techniques. Cela apporte beaucoup de choses sur scène.

Ole Hartvigsen : En fait, ici on a exactement la scène qui nous convient au niveau de la taille. On peut mettre en place plein de choses, avoir de grandes bannières. Jouer sur une grande scène est vraiment génial.

Jon Bakker : On l’a appris avec le temps. On peut passer d’une petite scène dans une toute petite salle à une scène énorme sur de gros festivals comme le Hellfest et on doit apprendre à s’adapter à toutes les situations.
 

Kampfar


Lionel : Votre dernier album est sorti l’an dernier. Quelle a été la réaction des fans ?

Ole Hartvigsen : Je pense que nos deux derniers albums ont été un grand pas en avant pour nous. Avec notre dernier album, on a également gagné un Grammy Award norvégien. C’est une chose à laquelle on ne s’attendait pas du tout. Le succès de l’album dépend toujours de l’opinion des fans et j’ai l’impression qu’on arrive toujours à toucher les fans qui nous suivent depuis le début ainsi que les nouveaux. Je pense qu’on a su garder notre patte. Même si on a essayé de toujours apporter des choses différentes on ne s’est jamais vraiment éloigné de ce qui définit Kampfar.

Lionel : Et pensez-vous retenter l’expérience de chanter en anglais ?

Jon Bakker : Eh bien cela dépend de la chanson, des paroles. On a déjà tenté l’expérience plusieurs fois. Souvent on essaye de voir ce que donnent les paroles en anglais et en norvégien mais souvent on préfère la version norvégienne. On ne décide jamais à l’avance de combien de chansons seront en anglais.

Lionel : Et est-ce qu’il ne serait pas temps de faire quelque chose comme un DVD par exemple ?

Ole Hartvigsen : En fait, en ce moment on se concentre sur des clips, des vidéos musicales. L’année dernière nous avons fait notre première réelle vidéo avec une structure et un vrai scénario grâce à un super producteur en Pologne, et on pense retravailler avec lui. On verra bien ce que l’année nous apportera, mais c’est quelque chose sur quoi on a envie de travailler. Après, un DVD… pourquoi pas. C’est une idée, mais il faut qu’elle soit juste, que ce soit le bon moment. Une fois, qu’on aura trouvé la bonne idée et le producteur idéal, oui on le fera, mais pour le moment ce n’est pas encore le cas.

Jon Bakker : Je pense qu’il faut avoir quelque chose à offrir. Sortir un DVD live, juste pour sortir un DVD n’a aucun sens. Sortir quelque chose qui parle aussi un peu de nous, voir ce qui se passe backstage serait plus intéressant à mon sens.

Ole Hartvigsen : C’est exactement comme sortir un nouvel album. On ne se donne jamais de date butoir, du genre « il faut qu’on sorte un album dans 16 mois ou deux ans ! » Non ! On sort un album lorsqu’on a une histoire à raconter.

Lionel : Ole, tu es le dernier à avoir rejoint le groupe. Content d’être ici ?

Ole Hartvigsen : Oui, absolument ! Cela fait 5 ans maintenant que j’ai rejoint le groupe et c’est comme si j’avais toujours été là. Pour moi, cela a été un beau chemin avec plein de super concerts, de belles histoires, de belles rencontres. Je pense que la force de Kampfar, c’est d’avoir cette belle union. On est proche les uns des autres. Je pense que beaucoup de groupes se séparent parce qu’ils n’ont pas cette union.

Jon Bakker : Thomas (Andreassen NDLR) était dans le groupe depuis des années. Il créait le lien depuis le départ avec Dolk. Mais Thomas ne voulait plus vraiment faire de metal. Il en avait marre, marre de la scène metal. Les choses ont commencé à s’enflammer dans le groupe. On avait le choix soit de se séparer et de tout recommencer dans d’autres projets, soit de continuer avec quelqu’un d’autre et on a eu la chance de trouver Ole qui correspondait parfaitement aux attentes du groupe.

Kampfar


Lionel : Quand vous créez un morceau, est-ce qu’il est difficile de trouver l’équilibre parfait entre pagan et black metal ?

Ole Hartvigsen : Je ne pense pas que ce soit le plus difficile. Pour moi, ce qui est difficile, c’est de trouver une idée à suivre, trouver le message que l’on veut faire passer. On ne se dit jamais on va mettre 20% de ci, 80% de ça, non ! Il faut que l’on ressente les choses, que l’on trouve ce qui sonne le plus juste. Quand on travaille sur un album, on essaye toujours des choses différentes. On prend le temps, et quand cela nous semble juste à tous, c’est que ça l’est. Regardez, ces cinq dernières années on s’est plus avancé sur le chemin du black metal. On a voulu exploré les côtés les plus noirs de Kampfar. Et pour le futur, on ne sait pas encore. Les choses se feront d’elles-mêmes.

Jon Bakker : C’est vrai que nos deux derniers albums sont assez différents. Avant, on intégrait plus d’éléments Folks. Mais cela n’a rien changé au fait que l’on soit toujours Kampfar et qu’on le sait en écoutant notre musique.

Lionel : Même les pochettes d’albums sont très différentes.

Jon Bakker : Oui mais on garde toujours la même essence. Je pense que c’est important. On ne bataille pas pour la garder. C’est là, c’est tout.

Lionel : Et est-ce que vos influences ont changé ? Est-ce que vous avez une nouvelle manière de créer ?

Jon Bakker : La plus grande différence par rapport à avant, c’est que l’on ait intégré Ole au groupe. Le fait d’avoir un nouveau guitariste a apporté une nouvelle façon de jouer et de créer de la musique.

Ole Hartvigsen : Et je pense que pour Dolk, ça a été une sorte de soulagement. Il avait l’impression que ses idées ne correspondaient plus au groupe. Il avait des idées plus sombres qu’il voulait faire sortir.

Jon Bakker : Je pense qu’on a atteint un point important quand on s’est dit qu’on n’en avait plus rien à foutre, qu’on allait tout donner, tout essayer. Que cela plaise aux gens ou non, on allait sortir nos albums.

Lionel : J’avais déjà posé cette question à Dolk, mais je voudrais aussi votre point de vue. Qu’est-ce qui vous a poussé à faire du metal extrême ?

Jon Bakker : Je pense qu’il y a quatre histoires différentes dans le groupe. Dolk et moi sommes les plus vieux. Nous avons la quarantaine. On a grandi dans les années 80 avec les débuts du thrash metal, Bathory, Celtic Frost. Et le metal a été tellement ancré en nous, que l’on vit avec. Ce n’est pas le cas pour tout le monde. Beaucoup de nos amis ont commencé à jouer dans des groupes mais 90% ont arrêté.

Lionel : Et pour toi ? 

Ole Hartvigsen : Pour ma part, j’ai grandi dans les années 90 et découvrir le black metal norvégien a été une révélation pour moi. J’ai toujours eu envie de créer quelque chose qui soit unique, mais aussi qui soit un défi pour les auditeurs. Le black metal norvégien a ce truc, cette magnifique combinaison entre agression, art et pur divertissement. Comme je le disais, j’ai toujours voulu créer quelque chose d’unique et les autres membres du groupe aussi et je pense que l’on a atteint ce but. En effet, beaucoup de gens arrêtent de jouer. Leurs vies se compliquent, mais nous avons toujours ce désir de jouer et de créer qui brûle en nous. Dans chaque groupe, il y a toujours des membres qui tirent le groupe vers le haut et d’autres vers le bas. Ceux qui tirent le groupe vers le bas ont tendance à détruire le groupe. Ceux qui ne pensent qu’à gagner de l’argent et que le groupe est une perte de temps contribuent à la mort de certains groupes.

Jon Bakker : Je pense que nous avons réussi à garder un esprit positif à travers les années. Il y a eu des hauts et des bas. Il faudra toujours travailler dur, mais cela vaut vraiment le coup et on le sait ! On sait qu’on va avoir des journées difficiles. Par exemple, ce matin j’ai commencé à conduire à 1h pour aller à l’aéroport pour venir jouer ici et je n’ai toujours pas dormi de la journée et la nuit va être longue. Mais je voulais être là et jouer devant le public.

Lionel : Avez-vous entendu parler de l’attaque terroriste du Bataclan le 13 novembre dernier ?

Ole Hartvigsen : On était en tournée à ce moment-là et ça nous a fait un choc quand on l’a appris. On n’a jamais joué au Bataclan, mais cela aurait pu arriver à n’importe quel groupe. C’est un réel choc, mais il faut être réaliste, la vie est tellement aléatoire. On peut mourir à tout moment et il faut profiter de chaque instant.

Jon Bakker : Je pense que ce fut un choc pour n’importe quel groupe ce jour-là. Je pense que tous les groupes se sont demandés « Est-ce qu’on va jouer demain ? » Mais je pense qu’on ne sait jamais les choses à l’avance et que l’on ne peut pas arrêter de faire les choses par peur de ce qui pourrait arriver.

Ole Hartvigsen : Oui ce serait la défaite ultime.

Lionel : Est-ce que vous avez changé votre setlist pour le festival ?

Ole Hartvigsen : Tout dépend du temps que l’on nous donne pour jouer. Aujourd’hui, nous avons joué une setlist totalement nouvelle. Oui on a essayé de jouer quelque chose de complètement nouveau, parce que ce concert est spécial, dans un endroit spécial. C’était intéressant, et j’espère que cela a été intéressant pour les fans également. On a joué ici il y a trois ans, donc on a voulu changer un peu les choses.

Lionel : Et vous pensez avoir un peu de temps aujourd’hui ou demain pour voir quelques groupes ?

Jon Bakker : Oui, pour moi ce qui est sûr c’est que j’irai voir Rammstein.

Ole Hartvigsen : Aujourd’hui, on s’est baladé. On a profité du festival. Le Hellfest est un bon endroit pour prendre du bon temps. Il y a beaucoup de festivals où il n’y a rien d’intéressant à voir mis à part les groupes. Mais ici on peut apprécier plein de choses différentes. C’est un bon endroit pour juste se promener tranquillement. Et les gens ici, on vraiment l’air d’être intéressés par la musique.

Lionel : Avec quel musicien auriez-vous envie de faire un bœuf sur scène ?

Jon Bakker : Slayer !

Ole Hartvigsen : Je suis aussi heureux de jouer nos morceaux. J’aime ce qu’on fait et on n’a pas forcément besoin de jouer avec d’autres.

A nouveau un TRES GRAND MERCI à ELOÏSE MORISSE pour son aide sur la traduction de l’interview…

Photographies : © Thomas Orlanth 2016
Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe

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