Andi Schnitzer, batteur de Kissin’ Dynamite

« On a vraiment trouvé le son et l’identité de Kissin’ Dynamite. »

A l'occasion de la sortie de leur nouvel album, Generation Goodbye, nous avons eu l'occasion de nous entretenir avec Andi, le batteur de Kissin' Dynamite. Ce dernier revient sur la composition de Generation Goodbye, son concept bien défini, mais aussi plus largement, sur la carrière du groupe.

Bonjour Andi. Merci de nous accorder cette interview. Comment vas-tu ?

Andi : Très bien, c'est cool d'être ici. On a fait deux journées de promo en Allemagne, maintenant on est ici, à Paris. On profite bien de la nourriture et de la ville !

Comment te sens-tu à l'approche de la sortie de votre nouvel album, Generation Goodbye ?

Andi : Vraiment très heureux, j'ai hâte que l’album sorte. C'est dans une semaine maintenant. On va faire plusieurs festivals, on va commencer à jouer nos nouveaux morceaux en concert, on va faire une tournée pour cet album... Tout va arriver un peu en même temps pour nous, mais on est vraiment très fier de cet album, je pense qu'on a vraiment trouvé le son et l’identité de Kissin’ Dynamite.

Tu peux nous présenter l'album ?

Andi : C’est un album avec un sujet prédominant, c'est un genre de message qu'on veut faire passer. Generation Goodbye est le nom que nous avons choisi de donner à notre génération. Une génération avec énormément de possibilités, presque infinies, et ce sur différents plans. Que ce soit en termes de musique, avec Youtube, le streaming, etc. On peut tout avoir d'un coup, à n'importe quel moment. Mais aussi avec les téléphones portables, qui sont maintenant utilisés du matin au soir. On pense qu'on vit au paradis parce qu'on peut presque tout avoir tout de suite, mais en fait ça rend les gens encore plus angoissés. Personne ne sait plus quoi faire, il y a trop d'informations, partout, on ne sait plus quoi choisir. Je pense personnellement que ça crée un climat très angoissant. Plein de gens se lèvent le matin en ne pensant qu'à regarder leur téléphone, à répondre à un mail, ou autre, plutôt que de se poser pour prendre leur petit déjeuner. Ce n'est pas ça la vie... Et cet album est fait pour rappeler ça. Cette même idée, ce même thème traverse de façon un peu différente chaque morceau de Generation Goodbye. Ce n'est pas un concept album mais finalement... c'est un peu un concept album (rires).

Et toi tu n'es pas comme ça ? Tu vas me dire que personne dans le groupe n'est accro aux réseaux sociaux ?

Andi : Si bien sûr... Mais en fait, je suis le seul qui n'est pas vraiment comme ça, car je ne suis même pas sur Facebook ! Je n'ai jamais été sur Facebook de ma vie... à aucun moment je n'ai ressenti le besoin de m'y inscrire.

C'est un peu toi qui porte le message pour le groupe du coup ?

Andi : Tout à fait, c'est moi (rires). Non, les autres pensent la même chose que moi. Le problème n'est évidemment pas d'utiliser tout cela, ça fait partie de notre génération et du monde dans lequel nous vivons en 2016. Mais il ne faut pas être esclave de tout ça. Il faut utiliser les réseaux sociaux à bon escient, pas quand on mange, pas quand on va aux toilettes.

Les groupes sont obligés, de nos jours, d'utiliser au maximum les réseaux sociaux pour communiquer avec leurs fans. Comment perçois-tu cela ?

Andi : Oui, c'est évident. Mais ça doit être bien utilisé. Bien évidemment que c'est indispensable pour un groupe, c'est un moyen très important et efficace pour communiquer. Tant que c'est utilisé avec modération, qu'on peut poser son téléphone et se dire « Ok, c'est bon pour aujourd'hui, on va aller boire une bière et discuter en face à face. » Je vois tellement de jeunes dans le métro, par exemple, fixés sur leur téléphone.. Ils n'ont connu que ça, c'est normal d'un côté. Mais ce serait tellement plus sympa si les gens pouvaient se parler de temps en temps. Je sais que parfois ça peut être embêtant, mais ça fait du bien de parler avec des inconnus parfois. Ou dans les bars. Juste rencontrer de nouvelles personnes plutôt que de comparer sa vie à celle de ses amis sur les réseaux sociaux. Ce n'est pas ça qui nous fait nous sentir bien.

Tu peux nous parler un peu du processus d'écriture ?

Andi : Au niveau de l'écriture des morceaux, c'est essentiellement le travail d’Hannes et moi. Il écrit la musique, tandis que moi j'écris les paroles. Tout commence avec des slogans, on rassemble nos idées, les messages que l'on veut faire passer, on fait une liste avec des titres par exemple. Ensuite on regarde ça ensemble, et Hannes dit s'il se sent inspiré par l’un d'eux, puis il écrit le morceau. Il rajoute le chant, juste des mélodies sans paroles. Puis je dois écrire des paroles sensées avec ça. Ou du moins j'espère que ça fait sens au bout du compte... (rires).

Du coup tu te charges d'écrire les paroles pour les morceaux depuis les débuts du groupe ?

Andi : On va dire que ça s'est affirmé progressivement. Au final je suis celui qui parvient le mieux à écrire les paroles des morceaux. Au tout début, j'écrivais aussi quelques paroles mais... (rires) j'aurais préféré ne pas les avoir écrites ! C'est comme ça de toute façon, on apprend au fur et à mesure. Maintenant je crois que c'est ok.

Et en ce qui concerne l'enregistrement, vous avez conservé les mêmes méthodes ?

Andi : On a changé un peu nos méthodes parce qu'on a choisi de ne pas avoir de producteur. Hannes s'en est chargé. Il est très bon, donc on s'est dit qu'il pouvait très bien s’occuper de notre album. Il a vraiment fait un bon boulot, et en tout cas on a de très bons retours à ce niveau-là. C'est en tout cas la principale différence avec l'album précédent.

Avec ce précédent album justement, vous aviez inclus une grosse touche électro, ce qui est moins le cas sur Generation Goodbye. Comment vous travaillez là-dessus ?

Andi : Sur Megalomania, on a vraiment risqué quelque chose en ajoutant des sons plus modernes. Ça nous a permis de nous trouver. Sur Money, Sex and, Power on n'avait pas encore trouvé notre identité, on était un peu une copie de tout ce qui se faisait sur la scène sleaze. On a dû essayer de nouvelles choses pour enfin se trouver. Avec Generation Goodbye je pense qu'on a trouvé un bon équilibre entre Money, Sex and Power et Megalomania, et avec de meilleurs morceaux aussi... J'espère !

Puisque tu écris les paroles, quel morceau a pour toi une signification forte ?

Andi : Chaque morceau a pour moi un message. Mais je pense que le premier, "Generation Goodbye" est mon préféré parce qu'il a ce message à propos de la société. C’est à propos de gens qui ne savent pas en quoi croire. Une génération confuse.

Et tu t'inspires de tes expériences personnelles pour écrire les paroles ?

Andi : Je dois avouer que oui, ça arrive.. Le morceau « If Clock Were Runnin Backwards » qui est une chanson d'amour, sur un couple qui se sépare. Certes c'est un peu cliché, sur ce moment triste où on aurait voulu remonter le temps et retrouver ce temps où tout allait bien était agréable. J’en ai fait l’expérience récemment avec mon ex copine.  Mais bon, tout va bien désormais. Ce morceau, c'était une sorte de thérapie pour moi !

Tu peux nous parler un peu plus du morceau "Masterpiece"? Qui chante avec Hannes, et comment cette collaboration a vu le jour ?

Andi : C’est Jennifer Haben, il s’agit de la chanteuse de Beyond The Black. C'est un groupe de metal symphonique allemand. Hannes a déjà chanté avec eux, sur un de leurs albums et donc il s’est dit pourquoi ne pas faire cela dans l'autre sens aussi et l'inviter à chanter sur un album de Kissin' Dynamite.  Puis on a eu le morceau "Masterpiece" qui est une power ballad, vraiment parfaite pour être chantée en duo. Hannes a fait tout ce qu'il fallait pour que le morceau s'adapte aussi bien à sa voix qu'à celle de Jennifer. Elle a une très belle voix et le rendu est très beau.

Comment perçois-tu l'évolution du groupe au travers des années et des albums ?

Andi : Au début on faisait des morceaux sans être trop conscients de qui on était. Par exemple si on écoute le premier album il y a un morceau qui sonne plutôt comme AC/DC, l'autre Helloween, un autre sera plus du côté d'Iron Maiden. On n'avait pas de style propre. Le but a été de prendre tout ça, le mettre dans une boite, et tout mélanger pour obtenir ce qu'est réellement Kissin' Dynamite. Au travers des années, on a réussi à trouver notre son mais aussi à le faire évoluer. Je ne sais pas comment sonnera le prochain album. Avec Generation Goodbye on a aussi un peu l'impression de revenir à la maison et faire ce qu'on sait le mieux faire.

Tu ressens également une évolution dans votre jeu en live ?

Andi : Oui on s'améliore constamment en tant que musiciens. On se focalise toujours sur le fait que choses doivent être bien en place. C'est très allemand ça, ça doit être carré, en ordre (rires). Rien ne doit être hors de contrôle. Un peu du genre de Rammstein. A chaque album on pense à de nouveaux agencements scéniques et de nouveaux effets pour les concerts, il faut que ça rende bien. D'ailleurs il y aura pas mal de nouveaux éléments pour la tournée de Generation Goodbye

Quel est ton point de vue sur la scène glam, maintenant que le groupe a pris du recul par rapport à ce style ? Certains groupes semblent, parfois, se prendre un peu au sérieux.

Andi : C'est une image, une attitude, essentiellement dans l'idée de faire la fête, tout le temps, être entouré de filles, tout ça. De notre côté, c'est sûr qu'on ne file pas au lit après les concerts, on aime faire la fête. Mais le plus important reste la musique, il faut faire attention car il ne faut pas que le fait de faire la fête influe sur les performances du groupe. Il y a des priorités, mais il ne faut pas oublier de s’amuser.

J'imagine que vous êtes souvent comparés à des groupes cultes dans votre style. Est-ce qu’il y a des comparaisons qui t'ennuient ?

Andi : Oui, on nous a pas mal comparé à Tokio Hotel. Mais on n'a rien avoir avec ce groupe, vraiment.

C'est peut-être à cause de vos coupes de cheveux au début ?

Andi : Oui il y a de ça. Aussi parce qu'un de nos morceaux a été écrit par David Jost, et il écrivait également des morceaux pour Tokio Hotel... Mais mon dieu, c'était un seul et unique morceau ! Heureusement, on n'entend plus trop parler de ça. Donc tout compte fait, oublie tout ce que je viens de dire. (rires) En plus de ça, on n'est plus un groupe de glam/sleaze... Je ne sais même pas si on l'a déjà été.

Andi Schnitzer, generation goodbye, 2016, hannes braunes

Un peu quand même, à vos débuts...

Andi : Dans notre style, peut-être, mais notre musique était déjà plus énervée, plus agressive avec des influences qui penchent plus du côté de Iron Maiden ou Judas Priest. Sur notre deuxième album le morceau « Iron Fist » est très influencé par Judas Priest par exemple et n'a rien en commun avec Poison. Peu importe comment est appelée notre musique, il faut écouter pour se faire une idée.

En tant que batteur, quelles sont tes influences ?

Andi : J'ai toujours aimé les batteurs qui n'en sont pas réellement... Il y a des batteurs-batteurs, et d'autres qui n'ont pas de vrais groupes, mais qui ont une technique incroyable. Sinon j'ai troujours été plus fan des batteurs que des groupes. Donc mes idoles sont : Niko Mcbrain, il est super cool. Matt Sorum, je n'aime pas vraiment Steven Adler même s'il est le batteur d'origine des Guns. Matt a plus de technique. Et bien sûr je me dois de mentionner Phil Rudd malgré tout, c'est un jeu direct et sans fioritures, mais c'est la base. Si tu ne sais pas jouer ça, ça ne sert à rien de jouer autre chose.

Quels sont les prochains projets pour Kissin' Dynamite ?

Andi : Beaucoup de festivals, notamment en Allemagne. Malheureusement, pas de Hellfest cette année mais j'espère que nous pourrons le faire l'année prochaine. Ensuite en automne on aura une tournée européenne de deux ou trois mois, on passera notamment par la France pour deux dates. L'année prochaine nous entamerons une deuxième tournée pour Generation Goodbye, et ensuite on enchaînera encore sur des festivals et certainement un sixième album. Puis on recommencera tout ça encore et encore jusqu'à notre mort. (rires)

Vous tournez beaucoup, quelle est la chose la plus importante que ça vous ait appris ?

Andi : Comme je disais tout à l'heure, toujours garder à l'esprit qu'on fait tout ça pour la musique. Il ne faut pas faire trop d'abus, car on doit toujours assurer et donner le meilleur de nous-mêmes en concert. Lorsque je joue un mauvais concert, c'est une catastrophe pour moi et je bois encore plus, et le concert d'après est encore pire. Ça n'a aucun sens (rires). C'est arrivé une fois, en Allemagne, d'ailleurs... et c'était très certainement une des pires soirées de ma vie !

Quel est ton meilleur souvenir avec Kissin' Dynamite ? Pas cette fameuse soirée, j'imagine.

Andi : Non, en effet ! Une chose que je n’oublierai jamais, on avait nos places pour aller voir Slash et Motley Crue en Allemagne. Juste pour y aller, comme ça. La veille, on a appris que le groupe de première partie avait annulé sa venue et on nous a demandé si on voulait les remplacer. Donc on a y été, quand on est arrivé, Slash était là avec son groupe en train de faire ses balances. Puis Nikki Sixx est passé nous dire bonjour. C'était irréel pour nous. Ensuite on a dû aller s'installer sur scène et quand je montais ma batterie, Slash était juste à côté, toujours en train de régler sa guitare. On est fan d'eux, je suis toujours fasciné par ces gens-là. C'est un des moments que je raconterai fièrement à mes enfants plus tard. « J'ai vu Slash. » et ils pourront lire des livres à propos de lui et de la légende qu'il était. Ce sera un peu comme Elvis pour nous. On ne pourra jamais rencontrer Elvis. (rires)

Il y a d'autres groupes avec lesquels tu aimerais tourner ?

Andi : Oui, bien sûr, tous les mythes et les héros qui sont encore en vie. Mais ils partent chacun leur tour... D'ailleurs Generation Goodbye peut aussi faire référence à cela. Lemmy, AC/DC qui commence à faire des choses un peu étranges, David Bowie, etc. Mais il y a ceux qui sont toujours là : Iron Maiden, Alice Cooper, ce serait génial de tourner avec eux. On a déjà partagé des scènes avec ces groupes, lors de festivals par exemple. Ce sont des choses que nous devons continuer d'apprécier. Ils finiront par disparaître aussi.

Merci beaucoup Andi pour cette interview. Tu as un dernier message à adresser à vos fans français ?

Andi : J'espère que vous allez écouter notre nouvel album Generation Goodbye, je peux personnellement vous le recommander. C'est un très bon album et j'espère que vous allez l'aimer. Et si vous l'aimez, vous pourrez venir nous voir en concert prochainement car nous allons jouer pas mal de morceaux de cet album. On jouera deux heures, une demi-heure de plus que ce qu'on avait l'habitude de faire. On est plus vieux maintenant mais je pense qu'on y arrivera, en tout cas, on va essayer. On espère vous voir sur la route !

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