Scorpions à  La Cité de Carcassonne (01.08.2016)

Scorpions au Festival de Carcassonne ! Yeah ! Le cadre est génial, le groupe légendaire ! J’y vais ! Voici la réaction de base du fan de gros rock qui tabasse. Après l’euphorie, discutons un peu logistique.

Les lecteurs de La Grosse Radio Rock sont habitués à mon agacement vis-à-vis du prix des précieux sésames pour assister aux concerts. Voici l’occasion rêvée d’en causer un peu à la section "metal". 94 € pour être dans le "carré or" devant et 84 € pour le commun des mortels, ça pique un peu le portefeuille quand même ! Pour un peu plus d’une heure trente de sexagénaires plus tout à fait au sommet de leur forme, ça demande réflexion…

Allez, lançons-nous un peu dans la statistique. Je suis enseignant du second degré depuis 15 ans, j’ai un peu plus de quarante balais. Le salaire mensuel de personnes comme moi a évolué de la sorte : en 1990, le salaire était de 1825 € par mois, en 1996 de 2191 € et en 2005 de 2400 € selon les sources INSEE. Je livre des chiffres officiels, je suppute que ce sont des sommes brutes car je n’ai jamais eu autant sur mes fiches de paye. Résultat des courses, une augmentation en 15 ans d’un quart du salaire. Cet état de fait peut se démontrer pour la quasi-totalité des fonctionnaires. Même raisonnement pour les places de concerts maintenant. Scorpions, à son apogée, après la sortie de ses trois albums les plus populaires Animal Magnetism, Blackout et Love At First Sting se produisait à Paris à Bercy en 1984 avec Mama’s Boys en première partie pour 80 francs soit 12,22 €. Il en faut avant d'arriver aux 84 € de ce soir. Le prix a presque été multiplié par sept. Il y a là, quand même un truc à dénoncer quelque part non ?
 

scorpions place 80


Et arrêtez de nous prendre la tête avec les : "on ne vend plus de CD" et autres conneries du genre. Moi, les Scorpions, j’ai en un paquet. J’ai quasiment tous les vinyles de Scorpions que j’ai achetés dans les années 80 quand j’avais une dizaine d’années et quand le CD est arrivé, je les ai rachetés en versions remasterisées. Résultat des courses, le fan comme moi, et heureusement il en reste, se fait copieusement couillonner. Il a acheté les disques et paye les places de concerts au prix fort ! Je trouve ça honteux. Voilà, pour être totalement honnête sur ce coup, il me reste à dire que hier soir le concert ne m’a pas couté cher, j’étais invité pour La Grosse Radio, mais il y a tellement de concert où j’ai lâché des sommes exorbitantes, (dernier en date 139,50 € le 13 juillet 2016 pour Springsteen) que j’estime ce coup de gueule légitime…

Scorpions Carcassonne 01

Ceci étant dit, passons quand même au live. Force est de constater cette année que le "mercato" ne s’est pas cantonné au football. En 2016, on peut aller voir AC/DC et trouver Axl Rose au chant et en allant applaudir Scorpions, on croise Mikkey Dee, retraité par la force des choses de chez Motörhead, derrière les futs. C’est amusant. On verra tout au long du show qu’il s’en sort plutôt bien l’ami Mikkey et qu’il redonne même un peu de fraicheur au groupe.

Une tournée pour célébrer 50 ans de carrière, ce n’est pas rien. Composer la "setlist" n’a pas du être chose aisée. Scorpions ne veut pas être assimilé à un groupe de vieux croulants vivants sur leurs acquis. Cette tournée se veut certes rétrospective pour fêter les 50 ans de musique du groupe mais elle fait aussi la part belle à des titres plus récents. Ce soir pas d’ouverture avec un gros classique mais c’est "Going Out With A Bang", un bon gros rock ‘n’ roll issu du petit dernier Return To Forever qui nous accueille. On apprécie au passage la puissance de feu du groupe qui n’a pas lésiné sur les moyens sonores pour nous en mettre plein les oreilles. Une bien belle entrée en matière qui montre un Mikkey Dee en pleine bourre, cognant comme un dératé avec sa frappe lourde de bucheron. On le sent heureux de pouvoir sortir de son chômage forcé. RIP Lemmy !

"The Zoo" en début de concert sera aussi un moment de communion intense avec le public. Premier classique de la setlist, il permettra à Klaus Meine de chanter avec le public carcassonnais et, au passage, de le mettre dans sa poche si tant est qu’il ne soit pas déjà tout acquis à sa cause. Mathias Jabs à la talkbox fait le boulot de fort belle manière et comme à son habitude, Klaus balance dans le public un stock de baguettes de batterie. Ils ont du faire des commande en gros chez le fournisseur allemand Thomann tellement il en a en réserve. Mais vu l’abatage de Mikkey Dee, il ferait peut-être mieux d’en garder pour assurer le coup parce que l’ancien Motörhead cogne dur !

Scorpions Carcassonne 02

Mais Scorpions, ce n’est pas que du gros rock qui tâche. Le groupe revisite aussi sa période 70 avec un medley for sympathique remettant au gout du jour des titre comme "Top Of The Bill" de Tokyo Tapes ou "Speedys’ Coming" de Fly To The Rainbow. On est toujours dans le domaine du rock ‘n’ roll mais avec une plus grande importance pour les solos à l’époque interprétés par Uli Jon Roth. Mais pas de soucis, Mathias Jabs a bien bossé et il maitrise parfaitement sa partition.

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Après les seventies, on repartira vers des choses plus récentes découvertes sur le MTV Unplugged In Athens de 2013.  "Delicate Dance" ramènera le groupe vers des contrées proches du domaine des Pink Floyd. Le coté rock progressif années 70 est encore mis en avant sur ce titre pourtant récent où les Scorpions version acoustique se font aider par quelques potes six cordistes invités ainsi qu’un percussionniste dont la fougue est aussi grande que la frappe de Mikkey Dee.

"Dancing In The Moonlight" suivra pour la première fois de la tournée. Depuis les débuts de Mikkey Dee en mai, c’est la première fois que le groupe s’écarte un peu de la "setlist" quasi immuable qui est la leur depuis l’incorporation du métronome de Motörhead. Même à plus de 60 balais, on ose encore prendre quelques risques sur scène. Ca, c’est rock ‘n’ roll.

Plus conventionnel, mais tout aussi efficace, le medley acoustique “Always Somewhere", "Eye Of The Storm", "Send Me An Angel” ravira les fans de ballades. Faut quand même reconnaitre que le combo allemand n’a pas son pareil pour pondre des ballades à pleurer. On y reviendra plus tard, y en aura d’autres des ballades… Qui a dit : « un peu trop, on veut du rock qui tâche bordel ! » ?
 
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Scorpions et le solo de batterie, c’est une grande histoire surtout depuis l’arrivée en 1997 d’un certains James Kottak. Ce gars là était un fou furieux sur scène. Un grand showman. Et son solo de batterie valait son pesant de cacahouètes. Le style était totalement différent de Mikkey Dee qui lui est beaucoup plus en puissance et préfère aller à l’essentiel plutôt qu’emballer tout ça dans de futiles fioritures. Deux styles différents… mais pas moins efficaces. Mis en orbite par un duo avec un percussionniste fou déjà aperçu plus tôt pour la session acoustique, Mikkey Dee nous montre ici pendant quelques minutes l’étendue de son talent et surtout de sa puissance de feu. Idéal pour booster les autres Scorpions qui reviennent en force pour nous assener un terrible "Blackout".

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Rudolph Schenker, fringué comme un rude boy, fan de ska avec rangers, pantalons écossais, fait le boulot. Impossible de dire physiquement que ce gars là a soixante-cinq piges. On lui en donne quarante à tout casser. Pour ce morceau, c’est avec sa traditionnelle Flying V équipée d’un canon à fumée qu’il arpente la scène en faisant moultes pitreries avec Pawel Maciwoda à la basse. Niveau guitare, c’est le feu d’artifice, Schenker et Jabs changent de pelle quasiment à chaque titre. Les guitaristes dans le public en prendront plein les mirettes tout au long du show. En tout cas, ce "Blackout" envoie du bois. Le public reprend en chœur un titre qu’il adore, peut-être le plus important du groupe.

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A partir de ce moment, c’est le feu d’artifice. Les hits s’enchaînent. "Big City Nights" verra Klaus Meine réclamer le soutien du public. Il l’obtiendra sans aucune résistance pour la plus grande satisfaction de tous et pourra s’en aller avec ses acolytes avec la satisfaction du devoir accompli…

Pour mieux revenir nous assener quelques slows. On y revient. Mathias Jabs disait être, suite à "Still Lovin’ You", à l’origine d’un des plus gros baby boom de la fin des eighties. Il n’est pas loin d’avoir raison le bougre. "Still Lovin’ You" sera aussi un grand moment tant le morceau est devenu une institution.

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"Wind Of Change" suivra dans une version se voulant un hommage à la France durement touchée par les attentats ces derniers temps.

Pour finir sur un note un peu plus rebelle, "Rock You Like A Hurricane" clôturera le show après un peu plus d’une heure trente de beaux souvenirs et de belles découvertes pour certains.

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Dernière petite prise de risque, le combo de Hanovre reviendra mettre le couvert  en acoustique, pour la première fois depuis l’ère Mikkey Dee pour nous distiller un "When The Smoke Is Going Down" plein d’émotions.

Ce soir, Scorpions a fait le boulot. Les réactions du public sont pourtant mitigées. Certains attendaient plus de hits, d’autres comparaient avec le dernier passage du groupe en 2007 au même endroit et trouvaient la prestation du soir un peu en dessous. Il est sûr que le poids des ans se fait sentir pour certains. On percevait aussi un début de lassitude chez les fans les plus irréductibles. "Peut-être que je les ai trop vus ?" me lâchait l’un d’eux… Mais pour finir sur une note positive, voir un groupe de cette qualité dans un endroit magnifique et chargé d’histoire comme la cité de Carcassonne, ça reste un moment très agréable… Même à 84 euros ?

 

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