Bejelit – Emerge

Bejelit, nouvelle star du power metal italien ? Certains aimeraient bien le croire, puisque ce groupe fera la première partie sur la tournée européenne de Rhapsody of Fire en compagnie des ainés de Kaledon (eux aussi souvent considérés comme un nouveau Rhapsody potentiel malgré un premier chanteur souvent en mode crécelle - mais cela va bien mieux depuis le changement de vocaliste, nous y reviendrons sûrement un jour puisqu'un nouvel album est en préparation). L'an passé ce fut Vexillum, en mode "grosse découverte" du genre, avec conviction sur scène mais quelques réserves (notamment sonores) en studio. Qu'en est-il donc de ces jeunes premiers ? Hmm... déjà petite rectification, Emerge - nouvel album dont nous causons ici, sorti le 26 mars chez Bakerteam Records - est déjà le quatrième brûlot d'un groupe qui traîne ses guêtres dans l'industrie musicale depuis 12 ans. Sortir ainsi de l'ombre avec une telle promotion, voilà qu'une certaine pression s'installe sur les épaules du quintet originaire de Novara...

On ne la ressent pourtant pas vraiment à l'écoute de cette offrande. Bon, sans surprise il s'agit d'un power speed bien heavy aux arrangements symphoniques plutôt discrets, n'a pas Sascha Paeth qui veut dans ses rangs pour la prod. Un son tout de même globalement équilibré avec un mix correct surtout axé sur une certaine puissance, peut-être au détriment d'autres points - nous y reviendrons. En attendant rien de bien nouveau sous le soleil, il ne nous reste plus qu'à espérer un bel enchaînement d'hymnes pour que ce CD devienne potentiellement remarquable.

Bejelit 2012

Difficile cependant de dégager quelque morceau que ce soit après une première écoute. Une deuxième ne suffisant pas nous plus, installant au contraire une certaine lassitude quelque peu inquiétante... Les ingrédients ont beau être tous là, la mayonnaise colle au fond du saladier et nos oreilles fânent d'impatience au fur et à mesure que le CD avance ses plages. Prenons un exemple, la dénommée "C4", qui se veut pourtant à la base explosive mais qui se transforme en pétard mouillé tant on ne retient rien des riffs ou de la mélodie. Alors oui ça envoie, bien à la suite d'un "The Darkest Hour" quelque peu tonitruant en entrée, mais la saveur manque et on tourne très (très) vite en rond sur les 67 minutes (sic) d'un album bien vite redondant et, comme son timing l'indique, trop long.

Que retenir donc au final ? De gros riffs bien en avant, une batterie souvent trop forte mais qui tient bien le rythme, comme si cette formation avait puisé sa source dans le thrash ou plus certainement du côté de Judas Priest. L'influence la plus marquante ne se trouve d'ailleurs pas au niveau de Rhapsody ou autres formations locales (même si un certain parallèle peut être trouvé avec Secret Sphere par moments - la présence de son nouveau guitariste depuis 2009 Marco Pastorino n'y est sûrement pas étrangère), mais plus du côté finlandais avec le côté speed de Stratovarius mais, surtout, une touche Sonata Arctica des plus flagrantes. Des morceaux comme "Don't Know What You Need" ou "Fairy Gates" lancent des joutes que n'auraient pas reniées Tony Kakko et ses amis, le chanteur Fabio (tiens donc ^^) Privitera adoptant un timbre parfois très proche du chanteur finlandais. Citons aussi l'étrange-qui-tourne-en-rond "Dancerous" (et son solo accordéon sorti de nulle part) qui aurait eu sa place (en B-side) sur Unia (comme "Deep Water" et ses 11 minutes pas loin d'être imbuvables malgré de bons passages instrumentaux), sans oublier le très étonnante mid tempo "To Forget and to Forgive" où l'ont croirait littéralement assister à un guest de Tony.

Mais voilà, Fabio n'est ni Kakko, ni... Fabio (le vrai, le grand, l'unique Lione). Plus efficace sur un ton heavy thrash, il force sa voix medium de trop et n'utilise pas suffisant un timbre opératique qui semble pourtant prometteur même si à la limite d'une certaine justesse (comme c'est dur par moments sur l'intitulée "The Defending Dreams Battle (Aruna's Gateway)"). En fait, à la longue et à l'image de la musique, il nous ennuie car ne varie que bien peu - la faute à des mélodies vocales quelques peu éculées et plutôt plates, sans grande inspiration. Le titre éponyme "Emerge" ne propose par exemple pratiquement rien à ce niveau alors qu'il y avait largement la place pour nous éblouir - là encore nous retenons juste ces arrangements/choeurs à la Sonata sur du riffage bien "in your face". Mais rien, absolument rien, de transcendant. Sans compter ce final en mode ballade acoustique d'assez mauvais goût au niveau vocal... mais bon passons, oublions et pardonnons.

Rien de positif alors ? Bof, je ne veux point être méchant, il y a quelques idées sympathiques ici ou là mais jamais développées à l'extrême, ce qui rend le tout encore plus frustrant. Un exemple avec "Triskelion" et son intro folk bien amenée, on se croirait presque revenu aux belles heures de Spellblast (groupe italien là aussi qui avait sorti un superbe album, Horns of Silence en 2007, avant de s'écrouler avec le suivant) - tout va bien jusqu'à ce break inutile des plus désagréable amené bizarrement sur fond de batterie électronique et au chant totalement à côté. Why? Tell me why...

Vous l'aurez sans doute compris, Bejelit aura du mal à émerger avec ce nouvel opus. Malgré les efforts et une envie certaine de bien faire, il manque une certaine touche personnelle (accumuler les influences pêle-mêle ne suffit pas) mais surtout une subtilité accrue ainsi qu'une meilleure cohérence de l'ensemble afin de faire cette formation la relève du power metal transalpin. Nous aurions pu trouver des excuses au niveau de l'inexpérience s'il s'agissait ici d'un combo débutant, mais ce n'est pas le cas, alors soyons un peu sévère même si nous ne sommes pas là les condamner - loin de là. Il ne leur reste plus qu'à convaincre en live en première partie des légendes du power symphonique local. L'occasion de briller et de nous clouer le bec, on l'espère pour eux. On verra bien par exemple le 8 avril prochain à Paris...

Note : 5.5/10
 

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NOTE DE L'AUTEUR : 5 / 10



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