Helmet – Dead To The World

Pour son quatrième album depuis un retour amorcé en 2004, Helmet applique une fois  de plus la recette « riff, couplet, refrain » de façon soignée mais sans grande folie. Le  groupe culte de metal alternatif est désormais loin de la rage innovante et bruitiste des  débuts, Dead To The World en est une preuve supplémentaire.

Page Hamilton, avec son look de touriste allemand venu faire du surf sur la côte Ouest des  États-Unis, le gars ne paie pas de mine au premier abord. Et pourtant le monsieur possède un sacré CV : le musicien diplômé de la prestigieuse  Manhattan School of Music a commencé à exercer comme guitariste de jazz dans les années  quatre-vingt avant de rejoindre le groupe culte de noise Band Of Susans avec lequel il a  enregistré un album. Hamilton a aussi collaboré avec le compositeur d'avant-garde, et icône  du mouvement no wave, Glenn Branca.

De plus celui qui semble partager la même collection de shorts et bermudas qu'Henry  Rollins compose de nombreuses bandes originales de films. Pas un débutant donc. Mais Page Hamilton est aussi connu pour avoir accouché d'un monstre en 1989 : Helmet

D'abord rattaché à la scène noise rock new-yorkaise, et en cela Strap It On premier effort  sorti en 1990 comporte quelques dissonances qui n'auraient pas dépareillées sur un disque de Sonic Youth, Helmet a parfois aussi flirté avec la colère du  hardcore. Il a aussi  imposé un  style simple et efficace : du riff monolithique mais dégraissé des clichés cloutés du metal  et une section rythmique carrée comme un bulldozer  mais qui groove comme le meilleur du  post-punk et un chant alternant colère et aspirations plus mélodiques.

Fort de deux succès dans les années quatre-vingt-dix : Meantime sorti en 1992 et Betty qui  verra le jour deux ans plus tard, le groupe a interrompu sa carrière en 1997. Cette séparation  laissa le temps à Hamilton d'accompagner David Bowie comme guitariste de tournée, rien  que ça,  avant que les choses finalement ne reprennent en 2004.

Page Hamilton est considéré par certains musicologues  comme le guitariste de metal le plus  original des années quatre-vingt-dix et Helmet, par la force des choses, est devenu un des  représentants les plus emblématiques de ce que l'on appelle le metal alternatif. À ce  propos... Hardcore ? Post-core ? Metal Alternatif ? On a jamais vraiment su comment classer  le groupe de New York,  Jim Farber le célèbre critique musical du New York Daily News  décrit Helmet comme un formation de « smart rock ». Page Hamilton quant à lui sur son site  personnel définit son bébé comme un groupe... de hard rock. Tout simplement.

Avouons-le : les albums sortis depuis le retour aux affaires de 2004 déclinent un peu  toujours la même recette et sont plutôt loin de l'expérimentation bruitiste ou de la rage  présentes aux débuts. Une évolution que nous pourrions comparer à celle suivie par AC/DC, groupe dont Page Hamilton est fan justement, partageant avec les Australiens l'obsession  des riffs carrés tournant en continu.

Il a fallu donc attendre six ans entre Seeing Eye Dog (peut-être leur meilleur disque post- 1997) et la sortie de Dead To The World disponible depuis le 28 octobre 2016 sur EarMusic. Et autant le dire ce nouvel album ne présente aucune surprise une fois de plus.

Dead To The World n'est ni mauvais, ni très bon, il se laisse écouter dans l'ensemble mais  pour être franc s'il était sorti sans le nom Helmet écrit dessus nous aurions parfois du mal à  croire qu'il s'agit du même groupe qui a pondu le pavé MeantimeHelmet dans un sens est devenu mainstream, pas de risque cependant qu'il concurrence Metallica dans la course à la popularité car le groupe semble encore conserver une certaine  attitude « alternative », mais la colère et la puissance des débuts se sont estompées pour  laisser place à une musique plus lisse et policée.

Du gros riff on en trouve sur ce nouvel enregistrement, « Red Scare » et « Die Alone » par  exemple peuvent prétendre au concours de décrochage des cervicales tandis qu'avec  « Drunk In The Afternoon » nous nous croyons revenus à l'époque Meantime avec  cependant un refrain évoquant plutôt l'ère Betty.

Pour le reste Page Hamilton et ses musiciens œuvrent plutôt depuis une dizaine d'années  dans un metal aux accents popisants plutôt bien ficelé mais assez inoffensif en revanche. Les refrains et mélodies sont efficaces, que ce soit sur « Life Or Death » (morceau que l'on  retrouve aussi dans une version lente et convaincante en fin d'album) où l'on a l'étrange  sensation d'entendre du Green Day.  Et dans la plupart des autres pistes on sent la volonté de soigner l'emballage mélodique. Parfois cela donne de belles et surprenantes choses comme « Bad News », un titre pop à consonances psychédéliques qui évoque les Beatles version grosses guitares ou The Posies et qui possède des mélodies vocales très réussies.

« I Love My Guru » verse aussi dans le pop metal mais possède un côté rageur que l'on  pouvait encore retrouver sur Aftertaste, dernier disque sorti avant le split de 1997. Nous  pensons aussi à cet album sur « Red Scare » avec son riff répété et son refrain réussi.

Il  y a aussi des pistes plus riches en ambiances comme « Dead To The World », dont la  rythmique carrée n'est pas non plus déplaisante, ou la fin de « Drunk In The Afternoon »  avec ses collages sonores qui apparaît comme une idée bienvenue.

Page Hamilton exprime encore de la colère par moments et étrangement lorsqu'il pousse sa  voix nous croirions entendre Billy Corgan comme sur les convaincants « Expect The  World » et « Die Alone » qui sonnent presque comme Smashing Pumpkins dans ses moments les plus énervés.

Une des réussites de Dead To The World cependant est « Look Alive », un titre lent au  rythme un peu martial qui possède  beaucoup de feeling et un solo de guitare soigné. Il faut aussi signaler les deux reprises, une tradition chez Helmet,  « Green Shirt » un  morceau d'Elvis Costello et « Move On » (présente sur l'édition limitée de l'album)  composition de David Bowie, hommage logique, tout à fait convaincantes et qui  prouvent  que le groupe new-yorkais maîtrise bien cet exercice.

Que penser finalement de ce Dead To The World ? Il pourra plaire aux curieux qui  voudraient  commencer leur découverte de Helmet par un versant pas trop agressif, les  autres attendront encore le retour du bulldozer écrasant tout sur son passage.
Espérons cependant ne pas avoir à dire Dead To Helmet un jour...

Liste des titres :
1. « Life Or Death »
2. « I Love My Guru »
3. « Bad News »
4. « Red Scare »
5. « Dead To The World »
6. « Green Shirt »
7. « Expect The World »
8. « Die Alone »
9. « Drunk In The Afternoon »
10. « Look Alive »
11. « Life Or Death (Slow) »
12. « Move On » (bonus track )

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NOTE DE L'AUTEUR : 6 / 10



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