Interview avec Pete Loeffler, chanteur et guitariste de Chevelle


" Tous les jours, je me plante sur scène et à chaque fois je dis à mon frère qui est à la batterie « je t'avais dit qu'il nous fallait un guitariste ! » "

Nous avons eu la chance de rencontrer Pete Loeffler, chanteur et guitariste de Chevelle, lors de leur passage à Paris pour une date à l'AccorHotels Arena en compagnie de Disturbed et Avenged Sevenfold. L'occasion de revenir sur leur dernier album en date, The North Corridor, ainsi que sur la carrière du groupe, ses influences et ses prochains projets !

Merci Pete de nous accorder cette interview. Comment se passe votre tournée avec Disturbed et Avenged Sevenfold ?

Pete : Ça se passe bien, ça fait trois semaines que nous sommes sur les routes et nous avons encore une semaine à faire. On se connait, donc c'est assez sympa de voyager partout avec ces types qu'on considère comme nos amis maintenant !

Parlons un peu de The North Corridor. Ce dernier album est plus puissant et agressif que les précédents.

Oui, en effet. C'est vraiment dû à une énergie qu'on avait besoin d'expulser. Quand on commence à aller dans une direction, on y va à fond. Chaque album est un peu différent du précédent car on joue tout simplement ce qu'on ressent et en espérant à chaque fois que ça plaise au public. Mais le principal, c'est de se donner à fond afin de rester fidèles à nous-mêmes. En plus, jouer des morceaux aussi puissants, en live, c'est vraiment ce qu'il y a de meilleur !

Au niveau des paroles que tu écris, il y a souvent un aspect très négatif et sombre. De quoi t'inspires-tu ?

Je m'inspire de tout ce qui m'entoure, tout ce qu'il peut y avoir autour de moi. J'essaye de ne pas trop parler des médias, de l'actualité, car je ne veux pas réellement de ce genre de négativité. Je ne veux pas devenir trop politique, on essaye vraiment de faire en sorte que les gens soient dans un bon état d'esprit, qu'ils se vident la tête avec notre musique. J'aime parler de choses qui me passionnent, auxquelles je m’intéresse au quotidien, comme les films d'horreur par exemple. Ou en rapport avec d'autres expériences que j'ai pu avoir. J'essaye de ne plus être trop sérieux, comme je pouvais l'être auparavant. Lorsque j'avais la vingtaine, j'avais tendance à me prendre très au sérieux sur le plan musical. Maintenant, j'ai appris au fil des années à prendre du recul sur certaines choses pour ne plus être comme ça.
 

chevelle, pete loeffler, 2016, the north corridor


Du coup, tu ne penses que les récents évènements politiques aux États-Unis pourraient influencer vos prochains morceaux ?

Je ne peux pas dire que cela ne nous influencera pas. Il y a une division dans le pays, ça divise les familles, il y a une problématique et un aspect négatif qui pourrait se ressentir dans notre musique, effectivement. Pourtant, comme je le disais, j'essaye le plus possible de rester éloigné de tout cela. Mais c'est une bonne question.

Sur ce dernier album, il y a des parties un peu plus expérimentales, comme «  Shot from a Cannon », un morceau de huit minutes. Est-ce que tu souhaites faire plus de composition de ce type à l'avenir ?

Oui je pense qu'on va s'orienter vers cela pour le prochain album. Ce qu'on a fait par le passé c'est de commencer à écrire en se concentrant d'abord sur le refrain que l'on veut toujours plus fort que le reste, vu que c'est ce qui doit ressortir du morceau. Mais on va essayer de faire les choses différemment pour nos prochaines compositions, nous allons tester de nouvelles choses. Par exemple, je vais essayer d'écrire des morceaux sans paroles, comme ça je n'aurai pas à me focaliser là-dessus, je n'aurai qu'à me concentrer sur la musique. Et ensuite, je pourrai travailler sur les paroles du morceaux.

Vous faites évoluer vos méthodes de composition, mais est-ce que vous essayez également d'expérimenter de nouvelles choses au niveau du matériel que vous utilisez, et de travailler votre son en studio ?

Oui on essaye de tester pas mal de choses au niveau du matériel. Ça fait trois fois qu'on travaille avec Joe Barresi, notre producteur, il a une collection d'amplis et d'instruments qu'il met à notre disposition. Ça nous permet de tester. Il a aussi des boîtes pleines d'instruments qui viennent de partout dans le monde, des maracas ou autres. On a essayé de faire évoluer notre son, d'ajouter des accents un peu espagnols sur certaines lignes de guitare. Je pense que c'est important de tester de nouvelles sonorités. Ça nous permet également d'avoir un son nouveau qui contraste avec toute l'agressivité et la lourdeur de nos compositions. C'est ce qu'on a voulu faire sur « Rivers », c'est un morceau au son lourd et puissant, mais il y a pas mal de contrastes grâce à la guitare.

Vous essayez aussi de faire évoluer vos compositions en live ?

Oui on essaye de faire durer les morceaux au maximum, notamment en prolongeant les ponts, ce genre de choses. C'est plus fun pour tout le monde, autant pour nous que pour le public. Le public connait les morceaux, mais on peut le surprendre avec quelques arrangements. Donc oui, c'est quelque chose qu'on apprécie.

Ça fait maintenant vingt ans que le groupe existe. Est-ce que le Chevelle des débuts est le même que Chevelle en 2017 ?

Pas tout à fait, on a pas mal évolué, on a tenté de devenir vraiment plus metal et d'adopter un son plus lourd. On a naturellement évolué de cette façon. On a commencé à un certain point, on a dévié vers quelque chose d'autre, on a eu des morceaux populaires, qui sont passés en radio. On se soucie de moins en moins de ça, et on continue d'aller vers un son et un esprit plus metal.

Vous avez toujours été en trio, pourtant vous semblez vouloir adopter un son plus puissant désormais. Est-ce que vous pensez embaucher un nouveau guitariste un de ces jours ?

J'y pense oui, tout le temps (rires) ! Tous les jours, je me plante sur scène et à chaque fois je dis à mon frère qui est à la batterie « je t'avais dit qu'il nous fallait un guitariste ! » J'adore jouer de la guitare et chanter, je ne sais pas ce que ça signifierait vraiment pour le groupe, mais ce serait vraiment super pour moi de simplement pouvoir me concentrer sur la voix, surtout en live ! On en parle, plusieurs fois par an... On a encore jamais testé, je pense que ce serait vraiment étrange pour nous d'essayer cette configuration. Ce serait différent, je ne sais pas comment fonctionnerait la dynamique, à quatre, mais j'aimerais bien essayer.

Si tu devais choisir un morceau qui représente vraiment ce qu'est devenu Chevelle aujourd'hui, ce serait lequel ?

Je sais qu'il y a beaucoup de sujets qui me tiennent à cœur sur cet album, un des morceaux que j'adore mais qu'on n'a jamais joué en live c'est « Enemies ». C'est à propos d'internet et de la façon dont les gens se fient aux informations qu'ils y trouvent, alors qu'ils sont parfois orientés vers de fausses informations et peuvent être manipulés. C'est assez frappant, notamment avec Wikipédia, on ne peut pas toujours croire tout ce qu'on lit. C'est ce qu'explique ce morceau et c'est une problématique qui me tient à coeur. Mais si je dois citer un morceau qui résume parfaitement ce que nous faisons aujourd'hui... C'est dur (rires). Allez, ce serait certainement « Door to Door Cannibals ». C'est dans le Top 10 aux États-Unis et je trouve qu'il résume vraiment ce que nous faisons.

Parlons un peu du clip « Door to Door Cannibals » justement, ce n'est pas le genre de vidéo que vous êtes habitués à faire. D'où vient cette envie, qui s'est occupé du scénario ?

Oui, on n'avait pas sorti de vidéo depuis un bon moment, on avait été assez déçu par le passé car les clips n'étaient finalement pas comme nous les espérions. Finalement avec « Door to Door Cannibals », on avait l'impression que ce morceau avait besoin d'un clip, et on a eu un bon concept. On s'est inspiré d'un très bon film, 12 Monkeys, avec Brad Pitt. Il y a beaucoup de personnages décalés, fous, et on voulait réutiliser cet aspect pour un clip. On a dû faire pas mal de choses par nous-mêmes, on a dû jouer dedans également. J'ai d'ailleurs adoré ça. C'était marrant, très cool à faire, mais il y a aussi tout cet aspect un peu sombre qui correspond très bien à l'esprit du morceau.

C'était vraiment un choix de vous improviser acteurs pour ce clip ?

Oui on voulait le faire, on n'avait pas fait de clips depuis un long moment, on voulait marquer le coup et vraiment apparaître dans celui-ci.

J'ai cru comprendre que tu étais un fan de films d'horreur. Quels sont tes films fétiches ?

Oui complètement. J'aime beaucoup Shining, toute la saga Alien et les films d'Eli Roth. D'ailleurs j'adore son tout dernier film, Clown, il est vraiment prenant !

Certains films t'inspirent lorsque tu écris des morceaux ?

Oui, évidemment. On était allé voir tous ensemble le film The Witch, et on avait adoré. On a d'ailleurs demandé si on pouvait utiliser l'ombre de Black Phillip pour la pochette de notre album. C'est donc lui sur la pochette de The North Corridor. Donc ça nous influence jusque-là. Ce qui est cool avec The North Corridor, c'est qu'il y a deux pochettes différentes. La version normale et la version avec les bonus. La photo figurant sur la version avec les bonus a été prise chez moi, il s'agit d'une photo de mon fils dans notre couloir. Je ne sais pas ce qu'il regardait, mais j'ai eu envie de le prendre en photo... C'est l'histoire de cette pochette. Mais c'est marrant d'en avoir deux différentes.

Maintenant que The North Corridor est sorti, quels sont les projets pour Chevelle ?

Nous avons une tournée prévue encore, mais nous commencerons certainement dans quelques mois à travailler sur de nouveaux morceaux. On va faire pas mal de dates aux Etats-Unis, et on espère revenir en France rapidement. Si tout ce passe bien, il se pourrait qu'on soit de retour en automne pour un concert en tête d'affiche cette fois-ci.

Une dernière question pour terminer cette interview : si tu devais choisir deux albums qui ont changé ta vie, lesquels choisirais-tu ? ?

Je dirais Led Zeppelin, Houses of the Holy. Et pour le second... c'est une très bonne question, mais c'est très dur ! Allez, Vulgar Display of Power de Pantera. Ça représente deux parties très différentes de ma vie.

Merci beaucoup Pete pour cette interview. Un dernier mot pour nos lecteurs ?

Nous sommes très heureux de venir en France, nous aimons nos fans français. C'est un challenge pour nous de venir jouer ici, mais nous avons envie de revenir. Donc on espère que vous allez bien vouloir de nous !

 

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