Driver – Countdown

Driver tient la route !

Il est de ces albums pas évident à chroniquer où on se demande bien comment on va pouvoir justifier un jugement quelque peu banal, sachant qu'on peut les apprécier, qu'ils voguent tout seul sur cette sensation de plaisir sobre qui effleure nos oreilles à quelques moments perdus, sans pour autant ne pas révéler quelques maladresses ou pseudo-médiocrités qui ont cependant tendance à se masquer d'elles-mêmes lorsqu'on se laisse aller. Cela devient compliqué, à peu près autant que de suivre le raisonnemenet biscornu de ce début d'introduction, mais peu importe... Tout cela pour dire que ce deuxième album studio du groupe heavy américain Driver rentre dans cette catégorie. Fort attachant, offrant quelques belles fulgurances qui restent en tête, mais qui ne révolutionne en rien le genre et n'évite pas certains clichés/éceuils.

Deuxième opus studio intitulé Coundown et une sortie le 25 mai 2012 pour une formation existante depuis 1989, certains pourraient crier au scandale, au crime de paresse ultime, mais il faut savoir que la carrière de Driver a véritablement redémarré en 2007 - elle qui n'était faite que de démos ou EP jusque là sur une simple année bien vite avortée. Il s'agit d'un combo donc refondé qui rénuit une crème bien huilée de musiciens reconnus outre-Atlantique et même au-delà. Il faut savoir qu'à la base Driver a été crée par deux artistes ayant connu depuis diverses gloires dans d'autres projets : Rob Rock, chanteur floridien à la voix acidulée qui a fait les beaux jours de Axel Rudi Pell ou Impellitteri - passant même par la case Avantasia au détour d'une carrière solo assez riche, et le guitariste Roy Z qui s'est fourvoyé - excusez du peu - de participations exemplaires, que ce soit en tant que gratteux-compositeur ou producteur, dans les projets solo de Bruce Dickinson et Rob Halford, soit les deux dieux vivants du chant heavy britannique. Il y a 5 ans, les deux hommes décidèrent donc de revenir à leurs premières amours, et le moins que l'on puisse dire c'est qu'ils ne semblent pas véritablement avoir quitté les années 90.

Marty McFly et son fidèle Doc sont formels : il s'agit bel et bien d'un opus 2012 qui aurait fort pu sortir à l'époque glorieuse (ou pas tant que ça finalement) des années heavy 90, avec cette touche d'années 80 qu'il faut pour saluer les aînés (Van Halen, Europe, Scorpions - tout ce que vous voulez, le style s'y prête parfaitement) mais également cette pointe d'énergie palpable d'une jeunesse pas si oubliée que cela. Un son qui ne va jamais dans la surenchère donc, assez brut, qui colle bien aux derniers travaux de prod de l'ami guitariste. En cela, un Tyranny of Souls de Bruce Dickinson offrira la parfaite comparaison, tant le mix et le son semblent proches de cet esprit.

Niveau compositions et jeu tout terrain, le duo amical s'entoure de quelques amis rencontrés au fil des années, du batteur Reynold "Butch" Carlson (ex-Impellitteri et Rob Rock en solo) au claviériste Ed Roth (lui aussi dans Impellitteri, apparu même en live aux côtés de Fates Warning). Quant à la basse, elle est tenue par le peu connu Aaron Samson, qui a débuté dans les années 80 au sein du groupe heavy glam Odin aux côtés des frères Duncan (qui pour l'un, Jeff, a atterri ensuite dans Armored Saint). Sans transition, confirmons une certaine chose : les deux vétérans (ou quasi-vétérans, n'abusons pas non plus, après tout ils n'ont que la quarantaine) savent y faire et flirtent avec les hymnes du genre. Un "Hollywood Shooting Star" vous chatouillera ainsi agréablement les tympans avec une agressivité speed de riff qui se marie parfaitement au timbre criard (mais pas trop) d'un Rob Rock qui sait jouer avec nos nerfs en titillant quelques fausses notes sans jamais les atteindre (ouf). En une écoute, son refrain pénètre votre esprit, et vous saurez très vite qu'il s'agit là du tube "easy listening" de l'album, sans le moindre doute.

Les clichés ont la peau dure et la bande basée en Californie n'échappe pas foncièrement à la règle. Parfois c'est assez dérangeant comme sur ce (trop long) "Thief in the Night" assez moyen qui plombe un peu l'album en son centre, parfois cela fonctionne bien comme sur "Destiny", aux paroles mièvres ("I've been chosen from above, now you're the one I'm thinking of... IT'S TRUE!") dont on ne sait pas véritablement si elles se destinent à une fille ou à Dieu lui-même. Allez savoir, le ressenti chrétien semble tout de même fort, et chacun sait (ou alors vous l'apprends-je ?) que Rob et Roy sont deux croyants accomplis. Driver, du metal chrétien ? Il semblerait bien, même si la propagande du genre ne semble pas ici évidente, certains titres de chansons comme "Return to the Sky", "Rising Son" ou "Always on My Mind" (une ballade aux paroles qui ne laissent que peu de doute pour le coup) semblent pencher dans ce sens. Ma foi, le parallèle avec Stryper sur quelques touches mélodiques - jusque dans les intonations de Mr. Rock rappelant un brin Michael Sweet, pourrait encore plus souligner ce point. Est-ce dérangeant ? Certains trouveront que oui, d'autres non, mais rassurez-vous rien ne dégouline non plus de façon ouvertement assumée, cela reste typé heavy "direct dans ta gueule" et ce n'est de toute façon pas sur les paroles que ce Countdown se démarquera.

Rob Rock Roy Z / Driver

On me dit dans l'oreillette qu'il s'agit d'ailleurs d'une sortie Metal Heaven... à partir de là, le postulat évoqué dans le paragraphe précédent se vérifie, et les quelques influences AOR/Hard Rock prennent également leur sens tant ce label est à la base destiné aux formations du genre - ouvrant son pannel "metal" avec cette sous-division (oui, c'est AOR Heaven surtout, faut pas croire). Cependant c'est en majeure partie l'agressivité qui prime, souvent le temps d'introductions et de riffs soutenus qui ne laissent que peu de répit aux six cordes de Roy Z. "Countdown" en est le parfait exemple, même si les choeurs de son refrain renvoient typiquement à ces années 80 glorieuses, où le glam venait envahir la planète. Un peu comme si le Kiss version Lick It Up venait s'accoupler avec un W.A.S.P. des plus hargneux, la part belle étant fête à la mélodie qui agit comme une drogue directement assénée au cerveau.

Vous l'aurez compris, la force de Driver réside en ses deux leaders, sa capacité mélodique à sublimer des guitare bien variées (de l'aérien comme sur les premières notes du disque très Maidieniennes au plus plombé évoqué tantôt dans une violence qui ne vise jamais le thrash mais ne renie pas quelques influences plus lourdes - en celà "Rising Son" offre une alternative intéressante, plongeant l'auditeur dans une atmosphère Black Sabbath - plus époque Tony Martin au chant - avec une touche de Rainbow pour les ambiances au clavier) d'un virtuose discret qui n'en fait pas non plus des caisses (les démonstrations sur les soli seront plutôt contenues), mais également dans le soin apporté à des lignes vocales certes pas ultra recherchées mais diaboliquement efficaces - réhaussées de quelques back à la tierse supérieure des plus conventionnels. Il n'y a que le manque d'ambition et une certaine "décontraction" parfois laxiste sur quelques moments dispensables que l'on pourra reprocher aux américains. Tout cela s'écoute plutôt sans mal et passe plutôt bien dans la voiture... normal, il s'agit d'un CD fait pour le Driver ! (*quelle moche conclusion je vous fais là, bouh*)

A conseiller pour les fans de vieux heavy AOR-asceptisé, pour les autre svous pouvez certainement passer votre chemin... à moins que votre âme guillerette ne vous pousse à tenter l'expérience ?

 

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NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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