Bokassa – Divide & Conquer

Il y a quelques semaines sortait le premier album long-format des punk / hardcore / métalleux norvégiens de Bokassa. Quoique long, c'est vite dit : si on enlève les deux minutes d'intro, on dépasse à peine la demi-heure. Maintenant, quitte à sortir un brûlot sans concession, autant se concentrer sur l'efficacité. Parce que ça gueule.

On pense à un The Bronx en moins punk et plus metal. On retrouve en effet des parties de guitare typiques du genre, qui offrent un peu de mélodie supplémentaire (pas de doute, les groupes d'Europe du Nord ont ça dans le sang) aux huits uppercuts qui constituent cette galette. Ce n'est pas parce qu'on parle d'un soupçon de mélodie que les titres en sortent ramollis : Divide & Conquer ne fait pas de quartiers, mais les musiciens ont eu le bon goût de saupoudrer leur sauvagerie de changements de rythmes, de mélodies à la guitare, qui rendent le tout parfaitement digeste, sans pour autant perdre en sauvagerie.


the bronx, norvège, walker


La brutalité non stop, pied au plancher du début à la fin, a certes ses clients, mais elle peut s'avérer terriblement lassante. Reign in Blood a plus de trente ans, on sait désormais parfaitement bien ce qu'est la violence musicale, donc à moins de proposer quelques respirations, ou de bénéficier d'une rage de vaincre particulièrement palpable (ou les deux), c'est la lassitude qui pointera le bout de son nez. C'est également l'appréhension qui peut se saisir de l'auditeur quand il entame son écoute de l'album.  Mais non. Bokassa est certes un jeune groupe, mais ne venez pas me faire croire que ses musiciens sont des débutants. 

Les tappings de "Last night" ne cherchent pas à épater la galerie, mais offrent le petit plus qui permet à la compo de tout détruire sur son passage jusqu'à une outro lourde qui ralentit la cadence avant d'envoyer le single "Walker Texas Ranger", et son petit solo bien rock'n roll. Si en plus le groupe est capable d'envoyer des gros refrains, des mid-tempos, voire d'émotion ("Genocidal"), si les musiciens sont très capables, bénéficient d'un gros son bien gras et d'un sens de l'humour certain ("All Filler, No Killer"), le bilan est tout simplement que Bokassa bénéficie d'un arsenal complet pour s'imposer.

 


 


Aussi jouissif soit-il, ce Divide & Conquer peut prêter à remarque (notez bien qu'on a dit remarque, pas défaut). Ce style de musique, s'il peut faire preuve d'un peu plus de diversité qu'on ne pourrait le supposer au premier abord, repose avant tout sur le feeling, sur la conviction intime des musiciens à l'instant T, sur leur complicité, l'état d'esprit, l'alchimie... que l'auditeur pourra sentir à l'écoute du disque. Les riffs ne sont pas plus complexes, mieux foutus, les progrès instrumentaux ne sont pas en cause, c'est juste que parce que le groupe va bien, il parviendra à sortir ses tripes et à les coucher sur bandes. Or, cela demande de l'expérience et du vécu. Ce premier album de Bokassa ne manque de rien de tout ça, mais il y a clairement une marge de manoeuvre encore présente : malgré le format très court, arrivé à "Here goes nothing", la musique du groupe n'a plus le même impact.


Fort heurseusement, "Retaliation", à peine 1'15 au compteur, et le dernier titre "Stoner Anthem", qui porte bien son nom, concluent de belle manière. On peut donc affirmer que Bokassa fait déjà forte impression, et que l'on espère encore mieux à l'avenir, à savoir un album qui parvient à maintenir l'intensité tout du long.

7,5 / 10
 

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NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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