Deftones (+ Skyharbor) à  l’Olympia de Paris (03.05.2017)

La veille de ses deux concerts prévus à l’Olympia les 2 et 3 mai derniers, on a craint que Deftones n'annule tout simplement. Chino Moreno s’étant blessé au pied quelques jours auparavant sur scène en Allemagne, on s’est imaginé le voir en fauteuil roulant sur scène (comme Dave Grohl et Axl Rose dans un passé récent) ou ne pas les voir du tout. Heureusement, ce ne fut pas le cas. Les deux shows, leurs premiers à l’Olympia, ont été maintenus pour notre plus grand plaisir. Les Américains originaires de Sacramento sont en tournée depuis un an pour défendre leur huitième album, le mitigé Gore. Après une prestation plutôt décevante en juin dernier lors de la première édition du Download festival en France, on espérait vivement les retrouver à la hauteur de leur immense carrière qui dure depuis plus de vingt ans. Avec un chanteur boitillant et un groupe connu pour passer parfois à travers avec des concerts poussifs, on avait très envie de vivre un moment exceptionnel comme ils sont capables de nous offrir également. Les pères fondateurs du nu-metal avec Korn vont il être à la hauteur de nos attentes?


 


SKYHARBOR


En ce mercredi 3 mai, on est rassuré : la veille, Deftones a bien joué pour son premier Olympia, le concert était complet et Chino a pu tenir sa place en étant debout. Il porte juste une sandale spéciale avec un gros plâtre en mousse qui lui permet d’avoir le pied gauche aéré. Notre Chino sera donc juste estropié et en pleine forme. Il est 20h15, l’Olympia est encore bien clairsemé. Le groupe de première partie, SkyHarbor, prend place sur scène et c’est parti pour trente-cinq minutes de musique progressive au parfum metal et instrumental. Décidément, le sort s’acharne. Certes, Chino et les Deftones seront bien là mais c’est le chanteur de Skyharbor qui a perdu sa voix la veille. Ceux du 2 mai ont pu voir la formation au complet et pour nous ce soir, le concert se déroulera sans la présence d’Eric Emery, le chanteur. C’est donc à quatre et non à cinq que le groupe va jouer. Pas de chant, juste leur musique et c’est dans cette configuration qu’on les retrouve : Keshav Dhar et Devesh Dayal aux guitares, Krishna Jhaveri à la basse et Aditya Ashok (batterie) vont donc s’offrir un exercice de style. Les Américains originaires de l’Inde vont réussir à nous séduire un peu même si le chant manque forcément. C’est quelque peu linéaire mais ça joue malgré tout fort bien. Skyharbor balance des titres assez longs dans la veine de ce qu’on peut entendre du côté de Karnivool   ou   d’Oceansize. Les frappes du batteur sont bien lourdes, le son de la basse est énorme et les riffs de guitare sont tranchants et musclés. On apprécie même s’il nous manquera forcément le chant qui aurait donné beaucoup plus de force et de saveur à leurs compositions.

 

DEFTONES
 

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La salle s’est bien remplie maintenant, le concert étant pratiquement complet ce soir. La fosse est bien pleine et le public chaud bouillant. On attend 25 longues minutes puis à 21h15, Deftones est dans la place. On retrouve Chino Moreno comme prévu et presque valide, Stephen Carpenter (guitare)  à gauche, Frank Delgado aux platines, Abe Cunningham à la batterie et le blond permanenté Sergio Vega à la basse tout à droite. Avec ce dernier, on aura, capillairement parlant, tout vu par le passé : du rose, du bleu, du vert...Mais l’ex-membre du groupe de post-hardcore Quicksand est surtout un grand bassiste qui a remplacé en 2009 le regretté Chi Cheng victime d’un très grave accident de voiture en novembre 2008 et décédé finalement en avril 2013. 

 

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Le concert démarre par l’archi classique et toujours monstrueux "Feiticeira" extrait d’un de leurs meilleurs albums, White Pony sorti en 2000, il y a déjà 17 ans. Puis Deftones enchaîne sur trois énormes morceaux d’un autre fantastique album Around the Fur. C’est tout simplement "My Own Summer (Shove It)" , "Lhabia" et "Around the Fur" qu’on recevra en offrande et l’Olympia va en tomber ivre de bonheur.  Au niveau  des lumières, c’est parfait et la scène, la salle et la musique sont bien mises en valeur. Par contre, le gros point noir qui sera valable malheureusement tout le long des 90 minutes et les 19 titres balancés ce soir, c’est ce trop fort voire un peu dégueulasse. La basse est trop mixée et l’ensemble est un peu noyé. Ce qui fait qu’on n’arrive pas forcément immédiatement à reconnaître certains titres que l’on connaît pourtant par coeur. Heureusement, le groupe est en forme et Chino chante très bien ce soir.

 

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Vu qu’il ne peut sauter partout, il se concentre sur son chant mais il arrive quand même à bouger, à sautiller et il monte souvent sur sa petite estrade fluo pour hurler ou rapper et ça, on ne peut qu'aimer. Au milieu du set, Chino Moreno va proposer à ses fans  de faire un petit circle-pit mais qui ne prendra pas vraiment. Par contre, ça bouge pas mal en fosse mais on a connu largement plus intensif par le passé. Les fans des Deftones ont vieilli, comme le groupe d’ailleurs, et la majorité d’entre nous ont plus de trente ans voire plus de quarante balais. On s’économise un peu car le son est déjà bien trop dense. Frank Delgado (clavier) est de moins en moins sonorisé  et on peine à entendre son apport en live. Son jeu manque de folie mais les réglages du son, des divers instruments n’aident évidemment pas à le mettre vraiment en valeur et c’est bien dommage.  Abe Cunningham à la batterie est comme à son habitude un peu à la ramasse par moments mais il tient malgré tout le rythme et il reste un excellent batteur même si...

 

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Stephen Carpenter, quant à lui, est égal à lui-même : discret et non souriant. Mais au moins, il est plus concerné et appliqué qu’au Download Festival où il avait pêché à tous les niveaux. Sergio Vega est à bloc, il aide Chino parfois au chant et c’est, comme à son habitude, l'un des plus remuants. Dommage encore une fois que sa basse sature et noie un peu l’ensemble comme nous l'évoquions précédemment. La fin du concert approche à grand pas. On va finir par un rappel  intense et très excitant.  "Minerva" va nous faire planer et on terminera par deux brulôts "Bored" et "Engine No.9"  extraits du premier album. L'audiance finira donc avec le sourire avec ces deux titres bien hardcore, au parfum de nostalgie de leur grande époque. Le concert a été malgré tout réussi, et l'on a passé un excellent moment (qui aurait cependant pu être mieux, vous l’avez compris). La veille, la set-list a été différente et les fans les plus ardus présents lors de ces deux Olympia auront eu le plaisir de ne pas vivre deux soirs identiques.  Rien que pour cela, Deftones reste toujours un groupe immense.

 

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set-list

Feiticeira
My Own Summer (Shove It)
Around the Fur
Rosemary
Swerve City
You've Seen the Butcher
Sextape
Prince
Phantom Bride
Acid Hologram
Hexagram
Entombed
(First time since 2014)
Knife Prty
Change (In the House of Flies)
(With "Rivière" intro)
Passenger

rappel:

Minerva
Bored
Engine No.9

remerciements à Valentin Gillet, Warnermusic et Béatrice De Bonneval

Crédit photos: Rodolphe Goupil

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