Vers l’infini et au-delà !
Pour encore une bonne partie de la commuté metal, Dragonforce est « le groupe qui joue tellement vite qu’il ne peut pas restituer sur scène ce qu’il fait en studio » et traine une image de combo pour fans de jeux vidéos. Si la formation ne cherche pas spécifiquement à s’éloigner de cette image, elle a cependant eu l’intelligence de faire évoluer sa musique vers un power metal plus mature, moins dans l’urgence. On doit sans doute à cela l’arrivée du chanteur Marc Hudson en 2011 et l’importance que prend de plus en plus Frédéric Leclercq (basse) dans la composition de la musique. Après The Power Within (2012), qui annonçait un début de métamorphose, nous avions été agréablement surpris par la direction prise par Maximum Overload (2014) et attendions donc son successeur avec un brin d’impatience.
Si l’album précédent était un pas en avant, sous bien des aspects, ce Reaching Into Infinity est lui un véritable bond pour Dragonforce, en mettant encore plus en avant son côté sombre et progressif entraperçu précédemment. D’ailleurs, le premier single dévoilé, "Judgment Day", donnait le ton avec son clavier à la Dream Theater, mais avait le bon goût d’aussi nous rappeler d’où vient le groupe grâce à ces duels guitaristiques dont les deux guitaristes, Sam Totman et Herman Li ont le secret et à un refrain superbe. Le deuxième single, "Curse Of Darkness", plus sombre, est lui plus révélateur de l’ambiance de l’album et des talents de Marc Hudson en constante évolution, lui qui n’a jamais chanté de manière si variée que sur cet album.
Reaching Into Infinity est jonché de surprises, à commencer par "War!", très énervé qui nous propose des couplets dignes du thrash metal et qui permet au vocaliste de se faire plus menaçant. On est également obligé de citer le long "The Edge Of The World", exercice nouveau pour Dragonforce qui alterne entre moments épiques, solos éclatants et passages pleins de haine (chant extrême et double pédale inclus) ! Peut-être bien la plus belle preuve de l’évolution du sextet.
Amoureux des débuts du groupe, soyez rassurés, le groupe est toujours capable de jouer à toute vitesse et une simple écoute d’un titre comme "Astral Empire" ou "Judgement Day" (quelles harmonies vocales !) devrait suffire à prouver que l’ancien Dragonforce n’est pas mort pour autant. Le groupe renoue également avec les ballades le temps d’un "Silence" au solo plein d’émotion.
L’album est marqué du début à la fin par un sens de la mélodie que de nombreux groupes de power metal pourraient envier et même si le tout reste souvent très kitsch, les refrains font mouche et restent en tête très facilement. De plus, les musiciens sont assez malins pour éviter les démonstrations stylistiques stériles, chaque intervention instrumentale a du sens et est savamment distillée, chose qui ne peut pas toujours être dite à propos des précédentes réalisations du sextet…
Ne vous arrêtez pas à sa pochette clichée à souhait, Reaching Into Infinity est sans conteste le travail le plus intéressant que Dragonforce ait proposé jusque maintenant. C’est bien ce qu’on pourrait appeler l’album de la maturité pour ce groupe qui parvient à se renouveler et à évoluer sans pour autant renier son passé. Faire du neuf avec du vieux en somme, c’est ce que le combo propose sur son septième album. L’expérience paye et nous en sommes ravis, le groupe évitant ainsi les redites allant inévitablement avec un style aussi marqué que le leur.
