Agruss – Morok

Agruss
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Morok

Disponible chez Code666

"Energie Nucléaire"

Dans l'armada des sorties de disques plus ou moins réussis (n'est-ce pas Sanguine Sky ? ;-)) que nous nous efforçons de chroniquer dans les meilleurs délais, afin de vous permettre de programmer vos achats et satisfaire les maisons de disques, il arrive tout de même que nous passions complètement à côté de certaines sorties remarquables. Le 26 avril 2012, une nouvelle formation fait son apparition sur la scène underground, il s'agit d'Agruss avec une pépite intitulée Morok. Cette date symbolique est celle de l'anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl, en Ukraine, en 1986 sur laquelle les protagonistes souhaitaient revenir à leur façon. 

Je n'ai vraiment pas pu passer à côté de l'opportunité de vous parler de ce disque abrasif, qui va autant vous écorcher que vous émouvoir. Un album avec des imperfections, mais vers lequel vous reviendrez régulièrement comme un pèlerinage. Un album underground, intense, à la limite du soutenable. C'est ce que dans le Black Metal on appelle une réussite.

 

Les 6 membres d'Agruss viennent de Rivne, près des lieux de la catastrophe. Ils ont mangé les produits de la terre Ukrainienne, joué dans ses forêts, et viennent aujourd'hui porter un regard critique sur la société consumériste et notre autodestruction.

L'album excelle dans un subtil mélange des genres : entre Black/Death apocalyptique et désolant, une lourdeur dans les riffs et l'association de deux voix, l'une black, déchirée à la Anaal Nathrakh et l'autre Death plus que gutturale (rappelant un Morbid Angel, voire un Nader Sadek dont le fer de lance était le pétrole, vous vous souvenez ?) alliée à des arrangements mélancoliques d'un autre Ukrainien, Drudkh. Les titres sont assez longs pour la plupart pour vous laisser le temps de vous plonger dedans. Et toujours excellemment bien menés.

Ce n'est pas tant l'entrée dans la matière qui s'avère difficile, c'est l'endurance dont il faut parfois faire preuve pour supporter toutes les émotions que l'album véhicule. La première partie de celui-ci est teintée d'une belle dynamique et de titres phares comme « Morok » avec son dosage de riffs incroyablement efficaces sur fond de mélodies funestes, le tout délivré dans un blast légèrement étouffé. Le mixage est modeste et met en valeur les riffs plus que le reste. L'album est old-school et underground, ne vous attendez donc pas à une production proprette et lissée.

Bien au contraire, le son est gras, comme on l'aime. D'ailleurs, si l'on prend pour exemple l'excellent « Punishment for All », c'est sur un Thrash déchaîné à l'ancienne que le titre commence, et en quelques coups de riffs bien massifs, le titre s'épanouit ensuite dans un sludge ponctué par des cris de plus en plus dérangeants.

 

« Ashes of the Future » opère dans un registre black classique, quant à « When the Angels Fall », il est tout simplement époustouflant. Des voix féminines fantomatiques rappellent ces mères qui mettaient au monde des enfants qu'elles n'étaient pas en mesure de reconnaître. Un titre lourd, puissant, qui joue les variations de rythme, tantôt Doom, tantôt Black Metal bien énervé, pour enfin se perdre dans des passages typiquement Core. Et cela n'est pas sans raison, puisque les membres du groupe viennent de différents horizons musicaux. Peu importe le genre, la sauce est toujours aussi sublime.

On retrouve dans l'album de nombreux samples qui renvoient à la nature saine (crépitement de feu, vents, orages...) et ce qui la souille (bruits de machines, extraits de discours de politiciens ukrainiens). Ces sons se fondent parfaitement à la musique et lui donnent une atmosphère particulière dans laquelle une honte et une responsabilité de l'auditeur apparaissent. Vous l'aurez compris, cet album a la rage.

La seconde moitié de l'album est constituée de trois parties d'un même titre, « Under the Snow ». Maladroitement incorporés en fin d'album, ces trois titres opérant dans un répertoire Black classique ne font que mieux ressortir toute l'intensité de la musique d'Agruss. « Under the Snow I » vous fera littéralement fondre en larmes, alternant riffs tristes à mourir et Black Metal vrombissant qui va vous malmener jusqu'à la fin dans une ambiance lugubre. Le triptyque continue avec « Under the Snow II » qui apporte une touche de progressif dans un climat glacial à la Neurosis, voire certains emprunts à nos chers Gojira nationaux (le riff à partir de 4:32 rappelle celui de « Backbone » extrait de l'album From Mars to Sirius des Frenchies en beaucoup plus lourd). Quant à « Under the Snow III », ce titre vous fait tout simplement toucher le fond dans une lente agonie aux résonances funeral doom. Il vous glacera jusqu'à la dernière minute et vous laissera vidés.

Qu'il est difficile de noter un album dont l'émotion et l'atmosphère mériteraient vraiment un 10/10 subjectif, mais que la production tire un peu vers le bas ! En outre, si les compositions sont l'aboutissement du génie de ses six membres dans une apothéose que l'on a envie de gratifier, il est clair que les jeunes compositeurs ne sont pas encore suffisamment matures et n'ont pas encore l'expérience d'un album vraiment abouti. En tout cas ils méritent un 9/10 d'encouragement pour qu'ils continuent comme cela dans leur carrière.

 

L'album est déjà disponible chez Code666

Katarz

 

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NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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