Wardruna au Hellfest 2017

Samedi – 22h55 – Temple

Wardruna, groupe dédié à la création et à l'interprétation musicale des traditions culturelles et ésotériques nordiques, comprend de nombreux adeptes qui se réunissent en masse sous la Temple. Après une nouvelle journée active riche en concerts, l’atmosphère qui règne est étrangement calme, paisible et le nombre de festivaliers présents est impressionnant. En effet, la tente est pleine à craquer, au point de déborder sur l’Altar et dépassant même l’entrée jusqu’aux bars extérieurs !

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Sur la scène on peut observer une estrade avec de grands tambours d'allure primitive, une sorte de cloche, une roue en métal, divers objets de cuivre, enfin autant d’instruments aux formes énigmatiques tout droits sortis des anciens temps. Derrière la scène, une tenture beige marquée de symboles formant des hiéroglyphes mystiques participe d’autant plus à ce climat ambiant mystérieux.

C’est l’heure, la foule tape des mains pour faire venir les Norvégiens et dans la pénombre leur silhouettes apparaissent, empoignent les instruments alambiqués dont on devine plus nettement l’utilisation. Des lumières rouges sang inondent la scène, une musique aux sonorités tribales retentit, des chants grégoriens se font entendre et le son caverneux du tambour envahit la Temple. Les chœurs adoucissent les esprits, et si l'on ferme les yeux, on se sent partir et voler au-dessus des mers et vallées verdoyantes…Et soudain un cri déchirant nous ramène durement à la réalité !

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Les flammes ancestrales projettent des ombres sur le mur, comme si les esprits étaient revenus parmi nous ce soir. Les artistes enchaînent avec un autre morceau et la voix de Einar Selvik, membre fondateur et principal compositeur du groupe, entonne un cantique qui ressemble à un chant que les druides se transmettent de génération en génération. Ce chant est accompagné des notes délicates fredonnées par Lindy Fay Hella, comme si cette flûtiste était une divinité qui nous racontait une légende d’autrefois.

Bercés par les paroles des conteurs poétiques, les spectateurs sont plongés dans une sorte de transe, leurs bras ondulent sensuellement tels des serpents charmés par le son des « kraviklyra » et « tagelharpe ». A ces instruments nordiques ancestraux s’ajoutent l’écho des gouttes d’eau (Wardruna est également connu pour utiliser des bruitages naturels prenant leur source dans le bruissement des arbres, le vent sur les roches, ou encore le clapot de l'eau) et jusqu’à présent les musiciens ne font preuve d’aucune interaction avec le public. Cependant cette absence d’échange va de paire avec l’état d’esprit du groupe : nous ne participons pas à un show mais assistons à une cérémonie donnée par les anciens. On ne peut que contempler cette prestation solennelle que rien ne viendra perturber.

Le calme des Norvégiens, plutôt statiques sur scène, renforce cet aspect sacré d’un rituel qu’il ne faut ni déranger ni interrompre sous peine de rompre le charme qui a envouté le Hellfest. L’atmosphère s’assombrit, le chant d’Einar Selvik se fait plus grave et guttural et les chœurs cessent. Les flammes des torches vacillent, la lumière jaunâtre éclaire la scène de manière angoissante, les ombres noires continuent de bouger donnant vie aux âmes du passé sorties de ce récit noir et ténébreux.

Les Norvégiens font preuve d’une telle concentration, d’une telle ferveur que l’on se croirait dans une pièce de théâtre dont nous sommes à la fois les acteurs (en qualité de fidèles témoins de cette messe païenne) et spectateurs ébahis face à cette performance musicale. La lumière devenue bleutée et hachurée nous a transporté sous les branches d’un arbre laissant passer les reflets de la lune au sein d’une forêt inviolée. Et là soudain cela nous prend aux tripes, la pureté du chant qui ressuscite les légendes oubliées nous emmène loin et on se laisse emporter. 

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Wardruna est animé par un feu, le feu sacré qui en impose par sa grandeur et consume le public fasciné par un sortilège dont il ne peut (et ne veut) se libérer. Même s’il n’y a pas d’échange concret à proprement parler, l’interaction avec le public existe et elle se manifeste autrement : invités à entrer dans un cercle particulier, nous sommes les fidèles privilégiés participant à une célébration ancestrale. Pour le dernier titre, les fans de la série intitulée Viking auront le plaisir d’entendre le générique culte. Les festivaliers lèvent alors les bras, paumes des mains grandes ouvertes comme pour accueillir la puissance qui s’offre à eux.

C’est la fin du voyage, les musiciens saluent le public qui, jusqu’à présent calme en apparence, laisse éclater sa joie par des acclamations assourdissantes ! Wardruna nous a transporté dans un paysage musical ancestral animé par des voix chuchotantes, des chants mélodiques et des chœurs puissants, enfin un beau voyage initiatique au sein des traditions nordistes que l'on vous recommande sans modération.

Crédit photographies : © Thomas Orlanth
Toute reproduction interdite sans autorisation des photographes

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