Trust au Hellfest 2017

Samedi - Mainstage 1 – 18h55
 

Il était évident pour Trust de passer par le Hellfest cette année. Après une reformation express, Bernie et Nono reprennent la route pour déverser à nouveau les classiques de toute une génération ainsi que quelques nouveaux titres. Tournée qui fait le plein partout où elle passe, avec des retours parfois élogieux, parfois pas. Qu'en est-il de leur passage à Clisson ?

Sans la présence d'Yves Brusco et de Farid Medjane (qui ont fondé leur groupe, Buzz, et en ayant complètement tourné la page), c'est un nouveau Trust centré autour de Bernie et Nono qui se présente sur scène depuis 2016 avec Iso Diop passé à la guitare rythmique, David Jacob à la basse et Franck Mantegari à la batterie. Une heure pour convaincre, avec les vieux titres mais également quelques nouveautés pour un prochain futur album.
 


En partant de là, deux visions s'affrontent. Il y a les vieux de la vieille, qui ont grandi avec Trust et leurs contestations virulentes, qui ont connu les concerts où la police attendait à l'extérieur souvent plus nombreuse que le public lui-même, des paroles ancrées de vérités et novatrices à la sortie des albums, et qui ont donc vécu ou approché ces moments inoubliables. Et il y a la vision plus jeune, souvent cantonnée à ''Antisocial'' et sa reprise par Anthrax par exemple, et qui attend tout de ce show version 2016. Il sera difficile de contenter tout le monde malheureusement...

Plusieurs choses posent problème : les nouveaux titres sont agréables mais bridés par un Bernie cloué à ses paroles, la tête baissée vers le sol, et une interprétation musicale un peu limitée, comme manquant de mise en place. Inutile de le cacher, le cœur n'y est pas vraiment, et commencer par le nouveau titre, ''L'Archange'', dans ces conditions donne un goût bizarre à ce début de set. La tenue de Bernie également au premier abord étonne : bob fleuri, chemise hawaïenne fluo, t-shirt aigle de premier fan de Johnny, pas vraiment engageant, quoique contestataire, c'est selon.
 


Le côté blues des différents titres ressort énormément en live, avec quelques rythmes plus posés, un son de guitare moins agressif (en comparant avec la version originale de ''l'Elite'' par exemple, ou l'attaque de ''Marche ou Crève'' avec une distorsion des guitares bien plus limitée), l'énergie y est mais  le son hargneux s'est un peu calmé. Pendant la première partie du set, chacun reste cantoné à sa place, ne profitant pas vraiment de l'avancée mise à disposition par Aerosmith. Prise de température, envie de bien faire et de contenter la foule compacte et bruyante devant les Mainstages, Trust ne pouvait heureusement pas en rester là.
 


Piochant dans les vieux titres rarement joués même à leur sortie (''Fais où on te dit de faire'', ''Le temps efface tout...'') en lieu et place de plus grands classiques comme ''Police Milice'' ou ''Le Mitard'', le groupe prend le risque de fermer la porte aux fans moins connaisseurs. Mais le pari semble gagnant et la sauce commence à prendre. A mi-parcours, Bernie quitte ses paroles, les musiciens décollent leurs pieds et le son prend un peu d'ampleur. Nono et son chanteur envahissent l'allée centrale pour commencer à taquiner la fosse qui n'en demandait pas moins.
 


Il faut le reconnaître, la voix de Bernard Bonvoisin est toujours bien présente. Malgré quelques allers-retours à ses textes qui plombent un peu le rythme et le poids de l'âge, son grain de voix inimitable fait plaisir à entendre. Heureux d'être là et complimentant son audience à base de ''vous êtes beaux !'', se limitant dans ses interventions traditionnellement très développées, il saisit enfin la foule qui s'empresse de soulever la poussière devant la scène.

Côté musiciens, c'est efficace et assez carré. Si le son de Norbert Krief est beaucoup raillé pour avoir perdu sa force et son agressivité, le travail est bien fait avec un renouveau bienvenu sur ses parties en solo. Le jeune Franck à la batterie est une excellente surprise, exécutant les titres avec respect et énormément d'énergie, assurant une base ultra solide.
 


Arrive évidemment le dernier titre avec un mini rappel où Bernie profite de l'attente commune à tous avant ''Antisocial'' en interrompant l'intro pour que le public chante plus fort. C'est évidemment une déferlante de slams qui s'abat aux crash barrières et des pogos qui naissent à chaque coin de la fosse. La formation quitte la scène avec un dernier mot du chef de file : ''Restez en colère !''.

A la vue de toutes les personnes susurrant les paroles de chaque titre et à l'ambiance dans la fosse, impossible de dire que Trust a raté sa prestation. Le bonheur pour toute une génération de revoir ce monument du rock et fondateur de toute une branche punk française était réellement visible à chaque pas devant les Mainstages. Il n'empêche que quelques défauts sont évidents avec un démarrage diesel, de nouveaux titres à l'interprétation bancale, un Bernie lecteur pas très discret, et des morceaux qui sonnent un peu mou... On en attendait peut être beaucoup trop de la prestation de Trust. Il n'empêche que leur message est toujours d'actualité, et n'est ce pas ça le plus grave, après tout ?
 

Setlist :

L'Archange
Marche ou crève
Fais où on te dit de faire
Au nom de la race
Le temps efface tout
Démocratie
Surveille ton look
L'Élite
Antisocial

Crédit photo: © Nidhal Marzouk 2017
Utilisation interdite sans accord du photographe.

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