Entretien avec L. Chuck D., chanteur de Ghusa


Deux ans après notre précédent entretien avec le leader de Ghusa, L. Chuck D., et après la sortie du très réussi Öswedeme, nous avons de nouveau posé quelques questions au vocaliste de la formation française. Au programme, la conception du dernier opus, les récents changements de line-up au sein de la formation, ainsi que la récente tournée qu'a donné le groupe en Europe de l'Est. Entretien en toute simplicité avec un vétéran de la scène death hexagonale.

Bonjour Chuck et merci de nous accorder cette interview, deux ans après notre précédent entretien. Tout d’abord, je souhaiterais prendre des nouvelles de ta santé, puisqu’il semble que tu as été victimes de péripéties motorisées il y a peu…

L. Chuck D. : Salutations ! Oui je te confirme qu’il y a désormais trois semaines j’ai eu un accident de moto. Mes cervicales ont été touchées, mais je tiens à être aussi rassurant que possible car les médecins ont insisté sur le fait qu’il n’y aurait pas de séquelles. Je ne sais pas quand je pourrai revenir sur scène et suis vraiment affligé d’avoir dû mettre entre parenthèses la promotion live de notre dernier album. Sache que ghUSa n’annulera aucune date et que je sais pouvoir compter sur mon équipe pour faire vivre notre musique.

Nous sommes ici pour parler de Öswedeme, votre nouvel album qui vient de sortir. Une nouvelle fois, cet opus est l’occasion pour vous de rendre hommage à la scène death suédoise puisque Öswedeme n’est autre qu’un acronyme pour Old Swedish death metal. Ghusa étant lui-même un acronyme pour God Hates Us All, il semble que tu aimes cette façon de faire !

L. Chuck D. : Ce que j’aime, c’est ne pas mentir sur la marchandise et ce qui est annoncé dans le titre se trouve forcément sur la galette. Oui, nous rendons toujours hommage à cette scène que j’ai embrassée il y a bientôt trente années. Le fait d’avoir réussi à trouver un titre d’album explicite et à consonance nordique n’est pas fait pour me déplaire, toutefois il ne faut jamais s’attendre à ce qu’une recette soit systématiquement utilisée et il est fort probable que nous changions pour le prochain enregistrement.

Il y a deux ans, tu me confiais avoir déjà démarré la composition de cet album, entouré d’un noyau dur avec Vincent et Fred à la guitare. Le line-up a depuis changé. Cela a-t-il retardé la sortie de l’album ?

L. Chuck D. : Comme toute formation de death metal nous ne faisons pas exception à la règle des changements de line-up. Il y a toujours de multiples raisons à cela, à mon sens ce qu’il faut retenir c’est que nous sommes toujours présents malgré la défection de Fred. J’ai été fortement déçu par sa décision mais je la respecte. Aujourd’hui il est remplacé par Romuald Potel qui a repris le manche avec passion. Il faut que nous considérions ghUSa plus comme une association de malfaiteurs, la preuve en est si besoin c’est que Pyromancer est le batteur titulaire de la formation mais, pour des raisons professionnelles, a été remplacé sur notre dernière tournée. Notre style de musique ne nourrit pas son homme et les sacrifices que cela demande ne doivent jamais mettre en péril la vie privée de chacun d’entre nous. Comme tu peux le voir nous ne communiquons quasiment jamais sur ces changements car nous plaçons l’important sur l’artistique et non pas sur le qui. Enfin pour répondre à la deuxième partie de ta question ce n’est en aucun cas les mouvements qui ont retardé la sortie d’ÖSWEDEME. Je n’ai pas désiré continuer mon aventure aux côtés de notre ancien label pour des raisons qui me sont strictement personnelles, il m’a donc fallu le temps de retrouver un contrat ce qui est désormais fait en partenariat avec White Square Music et Dooweet Agency.

Ghusa, interview, death metal,

Vous êtes des fans de death metal, pourtant c’est le thème de 28 weeks later, composé par John Murphy qui ouvre l’album. Je sais que c’est également le cas en live, mais pourquoi ce choix ?

L. Chuck D. : Voici quelques décennies que je traine ma vieille carcasse dans différents concerts et beaucoup de formations utilisent des musiques de film en introduction de concert. Toutefois je n’ai que très rarement eu l’occasion de voir les musiciens s’attaquer à proprement parlé à l’exécution de ces morceaux. Personnellement j’ai toujours beaucoup apprécié la composition de John Murphy qui représente le sentiment de désolation du début du film. La mort est omniprésente dans ce thème, et finalement quoi de mieux pour ouvrir un album de death metal qu’un morceau qui représente la Mort?

Comment as-tu choisi les reprises qui figurent sur cet album ? On ne trouve pas de Entombed par exemple, qui est l’une de vos influences principales. Etait-ce pour aller justement là où on ne vous attendait pas ?

L. Chuck D. : Il y a trois reprises sur cet album et tu ne dois rien y voir d’autre que du plaisir. Nous voulions partager nos versions de ces titres qui nous ressemblent et nous rassemblent. Pour être honnête ce qui me ravirait aujourd’hui c’est de savoir que nous avons donné envie à certains d’aller écouter les versions originales. Disbelief est pour nous l’un des meilleurs groupes qui soit et plusieurs de ses albums sont des piliers stylistiques. Ce groupe avance depuis 25 ans sans tenir compte des modes, des avis positifs ou négatifs et sort un album lorsque l’envie lui en prend. Huit ans de silence avant de voir arriver sur nos platines leur nouvelle offrande. Alors je te concède qu’il n’y avait aucune stratégie derrière ces covers et peut être retrouverons nous d’autres choses sur notre prochaine livraison ou peut-être pas, qui sait ?

Vous avez effectué une tournée en Europe de l’est il y a quelques mois. Peux-tu revenir dessus ? Pourquoi tourner là-bas et en quoi le public est européen diffère-t-il du public français ?

L. Chuck D. : Pourquoi avoir tourné en Europe de l’Est ? Tout simplement parce que nous en avons eu la proposition. Nous avons traversé la Slovénie, la Croatie, la Hongrie, la Roumanie, la Bosnie et la Serbie avec au moins une date dans chaque pays. Certains font partis de la CEE et d’autres non, ce qui génère quelques difficultés administratives qui ne sont rien en comparaison du plaisir que nous avons pu prendre chaque soir. Nous avons été étonnés de voir que nous étions attendus dans ces contrées qui nous paraissaient lointaines. Nous avons partagé l’affiche avec des groupes locaux qui mériteraient une meilleure exposition en France. Je ne te citerais que Defiant et Chemical Exposuretous deux de Croatie et qui sont d’une technique et d’une énergie absolument exceptionnelles. Allez donc jeter une oreille sur leurs pages et dites-moi un peu si tout ceci n’en vaut pas la peine. Quant au public, nous avons ressenti une véritable envie d’en découdre chaque soir. Nous avons eu très peu de spectateurs attentistes ou contemplatifs, bien au contraire la majeure partie se jette dans la fosse comme dans une arène. Après nos sets nous avons toujours voulu rester avec eux pour partager des moments inoubliables. Donc un grand MERCI à Kris Kristofersson (Sneaky Tour Manager) pour tout ce qu’il a su faire pour nous. Il est fort à parier que nous y retournerons.

Ghusa, metal, death, oswedeme, french,

As-tu une anecdote à nous raconter à propos de cette tournée ?

L. Chuck D. : Quel dommage de ne pouvoir citer qu’une seule anecdote car chaque jour nous a donné son lot d’aventures inattendues. J’en profite pour remercier les deux musiciens qui nous ont accompagnés sur cette tournée soit Thomas Marasi (DunkelNacht) à la batterie et Sapian (Cruxifiction) à la basse car sans eux, rien de tout ceci n’aurait été possible. Sans te donner la précision du lieu je pense que nous serions tous d’accords pour te donner un élément de compréhension de la capacité d’accueil des organisateurs des pays du Balkan. Un soir nous sommes arrivés en backstage où normalement deux bières par musiciens devaient nous attendre (oui il nous arrive d’être raisonnables), quelle ne fut pas notre surprise en constatant qu’effectivement les dix bouteilles étaient bien présentes dans un timbre réfrigéré mais elles étaient de deux litres chacune. Et comme si tout ceci ne suffisait pas nous avions le droit de nous servir à volonté au bar. Nous sommes donc repartis avec 18 litres de bière locale dans notre van ce qui a juste été parfait pour les jours off. Cette tournée reste en elle-même une anecdote formidable et inoubliable.

Peux tu nous parler de "Flying in a Dark Dream" qui clôt l'album? Pourquoi ce choix de tracklist avec un placement en fin d’album ?

L. Chuck D. : Ce titre a été choisi comme extrait de l’album et nous en sommes très fiers. Beaucoup de chroniqueurs l’ont rapproché à du At The Gates, ce qui tu l’admettras, n’est pas la plus mauvaise des comparaisons. Il montre effectivement une facette quelque peu différente de ce que nous sommes capables de réaliser mais toujours dans un esprit death metal old school. Enfin, nous avons beaucoup travaillé avec Jipouille de St Loup sur le son et le classement des titres sur cet album. Nous voulions qu’il n’y ait aucun temps mort jusqu’à la dernière seconde de l’écoute, et aujourd’hui je suis certain que nous avons fait les bons choix.

Je trouve l’artwork de l’album particulièrement réussi, à la fois old school et esthétique, avec un petit côté rappelant le travail de Dan Seagrave. Quelle(s) consigne(s) as-tu donné à l’artiste pour la réalisation de la pochette ?

L. Chuck D. : Dan Seagrave est pour moi ce qui est arrivé de meilleur en terme de représentation artistique et visuelle du son death metal des années 90, et je suis très heureux d’avoir travaillé avec son digne successeur. Marco Hasmann est aujourd’hui ce qui se fait de mieux en la matière, son esprit créatif est tout simplement extraordinaire. Marco ne travaille pas avec un cahier des charges précis et un ordinateur, non au contraire nous avons échangé chaque jour sur les thèmes principaux abordés sur l’album et sur les éléments que nous aimerions tous deux retrouvés en représentations graphiques. Il m’a, dans un premier temps, envoyé des esquisses et les ébauches se sont petit à petit transformées en la pochette que tu peux voir aujourd’hui. Nous retrouvons de la profondeur, de la violence, mais aussi notre personnage et son drakkar. Je peux passer des heures à me plonger dans cette peinture sans jamais m’en lasser, j’espère que nous pourrons retravailler ensemble par la suite.


Pour la compilation 25 years of death metal, vous avez tourné un clip pour le morceau "Genocide". Avez-vous songé à réitérer l’expérience pour ce nouvel opus ?

L. Chuck D. : Il était effectivement prévu que nous tournions un clip pendant la période estivale, mais devant mon état physique, il m’est impossible de conserver la planification de cette réalisation. J’espère que nous pourrons revenir avec un tel support mais je ne suis pas en capacité aujourd’hui de te dire si cela sera possible.

Malgré les bonnes critiques qui fleurissent partout concernant Öswedeme, l’album reste toutefois assez difficile à dénicher. Que penses-tu mettre en place pour y remédier ?

L. Chuck D. : Je suis quelque peu surpris par cette question car tu es le premier qui me fait part de difficultés à trouver notre album. Dans tous les cas vous le retrouverez sur le site de notre label et si vous êtes désireux d’obtenir un pack Cd+T-shirt, vous êtes tous cordialement invités à vous rendre sur la page Facebook du groupe pour passer commande. Nous avons deux modèles qui ont été eux aussi dessinés par Marco Hasmann dans un style qui rend hommage à notre musique.

Avez-vous une tournée ou des dates de prévues ou qui sont en train d’être montées ? En France, vous avez joué avec de grands noms du death comme Loudblast, Carcariass, Mercyless et Skeletal Remains. Que vous apprennent chacune de ces expériences live ? Et toi, à titre personnel, quelle date as-tu préféré ?

L. Chuck D. : Nous avons effectivement quelques dates en One-Shot à travers la France et la Belgique avant la fin de cette année, mais une tournée arrive également au mois d’octobre. C’est Hell Frog Promotion qui s’occupe de ce magnifique plateau qu’elle nous a concocté en compagnie de Interment et Necrowretch. C’est un véritable bonheur de jouer avec un des fondateurs du mouvement, mais aussi avec le digne représentant français de cette mouvance qui nous unie.

Merci pour cet entretien Chuck. Nous te souhaitons le meilleur pour toi et pour Ghusa. Avant de te laisser, je te laisse le mot de la fin pour nos lecteurs.

L. Chuck D. : Avant de clôturer cette interview je voudrais rendre hommage aux deux invités qui ont participé à ÖSWEDEME. Le premier que je citerais sera Monseigneur Krys Fruit-Denhez qui nous a prêté sa douce et belle voix sur deux titres de notre opus. Mais je ne voudrais surtout pas oublier sa seigneurie Bernard-Yves Quéruel de Manurain. Nous vous donnons rendez-vous cette année sur la route et je tenais à vous remercier tous pour le soutien que vous m’avez apporté lors de cette épreuve. Car vous le savez, Dieu nous hait tous !

Entretien réalisé par mail en juin 2016

close

Ne perdez pas un instant

Soyez le premier à être au courant des actus de La Grosse Radio

Nous ne spammons pas ! Consultez notre politique de confidentialité pour plus d’informations.



Partagez cet article sur vos réseaux sociaux :

Ces articles en relation peuvent aussi vous intéresser...

Ces artistes en relation peuvent aussi vous intéresser...