Bodhi – Ineffable

Si vous considérez qu’un morceau n’a besoin que d’une guitare et d’un clavier pour exister et qu’un chanteur, c’est diablement surfait, Ineffable de Bodhi est fait pour vous. Première production solo du guitariste Justin Seymour, cet EP de metal progressif instrumental est une belle entrée en matière pour le musicien.

Un clavier, une guitare, et votre esprit décolle ? Cet EP devrait alors ravir vos oreilles. En six titres et à peine une demi-heure, Ineffable déploie un rock progressif instrumental atmosphérique, maîtrisé techniquement et très agréable à l’écoute. Le premier titre, "Desire", d’à peine 2’30 (oui, un morceau progressif de moins de dix minutes, ça existe !) pose les bases, avec un démarrage en douceur au clavier et à la guitare qui décollent progressivement pour offrir un final planant et galvanisant.

Le titre suivant, "Enamor", reprend en partie les motifs de l’introduction et met les guitares plus en avant pour déployer un son entêtant. La recette se répète sur l’ensemble des titres : des morceaux planants, énergiques mais jamais agressifs, avec de nombreuses répétitions de motifs. Les claviers sont bien présents et répondent harmonieusement aux guitares. L’instrument est vraiment au centre des compositions. Jamais saturées, elles rugissent un peu par moments pour donner plus de tonus à l’ensemble, ou se font au contraire très planantes, souvent au sein du même morceau.

La virtuosité du guitariste est indéniable -  "The Texture of Motion" ou "Ineffable" sont de jolis morceaux de bravoure. Il est d’ailleurs impressionnant d’apprendre que le projet Bodhi est l’œuvre d’une seule personne, le musicien Justin Seymour, qui a officié à la six cordes pour le groupe de metal progressif The Room Colored Charlatans.

Mais si sa dextérité à la guitare est admirable et ses apports au clavier très appréciables, le musicien ne parvient pas toujours à se substituer à un groupe complet. Pour entêtant qu’ils soient, certains morceaux manquent de profondeur. La batterie est réduite à la portion congrue et la basse inexistante, ce qui sur certains passages rend les arrangements un peu "nus". On apprécierait que le son de la guitare soit étoffé par d’autres instruments. Cela se ressent sur un titre comme "Sensations of Sound", qui finit par sembler répétitif.

D’autres titres, tels que "Essence" ou "Ineffable", parviennent à apporter une touche supplémentaire : plus de cassures dans le rythme, des guitares un peu plus agressives, l’ensemble parait moins lisse, même si "Ineffable" se conclut de façon incroyablement abrupte.

Instant culture G : en sanskrit, bodhi signifie "connaissance parfaite, intelligence", et on ne peut absolument pas reprocher à Justin Seymour un manque de connaissance de son instrument ou de l’art de la composition. Dans le boudhisme, le terme peut désigner une révélation, et on n’en est en revanche pas encore à ce stade en écoutant l’EP.

Moins d’une demi-heure, c’est au final la durée idéale pour cet EP : Bodhi a le temps de nous faire nous envoler au son de ses guitares virtuoses, mais a le bon goût de s’arrêter avant que cela ne devienne réellement répétitif. Sa musique, théâtrale et atmosphérique, manque encore d’une profondeur et d’un supplément d’âme qui la rendraient totalement addictive. Conçus au départ comme un projet studio, les morceaux mériteraient un passage à la scène pour peut-être gagner en densité. Cette mise en bouche donne en tous cas envie d’entendre ce que donnera une production plus longue et avec plus d’épaisseur.

Sorti le 25 août en autoproduction.

Tracklist
1) Desire
2) Enamor
3) The Texture of Motion
4) Sensations of Sound
5) Essence
6) Ineffable

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NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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