Dragonforce + Twilight Force à  la Maroquinerie le 21.10.2017


L’heure était aux riffs de guitare ultra rapides et aux histoires de dragons, samedi à la Maroquinerie. Pour leur seconde date française, après Strasbourg la veille, Dragonforce, précédé de Twilight Force, venait délivrer à un public conquis son speed metal guitar hero-esque – parce que oui, presque tout le monde les a découverts grâce à ce jeu vidéo.

Twilight Force
 


Dans un trou vivaient des Hobbits. Ce n'était pas un trou déplaisant, sale et humide, rempli de bouts de vers et d'une atmosphère suintante, non plus qu'un trou sec, nu, sablonneux, sans rien pour pogoter ni sur quoi boire : c’était un trou de hobbit metalleux, ce qui implique un certain confort, des bars pour raffraichir les gosiers, une fosse pour s’adonner au circle pit, et une scène sur laquelle les amateurs de fantasy et de dragons pouvaient admirer les hérauts du power metal.

En réalité, ce n’est pas d’un trou de Hobbit cher à Tolkien qu’il s’agit mais une des salles de concert les plus remarquables de Paris, la Maroquinerie, et son sous-sol toujours aussi étouffant quelles que soient les circonstances. Le premier groupe à jouer ce soir-là, semblait, lui, bien s’être échappé de la Terre du Milieu pour poursuivre quelques Nazguls : le quintette – sextette sur scène – suédois Twilight Force était venu de sa lointaine contrée nous chanter des histoires de dragons et de guerriers légendaires.
 

Les Nordiques ne font pas les choses à moitié et  nous immergent complètement dans leur univers : l’imposant chanteur Tommy Johansson, qui accompagne le groupe sur scène, pourrait sortir de la forêt d’Elrond avec sa chemise verte et son pantalon en cuir, et miaule dans le plus pur style power metal à l’unisson avec les guitares – il est visiblement à l’aise dans les aigus.

Le bassiste Born s’apprête visiblement à retrouver ses frères Hobbits tandis que le batteur De’Aszh martyrise ses fûts, dissimulé sous une cape peut-être volée à un assassin de passage. Le clavier Blackwald, lui, est un double de Dark Sidious qui aurait volé son baton magique à Gandalf. Sa voix caverneuse vient régulièrement compléter celle du chanteur, alors que de son clavier s’échappent des sons tirant l’ensemble tantôt vers le metal symphonique, tantôt vers le jeu vidéo et le dessin animé.

Quant aux deux guitaristes, un Elfe Noir (Aerendir) et un double de Lucius Malefoy échappé d’Harry Potter (Lynd), ils enchainent les soli et les riffs ultra rapides et trouvent encore le temps d’assurer le spectacle : le sosie de Malefoy multiplie les effets de manche avec sa cape, qui en devient presque un instrument à part entière, et les deux guitaristes se retrouvent même à jouer chacun un pied nonchalamment appuyé sur l’épaule du bassiste. Du début à la fin, le rythme ne ralentit jamais, ou alors juste le temps d’entendre l’intro de "Flight of the Sapphire Dragon", avec son côté parodie de chant de Noël.

Entre les chansons, Blackwald et Johansson se partagent la parole pour haranguer la fosse bondée et visiblement conquise – certains connaissent les paroles par cœur. On aura même droit à une référence à Astérix chez les Bretons pour le classique jeu du "quel côté de la fosse chante le plus fort". On n’est pas certain du résultat, car dans tous les cas, la fosse chante fort et se montre réactive.

C’est épique, ça joue vite et fort, l’acoustique est assez moyenne par moments, ce n’est pas dépourvu d’un certain sens du kitsch, notamment dans les chœurs omniprésents, mais c’est on ne peut plus jouissif ! Que celui qui n’a pas éprouvé l’envie d’enfourcher un dragon pour rejoindre les Cavaliers de l’Aube jette le premier sort à Thomas Johansson, qui saura le recevoir à coups d’épée, sortie spécialement sur le dernier morceau "The Power of the Ancient Force" !

 

•  Battle of Arcane Might
•  To the Stars
•  Riders of the Dawn
•  Flight of the Sapphire Dragon
•  There and Back Again
•  Gates of Glory
•  The Power of the Ancient Force

Dragonforce

Point d’accoutrement médiéval ni d’arme blanche chez Dragonforce, mais de l’alcool à foison avant même que le groupe ne pose le pied sur scène. Les Anglo-franco-hongkongais tournent donc à la bière et au Jack Daniels, plus un cul-sec d’une demi-bouteille de rouge pour Frédéric Leclercq en fin de set – il a un standing de Français à tenir, tout de même.

C’est avec l’entêtant "Ashes of the Dawn", issu du dernier album Reaches Into Infinity, que le groupe ouvre les hostilités. La scène est toujours aussi exigüe, mais cela ne semble pas déranger le sextette, devenu quintette sur scène, le claviériste étant absent de la tournée pour raisons familiales. Le speed metal du groupe se déploie aisément sur scène, les soli fusent de tous les côtés, chacun assure sa partie avec efficacité, même si la voix du chanteur Marc Hudson est parfois noyée sous les guitares et que l’acoustique n’est pas toujours excellente.

Mais on sent les musiciens contents d’être là. Marc Hudson est très volubile, en anglais et un peu en français, le guitariste Sam Totman est peu loquace mais ses mimiques commentent en permanence ce que raconte son chanteur. Le second guitariste Herman Li démontre qu’il a de bons souvenirs de son existence à Paris, en s’adressant plusieurs fois au public dans la langue de Molière. Et le bassiste Frédéric Leclercq est particulièrement à l’honneur.

Les membres font preuve d’un réel bon esprit, lancent des blagues, font de la démagogie en mode très second degré. Le chanteur, qui explique ne pas parler très bien français, lit un texte écrit par Leclercq dans lequel il finit sans le savoir (dit-il) par expliquer qu’il adore les tartines de merde et que de tout le groupe, seul Frédéric Leclercq vaut quelque chose – c’est même un Dieu, à en croire cette lettre forcément très objective. Lequel Dieu aura plus tard du mal à expliquer au chanteur ce que veulent ces gens qui lui crient « cul-sec » alors qu’il promène tranquillement sa bouteille de Jack Daniels – et non, ça ne s’est jamais dit « ass dry » !


Toutes les périodes du groupe sont couvertes, à l’exception du quatrième album Ultra Beatdown. Le public en a pour son argent question démonstrations de virtuosité à la guitare, régulières montées dans les aigus pour le chant, et section rythmique qui tabasse. Les morceaux s’enchainent sans réelle variation : si certains titres sortent du lot, comme "Ashes of the Dawn, Fury of the Storm", "Heart of the Dragon" ou "Cry Thunder", d’autres finissent par se ressembler en live.
 

On aura tout de même droit à un intermède solo de batterie de Gee Anzalone et de guitare de Frédéric Leclercq, accompagné de Marc Hudson à la basse, histoire de montrer que chez Dragonforce, on est polyvalent et qu’on sait jouer les génériques de jeux vidéo (Street Fighter et Super Mario Boss 2 notamment)… et même changer de registre : au milieu d’un intermède heavy metal traditionnel, on aura droit à un intermède dans l’intermède assez jazzy.

Le public agglutiné devant la scène est conquis et headbangue en rythme, ce qui permet au passage de révéler un terrible secret : oui, des cheveux lancés à pleine vitesse, cela peut faire mal ! Et la foule se déchaine en entendant l’annonce de "Cry Thunder" et "Valley of the Damned" pour presque clôturer le set. Il faudra cependant attendre le rappel avec "Three Hammers" et l'iconique "Through the Fire and Flames" pour voir s’amorcer un timide circle pit.

Rappel qui est aussi l’occasion pour le chanteur de demander au public de lâcher les téléphones quelques instants histoire de profiter de la fin du show "Si je me vois demain sur Instagram avec des filtres de tête de chien, je serai terriblement excédé… même si je ne pourrai rien y faire !" Hélas, bien qu’applaudie, sa phrase sera peu suivie d’effets… L’autorité morale des rock stars, ce n’est plus ce que c’était !

•  Ashes of the Dawn
•  Operation Ground and Pound
•  Judgement Day
•  Seasons
•  Curse of Darkness
•  Fury of the Storm
•  Guitar Solo / Drum Solo
•  Heart of a Dragon
•  The Edge of the World
•  Cry Thunder
•  Valley of the Damned
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•  Three Hammers
•  Through the Fire and Flames

Crédit photos : Alice de Bonnechose

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