Dans un registre power prog à tendance melo-symphonique, Dragonhammer a su se faire un nom depuis 2000 avec leur album-démo Age Of Glory. Les Italiens continuent de monter en puissance jusqu’en 2004 avant d'entamer alors une longue pause qui dure une dizaine d’années. Revenant en force en 2013 avec The X Experiment, Dragonhammer décide de rééditer deux anciens albums pour enfin sortir deux ans plus tard un nouveau bébé prénommé Obscurity.
A la première écoute, la couleur est annoncée. C’est un bon mélange de power et d'epic metal avec de nombreux solos de guitare et un clavier très présent. La voix mélodique de Max Aguzzi sonne claire et juste, manquant toutefois de puissance. Les chœurs virils viennent relever un peu la sauce mais l’ensemble reste gentillet.
La piste d’intro exclusivement instrumentale augure de belles chansons lyriques. Promesse tenue avec des titres comme « The Eye of the Storm » ou « Under The Vatican’s Ground ». Cependant certains morceaux manquent de caractère et de dynamisme à l’instar de « Brother Vs Brother » et le soufflet retombe... Heureusement qu’un regain de vitalité conserve notre attention avant de se lasser avec des titres plus pêchus tels que « Fighting The Beast » ou « Game of Blood ». Il est vrai que certaines chansons sont plus accrocheuses que d'autres. Il ne serait pas étonnant de se surprendre à fredonner le refrain de " We are the Children Of the Sun". Aposotrophe classique poussant à chanter à l'unisson mais cela produit son petit effet.
Quels que soient les morceaux joués, les notes du synthétiseur prédominent, mettant en avant les influences neo-classiques et la dimension symphonique données à la musique. Le groupe a conservé ces paramètres dans chacune de ses compositions depuis ses débuts et manifestement ne désire pas changer de crémerie. On peut leur donner raison car ça marche plutôt bien et le rendu fonctionne.
Dans un univers heroic fantasy, le cover-art réalisé par Rob Marconi produit un effet très immersif avec un dessin travaillé rempli de nuances et de reliefs. Représentant une femme en noir et blanc aux yeux énucléés, on peut même entrevoir ses canines apparentes. Cet aspect démoniaque allié à l’élégance d'une tenue Premier Empire peut nous faire penser à un portrait revisité de la Comtesse Bathory. Cette créature est placée au centre d’une sphère à dominante rouge sur un fond apocalyptique. Cette teinte sanginolante est la seule touche de couleur dans cette illustration obscure.
Outre la qualité de la pochette, Dragonhammer a posé un cadre nous permettant d’appréhender leur musique dans le contexte adapté. Les titres donnés aux pistes suivent d'ailleurs ce fil rouge lié aux ténèbres et présentent une certaine logique. En effet, on débute avec « Darkness In coming », et les histoires s'enchaînent. On imagine une lutte éternelle entre l'ombre et la lumière que tout oppose avec "Brother Vs Brother" aboutissant à un combat sanglant avec The Game Of Blood". Ou encore, on peut supposer que les enfants du soleil se préparent à affronter leur ennemi dans "Fighting The Beast". Enfin, après nous avoir conté diverses épopées "l’Obscurité" arrive avec la chanson finale du même nom.
Les Italiens auraient pu nous emmener loin mais le voyage n’ira pas plus loin que la première escale. Le séjour est expéditif, manquant un peu de piquant mais il n’en demeure pas moins appréciable. Giulo Cattivera maîtrise parfaitement son clavier et Max Aguzzi conserve un timbre de voix fluide et agréable, dont la mélodie en particulier à l’écoute de la balade « Remember My Name ».
Sérieux et appliqués, les musiciens offrent une belle interprétation de power-epic metal. Si l’album de ne distingue pas vraiment de ses congénères, Obscurity reste tout de même une performance auditive plaisante pour les amoureux du genre.
Echo 125 - Dragonhammer – Obscurity : sortie prévue le 27 octobre 2017
Label : My Kingdom Music
