Gravity – Noir

Alors que la majorité des combos français usent de l'anglais à la sonorité plus mélodique mais à l’internationalisme évident, Gravity fait exception à la règle avec ses textes à la noirceur toute particulière composés avec la langue de Molière. Dans la lignée des rouleaux compresseur que sont Eths, Epica, Arch Enemy ou encore Evanescence, les sudistes affichent fièrement leur frontwoman sur le devant de la scène avec leur désormais troisième album studio Noir qui a vu le jour le 6 octobre dernier via Apathia Records.
 


Les Montpelliérains ne sont pas à leur coup d'essai sur la scène metal française. Noir est désormais leur troisième album studio venant étoffer une discographie de grande qualité au vu du monde qu'ils arrivent à glaner en concerts et surtout l’accueil unanime qu'ont eu Euthéria et Syndrome. Savoureux mélange entre la brutalité et la puissance du deathcore, metalcore et postcore et l'harmonie et la clarté du progressif, heavy ou encore death mélodique, Gravity assume totalement son univers si particulier qu'il s'est créé depuis maintenant un peu moins de dix ans. Ce dernier opus produit et mixé par Aurélien Perreira, à l'artwork épuré mais efficace d'Igor Omodei se lit comme un livre sacré dont chacun des chapitres nous ballotte entre violence, douceur, clarté et noirceur.

C'est une « Ouverture » assez étrange qui introduit Noir : 34 petites secondes d'un son qui sent bon les années 30 crépitant sur un bon vieux tourne disque d'époque. En décalage total avec ce qui nous attend par la suite, ce procédé ne donne que plus d'impact et attire l'attention dès le début de la piste qui suit immédiatement. Là on se retrouve en face de ce que Gravity sait faire de mieux, la double pédale de Sébastien claque à tout va, les lignes de Timothé donnent le tempo haché du metalcore comme on l'affectionne, les riffs tantôt chaloupés, tantôt lourds et saturés d'Alexandre donnent du relief au son et le chant clair et lyrique d’Émilie vient parfaitement en doublure de son scream profond et puissant. C'est une très bonne entrée en matière qui sera suivie par « Le Premier Éclat » où les riffs à la Gojira comblent l'absence totale de chant clair, du metalcore pur jus, n'en déplaisent aux puristes.
 

Gravity 1

Deux gros chapitres se distinguent dans ce long roman qu'est Noir. Le premier à apparaître est aussi le plus massif et s'intitule « Noctifer ». Il est composé par pas moins de cinq pistes : « De l'homme au loup », « Le porteur de nuit », « Démonarque I », « Démonarque II » et « Ogres ». « Noctifer » contraction de Nocturne et Lucifer et « Démonarque » celle de Démon et Monarque nous plongent rien que par le titre dans l'univers sombre et glauque de Gravity proche à souhait de celui d'un autre combo français qui, leur a sûrement ouvert la voie: AqMe. Leur son metalcore domine la totalité de ces pistes, surtout pour « De l'homme au loup », la lourdeur saturée ainsi que le rythme saccadé et les screams puissants alternant le guttural et le déchirement légèrement plus aigu sont monnaie courante, mais comme un soupçon de clarté, le chant clair et parfois lyrique d’Émilie nous apporte comme une touche de douceur et de mélodie harmonique dans ce monde de brutes au même titre que l'intro au piano de « Le Porteur de Nuit » ou celle en semi acoustique de « Ogres.


Le second tome, un peu moins volumineux cette fois-ci, "Indigence", se déroule en deux parties et se trouve en fin d'album. Après une intro toute en instru saturée et lourde typique du core, on a la surprise d'entendre un extrait du dialogue entre Creedy et V extrait du comics V pour Vandetta apportant du relief et du dynamisme au propos d'Emilie dont le chant doux du début se voit disparaître au profit de son unclear tout en saturation et en impact. Telle une conclusion au morceau qui le précède, « Indigence II » vient clore les débats sur un son dont la noirceur est évidente, le chant clair vient se juxtaposer au scream rendant harmonique un ensemble brutal à souhait. Comme un trait de liant entre ces deux grosses parties viennent s'intercaler « Dune » et « Hypérion ». Le premier reste la piste la plus légère et aérienne de Noir grâce au son beaucoup moins saturé des riffs d'Alexandre mais aussi et surtout par le chant ô combien lyrique d’Émilie, contrebalançant totalement son scream rocailleux. Le second, quant à lui, est l'ouverture parfaite pour le chapitre « Indigence », le titre « Hypérion » associé au titan grec assimilé au Soleil, contraste totalement avec l'atmosphère qui entoure l'univers de Gravity.
 

Gravity 2

« La Dernière Empreinte » a la lourde tache de conclure ce long roman. Au beau milieu de ce que Gravity fait de mieux à savoir des riffs lourds, une double pédale omniprésente et un scream puissant, vient s'immiscer un passage du poème Les fleurs du mal de Baudelaire avec la même voie narrative que l'extrait de « Indigence I ». Pas de chant lyrique ou clair à l'horizon, seul le chant d'une chorale vient apporter l'harmonie au core qui, on l'aura bel et bien compris, est la marque identitaire du combo.

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Avec beaucoup moins de parties en chant clair pur au profit de doublage du chant unclear d’Émilie, le son de Noir est reconnaissable entre mille et associable dès la première écoute à Gravity. Marier la puissance, la noirceur, la clarté et l'harmonie n'est pas chose aisée, beaucoup d'autres groupes ont tenté l'expérience avant, sans réel grand succès. Faire ce choix et réussir à fédérer autour de ce son et surtout de cet univers depuis maintenant sept années est gage de qualité et de talent. Noir un album que tout bon coreux digne de ce nom doit ce procurer au plus vite !

Line up :

Emilie : Chant
Alexandre : Guitare
Timothé : Basse
Sébastien : Batterie

Tracklist :

1 – Ouverture (0:34)
2 – Noir (4:44)
3 – Le Premier Eclat (5:29)
4 – Noctifer : De L'Homme Au Loup (7:27)
5 – Noctifer: Le Porteur De Nuit (6:44)
6 – Noctifer : Démonarque I (4:38)
7 – Noctifer : Démonarque II (1:42)
8 – Noctifer : Ogres (4:55)
9 – Dune (5:15)
10 – Hypérion (4:32)
11 – Indigence I (5:33)
12 – Indigence II (1:58)
13 – La Dernière Empreinte (6:01)

Date de sortie: 06/10/2017

Label :

Apathia Records

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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