MFest (La Ville aux Dames) le 16.09.2017

 


A Tours aussi, il y a une grande fête du metal : le MFest !


En cette fin d'année, revenons sur un petit festival bien sympathique qui a confirmé qu’il n’est pas toujours nécessaire d’avoir des dizaines de milliers de personnes pour passer un bon week-end, en musique !

Cela fait plusieurs années que j’entends parler du MFest, qui se déroule près de Tours, plus précisément à la Salle Maria Calas de la charmante petite bourgade de La Ville-Aux-Dames. Et à la vue de la belle affiche proposée en cette édition 2017, je ne pouvais que m’y rendre, enfin !
 


La salle est facile à trouver et bien indiquée. Quelques metalleux errent déjà à proximité, entre le petit camping et le parking juste à côté du site. La première impression est que tout cela semble bien organisé. Remarquez que nous en sommes déjà à la septème édition, et que l’expérience a dû permettre de peaufiner l’ensemble. Il est 13h40, les spectateurs commencent tout doucement à affluer, même si le gros de l’affiche se déroulera très logiquement plus tard dans la soirée.
 


Le stand de restauration et de boissons propose quelques plats convenables à des prix raisonnables. Un peu plus loin, un véritable merch est présent avec des têtes bien connues du milieu metal, comme les gens de Battle’s Beer ou des Acteurs de l’Ombre par exemple, à côté d’artistes exposant quelques belles lithographies. Je trouve que c’est toujours une bonne idée d’avoir quelques artisans et/ou artistes à un concert. Cela leur offre de la visibilité et permet parfois de découvrir quelques petites perles cachées.

Des tables et des bancs parsèment le site, avec un côté de la pelouse transformée pour l’occasion en véritable biergarten. Malgré la météo douteuse de ces derniers jours, le soleil pointe même son nez. Tout cela s’annonce bien. Mais voyons voir cette fameuse salle Maria Calas.

On croirait être dans une salle de fêtes, mais la sonorisation a été faite convenablement et les lieux sont plongés dans les ténèbres. C’est très appréciable, car cela donne immédiatement une ambiance de soirée metal et permet aux groupes de se produire dans de bonnes conditions, y compris en pleine après-midi ensoleillée. Les lights ne sont pas extraordinaires, mais feront l’affaire, après tout, on vient ici pour la musique !

 

Skeptikon


Le premier groupe a été sélectionné grâce au tremplin organisé par le MFest le 15 avril dernier.Il s’agit donc de Skeptikon, qui viennent de Tours et pratiquent un death/black metal somme toute assez classique, mais qui a le mérite de bien bouger. A 14 heures, le chanteur demande avec son micro « on lance ? » et la réponse arrive avec les premiers riffs. Il y a environ 80 personnes dans la salle à vue de nez.


On note plusieurs titres accrocheurs, comme par exemple « Black Planet », avec son rythme frénétique et quelques ralentissements bien sentis. En bref, ces trente premières minutes posent l’ambiance avec une certaine efficacité.
 

 

Warmachine


Le second groupe sélectionné par le tremplin du MFest est Warmachine. Ils viennent d’Angers et affirment faire du southern thrash.


En ce qui me concerne, je les classe sans hésiter dans la mouvance core, même si on peut reconnaître des influences rock’n’thrash très agréables et un petit côté Motörhead à l’occasion de certains passages. Autrement dit, le groupe a diverses influences et c’est souvent un signe de qualité. Le chanteur, qui pourrait aisément s’adonner aux joies du basket ball entre deux concerts, bouge énormément et capte l’attention avec aisance.

Bonne prestation donc. Et il n’est toujours pas 16h !

 

Dysmorphic


Il est presque l’heure du goûter, cela tombe bien, l’affiche présente un groupe de brutal death technique. J’aime beaucoup ce genre de qualificatifs, qu’on pourrait résumer en « groupe qui fait du bourrinage, mais avec brio ».

Effectivement, le show commence sur les chapeaux de roue et les morceaux s’enchaînent avec brutalité et efficacité. Le premier ralentissement ne vient qu’après plusieurs titres.


En ce qui me concerne, je ne peux qu’admirer la qualité musicale et l’énergie qui s’en dégage. Le chanteur, Thibault, n’hésite pas à démontrer ses faiblesses en mathématiques, qui compensent sans doute ses qualités vocales. En effet, vers la fin du concert, il annonce qu’il ne reste plus que deux chansons, en montrant trois doigts, puis plus qu’une, avec deux doigts pour faire le compte.

Personne ne s’en plaindra et cela permet de découvrir un nouveau titre « In the Mind of the Sculptor », si ma compréhension de l’accent anglais à la sauce tourangelle est correcte. Remercions également Quentin, le batteur dont c’était le dernier concert avec son groupe, qui a eu droit à un joli growl collectif de la salle pour rendre hommage à ses neuf années passées en tant que batteur.
 


La dernière chanson se termine, mais si vous avez suivi le raisonnement mathématique précédemment expliqué, vous devinerez facilement qu’il en reste encore une. Cela tombe bien, il s’agit d’un des titres phares de l’album A Notion Of Causality, à savoir « Through The Eye Of Madness ». 
Après tout cette agitation, il est grand temps d’aller se rafraîchir au bar dehors, alors que le soleil illumine les jardins.

 

Deluge


Il est près de 16h50 quand Deluge monte sur scène, mais nous avons encore droit à un bon quart d’heure de réglage du son. Remarquez qu’il est de bonne qualité par la suite, ce qui tombe bien quand on connait le style de black metal ambiant pratiqué par le groupe.

Assister à un concert de Deluge, c’est un peu comme observer la chambre capitonnée d’un fou dangereux qui fixe la faible lueur de la veilleuse qui illumine le couloir de l’asile dans lequel il est enfermé. Tout se passe bien, tout est calme et paisible, jusqu’à ce qu’il se jette frénétiquement de tous les côtés.


Le groupe joue donc souvent dos au public, et bouge de manière chaotique et soudaine.
La salle comme la scène sont plongées dans le noir, et on oublie facilement qu’il est encore relativement tôt dans la journée. On se laisse capter par la musique quelque peu hypnotique qui enveloppe les âmes perdues...

 

Ultra Violence


Alors que les amis se retrouvent à l’extérieur et que bon nombre de festivaliers sont attablés autour d’une petite mousse, c’est au tour des Italiens d’Ultra Violence de monter sur scène.


Le public est un peu clairsemé, mais cela n’empêche pas d’assister à un excellent concert. Avec un nom aussi caricatural, on ne pouvait que s’attendre à un thrash metal corrosif. Et l’on n’est pas déçu ! Si la musique n’a rien d’originale, elle est exécutée à la perfection. Il est clair que le groupe sait ce qu’il fait. L'ambiance est bel et bien là, et ce sont de bonnes bêtes de scène ! A vrai dire, le groupe pourrait presque emporter la palme du spectacle, s'il n'y avait pas encore de grosses pointures par la suite...

 

The Great Old Ones


Second groupe de la soirée qui exerce dans un post black metal lourd et incisif, voici les Bordelais de The Great Old Ones.

Je suis ce groupe depuis leur premier album Al Azif sorti en 2012. Et je dois bien avouer qu’à chaque fois que je les vois sur scène, l’effet est toujours le même : les lourds murs de guitares entraînent une transe relaxante, néanmoins avec quelques spasmes partant de la nuque.


Il faut dire que leur musique est propice à ces états, avec des œuvres comme « When The Stars Align » ou « Mare Infinitum »,  pour ne citer que celles-ci. Le show est rôdé et l’ambiance lovecraftienne se rappelle à nous par la présence de l’effigie métallique du Grand Cthulhu.

Je dois avouer que ce groupe est un véritable cauchemar pour les photographes, mais l’aspect « culte aux Grands Anciens » exige souvent quelques sacrifices au niveau de l’éclairage pour mieux rendre mettre en scène le côté occulte de leur musique. Les morceaux s’enchaînent donc rituellement, et le concert se termine tôt, voir trop tôt pour certain.

La foule demande un rappel, en criant « Ia ! Ia ! Cthulhu Fhtagn !», mais rien n’y fait. Les enfants musicaux de Lovecraft sont déjà partis. Il faut dire que le planning du MFest ne souffre d’aucun retard.
 

 

Unfathomable Ruination


Après la musique d’outre monde de TGOO, nous revoilà plutôt dans l’outre-tombe et le growl guttural propre au brutal death metal des Anglais d’Unfathomable Ruination.

Le bassiste Frederico Benini explique en bon français que le chanteur Ben souffre de problèmes médicaux et qu’il sera donc remplacé ce soir par Malika Sundaramurthy.


Ceux qui pensaient que le chant allait profiter de la délicatesse féminine se sont vite rendus compte de leur grossière erreur. Le growl de la chanteuse d’Abnormality, autre groupe exerçant dans le style du gras et du lourd, maîtrise en effet parfaitement les sons gutturaux, au point où l'on peut se demander comment elle s’y prend pour arriver à un tel résultat.

Quoiqu’il en soit, la foule se déchaîne rapidement dans la salle et heureusement que le sol commence à coller un peu en raison des boissons renversées par mégarde, ce qui permet un pit sympathique et limite les dérapages incontrôlés.
 

 

Malevolence


Pour une partie du public, il s’agit ici de la tête d’affiche. En effet, le metalcore est l’honneur pour la fin de soirée, dans une affiche diversifiée qui a vu différents styles de metal extrême tout au long de la journée. Je l’avoue tout de suite, les sonorités core ne sont pas du tout au goût de mon oreille. J’essaie de ne pas parler de mes goûts musicaux et livrer un report objectif, mais par soucis d’honnêteté intellectuelle, il fallait que je l'évoque. Comme on le dit si bien, « les goûts et les couleurs… ». Je dois donc faire un coming-out. Oui, car j’ai aimé la prestation des Anglais de Malevolence. Oui, j’ai secoué la tête en rythme. Oui, je me suis surpris à hésiter à poser mon matériel photo pour entrer dans le pogo endiablé qui a vite créé un grand pit en milieu de la salle.
 


Je n’aime pas du tout ce groupe ! Il m’oblige à admettre que ce concert était putain de bon ! Voilà, je n’en dirai pas plus, mais si je vois la mine réjouie des nombreux fans dans la salle, je pense qu’il n’y a pas tellement besoin d’en dire plus… Si ce n’est que dès que je verrai un bermuda tel que celui du guitariste, je m’empresserai de l’acheter !
 

 

Rotting Christ


Un concert qui commence par « Ze Nigmar » et c’est tous les premiers rangs qui partent directement dans le pays merveilleux du bonheur musical et de la cervicale usée !

Professionnels d’un bout à l’autre du show, les Grecs semblent également s’en donner à cœur joie. Il faut dire que souvent ce genre de tête d’affiche voit les petits festivals ou concerts comme un bon moyen pour revenir aux racines de leur art. A savoir ce que ressent tout musicien normalement constitué, le plaisir d’être simplement sur la scène.


Cette attitude transparait dans le concert, et Sakis Tolis prend les choses bien en main, mais s’éclate visiblement devant un public qui n’en demandait pas tant. Après minuit, l’ambiance dans la salle est à son paroxysme, entre admiration, vénération et extase. Et encore, je ne parle même pas du circle pit sauvage qui se déroulera un peu plus tard…

Il faut dire que la musique de Rotting Christ, basée sur des rythmes bien lourds voire lancinants, s'y prête particulièrement bien. Le groupe alterne les riffs répétitifs avec des accélérations brutales.
 


Reconnaissons à Rotting Christ d’avoir évolué au fil des années, en gardant ce côté un peu mystique qui leur va si bien. Leur forme actuelle de death metal quelque peu grandiloquent, avec des mélodies sombres et des relents quasi-gothiques est arrivée à maturité. Il suffit de réécouter leur dernier album, Rituals, pour s’en convaincre. Ou d’aller à un de leur concert.

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L’équipe du MFest a donc su proposer une tête d’affiche et un running order de qualité qui ne pouvait que plaire au plus grand nombre. Le tout dans une ambiance bon enfant avec une organisation rôdée.
Soulignons la bonne idée de prévoir un DJ Metal qui meublera les temps morts entre les différents groupes, ou les petits groupes aux styles musicaux plus éloignés qui se produiront à l’occasion à l’extérieur pendant la journée.


Dehors les bénévoles commencent à démonter et ranger les tables, la fatigue est bien là, mais l'une de ces fatigues qui remettent les compteurs à zéro et qui apaisent les âmes. Mais le camping n’est pas loin, et nous sommes un samedi soir (ou un dimanche matin selon la façon de voir les choses), et il est une heure du matin. La soirée peut donc encore un peu se poursuivre, nous pouvons faire des rencontres, discuter autour d’une bière ou d’autres breuvages et laisser s’exprimer encore un peu plus la Bête qui est en nous tous. Et tant pis pour ceux qui auraient préféré dormir, la musique résonnera encore un peu plus longtemps dans la nuit, par la magie des autoradios et autres sources sonores portables. Le site est néanmoins assez grand pour que ceux qui frôlent l'épuisement après une grosse journée puissent se trouver un petit coin tranquille.

Je pense qu’il va falloir prendre en compte que le MFest fait partie des événements musicaux régionaux incontournables pour tous les amateurs de metal.

Vivement 2018 ! 

Thomas Orlanth


PS : Notez qu’il y avait également quelques groupes non-metal la veille et donc de quoi passer un bon week-end festif entre amis.

Photos: Thomas Orlanth https://www.thomasorlanth.com
/ https://www.facebook.com/Thomas-Orlanth-Live-Photography-499851383425205/

Toute reproduction interdite sans l'accord écrit du photographe. 

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