Orden Ogan (+ Rhapsody Of Fire & Unleash The Archers) au Petit Bain (15.10.2017)

C’est une affiche presque blasphématoire qui nous attend au Petit Bain en ce dimanche soir: les jeunots allemands d’Orden Ogan occupent en effet la tête d’affiche devant la légende Rhapsody Of Fire. Il faut dire que les Italiens ressemblent de plus en plus au projet solo d’Alex Staropoli et que les Allemands sont adulés dans leur pays d’origine, de quoi expliquer cette disposition. En France en tout cas, le public vient voir Rhapsody en priorité et le complet de cette soirée leur doit beaucoup. Encore faut-il faire oublier la perte de Fabio Lione qui s’en est allé rejoindre Luca Turilli dans Rhapsody Reunion…

 

Unleash The Archers


Bonne surprise de voir la soirée ouverte par Unleash the Archers, groupe canadien dont les deux derniers albums sortis chez Napalm Records ne sont pas passés inaperçu chez nous. Evoluant dans un prometteur mélange entre heavy, power et death mélodique (un peu à l’image de leurs compatriotes Crimson Shadows), on remarque tout de suite que le groupe a un peu de mal à recréer sa musique assez technique sur scène. Un batteur parfois à la rue et quelques pains à la guitare empêchent les titres du nouvel album Apex de sonner comme il faudrait.

Heureusement, le son est très bon et le chant de Brittney Slayes est une des grandes satisfactions du concert. La jeune femme parvient à éviter les gimmicks clichés et nous délivre une performance toute en puissance, sans rien à envier aux meilleurs. Dommage qu’à coté de ça, les growls soient délivrés dans un play-back assez ridicule par les guitaristes.

Heureusement, les compos en elles-mêmes sont de bonne qualité. Les Canadiens nous enchantent en passant tour à tour de riffs rappelant furieusement Iron Maiden à des passages bien plus modernes aux rythmiques syncopées. Le tout n’est pas forcément très digeste mais on peut facilement prendre plaisir à reprendre les refrains épiques tout en admirant les leads techniques des deux guitaristes et du bassiste lorsque ces derniers parviennent à les rentrer.

Pour terminer son set de 35 minutes, Unleash the Archers envoie le single « Tonight We Ride », conclusion épique à un set que le public parisien semble avoir bien apprécié en remplissant déjà le Petit Bain. La performance des Canadiens est à améliorer du point de vue technique mais les compositions sont prometteuses et nul doute que leur côte de popularité va continuer d’augmenter sur les années à venir. Un groupe à surveiller et à écouter sur album en priorité.

 

Rhapsody Of Fire


Les temps sont durs pour Rhapsody Of Fire, c’est indéniable. Alors que le line-up original s’est rassemblé autour de Luca Turilli et de Fabio Lione pour une dernière tournée, Alex Staropoli refuse catégoriquement d’en être et continue l’aventure de son côté avec des musiciens dont le plus vieux est arrivé en 2011. Résultat, la popularité baisse en flèche et ce Rhapsody n’a plus le droit au statut de tête d’affiche, se retrouvant obligé d’évoluer sur une scène réduite, la faute à l’imposant matériel d’Orden Ogan.

Pour autant, les chansons restent les mêmes et c’est un plaisir de voir un Petit Bain plein à craquer rugir de plaisir lorsque les premières notes du concert résonnent. Le bodybuildé Alex Staropoli s’installe derrière son clavier pendant que les autres membres commencent à dérouler le répertoire que chaque fan de power metal connait sur le bout des doigts. Contrairement à Unleash the Archers, tout est parfaitement précis niveau technique : Manu Lotter assure sans forcer derrière les futs pendant que Roberto De Micheli impressionne en exécutant à la perfection tous les solis néo-classiques de Luca Turilli.

Rhapsody Of Fire, Petit Bain, 2017, Paris, Access Live

On s’amuse un temps du mix mettant en avant de façon ridiculement forte le clavier de Staropoli. Mais le problème est au final plus profond : malgré tout le talent dont font preuve les musiciens, le sentiment d’être face à un groupe de reprise ne nous quitte pas d’une semelle. La formation manque clairement de complicité et chaque membre joue sa partition dans son coin sans jamais chercher les autres du regard. On a du mal à oublier que pendant ce temps-là, les autres membres de la formation mythique de Rhapsody se sont reformés et ce groupe n’a pas la même saveur, forcément.

Malgré cela, il faut donner du crédit à Giacomo Voli au chant. Pas sous pression le moins du monde, le jeune italien chante ses parties à merveille, sans chercher à imiter Fabio Lione et avec un grain parfaitement maitrisé. Parfaitement à l’aise dans son rôle, il sait même lâcher quelques growls lorsque la situation le demande et semble absolument ravi de chanter des chansons aussi mythiques que « Holy Thunderforce » ou « Dawn Of Victory ».

Giacomo Voli, Paris, Rhapsody Of FIre, Petit Bain, 2017

Niveau setlist, le groupe ne prend aucun risque en jouant ses classiques dont la très appréciable ballade « The Magic of the Wizard’s Dream » dédiée à son co-interprète, feu Christopher Lee. On a aussi droit à quelques pépites moins connues comme « The March Of The Swordmaster », toujours magistralement interprétée. Dans la fosse, ça bouge et ça moshe de partout, une ambiance assez inhabituelle pour du power metal mais qui démontre bien l’engouement toujours présent pour la musique de Rhapsody, même interprétée par des anonymes.

En sa qualité de simple guest, Rhapsody of Fire est limité à 9 titres et doit conclure trop vite avec l’inégalable « Emerald Sword » repris en cœur par toute la salle. Si ce soir, la performance musicale et l’ambiance étaient de très haut niveau, le constat est là : la formation affiche un manque cruel de cohésion et on a plutôt l’impression d’aller voir Alex Staropoli et ses employés. Heureusement, on est toujours heureux d’entendre les titres merveilleux de Rhapsody mais gageons qu’ils auront une toute autre saveur lors du concert de Rhapsody Reunion à Paris en 2018.

Setlist:
Distant Sky
Dargor, Shadowlord of the Black Mountain
Flames of Revenge
Dawn of Victory
The Magic of the Wizard's Dream
Holy Thunderforce
The March of the Swordmaster
When Demons Awake
Emerald Sword


 

Orden Ogan


Pour finir la soirée, Orden Ogan fait figure d’outsider malgré son statut de têtes d’affiche. Le public venu en majorité pour Rhapsody n’a pas deserté la salle et observe avec curiosité les visuels scéniques franchement hideux des Allemands se mettre en place. Surplombant la scène, deux des « Gunmen » du nouvel album grandeur nature nous font face, fusil au poing.

Finalement, le quatuor rentre sur scène sans les armures qu’on leur connaissait jusque-là. Dès le deuxième titre, on a le droit au tube « F.E.V.ER » repris en chœur par la fosse et même si l’engouement est moindre que pour Rhapsody Of Fire, les moshpits et les quelques slams ne tardent pas à se lancer.

Orden Ogan, Paris, Petit Bain, 2017, Access Live

Pour sa première grosse tournée en tant que tête d’affiche, Orden Ogan ne prend pas de risque et joue autant de titres de Gunmen que de Ravenhead. Sur le fond rien de bien original, on reste sur du heavy/power assez classique surfant sur le succès récent de groupe commes Sabaton ou Powerwolf. La seule et notable surprise chez les Allemands c’est le chant : la voix de Seeb détonne et se rapproche fortement d’un Blue Öyster Cult, donnant une personnalité indéniable à la musique du combo. Le frontman est d’ailleurs le vrai coup de cœur de ce set, faisant office de force tranquille et parfait au chant comme à la guitare. Entre les titres, ses discours au public sont calmes et chaleureux, sans tomber dans les clichés si souvent ressassés dans le genre.

Clairement, les quatre membres maitrisent leur sujet mais on ne peut s’empêcher d’avoir quelques réserves sur la prestation. Déjà, l’avalanche de chœurs présents en studio est quasi toujours samplée ce qui donne un côté artificiel à plusieurs chansons. Des chansons parfois assez paresseuses, se contentant de reprendre une structure power en lui ajoutant des breakdowns typés metalcore à outrance. Heureusement, quelques titres se démarquent par leur originalité comme « Fields of Sorrow » et l’on ne passe pas un mauvais moment en compagnie d’Orden Ogan, loin de là.

Orden Ogan, Petit Bain, Paris, Live

Après une heure quinze de set, la recette finit tout de même par tourner en rond. Heureusement le groupe termine avec deux de ses tubes, « We Are Pirates » et « The Things We Believe In » sur lequel le Petit Bain se transforme en karaoké géant. Un refrain répété à l’infini et qui restera dans pas mal de têtes longtemps après le concert. Mission réussie pour Orden Ogan avec une performance loin d’être honteuse pour sa première tournée en tête d’affiche. Sans dire que la performance aura été exceptionnelle, les fans en ressortent le sourire aux lèvres et quelques spectateurs venus pour Rhapsody se sont sans nul doute laissés charmer.

Setlist:
To New Shores of Sadness
F.E.V.E.R.
Here at the End of the World
Gunman
Deaf Among the Blind
Sorrow Is Your Tale
Fields of Sorrow
The Lords of the Flies
Come With Me To The Other Side
Forlorn and Forsaken
One Last Chance

We Are Pirates
The Things We Believe In

Photographies : © Nidhal Marzouk 2017
Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe

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