Hanging Garden – I Am Become


Malgré les espoirs placés dans la qualité du EP Hereafter, on pouvait craindre que le cinquième album de Hanging Garden déçoive un peu, comme cela avait été le cas avec Blackout Whiteout sorti en 2015. Au contraire, I Am Become est le meilleur disque sorti par le groupe de doom finlandais depuis le désormais cultissime At Every Door.

Le tourbillon, cinquième partie.
 

D'un automne l'autre. D’une douleur à la suivante. Douze mois sont en train de s’achever et le tædium vitae revient comme la grippe en ces jours pré-hivernaux. Incurable spleen qui ne peut trouver qu’écho dans la musique des Finlandais de Hanging Garden. L’EP Hereafter avait eu des vertus cathartiques un an auparavant mais nous pouvions craindre que I Am Become, nouveau long format, ne confirme pas le bien que l’on avait pensé des nouvelles pistes musicales explorées par le Jardin Suspendu. Une lumière s’allume dans cette nuit profondément sombre annonçant un hiver précoce : ce cinquième album est une parfaite réussite, un hymne porté en étendard contre les maux de l’âme.

Il y a deux ans Hanging Garden faisait évoluer son doom metal atmosphérique et hautement mélancolique vers un style que nous pourrions juger comme plus accessible. Moins extrême et se voulant plus immédiatement accrocheur, à la manière du Paradise Lost de la fin des années 90, Blackout Whiteout, sans être totalement mauvais, marquait un petit coup de mou dans le parcours discographique de la formation nordique.

Continuer dans cette voie, revenir en arrière ou prendre d’autres chemins ? Question que se sont peut-être posée les musiciens. Hereafter, EP paru l’année dernière, répondait à cette interrogation en proposant un songwritting plutôt flamboyant, mêlant ancien et nouveau style, et voyant la participation bienvenue d’invités. Restait à confirmer ces bonnes impressions sur un nouvel album et craindre d’être à nouveau déçu.

I Am Become lève tout doute sur la capacité de Hanging Garden à exploiter son potentiel. Disons-le ce cinquième effort longue durée est tout bonnement excellent. On y entend toujours ces influences « paradiselostienne » par moments mais le tout est parfaitement assimilé. Surtout le groupe sait toujours très bien retranscrire en musique cette profonde tristesse typique du pays à la nuit éternelle, en attestent les poignants « Elysium », « As Alone, So Below » et « Forty One Breaths ».

Les pistes vocales alternent une fois de plus et efficacement le growl du guitariste-chanteur Jussi Hämäläinen et le chant clair, plein de feeling, de Toni Toivonen. Petite nouveauté, le groupe a décidé de s’exprimer en finnois sur quelques pistes, une langue qui se marie parfaitement avec sa musique comme en attestent certains passages de « As Alone, So Below » et la fin de « From Iron Shores ». Mais la plus grande réussite dans ce genre reste « Kouta », un morceau entièrement interprété dans la langue maternelle des Finlandais et basé sur l’épopée nationale le Kavela (qui a aussi été une influence pour Amorphis, Ensiferum et Korpiklaani). Ce superbe titre ambiancé rappelle le Paradise Lost d’Host et demeure un des plus beaux moments de I Am Become.



 

Le fantôme du classique At Every Door se fait majoritairement entendre aussi sur ce nouvel album de Hanging Garden comme sur les déjà cités « As Alone, So Below », « From Iron Shores » et l’épique, et réussi, « Forty One Breaths » avec ses arpèges glacés. Mais nous pensons également au précédent disque des Finlandais Blackout Whiteout en écoutant « Our Dark Design » (titre un peu plus moyen que le reste) ou « One Hundred Years » (un autre clin d’œil aux Cure ? Car, comme « Hanging Garden » il s’agit aussi du titre d’une chanson de l’album Pornography). Ce morceau est par ailleurs inspiré des mille ans de souveraineté de la nation finlandaise et se veut aussi une critique de la société actuelle.

De même, signalons que le groupe a fait appel à deux invités pour honorer I Am Become, il y a d’abord Tomi Joutsen, chanteur d’Amorphis, qui vient donner de son growl puissant sur le très bon et très épique « Heathfire » mais aussi la chanteuse Riikka Hatakka que l’on avait déjà découverte sur Hereafter. Elle sublime de ses vocalises, en duo avec Toni, « Ennen », superbe ballade à la mélancolie hivernale qui conclut admirablement I Am Become.

Hanging Garden a aussi voulu soigner la production de ce nouvel album à la fois claire et puissante et qui fait preuve de petites surprises par moments, comme ce début « bombastic » sur « From Iron Shores ». Il y a de même quelques discrets arrangements qui parfois sont très bien placés, comme ces parties electro sur « As Above, So Below » et « Kouta » ou les arrangements symphoniques à la fin de « One Hundred Years » et les cordes de « Ennen ».

A l’écoute de cet opus très réussi nous pouvons déduire que le précédent effort longue durée des Finlandais Blackout Whiteout était un peu un brouillon de transition avec des idées développées ensuite sur Hereafter et transcendées par I Am Become. De combo en devenir, Hanging Garden est passé au statut de groupe qui est devenu.

La mue a fini par être un succès donc.

Liste des titres :
1. « As Above, So Below »
2. « Hearthfire »
3. « Elysium »
4. « Our Dark Design »
5. « Kouta »
6. « From Iron Shores »
7. « One Hundred Years »
8. « Forty One Breaths »
9. « Ennen »


Disponible depuis le 27 octobre 2017 sur Lifeforce Records

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NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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