Erik Danielsson de Watain 2017

Il y a des groupes qui restent entier, Watain en fait parti. Au-delà de signature prestigieuse sur de plus grands labels, Watain ne s’épuise pas à l’aube de la sortie de son sixième album et ne ralentit pas le tempo, au contraire. C’est toujours avec l’odeur du sang au gout d’acier sorti de viscères pourrissantes, avec toujours cette envie de garder la flamme noire qui brûle au fond de nos nuits les plus sombres, qu’Erik Danielsson est venu défendre son dernier "mort-né" à Paris.

Lionel / Born 666 : Un trident, un loup, une éclipse dans le titre et sur la pochette, ce sont les bases de Watain, trois symboles, trois musiciens, trois lettres…

Erik Danielsson : Oui c’est important, le trident bien sûr et avec le titre c’est une référence à ça (il se retourne et montre le patch aux couleurs de Watain qui orne le dos de sa veste NDLR). Ce sont les trois symboles de Watain. Et bien sûr les trois membres qui jouent sur l’album. C’était une façon pour nous, comment dire, de résumer pas seulement Watain mais aussi le mal. Il y a beaucoup d’éléments assez cruciaux pour Watain. C’est pour cela que le titre convient très bien à cet album.

Lionel : C’est le second album avec Century Media Records ? Ça marche bien entre vous?

Erik : Oui, ce qui est bien avec les gros labels c’est que tu as plus de temps pour faire de bonnes choses. Ils travaillent sur le design, nous on a plus de temps pour répéter. Ils travaillent sur le boulot assez chiant tandis que nous on se concentre sur les choses importantes.

Lionel : La musique…

Erik : Oui sur la création.

Watain - Erik Danielsson


Lionel : Pour l’enregistrement, vous avez toujours fait appel à Tore Stjerna le studio Necromorbus à Alvik en Suède ?

Erik : Oui comme à chaque fois et ce depuis toujours. Comme pour chaque album. Pour nous c’est une chose naturelle de le faire. L’environnement nous est familier. On peut se concentrer directement sur notre créativité sans avoir à se dire qu’on va changer d’endroit. Pour nous, y enregistrer c’est comme si on était dans notre salle de répétition.

Lionel : Mais pourtant quand vous rentrez en studio, vos morceaux sont déjà prêts et ce n’est pas l’endroit où vous allez créer des titres ?

Erik : On amène beaucoup de matériel en studio, la plupart des titres sont terminés. On en avait écrit exactement treize que l’on a amenés avec nous en studio et seuls neuf se retrouvent sur l’album. Huit pour l’album et un pour plus tard en extra…

Lionel : Le reste c’est pour un pressage japonais ?

Erik : Non, car on est en train de réaliser un box set de la sortie de l’album avec des vinyles. Il y aura un 7’’ à l’intérieur, ces titres sont en suédois actuellement. Ils représentent l’ombre de l’album. On découvre l’album, puis après c’est l’ombre de l’album qui arrive. C’est ce que représentent ces titres.

Lionel : Quelle a été ton inspiration principale pour ce nouvel album car je me souviens que lors de la sortie du précédent album, The Wild Hunt, tu avais voulu être dans la nature, dans la forêt pour y puiser ton inspiration…

Erik : Cette fois-ci ça a changé, et même beaucoup, comme souvent. Ça change pour chaque album. Cette fois ci on a été plus inspiré par… (il prend son temps, respire fort NDLR)… la violence, l’extrême forme d’expression. Notre source d’inspiration pour l’album a été la violence, la force, les premiers pas du black et du death metal, les anciennes traditions.

Lionel : En écoutant l’album on m’a demandé ce que j’en pensais et j’ai trouvé que vous étiez revenu au base de Watain, ça sentait la haine, les viscères, en gros je trouvais que ça sentait la mort…

Erik : Pour moi, il ne ressemble pas à ce qu’on faisait au début. Je n’aime pas regarder en arrière. Pour moi c’est le plus violent et brutal des albums que l’on ait fait jusqu’à présent incluant même nos premiers pas. Et je remarque que beaucoup de groupe de black metal, après avoir sorti cinq ou six albums, commencent à ralentir la cadence, ils perdent quelque chose. Pour nous il était important de revenir aux bases et de retourner aux sources de la puissance qui a donné la force qui guide le groupe. On a trouvé qu’il fallait donner une expression à cette violence, très hostile, prédateur.

Lionel : Ce que l’on voit dans votre clip « Nuclear Alchemy »…

Erik : Oui c’est vrai…

Lionel : Où l’avez-vous réalisé?

Erik : C’était en extérieur dans un endroit abandonné dans la banlieue d’Uppsala. Lorsque l’on forge les tridents c’est dans la maison du guitariste, c’est chez lui. Tout ce que tu peux voir dans cette vidéo, comme les armes, les tridents, les détails ont été réalisés par notre guitariste.

Watain


Lionel : Je me souviens que lorsque vous jouiez à Paris en compagnie de Mayhem que vous n’aviez pas encore commencer à travailler sur du nouveau matériel. Qu’est ce qui vous a poussé à commencer à travailler, le business, une deadline ? (rire)

Erik : Non, (rire) on aurait pu encore attendre deux années supplémentaires tu sais. Non, c’est difficile à expliquer mais parfois ça vient comme cela et on se dit qu’il est temps de s’y mettre. De se retrouver, de discuter et de mettre de nouvelles idées sur la table. Avant même de commencer à écrire un morceau on commence toujours très longtemps à l’avance, de discuter entre nous. On s’inspire les uns les autres. Une approche dans le processus de création. Et à la fin Trident Wolf Eclipse a été écrit rapidement, peut-être en une année.

Lionel : En plus d’y chanter tu y joues toujours de la basse ?

Erik : Oui sur tous les albums de Watain je joue de la lead guitare, les solos et de la basse, mais personne ne le sait trop (si nous maintenant! NDLR). On ne l’écrit pas dans les commentaires  sur les albums…

Lionel : Et tu joues d’autres instruments ?

Erik : En dehors, mon instrument principal est la batterie. Je suis un batteur mais je ne m’enregistre pas sur bande.

Lionel : L’année prochaine Watain fêtera ses 20 années d’existence.

Erik : C’est clair…

Lionel : Un truc spécial ?

Erik : Un peu mais pas trop. On avait fait quelque chose pour notre treizième anniversaire, c’était en 2011. Pour nous le chiffre 13 est très important. Mais le chiffre 20 n’a pas la même importance. On ne va rien faire de « super spécial », mais on a deux choses à faire. Ce que je disais plus tôt c’est qu’on allait sortir pour l’occasion une box set deluxe dans laquelle il y aura une rétrospective de notre carrière au travers de 20 flyers, 20 photos représentant pour chacun une année du groupe.

Lionel : Il ne sera pas trop cher ?

Erik : Non, mais il y aura tellement de chose dans ce coffret. On y retrouvera aussi notre premier concert pour l’album, celui de Stockholm qui sera enregistré le 15 janvier 2018. Le son, les affiches le merchandising, les photos qui représentent donc 20 années de notre existence. Ça va être très sympa.

Lionel : Vos shows sont d’ailleurs toujours intenses. A quoi pouvons-nous nous attendre pour la prochaine tournée ?

Erik : je ne me préoccupe pas de ça. C’est Watain, mais je ne peux pas en dire plus. On y travaille. Capturer l’intensité de Trident Wolf Eclipse en live. Ça va être intéressant.

Lionel : Qu’aurais-tu aimé savoir du business de la musique avant de commencer ta carrière de musicien?

Erik : Je ne m’intéressais pas au business jusqu’à il y a à peu près cinq ans. Parce que tout ça ne m’intéressait pas du tout, rien à foutre. Mais quand tu découvres qu’il y a un label qui se fait du cash sur notre travail alors il était temps de commencer à apprendre. Je m’y connais plus maintenant. J’essaie quand même que les choses touchant à la créativité viennent en premier et que tout ce qui touche au business viennent plus tard.

Lionel : As-tu des regrets dans ta vie ?

Erik : (long silence)…oui…(la voix est éraillée) un peu…pas toi ?

Lionel : Oui, tellement... mais ma question ne concerne pas que la musique…

Erik : …non pas pour Watain. On a toujours été droit dans notre démarche. Je n’ai pas de remords particulier par rapport à ce que l’on a fait. Les regrets sont plus dans le sens où j’aurais dû foutre un bon gros coup de poing dans la tête de ce mec, j’aurai dû dire à cette personne qu’il était génial avant qu’il ne meurt (on imagine à qui il pense NDLR)

Lionel : Pendant tes 20 ans de carrière comment as-tu vu le monde changer autour de toi ?

Erik : Je le vois de moins en moins, plus le temps passe plus ma vie c’est Watain. Le monde devient flou.

Watain


Lionel : Te rappelles-tu de ton dernier rêve ?

Erik : (silence) Oui…

Lionel : Cauchemars ?

Erik : Oui il y a quelque nuit de cela. (long silence de plusieurs secondes) j’essaie de me souvenir des rêves.

Lionel : Peut-on imaginer que tu utilises tes rêves ou cauchemars dans les paroles de Watain ?

Erik : Non, je n’utilise pas mes rêves pour les paroles.

Lionel : C’est quoi la vie d’Erik dans la vie de tous les jours quand il n’est pas le leader de Watain?

Erik : C’est privé… (silence)
 

Watain


Lionel : Comment est votre relation avec les fans ?

Erik : je ne sais pas répondre à ce genre de question. Je pense qu’elle est bonne. Tu penses qu’elle est mauvaise ?

Lionel : Non. Ce que je veux dire, est-ce qu’il y a des échanges à travers le web ?

Erik : La plupart des contacts que l’on a avec les supporters de Watain c’est au travers de notre fan club qui est très actif. On a par exemple des sorties limitées par exemple de K7. Notre fan club est très actif. Beaucoup d’échange aussi au travers de notre boite postale au travers de cadeaux laissant de côté les échanges avec Facebook.

Lionel : Pouvons-nous imaginer une ligne de vêtement aux couleurs de Watain, comme les vestes que vous portez…pour les fans ultimes ?

Erik : Non c’est sacré.

Lionel : Un peu comme les Turbojungen, fans de Turbonegro qui ont le même look…

Erik : Non, c’est plus le travail du club. C’est très différent de ce que l’on porte. C’est sacré. Le patch de veste avec Le trident, le loup et l’éclipse…

Lionel : Quel a été le moment qui t’a marqué pendant la réalisation de l’album ?

Erik : Aujourd’hui, je te dirai que le meilleur moment c’est quand on a terminé. (Rires). Le sentiment d’avoir terminé donne un sentiment de puissance. Ca donne un sentiment très agréable. Tu sais la partie quand on écrit et celle quand on enregistre sont très douloureuses. C’est beaucoup de lutte.
 

Watain


Lionel : Ensuite j’imagine que la réaction du public quand vous allez les interpréter sur scène doit aussi être gratifiant?

Erik : C’est génial de jouer du nouveau matériel en live pour la première fois. Comme lorsqu’on répète aussi des nouveaux morceaux, c’est très intéressant.

Lionel : Un truc à rajouter ?

Erik : Oui si les gens veulent commander le boxset dont je te parlais, ils doivent le faire du site Wolfwear (wolfwear.net), le site où ceux qui veulent supporter Watain se retrouvent.

Photos : © 2017 Lionel / Born 666
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.

 

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