Vogelfrey – Zwölf Schritte Zum Strick

Vogelfrey, c'est du mittel-alter rock ? Gné ? C'est qui ? Et qu'est-ce que c'est ? Ohlala, bande d'incultes (sarcasme). Pour le style, c'est très simple : un genre populaire en Allemagne, avec des touches folk, et du rock / metal, on pourrait presque dire folk metal mais pas vraiment en fait, vu que ça englobe aussi quelques autres genres. Bref, de la musique (ou wikipedia) vaut mieux que de longues explications pour comprendre, mais on peut dire que Schandmaul, Subway to Sally ou In Extremo sont de dignes représentants du style. Quant à Vogelfrey, c'est une formation d'outre-Rhin, et elle, elle aimerait bien devenir une nouvelle égérie. Et jouer au Wacken Open Air pour un second opus du nom de Zwölf Schritte Zum Strick, c'est une promotion inespérée. Même si ça a intérêt à être bon.

Et paf, dès « 6 Vaganten », on pense tout de suite à In Extremo. L'exécution précise et nette, même pour un genre aussi festif, ne trompe pas. Cependant, on se prend tout de suite au jeu, tant c'est festif et que la joie communiquée donne envie de les accompagner à la taverne locale. Même si les allergiques de l'allemand grinceront des dents, l'usage de la langue est à double-tranchant : à la fois dénuant le combo de personnalité par rapport aux bien connus du mittel-alter rock (même si, bien sûr, le style exige presque l'utilisation de la langue germanique), mais lui octroyant aussi authenticité et sincérité. Si le premier titre passe donc bien grâce à son refrain efficace et son côté chanson à boire, on ira quand même leur adresser des reproches.

Vogelfrey est un bon groupe, c'est certain. Mais la joyeuse bande reste quand même entièrement dans la seconde division du style, la faute à, justement, ce manque criant d'identité. Durant toute l'écoute, on n'arrêtera pas de penser à telle ou telle formation ayant déjà marqué les esprits auparavant, tant et si bien qu'en dépit de tout le talent du monde, on se posera des questions sur la capacité du sextet à se démarquer un jour. Les instruments folkloriques, le rythme tantôt martial, tantôt énervé et passant par l'euphorie, tout est là pour marcher. Si la langue de Goeth est donc charmante, elle a aussi ce but de conquérir un public ciblé. Et vu comme c'est bien foutu, on ne doutera pas que ça va marcher comme sur des roulettes. Dans un sens, tant mieux, tant ils ont un vrai talent dans les mélodies catchy.

Vogelfrey

Néanmoins, encore un défaut du groupe : un côté répétitif assez marqué, que ce soit dans le chant de ce cher Jannik, ou même dans les structures. Même dans la façon de jouer sur le médiéval, tiens. On retrouve cet aspect légèrement prévisible, qui démontre les limites de leur inventivité, là où ils se rattrapent par une facette prenante. « Der Tusch ! », « 6 Vaganten », « Flamme Bin Ich Sicherlich », elles ont toutes en commun une volonté d'être facilement assimilables, et l'apport du violon et violoncelle est là pour offrir souvent un contraste, ou appuyer une atmosphère. Dans « Flamme Bin Ich Sicherlich », ces instruments apportent de la mélancolie, pour varier un peu, alors qu'avec « Lindwurm Massaker », ils sont un bon support à la voix et à la guitare, elle omniprésente pour soutenir que Vogelfrey est bien un groupe de metal.

Il y a tellement de hits sur ce brûlot qu'on passera largement outre le côté racoleur et les problèmes structurels. Tant de moments forts suffisent à nous convaincre qu'on va passer du bon temps en compagnie des allemands. « Lindwurm Massaker » est LE tube en puissance, avec LE refrain de l'album, où le chant éraillé de Jannik fait merveille (et le chanteur se révèle plutôt bon sur la longueur). « Freitod » marque une petite pause industrielle, avec une voix tombant dans le cliché de l'usage de growl, mais on ne pourra leur en tenir rigueur. C'est exécuté avec précision et l'influence Rammstein, si difficile à cacher, offre un peu de diversité. On pensera aussi à « Lebenslehre », une ballade médiévale qui détend, l'un des meilleurs moments. Surtout que là, le violon et le violoncelle sont à leur aise, le chanteur également. Belle osmose.

Zwölf Schritte Zum Strick est un bon album mais qui manque encore de personnalité pour prétendre à devenir un nom plus important. Vogelfrey a des cartes en main pour réussir mais doit élever sa musique à des ambitions plus grandes. Sans ça, on peut craindre à voir ce groupe rester agréable, mais piétiner dans l'anonymat. Même si le Wacken me ferait presque mentir ...

 

close

Ne perdez pas un instant

Soyez le premier à être au courant des actus de La Grosse Radio

Nous ne spammons pas ! Consultez notre politique de confidentialité pour plus d’informations.

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



Partagez cet article sur vos réseaux sociaux :

Ces articles en relation peuvent aussi vous intéresser...

Ces artistes en relation peuvent aussi vous intéresser...