Rendez-vous immanquable pour Accept en contrées parisiennes, qui revient fouler les planches de l'Élysée Montmartre sept ans après sa date du Blood Of The Nations Tour, qui avait signé leur incroyable retour sur le devant de la scène.
Immanquable car, avec son show calibré pour la scène, huilé aux grosses guitares et au heavy metal ultra-fédérateur, chaque concert d'Accept est un sacré bain de jouvence. Et à mesure que les nuques craquèlent avec plus ou moins de douleur quand l'âge s'en mêle, chaque retrouvaille avec les Allemands nous ramène à nos vingt ans, à nos envies de déglinguer la fosse à grand coups d'épaules. Faut dire que c'est sacrément efficace. Pourtant, une appréhension perdure. Car si l'on n'a aucun doute quant à la capacité de Wolf Hoffmann et Peter Baltes à nous faire valdinguer par leurs mélodies cultes et leur énergie à toute épreuve, The Rise Of Chaos a un tantinet déçu. Efficace à souhait de cette recette que le groupe semble avoir épuisé jusqu'à la moëlle, l'album manque cruellement d'hymnes intemporels et d'originalité, et on est en droit de se demander si les morceaux passeront l'épreuve du live ou se noieront dans la myriade de titres cultes que le groupe a autant fourni dans sa première incarnation que dans ses efforts plus récents.
Night Demon
Les appréhensions sont à laisser de côté pour accueillir Night Demon comme il se doit. Avec une recette bien trop classique dans le genre, le groupe a du mal à proposer des titres faisant écho dans l'esprit des présents, mais sait comment effectuer un show tout en sueur et en efficacité. Le trio ne laisse à aucun moment retomber la pression, et joue de ses rythmiques acérées, qui frôlent le thrash tout en maintenant un côté heavy faisant penser par moment à Angel Witch (le morceau "Night Demon" y fera penser sur certains aspects). Malgré les maladresses, une voix pas toujours juste et qui par moments s'égare dans son épuisement et des lignes musicales pas toujours carrées dans l'interprétation, le groupe parvient par sa fougue et sa communication à emporter l'auditoire avec lui. Une mise en bouche somme toute correcte, même si on aura du mal après la claque Accept à se souvenir du moindre morceau.
Accept
Et claque, c'est peu dire. Les Allemands connaissent par coeur leur autoroute, sont de véritables experts de la setlist, et n'ont pas besoin de communiquer à outrance pour mettre l'ambiance. Atout salvateur, car les années de route de Mark Tornillo ne l'ont pas transformé en orateur hors-pair ; avec des discours très minimalistes, voire timides, le chanteur se dénote plus par sa présence et son timbre éraillé toujours puissant. Les morceaux se suffisent à eux-mêmes donc, et après un "Die By the Sword" faisant un bon travail d'introduction, les plus sceptiques entonent déjà à tue-tête les lignes de "Stalingrad". Deux morceaux et la bombe est lancée, sans jamais s'arrêter.
Pour ceux ayant déjà vu le quintette sur les précédents passages, il y a peu de changements. Les mêmes classiques sont de la partie, et là où le groupe ressortait généralement des inattendus du placard ("Son Of A Bitch", "Aiming High", "Losers And Winners", pour ne citer qu'eux), on se contente ici d'un "Objection Overruled" - intégrant l'éternel et toujours aussi impressionnant question/réponse entre Hoffmann et Baltes - surprenant et bienvenu. Cela ne veut pas dire que la setlist est réduite, bien au contraire. Le groupe a un lot d'indécrottables, ne peut en laisser aucun au grenier, et tout s'enchaîne à la perfection.
Pour revenir sur The Rise Of Chaos, et avec lui les craintes initiales, l'album est représenté par cinq morceaux, qui à part "Die By The Sword" sont interprétés à la suite. Pari risqué, mais largement accueilli par l'audience, et si "Koolaid" et "Analog Man" tirent moins leur épingle de par leurs gros sabots et un côté vraiment trop vu et revu dans le milieu, "The Rise Of Chaos" et "No Regrets" détonent. L'occasion de constater encore que les compositions du groupe sont avant tout taillées pour le live, que le quintette exécute avec sa fougue qui ne faillit pas.
En effet, niveau prestation, il faudrait entamer des observations de l'ordre du détail pour avoir quoi que ce soit à reprocher au groupe. Le trio de tête fonctionne toujours à merveille, entre les mimiques de Wolf Hoffmann et la pile Peter Baltes qui tiennent le show à eux seuls, et le nouveau duo Uwe Lulis / Christopher Williams s'intègre parfaitement à l'addition, loin d'être salée vu le plaisir qu'on y prend. À ce titre, impossible de reprocher à Mark Tornillo sa peine sur les aigus de "Up To The Limit" ou sur certains phrasés trop soutenus, tant à 63 ans le bonhomme emporte tout sur son passage et est un élément clé du martelage teuton.
On s'est compris, Accept a éclaté l'Élysée Montmartre avec panache. Le groupe tient sa réputation de machine de guerre et reste un incontournable pour tout fan de heavy metal qui se respecte. On attend leur prochain passage avec impatience !
Photos : Nidhal Marzouk
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