Leaves Eyes + Mayan + Almanac à  Petit Bain (18.04.18)


Soirée chanteurs à voix, chœurs omniprésents et nappes de claviers sur la péniche jaune ! Petit Bain accueillait Leaves Eyes, en tournée pour promouvoir son premier album avec sa nouvelle chanteuse, avec dans ses  bagages Mayan et Almanac. Des sets inégaux, mais qui dans l’ensemble envoyaient du lourd.

 

Almanac

Il n’est pas encore 19h30 quand Almanac entre en scène. Le groupe respecte parfaitement le cahier des charges de la soirée : du metal symphonique avec deux vocalistes et force effets de claviers qui ne font pas pour autant oublier les guitares.

Le quintette doit faire face à une salle pas vraiment remplie. Pourtant, la foule va peu à peu se masser devant la petite scène de Petit Bain et réservera un bon accueil aux Européens.
 


Il est vrai que sur scène, le projet du guitariste biélorusse Victor Smolski (ex-Rage) se défend. Il est fortement teinté de power dans le jeu de guitare comme parfois dans les chœurs, et les deux chanteurs, David Readman et Jeannette Marchewka, chantent uniquement avec une voix claire, qui se rapproche souvent plus du power que du symphonique.


Mais la prestation n’est pas non plus totalement convaincante.  Les compositions sont intéressantes, sans être bouleversantes, mais elles manquent de corps sur scène. Tim Rashid à la basse et Victor Smolski à la guitare font leur taf sans déborder d’originalité.


Les chœurs en playback, malheureusement trop courant sur la scène symphonique, n’aident pas à rendre le set authentique, pas plus que les claviers également enregistrés, et la performance inégale des vocalistes n’arrange pas la situation. En effet, leurs voix sont parfois noyées sous les instruments, à tel point qu’on peine à entendre ce qu’ils chantent ; chose d’autant plus étrange qu’ils peuvent être parfaitement audibles sur d’autres passages avec les instruments au même volume.

 

Pour couronner le tout, le batteur Marc Dzierzon, qui démontre une vraie puissance derrière ses fûts, a manifestement un problème de cymbale mal réglée sur plusieurs morceaux, ce qui donne un son particulièrement désagréable.


On retient tout de même quelques titres intéressants, "Hands Are Tied" ou "Guilty as Charged" et ses passages scandés, mais si la performance n’était pas désagréable, elle est loin d’être mémorable.


 

Mayan


Le show d’Alamanac a en tous cas donné  le temps à la péniche de se remplir, et la foule est beaucoup plus compacte quand débarque Mayan.

Mayan sur la scène de Petit Bain, c’est assez conceptuel en soi : le groupe est en effet composé de dix musiciens, dont cinq chanteurs ! Difficile de ne pas se marcher sur les pieds. Formé en 2010 par Mark Jansen, guitariste / growleur d’Epica, et deux anciens membres d’After Forever, le groupe a l’ambition d’allier death technique et envolées lyriques.


Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il le fait très bien. Après une introduction enregistrée très symphonique, où les cordes et les cuivres font monter la pression, le concert attaque pied au plancher.

C’est Henning Basse, en charge du chant clair masculin, qui a l’honneur de lancer le premier morceau, "Devil in Disguise". Il y montre une voix puissante, qui flirte avec le power. Le claviériste Jack Driessen, lui, assure une partition symphonique en diable, aidé par la chanteuse soprano Laura Macrì dont la voix et la technique font sensation dès les premières notes, alors qu’elle n’est que choriste sur ce morceau.


Les guitaristes et la section rythmique, eux, musclent le morceau avec un jeu très rapide et agressif, rejoint sur ce versant death par le growleur George Oosthoek qui les rejoint sur ce refrain.

En un titre, et alors que tous les membres n’ont pas encore investi la scène, Mayan a déjà amplement justifié sa présence ce soir, en démontrant sa capacité à mixer aisément des influences diverses.


Mark Jansen, qui a délaissé sa guitare sur ce projet, se paye le luxe de n’arriver que sur le deuxième morceau, "Drown the Demon", et le concert gagne encore en intensité et en rugissements ave ce titre et les suivants, où les growls et les screams de Jansen et Oosthoek prennent le dessus sur le chant clair, Basse, Macrì et Marcela Bovio (chant clair féminin) intervenant principalement sur les chœurs et les refrains.


Mais même avec cinq vocalistes, le concert arrive à laisser son moment de gloire à chacun, et les registres très complémentaires des chanteurs offrent ainsi une grande variété d’ambiances. Le fait d’avoir deux vocalistes pour le scream et le growl leur permet tantôt d’alterner, tantôt de se compléter et de s’émuler mutuellement.


Du côté du chant clair, cette complémentarité est encore plus marquée, entre un Henning Basse au chant très power metal ou une Marcela Bovio au chant heavy très puissante, capable de s’aventurer également du côté du chant lyrique. Mais c’est Laura Macrì qui impressionne le plus. Il faut dire qu’en ayant joué dans Carmen, Rigoletto ou encore La Bohème, la soprano italienne a forcément une technique vocale irréprochable, en plus d’un timbre magnifique.


A dix sur scène, cela peut parfois sembler partir un peu dans tous les sens, mais le groupe donne ce soir un concert extrêmement vivant, dans lequel les instruments comme les chanteurs sont capables de moments de bravoures personnels et d’une cohésion improbable au vu de la diversité des genres – death, sympho, lyrique, heavy…. Les musiciens semblent réellement contents d’être là, jouent entre eux, apostrophent le public à tour de rôle.


Si l’on tient à faire des reproches, on peut pointer les chœurs enregistrés qui ôtent un peu de spontanéité à la prestation (mais ils sont nettement moins nombreux que chez leurs camarades), et la légère sous-exploitation des chanteuses. Mais peut-être n’est-ce qu’une impression, car en se partageant la scène à dix, il est évident qu’aucun musicien ne peut la monopoliser trop longtemps.


Si le groupe passe en revue ses deux albums existants, il offre aussi au public français deux inédits issus de son futur troisième opus, Dhyana, à paraître en septembre prochain après une campagne de financement participatif. "The Power Process" fait la part belle aux vocalistes féminines, et sur un rythme mid-tempo, offre une nouvelle confirmation du talent du groupe en matière d’union des contraires. La seconde, "Tornado of Thoughts", est un titre plus rapide sur lequel le chant crié prédomine légèrement, même si les cinq vocalistes s’illustrent à tour de rôle.

 

Mayan achève sa prestation sur "Bites the Bullet", issu de son premier album, Quarterpast, où les dix musiciens démontrent une fois de plus leur osmose. Les acclamations de la foule sont amplement méritées ; gageons qu’elles présagent un prochain retour de la formation, cette fois en tête d’affiche.


Setlist
Descry
Devil in Disguise
Drown the Demon
Bloodline Forfeit
Burn Your Witches
Insano
The Power Process
Human Sacrifice
Tornado Of Thoughts
Faceless Spies
Bite the Bullet

 

Leaves Eyes


Après une entrée de cette ampleur, le plat de résistance a intérêt d’être à la hauteur. Après un délai d’attente raisonnable qui permet d’admirer la vue depuis la terrasse de Petit Bain, les lumières s’éteignent pour la troisième fois. Après une intro atmosphérique classique mais efficace, le chanteur Alexander Krull bondit sur scène et se met à haranguer le public, avant que la chanteuse Elina Siirala n’investisse la scène sur l'intro de "Sign of the Dragonhead", issu de leur dernier album du même nom.

La chanson, épique à souhait, est une parfaite introduction et permet à Siirala de montrer dès le début ses capacités vocales. Le public est visiblement déjà conquis. Il l’est encore plus avec la chanson suivante, "Accross the Sea", elle aussi issue du dernier album. Elle délaisse les histoires de dragons pour nous entrainer dans une taverne du port. Le public se met à sauter en rythme sur la musique cadencée, qui cadre parfaitement avec le lieu.


C’est en place, carré, rien à dire techniquement, les musiciens savent où ils sont et les titres s’enchaînent avec fluidité. Le groupe allemand est capable de varier drastiquement les ambiances d’un morceau à l’autre, ce qui est très agréable : lyrique sur "My Destiny", épique sur "Sign of the Dragonhead", presque martial sur "Jomsborg", festif sur "Swords in Rock".


Elina Siirala arrivée au chant en 2016 suite au départ de Liv Kristine – qui affirme s’être fait virer – n’a vocalement pas à rougir de la comparaison avec sa prédécesseur. Elle a un timbre très envoûtant et maîtrise parfaitement sa technique vocale, même si elle ne varie guère d’un genre musical à l’autre. Ceci dit, cela donne des sortes d’oxymores musicaux intéressants : quand son chant lyrique rencontre le registre de la chanson festive, on a parfois l’impression que Simone Simons a rencontré Alestorm !

En revanche, la chanteuse finlandaise ne brille pas forcément par sa présence scénique. Elle communique beaucoup avec le public et semble à l’aise sur les planches, mais manque un peu de charisme et a une façon assez raide de se déplacer, ce qui peut même être involontairement comique quand elle saute sur place.


La place de son co-vocaliste, Alexander Krull, est, elle beaucoup plus discutable. Son chant guttural n’apporte pas vraiment grand-chose aux morceaux. Alors que cette partie est censée apporter de l’intensité ou de l’agressivité aux chansons, ses interventions semblent purement cosmétiques, histoire de dire que oui, il y a du scream (un peu) chez Leaves Eyes. Cela ne l’empêche pas d’être omniprésent sur scène, à haranguer le public et faire les cent pas sur scène. Si ses interventions sont généralement justifiées sur l’introduction des chansons pour faire participer le public, qui n’attend que ça, elles laissent en revanche plus que dubitatifs au milieu d’un titre, surtout quand il coupe presque la parole à sa comparse en train de chanter.


Dommage, car derrière cet animateur du Club Metal, il y a des musiciens qui sont très bons et qui mériteraient un peu plus d’exposition. Les quatre instrumentistes donnent l’impression d’être vraiment à fond, et les guitaristes Thorsten Bauer et Pete Streit  font régulièrement entendre leurs compétences au détour d’un pont ou d’une introduction, voire, dans le meilleur des cas, le long d’un couplet. Il n’empêche qu’on est loin de l’osmose de Mayan, car ce sont les deux vocalistes qui monopolisent l’attention, se partageant équitablement l’attention du public.

Reste qu’on est toujours dubitatifs face à un groupe qui, non content de passer les chœurs en playback, a aussi enregistré ses claviers, alors que l’instrument est omniprésent sur chaque titre ! C’est d’autant plus étonnant que Krull est claviériste, et qu’il aurait probablement été mieux employé derrière cet instrument qu’à faire n’importe quoi sur le devant de la scène.


Cela n’empêche pas le groupe de mener un set agréable. Il nous amène vers la fin avec "Spirits Masquarade", un titre au charme envoûtant qui permet de mettre à l’honneur aussi bien la voix de Siirala que la dextérité des guitaristes et la puissance de la section rythmique, et notamment de Joris Nijenhuis à la batterie. Et le conclut avec "Blazing Waters", un titre efficace sur lequel Krull se révèle utile aussi bien au chant qu’à l’animation, puisqu’il revient des loges accoutré d’une côte de maille et d’un heaume, brandissant une épée !

Le concert s’achève sous les acclamations. Si la tête d’affiche a livré somme toute une bonne prestation, son co-headliner lui a donné une belle leçon en matière de présence scénique.

Setlist
Sign of the Dragonhead
Across the Sea
Take the Devil in Me
My Destiny
Swords in Rock
Jomsborg
Farewell Proud Men
Like a Mountain
Hell to the Heavens
Riders on the Wind
Fires in the North
Edge of Steel
Spirits' Masquerade
Blazing Waters

Photographies : © Alice de Bonnechose 2018
Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe

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