Watain au Hellfest 2018

Samedi 23 juin - 22h55 - Temple

Watain 

Un voyage au coeur des limbes.

 

La nuit est tombée, ambiance parfaite pour cette plongée dans les abîmes démoniaques en compagnie de Watain. Décors flambants (au sens littéral du terme), crânes divers et variés, croix à l’envers et litres de sang, l’équation classique pour un concert de black metal réussi qui s’annonce !

Watain, Hellfest, 2018, Hellfest Open Air, Temple, Black Metal, Thomas Orlanth

Comme à son habitude, le chanteur effectue son petit rituel de début de show. Muni d’une torche, Erik Danielsson allume les candélabres qui se trouvent sur scène un à un. Crânes d'animaux, odeur de brûlé, fumée qui envahit la scène, chaque élément de la mise en scène est délicieusement morbide et nous plonge dans une atmosphère malfaisante. Rien n’est laissé au hasard, y compris les structures en acier rouillé affichant le symbole du groupe (savoir un trident à l’envers), empilées façon Tetris. Tout est étudié pour que le public se sente au sein du Festival de l’Enfer au sens propre. Le regard figé, le chanteur soigne cette cérémonie pandémoniaque dans les moindres détails.

Au son des choeurs grégoriens en fond, et à la lumière des éclairages rouges inondant la batterie, l’ambiance est pesante.

Le reste du groupe arrive et se met en place, tous plus grimés les uns que les autres. Le coups de grosse caisse résonnent un à un, marquant l’éclairage progressif des spots. Soudain ça démarre : les musiciens handbanguent à l’unisson. C’est puissant, c’est dark et c’est énergique.

La ligne mélodique de la voix sombre d’Erik accompagnée par une batterie rapide déclenchent même quelques pogos.

Le chant guttural ténébreux prend de plus en plus d’amplitude, et dans cette montée crescendo la musique s’accélère. Les stroboscopes s’allument, on passe au niveau brutal !

Dans la Temple pleine à craquer, on peut voir une nuée de têtes se secouer en rythme. Erik s’adresse aux festivaliers avec des yeux de dément ! Les flammes continuent de brûler, les lumières sont toujours aussi rougeoyantes et le public est en feu !

Watain, Hellfest, 2018, Hellfest Open Air, Temple, Black Metal, Thomas Orlanth


Les riffs endiablés s’enchaînent avec célérité et les musiciens, comme à l’accoutumée, sont possédés par leur musique !

Entre leurs bodypaintings sortis tout droit d’un film d’horreur et la voix meurtrie d'Erik Danielsson envahissant la Temple, les suédois semblent être la personnification cauchemardesque de nos peurs les plus enfouies. Le contraste entre la mise en scène d’épouvante sanguinolente à souhait et les litanies psalmodiées amplifie ce climat horrifique frisant le malaisant. Il faut dire que Watain est connu pour son jeu de scène réglé comme du papier à musique et pour transporter son public dans un monde de terreur et d’angoisse. Les échanges avec les spectateurs sont peu nombreux mais ils ont le mérite d’exister contrairement à ce qu’on a pu observer avec d’autres groupes.

La musique se fait lourde, à tel point qu’on pourrait presque sentir le sol vibrer sous nos pieds ! Le frontman se positionne dos au public, et verse un liquide épais et rouge dans un calice qu’il présente aux festivaliers comme le Saint Graal. Brusquement il balance le contenu dans la fosse avant de se retourner et de lever la coupe vide vers les cieux. On continue dans le gore et le cérémonieux.
Les titres se suivent sans transition avec un son puissant et rempli de noirceur. Le public semble être sous l’emprise d’un sortilège démoniaque, il est autant possédé par la musique que le sont les suédois. Les lumières, jusqu’alors plutôt tamisées, gagnent en intensité. En observant ses voisins on peut prendre conscience de l’ampleur du monde agglutiné sous la Temple.

Soudain, enchainant les screams, Erik introduit un des titres-phares du groupe : « Malfeitor ». Le public, relativement calme jusqu’à présent, se déchaîne et bouge dans tous les sens ! Le sortilège libère les démons sommeillant en chacun de nous ! Le chanteur gesticule de manière désarticulée, ses cris deviennent des beuglements, et ses invectives adressées aux festivaliers sont aussitôt exécutées. Le public est obéissant, soumis et docile. Entre mélange d’effroi et d’admiration, aucun ne peut se soustraire à la volonté de Watain.

Il est intéressant de voir que les spectateurs ne semblent avoir aucune interaction entre eux, comme si chacun vivait individuellement son concert. Mais l’unité et la connexion sont malgré tout présentes sous la Temple car la possession est généralisée. Tous bougent en rythme à l’unisson. On observe même certains chanter à tue-tête les paroles alors qu’ils sont situés à des mètres les uns des autres. C’est la beauté des concerts : ne pas être directement en lien, mais retrouver une cohésion ambiante.

Watain, Hellfest, 2018, Hellfest Open Air, Temple, Black Metal, Thomas Orlanth

Les musiciens quittent la scène un instant avant de revenir, acclamés par le public qui en demande encore. Les chants grégoriens se font à nouveau entendre. On peut penser que ça va se calmer, mais que nenni ! Ca crie, ça s’accélère et c’est reparti pour des riffs dark endiablés dans un contexte macabre. Erik brandit sa torche comme s’il faisait preuve d’allégeance à son public.

Que l’on soit amateur de black metal ou pas, force est de reconnaître que le visuel est épatant. La technique est parfaite, l’image et le jeu de scène sont maîtrisés. C’est ordonné, carré et puissant. Pour certains c’est même viscéral ! Avec les lumières aveuglantes, on a l’impression d’être hypnotisé par les illuminations infernales. On passe du rouge au bleu, l’ambiance se fait glacial et un tantinet plus dérangeante. Ces démons grimés nous terrorisent et les amateurs de Game Of Thrones pourraient avoir l’impression d’être face aux "Marcheurs Blancs".

Après une courte accalmie, le rythme s’accélère de nouveau et les gens sont comme pris de spasmes. Sont-ils conscients de se mouvoir tous en cohésion avec ce rythme saccadé, comme frappés du même mal ?

Puis Erik annonce le dernier morceau de la soirée. Que nous réserve Watain pour ce final ? L’odeur de kérosène et de brûlé se fait plus imposante, on en a presque le tournis. Assommé par la lourdeur des riffs, on ne sait plus où donner de la tête. Le titre ultime est dans la lignée des précédents : son agressif, chargé d'atmosphère sombre avec une mise en scène sanglante.

Watain a fait honneur à sa réputation de groupe légendaire dans le Black Metal. Erik en redoutable maître de cérémonie des puissances démoniaques a mené la danse d’une main de fer pour nous emporter dans un monde d’horreur, de sang et de cauchemars.

CREDITS PHOTOS : (c) Thomas Orlanth 2018 - Utilisation interdite sans autorisation du photographe
Site internet : www.thomasorlanth.com
facebook: ici

Setlist :

1. Stellarvore
2. Devil's Blood
3. Nuclear Alchemy
4. Malfeitor
5. Furor Diabolicus
6. Outlaw
7. Sacred Damnation
8. Towards the Sanctuary
9. On Horns Impaled
10. The Serpent's Chalice

close

Ne perdez pas un instant

Soyez le premier à être au courant des actus de La Grosse Radio

Nous ne spammons pas ! Consultez notre politique de confidentialité pour plus d’informations.



Partagez cet article sur vos réseaux sociaux :

Ces articles en relation peuvent aussi vous intéresser...

Ces artistes en relation peuvent aussi vous intéresser...