Limp Bizkit au Hellfest 2018

Samedi 22 juin - Mainstage 2 - 22h25

Limp Bizkit

Une grande séance de foutage de gueule érigée au rang de beaux-arts
 

Il faut bien se l’avouer, Limp Bizkit a toujours été un patchwork de clichés, et ce ne sont généralement pas les prestations live qui donnent lieu à plus de finesse. Pour cette édition du Hellfest, le groupe était programmé le samedi, lors de la grande vague neo-metal du week-end. L’occasion d’une grande séance de foutage de gueule érigée au rang de beaux-arts.

Après un concert magistral de Deftones, le public des deux grandes scènes se doute qu’il va changer d’ambiance : chez Limp Bizkit, les chansons élaborées sont peu nombreuses et rarement jouées en concert. La confirmation arrive dès l’entrée en scène du groupe : le public ne va pas assister à un moment de grâce musicale.
 


Le concert peut alors être analysé selon deux prismes différents. Soit vous vous attendiez à un show cohérent et carré, qui passe en revue à peu près toutes les époques du groupe, et vous allez alors être cruellement déçus – mais en même temps, que faites-vous donc devant un concert de Limp Bizkit ? Dès le début, la basse de Tsuzumi Okai (laquelle remplace Sam Rivers sur la tournée suite à des problèmes de santé) est insupportable : beaucoup trop saturée, elle fait vibrer le sol jusqu’à la Main Stage 1. Descente d’organes et remontée de repas pas digérés garanties. A sa décharge, les deux scènes principales ont eu des problèmes de son tout au long du week-end, mais là, c’est particulièrement horrifiant. Heureusement, elle finit par plus ou moins régler le problème au bout de plusieurs morceaux, une fois que tout le monde a vomi son Hell burger.
 


Les autres musiciens sont à peu près autant en roue libre, le guitariste Wes Borland a dans un premier temps l’air de s’en foutre, tout comme Fred Durst, pas vraiment préoccupé par la justesse de son chant - après tout, s’il a engagé un choriste, c’est bien pour pouvoir se passer de faire des efforts d’interprétation, non ?  Ajoutez à cela un son parfois moyen, et vous avez une idée du niveau d’imperfection du concert.

En revanche, si vous considérez qu’un show de Limp Bizkit est d’abord le prétexte à s’ambiancer et à regarder des gens faire n’importe quoi avec beaucoup plus de swag qu’un DJ du Club Med, alors ce concert est une franche réussite. Les Américains sortent d’abord l’artillerie lourde avec leurs plus gros hits, ceux qui ont fait remuer les ados dans les années 2000 : "Hot Dog", "Rollin", "Nookie", "My Generation"… Chocolate Starfish And The Hot Dog Flavored Water a les honneurs, malgré une sortie en 2000, les autres albums sont royalement ignorés, à part Significant Other. Ce qui se passe sur scène ressemble à un grand cirque, avec Fred Durst en Monsieur Loyal, qui semble beaucoup s’amuser à se caricaturer lui-même. D’ailleurs, son accoutrement montre bien qu’il ne se prend pas au sérieux : quand on vient habillé d’un tee-shirt informe, de son bob de pêche et des rideaux de sa grand-mère – qui réalisent assurément leur meilleure prestation – c’est qu’on assume de faire n’importe quoi. "It’s a goddamn karaoke show" confirme d’ailleurs le frontman. Un karaoké avec plusieurs dizaines de milliers de personnes.
 


Histoire de renforcer l’animation, le groupe multiplie les reprises, pour que tous les curieux profanes en matière de biscuit mou puissent eux aussi participer au grand rituel rythmique : "Faith", de George Michael, dont le groupe a fait une version studio il y a longtemps, "Thieves", de Ministry, mais aussi "Master of Puppets" de Metallica, ou "Smell Like Teens Spirit" de Nirvana. Pour le coup, c’est Wes Borland qui se colle au chant, c’est assez faux, mais qu’importe, tout le monde s’en donne à cœur joie. A défaut de vraiment s’intéresser à ses propres chansons, Fred Durst s’intéresse beaucoup au public : il cause en permanence et a l’air content de voir des gens contents. Bref, tout le monde est content, et le chanteur, pris d’une envie de rendre hommage à la France, entonne le début de "La Marseillaise", reprise en chœur par une bonne partie du public qui connait le texte bien mieux que Fred Durst, assez interloqué. C’est assez incongru, mais ça met bien l'ambiance.

Devant la Main Stage 2 sur laquelle joue le groupe, le public est à fond, mais la vague d’hystérie provoque des remous jusque devant la Main Stage 1, où les spectateurs qui attendent Avenged Sevenfold sautent dans tous les sens et s’agitent comme des petits foufous. Les premiers rangs de la Main Stage 1 s’enflamment encore plus quand Wes Borland vient jouer "Break Stuff" au milieu de la foule, sous l’œil perplexe du frontman.

Au final, on aura eu l’impression d’assister à un trollage en règle, mais contrairement à d’autres, comme certains révérends, Limp Bizkit donne moins l’impression de se moquer de son public que de se foutre de tout avec lui, et après tout, cela a toujours été l’essence du groupe.

Setlist
(Intro sur Purple Rain)
•  Hot Dog  (précédé de l’intro de Cowboy from Hell de Pantera, en hommage à Vinnie Paul)
•  Rollin' (Air Raid Vehicle)
•  Nookie
•  Full Nelson
•  Thieves (reprise de Ministry)
•  My Generation
• Medley : Masters of Puppets (reprise de Metallica), Wasted Years (reprise de Metallica), Holy Wars… The Punishment Due (reprise de Megadeth)
• Smell Like Teen Spirit (reprise de Nirvana)
•  Killing in the Name (reprise de Rage Against The Machine
•  Faith (reprise de George Michael)
•  My Way
•  Break Stuff
•  Take a Look Around
(Sortie sur Don't You (Forget About Me) de Simple Minds)

Photo : Nidhal Marzouk. Reproduction interdite sans autorisation du photographe.

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