Interview avec William DuVall et Mike Inez d’Alice In Chains


Nous avons rencontré William DuVall et Mike Inez, respectivement chanteur/guitariste et bassiste d’Alice In Chains, à quelques heures de leur concert au Hellfest 2018. Ils nous parlent de leur nouvel album Rainier Fog à paraître le 24 août 2018, et de l’ambiance bien particulière de leur enregistrement à Seattle.

Merci beaucoup à tous les deux de nous accorder cette interview. Prêts pour ce soir?

Mike Inez: Oui, oui !

William DuVall: Nous avons hâte !

Votre nouvel album, Rainier Fog, est sur le point de sortir, comment vous vous sentez à l'approche de cette sortie?

Mike: Très bien. C’est toujours quelque chose de travailler sur un album durant un ou deux ans, puis de le dévoiler au public. Il y a quelque chose d’amusant mais aussi de libérateur. Après tout le long travail, les petites épreuves, les doutes. C’est vraiment tout un parcours, avec différents voyages en studio et compagnie. Au final on n’a plus vraiment l’impression que cet album nous appartient. Mais on très excités à l’idée de faire écouter cet album et d’avoir des retours. A chaque fois, à la fin de l’enregistrement, je ne veux plus écouter l’album avant un bon moment.

William: Après tout ça, il faut en plus apprendre à le jouer en live.

Mike: Oui, et c’est un enjeu complètement différent. On est vraiment dans un très bon état d’esprit en ce moment, on a la chance de pouvoir jouer dans de nombreux pays, sur de belles scène.

Vous commencez déjà à jouer quelques nouveaux morceaux sur scène?

William: Oui, on a déjà intégré quelques morceaux à notre setlist, et nous allons en jouer dès ce soir. C’est tout un travail aussi de voir comment intégrer ces nouveaux titres avec les plus anciens, que tout le monde connaît.

Comment s’est passé l’enregistrement de ce nouvel opus?

William: On a fait le plus gros de l’enregistrement à Seattle, et pour plusieurs raisons, il était important pour nous que retranscrire une certaines ambiance, une histoire. Pour moi c’était important d’aller là-bas, d’y vivre un peu, de participer à des évènements. C’était une chance pour moi d’y rester aussi longtemps pour la première fois. J’ai vraiment pu m'imprégner de tout ce qu’il y avait sur place, l’air, l’eau, les gens. Le but était vraiment d’être immergé, de comprendre ce qui nous entourait et l'histoire de la ville.

On a passé tout notre été 2017 là-bas, c’est la meilleure période de l’année pour être à Seattle, c’est vraiment un des plus beaux endroits sur cette planète. On marchait pour aller en ville tous les jours, notre studio était en ville, je pouvais y amener ma mère, ou mon fils. Leur montrer la ville, tout ça.

Mike: C’était vraiment un été cool.

William: Oui, c’était cool, mais il y avait aussi quelque chose de spirituel. Toute cette énergie autour de nous, venue du passé, ça nous a beaucoup aidé. Ca nous a boosté.

Mike: J’étais assez anxieux à l’idée de retourner là où Dirt avait été enregistré. Jerry l’était aussi. J’avais des souvenirs à chaque coin de rue, plus jeune, des souvenirs de fêtes, d’un certain état d’esprit de cette époque là. J’avais quelques palpitations à certains moment, mais c’était vraiment cool de retourner là-bas. Une fois arrivé au studio, les portes closes, les guitares branchées, toute cette angoisse a disparu, je pense que cette confrontation était nécessaire.

D’où vient ce titre, Rainier Fog?

Mike: C’est encore une fois en rapport avec Seattle et au volcan Rainier. On pouvait réellement voir cet énorme volcan lorsque nous sortions de notre studio. C’était vraiment très beau. Ce titre, pour nous, renvoie à un tout un état d’esprit présent à ce moment-là, et à l’ambiance que nous avons rencontrée, même si nous n’avons pas réellement profité de la part sombre de Seattle, que l’on imagine pluvieuse, pleine de brouillard.

William: Il pleut beaucoup, mais en été, c’est vraiment très ensoleillé.

Mike: Les gens sont cloîtrés à l’intérieur pendant 9 mois, mais durant 3 mois il fait extrêmement beau et tout le monde est dehors. C’est vraiment magique.

William: Le centre est vraiment cool, magique, il y a beaucoup de bonnes choses à voir, et à manger. C’est très vibrant, et très animé. Tout le monde est très accueillant.

Mike: C’est très animé, il y a une richesse culturelle et ça bouge. Il y avait des manifestations tous les jours!

William: Il y avait des manifestations tous les jours à cause de tout ce qu’il peut se passer en ce moment aux États-Unis. J’en ai profité pour assister à certaines d’entre elles. Il y a une telle énergie là-bas, les gens veulent se battre pour leurs idées, pour tout le monde, pour l’égalité sur le plan éthnique, sexuel, tout. C’est une ville où l’on peut voir tout type de personnes, dans les rues, dans les bars, des gens qui sont en plein milieu de leur transition sexuelle, de toutes les origines.

Mike: Et tous en train de fumer ! (rires)

William: Mais non ! Mais ils veulent se faire entendre. Je suis allé à cet événement, contre des nazis qui voulaient justement défiler. J’ai déjà vécu tout cela durant mon adolescence à Atlanta, ils faisaient des marches, sans aucune impunité, dans le centre d’Atlanta. A Seattle c’était vraiment l’inverse, il y avait très peu de nazis, tandis que les manifestants étaient très très nombreux! C’est ça Seattle ! Travailler là-bas durant tout un été, c’était vraiment cool. J’ai même été arrêté par un policier dans la rue, je me disais “ça y est, qu’est-ce qu’il se passe…” et le policier s’est écrié “Oh vous êtes William, je vous ai vu jouer il y a quelques années, qu’est-ce que vous faites ici? Vous enregistrez”, et c’était vraiment trop sympa. Ce genre de situation n’arrive pas tous les jours pour un mec comme moi.

Il y a des morceaux très forts sur cet album, comme notamment “Never Fade”, vous pouvez nous en dire plus?

William: Ce morceau est vraiment exceptionnel pour moi. C’était magique d’écrire les paroles de ce morceau en studio, directement. Nous avions une petite pièce à l’arrière du studio, où l'on pouvait s’isoler et travailler un peu sur nos idées, ce genre de chose. Un soir, tout le monde est rentré chez soi, et je suis resté à travailler dans cette petite pièce. J’ai commencé à penser à tout ce qu’il se passait en ce moment: Nous, à Seattle, en train d’enregistrer cet album. Tous les gens qui avaient enregistré ici auparavant, tous ces musiciens, et ces groupes qui se sont rencontrés ici. Tout ce qui avait été fait ici, dans la pièce même où j’étais. Je pensais également à certaines choses plus personnelles, comme ma grand-mère, que je venais tout juste de perdre. Je pensais à Chris Cornell. Tout. Et je me suis dit que je ne voulais pas quitter cet endroit tant que je n’avais pas réussi à sortir ça.

Mike, est-ce qu’un morceau te touche plus particulièrement sur cet album?

Mike: Personnellement, je n’aime aucun morceau sur cet album. Je n’aime même pas le rock, je ne fais ça que pour l’argent. (rires)

William: Ce n’est pas le bon business alors! (rires)

Mike: C’est vrai, on en dépense plus pour faire nos albums… J’aime le titre "Rainier Fog", j’aime les morceaux un peu plus rentre dedans. Je suis vraiment le mec “heavy” dans ce groupe, j’aime les gros riffs. Mais j’aime aussi énormément tout ce qu’il y a autour de ça: rencontrer des fans, des journalistes, jouer dans des endroits impressionnants, comme le Hellfest aujourd’hui. Culturellement, c’est quelque chose de fort et intéressant. Les gens se réunissent autour de cela, c’est quelque chose qu’on trouve beaucoup en Europe, et moins aux États-Unis par exemple, alors que les États-Unis en auraient bien besoin en ce moment!

Avec la fin de groupes comme Soundgarden, vous restez les seuls pionniers du grunge encore actifs de cette scène de Seattle, qu’est-ce que cela représente pour vous?

William: On ne pense pas réellement grunge, nous ne sommes que des musiciens, nous jouons la musique que nous aimons.

Mike: Je suis aussi triste que Soundgarden ne joue pas ce soir, que Motörhead, tu vois ce que je veux dire? Aucun groupe de Seattle dira qu’il est un groupe de grunge. Le secret de ces groupes venant de Seattle, c’est qu’ils étaient isolés du reste de la scène, de New York ou L.A. Je pense qu’il n’y a plus ces clivages en 2018, même si à l’époque, c’était très important de pouvoir s’identifier et se connecter à une certaine scène. Je rêve qu’un gamin de 16 ans et ses potes se réunissent dans un garage et deviennent les nouveaux Alice in Chains aujourd’hui. Ils pourront honnêtement être meilleurs que nous.

Merci beaucoup à tous les deux pour cette interview. Une dernière question pour aujourd’hui: Si vous deviez choisir un album qui a changé votre vie, lequel serait-il?

William: Band of Gypsys d’Hendrix. Cet album a réellement changé ma vie.

Mike: Moi je vais juste choisir… L’Angleterre! Vraiment, tout ce qui peut venir de là-bas, durant les années 60 et 70, Cream, Led Zeppelin. J’aime tout ça!

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