Xavier et JC de Malemort

Quelques heures après leur prestation sur la Main Stage 2, on a eu la chance de s'entretenir avec Xavier et JC de Malemort. L'occasion de revenir sur ce concert, leur conception du metal mais aussi de leur actualité.


Bon alors, ce Hellfest ?

Xavier : Énorme surprise. Vraiment énorme surprise, parce que c'est la surprise de ne pas être surpris une fois que tu es sur scène. Nous qui faisons des scènes beaucoup plus petites habituellement, on s'est senti tout de suite à l'aise sur la grande scène alors que c'était notre appréhension première. On s'est dit qu'il y avait un truc qu'il allait falloir travailler, c'est les dimensions. Tu vois, occuper l'espace. Et finalement c'est venu tout naturellement, donc je sais pas si c'était bien, mais en tout cas on l'a bien senti. L'autre surprise c'est le public, le fait de se retrouver avec autant de monde devant aussi vite. 

Le vendredi matin t'as généralement la chance d'avoir plus de monde qui se déplace, donc oui, ce créneau d'ouverture, par rapport aux autres matins, reste le meilleur. 

Bien sûr ! Tu vois, on s'est dit que non seulement, on comptait sur le fait que les gens rentrent là-dedans et ont envie de prendre leur premier concert dans la figure, mais je m'attendais à beaucoup plus de curieux qui jettent un oeil puis passent leur chemin, se déplacent sur les autres scènes. Là on a vu les gens arriver, et ça a continué à arriver tout du long et ça bougeait pas, ça continuait à s'agglomérer. Et de voir des gens qui chantaient nos paroles, ça nous a surpris aussi. La vraie surprise elle est là, dans la réponse du public. Moi je suis aussi un festivalier, et j'adorais ce côté tu donnes un petit truc au public et il te le rend imméditament. Y'a que dans le metal que tu vois un truc pareil. Moi je suis désolé, c'est le sentiment que j'ai, surtout dans les manifestations metal qui sont comme ça, généralistes. On n'est plus dans l'esprit de chapelle, de clan, la Main Stage passe de tout, on vient se faire plaisir. J'ai ressenti ça hyper fortement. La définition, le truc qui me vient en premier, ça peut paraître complètement con, mais le premier terme qui me vient c'est la joie, quoi. Ça s'exprime par des musiques dites brutales pour les gens qui aiment pas le metal, mais nous on partage de la joie quoi. C'est vraiment ma sensation forte. 

La dernière fois qu'on s'est vu, c'était au Divan du Monde, avec Acyl et 6:33. Si on comparait ce public dans une petite salle, qui est plus acquis à la cause parce que les styles se ressemblent, et une scène où tu auras ton public et beaucoup de novices, est-ce que ce sont deux plaisirs différents ?

J'ai le sentiment que le défi était plus important au Divan du Monde, parce que même si avec les deux autres groupes on a une certaine cohésion dans notre façon de proposer un metal qui soit le nôtre, un metal personnel pour les trois groupes, cétait plus difficiles parce que les publics étaient différents. Il fallait donc les amener dans le trip de ton groupe à toi, et là j'ai le sentiment d'un public très ouvert, à fond la caisse dès le départ. Et puis aussi, on s'en est rendu compte pendant les signing sessions chez Rock Hard, y'a des gens qui ont acheté les albums, qui connaissaient les paroles, qui s'étaient pointés exprès pour nous voir, et qu'on connait pas. 

JC : C'est surtout des gens qui venaient de la France entière, pas juste limité au public parisien. 

Xavier : En fait, on s'est clairement pris ça dans la gueule. Au moment des signatures, Rock Hard nous a dit qu'on aurait pas beaucoup de monde, et on s'est retrouvé à dépasser l'heure limite, des gens qui ont acheté l'album, qui le font écouter à leurs gosses.... Donc pleins de trucs qu'on voit pas mais qui se passent quand même, comme aujourd'hui ces gens loin dans la foule qui chantaient les paroles. On a eu une chance d'enfer. 

JC : Moi j'suis Picard, et y'a un mec qui est venu tout à l'heure, je lui demande "Tu viens d'où", il me répond "de Beauvais". J'habite à côté quoi ! Ici ce sont des choses qu'on a pas vécu à Paris. Des gens de Lyon, du Sud, du Nord, qui viennent et qui te demandent, ça n'a pas de prix ça, c'est là que tu te rends compte de l'importance de ce que tu leur apportes et de ce que eux peuvent te donner.

Xavier : Ça n'a rien à voir avec un concept de célébrité. On vient de l'underground, le metal en France, c'est petit. Y'a pas de thune, mais en fait, tu réalises que ce que tu fais aide les gens à vivre un truc positif. Et ça ouais, comme tu dis, ça a pas de prix.

JC : Et c'est là que tu te dis en fait que toute l'énergie que tu peux développer pour ça, tous ces moments où on en chie, ça les vaut, les gens viennent pour toi et acquièrent à la musique que tu crées.

Xavier : T'as des gens qui s'imaginent des histoires par rapport aux textes ou un lien particulier avec d'autres. Nous on propose des chansons, on ne se cantonne pas dans un style. Et j'adore quand quelqu'un vient me dire "Cette chanson m'évoque telle chose", y'a une histoire personnelle. 

Xavier, JC, Acyl, 6:33, Divan du Monde, Main Stage

Justement, est-ce qu'il y a eu des moments où des personnes venaient vous apporter une interprétation sur un morceau qui n'est pas forcément la vôtre, mais où vous vous êtes dit que ce serait quelque chose d'intéressant à développer ?

Ça, tu l'as souvent. Des gens qui ont une lecture très différente de ce que toi tu proposes, ou alors inversement, ce matin en signature y'a une fille qui est venue me parler d'un texte que j'avais écrit, et sur une phrase en particulier, elle a topé exactement le sens que j'y ai mis. 

JC : Elle m'en a parlé aussi derrière !

Xavier : J'étais estomaqué. Y'a un lien aux paroles. Tu vois, c'est ce qui me dit que j'ai raison d'écrire en français, ça crée du lien. Et inversement, j'ai envie de te dire, y'a tellement de gens internationaux qui écrivent en anglais, c'est pas un plus non plus, tout le monde le fait, donc j'ai pas de problèmes par rapport à ça. Je me dis qu'au moins, c'est quelque chose de personnel.

C'est quelque chose que vous avez tenté de faire, jouer ici, ou c'est arrivé par hasard ?

On n'a jamais tenté de le faire. C'est le buzz autour du deuxième album. J'ai une vénération pour le Hellfest, je considère que c'est un fest qui ressemble, comme beaucoup de metalleux, à ce dont je rêvais avant. Quand on entend des gens qui font les fines bouches, je peux pas comprendre ça, parce que si le Hellfest s'arrêtait, ces gens seraient les premiers à pleure qu'en France il se passe jamais rien. Ce que j'aime avec ça c'est le rassemblement des familles. Quoi qu'ils écoutent d'ailleurs, ils viennent, ils communient ensemble, même les black metalleux vont sortir se faire un petit Europe et ça, c'est ma vision du metal. Et le Hellfest c'est ça.

JC : Au-delà du rassemblement, y'a le côté passion en fait, qu'on retrouve pas ailleurs. Par exemple, j'ai fait le Graspop plusieurs années, Wacken, tu retrouves pas ça. C'est la première fois que je viens en plus, j'ai jamais fait le Hellfest pour des raisons personnelles, à chaque fois c'est mal tombé, et là je me rends compte de la passion. On est là pour partager.

Xavier : Ce que les mecs font en bénéfice, ils le réinvestissent dans la déco, ça veut tout dire.

Et en plus sans augmenter énormément le prix du pass.

Xavier : C'est ça, ça veut tout dire. Donc nous, le Hellfest, on s'y attendait pas, c'est le buzz qui est monté petit à petit grâce aux webzines, aux magazines, les gens nous disaient "Vous allez finir au Hellfest les gars". On n'y croyais pas, puis des gens du milieu ont commencé à nous en parler, on a appris qu'on était dans la wish list, après on a toujours essayé de garder notre sang-froid par rapport à tout ça, déjà parce qu'on est même pas sur label. D'ailleurs, une fois encore, bravo au Hellfest, on joue un metal qui n'est pas estampillé dans un style particulier, donc si ils nous faisaient jouer, ils avaient pas le choix, il fallait nous mettre sur la Main Stage, tu vois. Faut le faire ! Y'a des labels qui demandent à prendre tel ou tel de leur groupe, y'a un contexte qui est lourd à gérer pour les organisateurs, mais les mecs nous ont gardé une place au chaud. Y'a toujours l'idée qu'il n'y a pas assez de groupes français sur l'affiche, en même temps c'est un festival mondial, et sur tous ces groupes, y'a des formations françaises, on est l'exemple vivant d'une prise de risque. Le Hellfest, qu'est-ce qu'ils ont à gagner avec nous ? Rock Hard y a fait beaucoup, les milieux des webzines, des fanzines, qui bossent à l'année, c'est eux qui portent tout le poids qui fait qu'à un moment donné, les choses avancent.

Xavier, JC, Acyl, 6:33, Divan du Monde, Main Stage

Vous êtes pour les trois jours, des interviews mais j'imagine aussi des kifs. Y'a des groupes que vous avez envie de voir ?

Xavier : Je sais que là on finit à 17h, demain aussi, dimanche on en a un petit peu moins. Après, on s'arrange par rapport aux groupes qu'on a envie de voir. Et tu vois, l'avantage d'être passé au début, c'est qu'après t'es plus zen. Là je viens de croiser Stef Buriez de Loudblast, qui nous suit depuis le début, c'est mon idôle d'adolescence, c'est le groupe français qui proposait des albums qui rivalisaient totalement à l'international. Je l'ai pris dans les bras tout à l'heure, on se croise régulièrement, il m'a dit qu'il nous avait vu tout à l'heure, qu'il avait aimé le show. Quand ça vient d'un type dont t'as écouté la musique, ça aussi ça m'a pris.

Le show était bon, en plus.

On sentait sur les derniers concerts qu'on avait franchi un pallier. On a fait un Gibus, un Bus Palladium, des trucs comme ça avec des affiches intéressantes, on sentait que ça rentrait de mieux en mieux et qu'on était plus costaud.

Alors je sais pas si vous avez eu ces retours là, mais ce qui était un peu dommage par contre, c'est qu'il y avait des problèmes de son assez prononcés, on entendait ni guitare ni clavier par moments.

JC : Ça c'est ton ressenti, moi sur scène j'entendais tout.

Xavier : Y'avait beaucoup de vent ce matin, c'est terrible. On a eu la chance déjà de le faire.

JC : Faut en parler à Ben Barbaud, lui dire de nous inviter dans deux ans, en début de soirée, on est preneurs ! On aura peut-être même un nouvel album !

Xavier : Ouais....

Qu'est-ce qui se propage pour Malemort ?

On fait un petit festival sur la région parisienne la semaine prochaine, un truc qui se passe dans un jardin avec nos potes d'Acyl.

Le Cave Fest ?

Ouais ! On va se régaler. On adore le concept de passer du Hellfest au Cave Fest. En moins d'une semaine, passer de la Main Stage à un jardin, je trouve ça fabuleux, c'est ça le metal. On peut avoir la chance de temps en temps de faire un truc énorme, et la plupart du temps c'est face aux gens, yeux dans les yeux, moi ça me correspond totalement. Y'a le Metaldays après, et peut-être des dates nationales en octobre, comme une mini-tournée mais ça on n'est pas du tout sûrs encore. Suite à quoi, on ne prendra plus que des propositions qu'on a pas le droit de refuser, parce qu'il faut qu'on se pose, et qu'on compose, on n'a pas du tout eu le temps de ça. On a trop fait de choses en dehors de la compo, quand tu gères un groupe de A à Z, tu fais du management, de la vie de groupe, de la promotion, de la gestion de concert, du merchandising, tu fais que ça, tu remplaces un label en sorte. Avec ça tu peux pas composer un album, surtout quand tu considères ça comme quelque chose de sacré. Pour moi c'est à l'ancienne, les albums que j'ai toujours vénéré passent pas d'un titre au suivant, et ils apportent tous une pierre à l'édifice. Perso je peux pas considérer un album de Malemort autrement que comme ça. Je prendrai le temps qu'il faudra et il faut que j'ai quelque chose à dire. J'ai des idées d'atmosphères, mais il nous faut du temps pour écrire. 

Photos : Nidhal Marzouk. Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe.

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