Satyricon au Hellfest 2018

Vendredi - 22h55 - Temple

Satyricon

La bande de Satyr et Frost donne un show maîtrisé de A à Z

 

En cette fin de première journée en Enfer, la tente de la Temple est pleine à craquer pour accueillir les Norvégiens. Depuis 2017 Satyricon avait divisé son public: d'un côté les fans puristes suivant le groupe depuis ses débuts et décriant Deep Calleth Upon Deep. De l'autre les amateurs de cette nouvelle direction donnée à la musique black metal du groupe. Nul doute que le choix de la setlist influencera beaucoup les réactions du public.


Des lumières bleues et vertes donnant une ambiance glaciale et dark innondent la scène pendant que les musiciens se mettent en place. Pile à l'heure, Satyricon démarre direct avec "Midnight Serpent". Morceau enragé avec des orchestrations angoissantes, la bande de Satyr et Frost s'aligne horizontalement pour headbanguer en choeur en même temps que les festivaliers.

Pratiquant de grands gestes avec les yeux écarquillés, on dirait que le chanteur nous raconte une histoire d'épouvante. Sa voix caverneuse et posée va soudain prendre un autre tournant lorsque la musique s'accélère et que les lumières passent en mode stroboscope. L'histoire continue sur un ton plus pesant mais tout aussi lourd. Le set gagne ainsi en rapidité et en énergie.

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Satyr communique régulièrement avec son public par des jeux de regards et des signes à son attention. Il transcende les festivaliers de son cri growlé. Le clavier résonne et contribue à cette ambiance lugubre. Les fumigènes envahissent la scène et la voix de Satyr murmure en fond sonore tel un serpent persiflant. Les gratteux continuent de jouer avec brio tout en réalisant leur placement à l'image d'une chorégraphie parfaitement rodée. Tout en continuant à s'adresser aux festivaliers de manière maléfique, Satyr salue le Hellfest à la fin du morceau et s'attèle au titre suivant.

Avec "Our World, It Rumbles Tonight" on passe à un niveau plus brutal : la batterie de Frost se fait lourde, rapide. Les Norvégiens font tournoyer leurs cheveux tels des ventilateurs. A coup de "come on !" adressé aux festivaliers, ces derniers répondent à l'appel de se lâchent. Headbangs, poings levés, yeux fermés, perdu dans la musique chacun se laisse porter en rythme.

Le récit suit son cours, les orchestrations produisent leur petit effet et Satyr soutenant le regard de chacun des festivaliers semble essayer de pénétrer leur esprit. Remerciant chaleureusement son public à chacune ses transitions, le moins qu'on puisse dire c'est que les Norvégiens sont en interaction totale avec les spectateurs et font le maximum d'effort pour entretenir ce lien. Soudain, dans cette atmosphère sombre, ce n'est plus une histoire qui nous est contée mais le début d'une messe noire dont nous sommes les disciples. Le claviériste par ses doigts habiles et dextres accentue ce côté religieux et solennel. La musique se fait davantage symphonique atténuant l'aspect écrasant en apportant plus de légèreté aux chansons.

Le show continue et le groupe commence un morceau qui en ravit plus d'un. Comme le souligne le chanteur, il s'agit d'un titre traditionnel qu’il prend toujours un plaisir à jouer. Puis "Now, Diabolical" se fait entendre. Les lumières deviennent rouges, on passe dans un registre sanguinaire et cruel. Les festivaliers se joignent à Satyr psalmodiant en chœur le refrain « Now, Diabolical ». Les lumières rouges s’éteignent, on repasse au bleu glacial et le titre suivant se fait plus calme. Ce n’est pas pour autant que le public sort de sa trance : les air guitars se multiplient, les paupières sont closes et le black metal norvégien continue d’envahir les esprits.

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Le charismatique Satyr continue sa prestation en hurlant comme s’il était à l’agonie et levant les bras au ciel. Souhaite-t-il laisser une entité extérieure prendre possession de son être ? Les éclairages illuminent soudain la totalité de la Temple : le chanteur contemple ses fidèles avec fierté puis s’en suit une chanson attendue par le public. Plus de vingt ans après sa sortie, "Mother North" est accueillie par une multitude de bras levés oscillant de droite à gauche comme une vague.

Mettant sa main dernière son oreille, Satyr appelle les festivaliers à l’accompagner au chant de toutes leurs cordes vocales. Des grands « ooooooh oooooooh oooooooh » s’élèvent dans les airs, le stroboscope ne s’arrête plus. Ce passage constitue clairement un moment fort du concert, tant par l’ambiance étrange et dark qui règne que par le public passionné qui ne cache pas son plaisir.

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A la fin du morceau, les musiciens sortent de scène mais le clavier continue de se faire entendre. Les festivaliers tapent dans leurs mains pour faire revenir les Norvégiens. Répondant au rappel, Satyricon entame une nouvelle prestation et les fidèles auditeurs oublient alors toute discipline ! Se déhanchant dans tous les sens, l’ordre ne règne plus, on le laisse complétement aller au rythme des riffs lourds et du son dissonant. Mais le show n’est pas terminé et après ce passage endiablé il faut reprendre ses esprits. Il est difficile de suivre le rythme effréné de Satyricon, notre souffle est mis à rude épreuve.

Cependant la fin du set approche, et sentant qu’il s’agit de la dernière chanson le groupe comme le public sont prêts à tout donner pour "K.I.N.G.". Les festivaliers ne seront pas déçus et c’est dans ce genre de situation que l’expression « garder le meilleur pour la fin » prend tout son sens. Riffs tranchants, chant guttural, technique maîtrisée et performance sonore s’associent pour donner une équation gagnante. Les festivaliers ne veulent pas que le groupe s’en aille, cependant après un tel set Satyricon va prendre un repos bien mérité !

Au final, même si les titres récents ont créé moins d’enthousiasme comparé aux morceaux phares du groupe, Satyricon n’a rien perdu de sa superbe et plus de vingt ans après continue de faire honneur à sa réputation. Les Norvégiens emblématiques du black metal auront particulièrement marqué les esprits avec une précision rigoureuse dans le son et la technique qui permet d’apprécier chaque nuance de leur musique.

Setlist :
1. Midnight Serpent
2. Our World, It Rumbles Tonight
3. Black Crow on a Tombstone
4. Deep Calleth Upon Deep
5. Now, Diabolical
6. To Your Brethren in the Dark
7. Mother North
8. The Pentagram Burns
9. Fuel for Hatred
10. K.I.N.G.

CREDIT PHOTOS : (c) Thomas Orlanth 2018 - Utilisation interdite sans autorisation du photographeSite internet : www.thomasorlanth.com  facebook: ici

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