Caligula’s Horse (+ Circles & I Built the Sky) au Backstage by the Mill (08.10.2018)

Caligula's Horse est une étoile montante du prog australien et leur première venue en Europe en première partie de Shining en 2015 nous l'avait démontré. Trois ans plus tard et un très bon In Contact sorti récemment, voilà la bande partie dans une tournée en tête d'affiche avec deux autres formations australiennes, Circles et I Built the Sky. Dans un Backstage by the Mill plus rempli que ce qu'on aurait pu imaginer, le combo de Brisbane avait de quoi faire pour son tout premier concert européen en tête d'affiche.

I Built The Sky

On commence la soirée avec I Built the Sky, trio instrumental en provenance de Melbourne. Comme de nombreuses formations du même style (on pense à Plini notamment), il s'agit avant tout du projet solo d'un guitariste, Rohan Stevenson. Ce dernier nous présente des compositions djent semblables à Animals As Leaders, le focus étant bien évidemment mis sur des solos en veux-tu en voilà.

i built the sky, rohan stevenson, paris, backstage, 2018

La sauce a du mal à prendre en début de set, la faute à un son pas encore optimal et à des approximations techniques. Le batteur est parfois un peu à la rue et même Rohan commet quelques pains dans l'interprétation de certains de ses riffs. L'attitude tranche avec les formations de djent d'habitude très sobres puisque le leader et son bassiste Sam Tan viennent régulièrement au contact du premier rang et font le maximum pour interagir avec la salle qui les découvre. Mais cela ne suffit pas et on est tout de même un peu sceptique face à des solos sympas mais dont la qualité n'a rien à voir avec ce qu'on peut retrouver chez Sam Vallen de Caligula's Horse par exemple.

i built the sky, backstage, djent, paris, 2018

Doucement mais sûrement, les Australiens se chauffent et plus les chansons passent, plus la prestation s'améliore. « Celestial » marque par sa rythmique groovy à souhait malgré de trop nombreuses parties samplées. Globalement les titres qui fonctionnent le mieux sont ceux laissant libre cours à la section rythmique, largement capable de faire headbanger la majorité des têtes de la fosse. On se dit qu'un guitariste rythmique ne serait pas de trop pour épauler le trio.

Le public se réveille à son tour et commence à bien acclamer les Australiens jusqu'à leur sortie de scène. L'ovation est méritée car le groupe a su se reprendre après un début de set en demi-teinte pour proposer un set de qualité.


Circles

Place à Circles désormais, autre membre de la prolifique scène prog/djent australienne. Ici, on a affaire à un groupe un peu différent dans le son puisque les compositions s’aventurent parfois loin des sentiers battus de la très codée scène djent. On aimerait entendre tout ça mais visiblement, le backing track ne veut pas démarrer et force le chanteur Ben Rechter à meubler avec humour pendant cinq minutes face à ce faux départ. C'est aussi ça de se reposer autant sur la technologie.

ted furuhashi, circles, djent, paris, 2018, backstage

Finalement le concert démarre et comme pour I Built the Sky, il faut une quinzaine de minutes pour que les musiciens se chauffent et lancent vraiment le set. Le début de tournée se fait sentir et on fait face à une formation un peu rouillée, ce qui peut se comprendre. Le chant est exclusivement clair et rappelle beaucoup Karnivool, autre combo australien. Ce chant en live prend une tournure presque pop assez déroutante tout en étant très bien maîtrisé.

On reste assez proche de la tête d'affiche de la soirée et Circles n'a aucun mal à faire adhérer la foule de plus en plus compacte à ses riffs alambiqués. Dès que Ben annonce des chansons plus anciennes, la sauce prend et le tout est bien plus dynamique. A la guitare, Ted Furuhashi nous offre une performance discrète mais intéressante, tout en tapping et en note dissonantes.

circles, paris, backstage, 2018

Le côté progressif et expérimental poussé de la musique de Circles aura permis aux Australiens de tirer leur épingle du jeu sur cette affiche. Mieux vaut être familier en studio pour apprécier au mieux le live mais nul doute que quelques têtes auront été conquises par ces quarante minutes.

Caligula's Horse

Voici donc Caligula's Horse en tête d'affiche devant le public parisien. Avant même de commencer, Jim Grey ne peut s'empêcher de blaguer avec les premiers rangs avec son humour pince-sans-rire habituel. Mais une fois le concert démarré, le sérieux est de mise. Comme sur album, « Dream the Dead » et « Will's Song » nous tombent dessus et on peut déjà admirer la maitrise des cinq membres du groupe. Depuis trois ans, le batteur et le guitariste ont changé et le niveau technique semble avoir encore augmenté au côté de l'indéboulonnable duo Jim GreySam Vallen.

sam vallen, caligula's horse, paris, 2018, backstage

On sent vite que les Australiens vont nous délivrer un véritable show en tête d'affiche, à leur rythme. Rapidement, Jim nous propose un choix cornélien entre « Turntail » et « Rust ». C'est finalement « Rust » qui sera joué, l'occasion de hurler « Fuck your prayer for rain, pray for rust » à l'unisson. On s’aperçoit d'ailleurs que beaucoup de fans connaissent les paroles sur le bout des doigts et n'hésitent pas à donner de la voix sur toutes les chansons. La popularité du groupe est déjà là et le Backstage est loin de sonner creux ce soir.

La setlist est très largement occupée par In Contact et le statut de tête d'affiche permet au groupe de jouer des chansons rares comme « Graves », pièce épique de 15 minutes. On ne sort pas indemne d'une telle compo en live, surtout lorsqu'elle est conclue avec un riff pareil, de quoi mettre tout le monde à terre. A la guitare lead, Sam va tranquillement ridiculiser tous les autres guitaristes de la soirée avec son jeu tout simplement hallucinant. Aucune note ne tombe à côté et la fluidité est remarquable, on pourrait sûrement le regarder jouer toute la nuit. Le reste des musiciens semble d'une simplicité et d'une bonne humeur remarquable, on pense notamment au second guitariste Adrian Goleby échangeant des sourires complices avec le premier rang en permanence.

jim grey, caligula's horse, paris, 2018, backstage

Jim est de ces frontmans bavards, prenant toujours une minute pour blaguer entre les titres et discuter avec les spectateurs. Cela fait déjà plus d'une heure que les Australiens jouent mais personne ne semble s'en formaliser, surtout pas le groupe. On enchaîne avec le dyptique « Bloom » - « Marigold » de toute beauté et les lumières s'éteignent avant le rappel. La seule chose à reprocher au groupe c'est d'avoir laissé de côté autant de tubes comme « Firelight », « Dragonfly », « The City Has No Empathy »... Mais cela vient probablement d'une volonté de donner un concert pour les fans les plus dévoués et donc de déterrer des raretés.

En parlant de raretés, le rappel va nous donner l'occasion d'entendre « The Cannon's Mouth », introduit par « Inertia and the Weapon of the Wall » où Jim est seul sur scène pour dire un texte poétique et théâtralisé. Un exercice pas évident que le frontman réussit avec brio avant d'embrayer sur la dernière composition du soir.

Le public parisien aura fait honneur à ce premier concert de Caligula's Horse en tête d'affiche et après plus d'une heure et demi de show intense, on peut dire qu'eux ne se sont pas moqués de nous non plus. Les Australiens ne font certainement que commencer leur ascension et ils méritent en tout cas un statut bien plus établi dans le futur.

Setlist:
Dream the Dead
Will's Song (Let the Colours Run)
Dark Hair Down
Rust
Songs for No One
Fill My Heart
Graves
Bloom
Marigold

Inertia and the Weapon of the Wall
The Cannon's Mouth

Photos: Clara Griot 2018
Toute reproduction interdite sans autorisation.

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