S'appeler Wisdom quand on fait du heavy / power, c'est un peu culotté. Pourquoi vouloir être sage dans un style pareil ? Le groupe hongrois risque, en tout cas, de se faire connaître assez rapidement. Une première partie de tournée de Sabaton et Eluveitie n'est pas une promotion à refuser lorsqu'on (re)ssort son second album.
Judas est le deuxième disque des magyars, et le premier avec sa nouvelle voix Gábor Nagy. Vaste escroquerie ou place bien méritée en première partie des suédois et des helvètes, c'est une excellente question. Quand on sait que de nombreux prétendants auraient désirés cette même place, il va falloir justifier cela par un opus en béton.
Il suffit d'écouter « Live Forevermore » pour se faire une idée tout de suite de l'album, sans pour autant comprendre qu'il est assimilable et oubliable immédiatement. Ce titre, judicieusement choisi comme le single de l'opus, a toutes les qualités requises dans le genre, et, donc, pour convaincre illico les amateurs : c'est carré et bien exécuté, la rythmique est imparable, et le titre évoquera très facilement les plus grands hymnes du style. Et, surtout, vous retrouverez cela tout au long du brûlot, Wisdom a le don pour créer des refrains mémorables. Armés de chœurs, chants à l'unisson, mélodie inventive et bien sentie, voilà la recette idéale. « Fallin' Away From Grace », « Age of Lies » et « Live Forevermore » ne vous quitteront plus avant un bon moment, et, avec le dernier titre, plus long, éponyme (« Judas »), où Mats Léven vient faire une apparition (minime mais quand même !), ne cherchez plus, voilà les grands gagnants qui ressortent à l'écoute de la galette.
Le défaut qu'on pourrait trouver à Judas, c'est une certaine tendance à la redite. Utilisant souvent les mêmes ficelles, les mêmes codes, il en découle un aspect légèrement prévisible, qui rendra la fin de l’œuvre un peu moins attrayante, tombant dans ces répétitions. Rattrapé souvent par sa fougue titanesque et son efficacité, l'album garde tout de même une bonne durée de vie, et un attrait qui se conserve dans le temps. Bien que ne possédant aucune originalité, s'inscrivant dans le mouvement, le combo hongrois est au-dessus de la masse. Trouvant presque toujours une petite recette qui lui confère une aura toute particulière, seules « Silent Hill » et « The Prodigal Son » se noient dans la masse, pataugeant dans les eaux boueuses.
Gábor Nagy est, lui, un bon chanteur. Manquant peut-être un peu de maturité parfois, sa voix est cependant bien en place, avec une certaine puissance (même si le mix très avantageux du chant y est peut-être pour quelque chose), et surtout, ce côté vivant et entraînant qui s'associe à merveille à la musique délivrée par Wisdom. Les magyars semblent avoir trouvés une voix, qui, avec le temps, se bonifiera encore et encore. S'il faut un peu de temps pour habituer son oreille au timbre assez spécial d'un Gábor qui a le mérite de ne pas souffrir du syndrome de la voix passe-partout par excellence (surtout dans un genre comme le heavy / power), ses intonations évitent la surenchère et le surjoué. Voilà déjà de bonnes habitudes prises. De plus, souvent soutenu par l'apport d'excellents chœurs, cette combinaison est gagnante sur tous les plans.
Judas n'est donc pas l'album du siècle, mais un très bon brûlot de heavy / power, tout à fait honnête, qui vous fera passer du bon temps. Le bilan s'avère assez positif quand on résume : chant de qualité + très bons refrains + compositions solides. Même s'il faut que la formation se sorte un peu des carcans et des gros noms, nous avons à faire ici à un combo qui a toutes les armes pour se démarquer. Alors, hâte de voir ce que ça va donner avec Sabaton ?
